Running Head : COMPARAISON DES CREOLES REUNIONNAIS ET GUADELOUPEEN
Mi koz kréol, An ka palé kréyol
Une comparaison du créole réunionnais et du créole guadeloupéen
Anne Sheriff
Colorado State University
COMPARAISON DES CREOLES REUNIONNAIS ET GUADELOUPEEN 1
Quand des groupes de personnes d’origines et de langues maternelles différentes habitent
ensemble, ils doivent trouver un moyen de communiquer. Dans certains contextes, un groupe
apprend la langue du groupe dominant. Par exemple, beaucoup d’immigrants qui viennent aux
Etats-Unis doivent apprendre l’anglais. Dans d’autres contextes, les deux groupes apprennent
une troisième langue qui n’est la langue maternelle d’aucun des groupes. Un exemple de ce
choix est en Inde où tous les groupes ethniques apprennent l’anglais qu’ils utilisent comme
lingua franca. Dans d’autres situations, les langues des groupes se mélangent pour créer une
nouvelle langue avec plusieurs langues apparentées. On appelle cette nouvelle langue un créole.
On trouve des langues et des cultures créoles dans les anciennes colonies. Le mot créole
vient du mot espagnol ‘criollo’ qui, selon M.-C. Hazaël-Massieux (2005), veut dire ‘celui qui
naît aux Indes [Occidentales] de parents espagnols, ou de parents originaires d’autres nations qui
ne sont pas Indiens (p. 25). On peut généraliser cette définition et l’appliquer aux personnes,
aux cultures et aux langues d’aujourd’hui qui sont nées dans les îles de parents qui n’en étaient
pas originaires, ou à un mélange d’éléments venants de plusieurs origines. Les langues créoles
ont toujours une langue colonisatrice et une ou plusieurs langues de colonisées ou d’esclaves
comme langues apparentées. On trouve des créoles aux bases portugais, français, anglais et
néerlandais. Bien que deux créoles puissent partager une langue de base, on va trouver des
différences. Pour examiner ces variations, on va comparer deux créoles français, le créole
réunionnais et le créole guadeloupéen. Les différences qu’on trouve vont être dues à des
variations de cultures des habitants et au développement séparé des deux langues. D’abord, on
examine le contexte historique des deux îles qui mène à la naissance des créoles. Ensuite, on
compare la syntaxe et le lexique des deux langues et cherche les différences qui indiquent des
variations culturelles entre ces deux îles françaises et créoles.
COMPARAISON DES CREOLES REUNIONNAIS ET GUADELOUPEEN 2
Contexte Historique
Le contexte historique de ces deux créoles aide à comprendre pourquoi il y a des
différences entre deux langues qui partagent une langue de base. Pour commencer, on va
examiner le développement des créoles en général et puis le peuplement de ces deux îles. Avec
cette information, il sera possible de voir la façon que ces deux catégories ont touché la forme de
ces langues.
Développement des créoles
Quand on a commencé à coloniser l’Afrique, l’Amérique et l’Asie, on visait à des buts
économiques. On espérait cultiver des produits qui ne poussaient pas en Europe. Au début de la
colonisation, ces produits étaient surtout le café, la canne à sucre et aujourd’hui les bananes.
Cependant, on avait besoin de main-d’œuvre pour travailler les champs. Alors, on a fait venir
des esclaves de l’Afrique. Ces esclaves ne parlaient ni le français ni tous la même langue
africaine parce qu’ils venaient de tribus différentes. Pour que les esclaves puissent les
comprendre, les maîtres leur parlaient en utilisant l’infinitif, sans conjuguer les verbes. Pour
indiquer le temps d’une phrase, ils ont ajouté des mots temporels comme ‘demain’ pour le futur
et ‘hier’ pour le passé (M.-C. Hazaël-Massieux, 2005). Ils pensaient qu’en simplifiant leur
manière de parler les esclaves allaient mieux les comprendre. De cette tendance, on voit la
naissance d’un pidgin que les esclaves pouvaient utiliser pour parler aux propriétaires. On
considère cette nouvelle langue un pidgin et non pas un créole parce que personne ne le parlait
comme langue maternelle.
