Résumé
L’étude des sédiments laminés, permettant des reconstitutions paléoenvironnementales à haute
résolution, constitue le fil directeur de notre thèse. Les lacs d’Anterne (2063 m asl) et du Bourget
(231,5 m asl), tous deux situés dans les Alpes françaises du nord, ont été choisis afin de contribuer
à la compréhension de l’évolution du climat dans cette région et d’étudier l’impact de activités
humaines sur les environnements alpins et périalpins. Un des défis de cette thèse est donc de
distinguer le rôle respectif de ces deux facteurs dans les changements observés à travers l’étude
des sédiments.
La séquence sédimentaire du lac d’Anterne couvre la majeure partie de l’Holocène. L’évolution
des processus d’érosion dans le bassin versant a pu être reconstituée à partir d’analyses
sédimentologiques et d’une approche « source-puits » appliquée aux analyses géochimiques
organiques et minérales. Cette approche méthodologique, couplée aux indicateurs quantitatifs
d’érosion, a permis de mettre en évidence l’évolution des couvertures pédologiques, lesquelles
sont contrôlées par la lithologie, la topographie, la végétation, le climat et l’usage des sols. Les
résultats obtenus ont apporté des éléments de réponse sur l’origine climatique et/ou anthropique
des changements observés. Une évolution progressive au début de l’holocène (9950-5450 cal. BP)
avec mise en place des sols (processus de décarbonatation et d’acidification) et de la végétation,
puis stabilisation de celle-ci a ainsi été mise évidence. Des conditions anoxiques se sont
développées au fond du lac au cours de cette phase de stabilisation. Elles sont interprétées comme
la conséquence d’une végétation bien développée dans le bassin versant.
Une évolution régressive des sols, accompagnée d’importants processus d’érosion débute vers
5450 cal. BP, en raison d’un renversement climatique vers des conditions plus froides. Cette
histoire régressive se poursuit en réponse à une pression anthropique renforcée (déforestation,
activité pastorale) à l’Age du Bronze (autour de 3400 cal. BP), durant la fin de l’Age de Fer-début
de la période Romaine (2400-1800 cal. BP) et au Bas Moyen Age (1000-1200 ap. J.-C.).
Nos interprétations ont pu être confortées et enrichies grâce au croisement de nos données avec
des reconstitutions climatiques obtenus sur le site d’étude (température à partir des chironomes) et
dans la région, et avec des données de paléovégétation (pollen, bois fossiles) et d’archéologie
acquises dans le massif entourant le Lac d’Anterne.
L’enregistrement du lac du Bourget ne couvre que les 120 dernières années. L’intérêt de
cette archive est l’étude de la variabilité hydroclimatique annuelle à décennale et la reconstitution
de l’évolution des conditions trophiques et de l’oxygénation du fond du lac en relation avec les
activités humaines (rejet d’eaux usées, activités agricoles) et le climat.
Contrairement à Anterne, les sédiments laminés du Lac du Bourget sont varvés. Une datation
juste, précise et à haute résolution a donc été obtenue. A partir des analyses sédimentologiques et
géochimiques, notre étude a pu mettre en évidence les effets opposés des crues du Rhône (affluent
temporaire du lac) sur la qualité des eaux du lac (apport de nutriments mais aussi d’oxygène). Un
intérêt particulier a donc aussi été porté à la compréhension des facteurs contrôlant les crues du
Rhône (climat/activités anthropiques).
Mots clés : sédiments laminés, sols, haute résolution, géochimie minérale et organique, Homme,
Climat, Environnement