gonosomiques en cas de 46XY avec phénotype fémi-
nin comme en cas de 45X0 [1, 4]. Le contexte justifie
de poursuivre la recherche diagnostique d’éléments de
certitude de la présence ou non d’un contingent cellu-
laire turnérien. L’identification d’une mosaïque tissulaire
(cutanée et gonadique) de type 45, X0/46, XY justifie
d’un traitement adapté dans l’enfance et de conduire
le bilan d’éventuelles malformations et/ou patholo-
gies, classiquement associées au ST (tableau 1, d’après
l’HAS).
La revue de la littérature souligne que les modalités
de suivi des patientes présentant une DG «associée »
sous la forme d’une mosaïque tissulaire sont imprécises.
Notre propos ne concerne pas les cas de mosaïques 45,
X0/46, XY évidentes sur le caryotype sanguin, puisqu’elles
renvoient à la prise en charge d’un ST avec présence de
chromosome Y (5 % des cas de syndrome de Turner)
[7-9]. En effet, il est établi que ces anomalies caryo-
typiques lymphocytaires en mosaïque sont volontiers
associées à des malformations, notamment cardiovas-
culaires [1, 9]. Le bilan et la surveillance sont donc
ceux du ST avec nécessité d’une gonadectomie bilatérale
prophylactique, en raison des risques de virilisation et sur-
tout de dégénérescence de ces gonades dysgénésiques Y
[6-9].
Notre observation souligne la nécessité d’évoquer et
de rechercher une dysgénésie gonadique associée chez la
fille présentant une dysgénésie gonadique 46, XY homo-
gène sur le prélèvement sanguin, en présence d’anomalies
cliniques turnériennes. Cette association pourrait renvoyer
à deux entités génétiques différentes : soit une mosaïque
chromosomique «occulte »45, X0/46, XY, soit une
délétion du bras court du chromosome Y (Yp) qui corres-
pond aux dysgénésies gonadiques 46, XY SRY-négatives
[1, 4, 5, 10]. La fréquence de ces deux situations au
sein des dysgénésies 46, XY n’est pas précisément connue
[1-3]. Nous savons cependant que les anomalies du gène
SRY sont rencontrées dans 10 à 20 % des cas de dysgé-
nésie gonadique 46, XY, et correspondent essentiellement
à des délétions de la région SRY après translocation des
régions pseudo-autosomiques des chromosomes sexuels
au cours de la méiose paternelle [1-3]. Les descriptions
de mosaïques tissulaires 45, X0/46, XY avec formule san-
guine 46, XY, comme notre patiente, sont quant à elles
exceptionnelles [4, 5]. Les modalités de suivi sont tout
aussi imprécises.
Il apparaît donc nécessaire, dans la prise en charge
des dysgénésies gonadiques 46, XY, d’orienter l’examen
clinique vers la recherche de signes évocateurs de ST.
En présence de telles anomalies cliniques, le bilan doit
absolument rechercher une mosaïque 45, X0/46, XY
tissulaire ou une délétion du bras court du chromosome Y
[1]. Rappelons qu’en pratique, la recherche de mosaïque
repose sur le caryotype standard sur 30 cellules, souvent
complété par une étude de cytogénétique utilisant la
technique de FISH qui permet d’analyser un nombre plus
important de noyaux cellulaires [6, 7]. Ces explorations
cytogénétiques peuvent être réalisées sur prélèvement
sanguin, mais aussi sur frottis buccal, voire sur une biopsie
cutanée ou gonadique comme dans le cas de Mlle B.
[1, 4-6, 9]. D’autre part, pour objectiver une délétion du
bras court du chromosome Y, sont utilisées généralement
des sondes spécifiques du locus SRY, soit en cytogénétique
(FISH), soit en biologie moléculaire par polymerase chain
reaction (PCR) [1, 4-6, 9] (figure 1). La mise en évidence
de cellules 45, X0 ou 46, XY délétées en Yp doit conduire
à une surveillance identique à celle du ST et, à l’âge
pédiatrique, à un traitement par hormone de croissance
[1]. Dans notre observation, le bilan initial systématique à
la recherche de malformations associées au ST s’est avéré
négatif, à l’exception de la constatation de nævi pigmen-
taires multiples. Son suivi à 4 ans révèle d’autres naevi à
réséquer et l’apparition d’un surpoids androïde associé à
une dyslipidémie et à une HTA qui peuvent être rapportés
au ST. La normalité des premiers examens ne doit pas
faire omettre la surveillance ultérieure recommandée par
les autorités de santé pour le ST [6].
Conclusion
Tout comme il est recommandé de chercher du chro-
mosome Y dans le syndrome de Turner 45, X0 [6, 7, 9],
nous pensons qu’il faut évoquer la présence d’une «mono-
somie X »dans les dysgénésies gonadiques 46, XY chez
la fille. Ceci renvoie aux mosaïques 45, X0/46, XY, ainsi
qu’aux délétions du bras court du chromosome Y (dysgé-
nésies gonadiques 46, XY SRY-négative) qui conduisent
aux mêmes situations d’haplo-insuffisance des gènes de
l’X. Cette notion cytogénétique devra orienter l’examen
clinique à la recherche de petits signes de la lignée
turnérienne, et amener en leur présence à approfon-
dir les explorations génétiques. Le rationnel de cette
démarche est la nécessité de pratiquer chez ces patientes
des bilans réguliers à la recherche de malformations
et anomalies classiquement associées au syndrome de
Turner.
Références
1. Ostrer H. 46, XY disorder of sex development and 46, XY complete
gonadal dysgenesis. In : Pagon RA, Bird TD, Dolan CR, Stephens K,
eds. GeneReviews. Seattle (WA) : University of Washington, Seattle ;
1993. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/bookshelf/br.fcgi?book¼gene
& part¼gonad-dys-46xy.
2. Coutin AS, Hamy A, Fondevilla M, Savigny B, Paineau J, Visset J. La
dysgénésie gonadique pure à 46, XY. J Gynecol Obstet Biol Reprod
1996 ; 25 : 792-6.
mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie, vol. 14, n◦2, avril-mai-juin 2012 159
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