Quand les enfants de la première génération des esclaves commencent à apprendre cette
langue dès la naissance, ils continuent à la transformer pour qu’elle puisse tout exprimer. Ces
transformations créent une autre version de ce pidgin qui est maintenant la langue maternelle
COMPARAISON DES CREOLES REUNIONNAIS ET GUADELOUPEEN 3
d’une génération d’enfants. Les linguistes considèrent cette langue un créole. Comme toutes les
langues vivantes et naturelles, il continue à évoluer dû aux besoins des locuteurs, aux influences
des autres langues avec lesquelles le créole est en contact et aux nouvelles technologies et
croyances.
Le peuplement des îles
Les langues des colonisateurs et des esclaves déterminent la forme qu’un créole prend.
Pour mieux comprendre les différences entre le créole réunionnais et le créole guadeloupéen, on
a besoin des connaissances du peuplement de ces deux îles. Par exemple, qui était là avant
l’arrivée des européens, quels européens ont peuplé l’île et d’où venaient les esclaves.
La Réunion. Les premiers européens qui ont découvert l’île de la Réunion étaient des
Portugais qui l’ont trouvée ainsi que d’autres îles Mascareignes au seizième siècle. Bien que les
Portugais aient découvert l’île de la Réunion, ils n’y ont pas établi de colonie. Alors, en 1642, la
compagnie française de l’Orient en a pris possession mais n’y a pas envoyé de colons avant
1663. Les premiers arrivés étaient deux Français et dix domestiques malgaches. Après que ce
premier petit établissement sur l’île a eu du succès, des colons ont continué à y venir. Pendant la
croissance de la colonie, on devient de plus en plus dépendant de Madagascar et de l’Afrique de
l’est pour les esclaves (Prabhu, 1999).
Au début de la colonisation, il n’y avait pas assez d’esclaves pour construire leur propre
maison. Alors, les maîtres et les esclaves, que les colons réunionnais appelaient des domestiques
à cette époque, habitaient dans la même maison. Dans les maisons, les domestiques apprenaient
le français en parlant quotidiennement avec la famille. Il y avait même des curés qui les
instruisaient. Par contre, quand les petites fermes sont devenues de grandes plantations, on avait
les moyens et l’espace pour construire de petites maisons d’esclave et pour les éloigner de leur
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maître (Chaudenson, 1993). Il devenait plus difficile pour les esclaves d’apprendre le français de
leur maître et puisqu’ils venaient de divers endroits en Afrique, ils ont dû trouver un nouveau
moyen de communiquer. Ils n’utilisaient que l’infinitif des verbes, le moyen avec lequel leur
maître leur parlaient, et ils ont transformé cette manière de parler d’abord en pidgin et de là en
créole.
La Guadeloupe. Avant l’arrivée des Européens à la Guadeloupe, les Amérindiens
peuplaient l’île. Cependant les espagnols qui étaient les premiers à arriver à la Guadeloupe les
ont tués, soit avec des maladies, soit avec la violence de leur conquête de l’île. Quand les
Français sont arrivés, les Caraïbes, comme groupe ethnique, ne composait qu’une toute petite
partie de la population guadeloupéenne à cause des Espagnols et ceux qui restaient ont eu des
enfants avec des esclaves ou avec des Européens de l’île. C’était la guerre entre les espagnols et
les Caraïbes qui a laissé le pouvoir de l’île aux français. Le 28 juin 1635 des Français, quatre
missionnaires, 150 ‘engagés,’ et « quelques familles les accompagnant à leur frais » sont arrivés
sur l’île (Chevalier, 1963). Un recensement en 1656 montre qu’il y avait environ 12.000 colons
français et 3.000 esclaves noirs. La Guadeloupe faisait partie du commerce triangulaire et les
esclaves qui y sont arrivées venaient de l’Afrique de l’ouest. Chaudenson (1993) explique que
quand les Noirs dans les colonies étaient moins nombreux que les Blancs, les Noirs « étaient
fortement intégrés à la maisonnée » (p. 424). En revanche, un siècle plus tard, la population des
blancs sur l’île a baissé et a remonté pour rester plus ou moins le même, mais la population des
esclaves est passés de 3.000 à 80.000 à cause de l’arrivée de la canne à sucre (L.C. 1963).
Pendant ce temps, les maîtres ont construit de petites maisons pour leurs esclaves pour qu’ils
restent loin des maîtres. Cette période s’appelle la période de la plantation. Cette nouvelle
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