FAMILLE DU CŒUR DE DIEU PARTAGER 10 Lettre 9/10
plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » (Jn 15,13) Jésus
transforme ainsi la réalité absurde et inhumaine de la souffrance en une réalité
digne de l’homme et porteuse de vie, capable de manifester l’amour le plus grand.
Mieux encore, le Seigneur nous invite à partager avec lui et comme lui ce qu’il a
choisi de partager avec nous afin que notre souffrance unie à la sienne soit riche
de la fécondité de son amour, contribue à la rédemption du monde et nous assure
d’être avec lui dans la gloire auprès du Père:
« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même et prenne
sa croix chaque jour et qu’il me suive (Lc 9,23)… Et là où je suis, là
aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, le Père l’honorera (Jn
12,26). »
Pour l’avoir expérimenté dans sa chair, Jésus sait combien la souffrance fait mal.
Il nous aime trop pour nous abandonner seuls face à elle. Il sait combien elle est
destructrice et insupportable quand elle est vécue dans la solitude et sans
possibilité de partage. Mais il en connaît le prix quand elle est vécue avec amour
et par amour. Il n’y a que l’amour pour lequel et avec lequel on l’assume qui
puisse donner sens, valeur et grandeur à la souffrance. Afin que celle-ci ne soit
pas perdue, Jésus nous propose de la vivre avec lui et d’en faire une occasion
d’aller jusqu’au bout de la confiance, de l’amour et du don. Relisons dans cette
perspective la parabole du bon Samaritain en Lc 10,29-38.
Dieu, bon Samaritain de l’homme
Cette parabole est celle qui décrit le mieux l’attitude de Dieu face à l’humanité qui
souffre, quelle que soit l’origine de son malheur :
« J’ai vu la misère de mon peuple, j’ai entendu son cri, je connais sa
souffrance… Je suis descendu pour le délivrer. » (Ex 3,7)
Dans le bon samaritain agenouillé près de l’homme à demi-mort et seul face à sa
détresse, nous reconnaissons sans peine Jésus partageant la souffrance des
hommes. Qu’il soit spirituel, moral ou physique, notre malheur le touche au coeur.
Il se fait immédiatement notre prochain, même quand nous ne pouvons plus crier
vers lui. L’Evangile nous en laisse de multiples exemples. Rappelons-nous
comment Jésus est bouleversé par la mort de son ami Lazare et la douleur de ses
sœurs. (Jn 11) Le moment venu, il n’hésite pas à les rejoindre pour partager leur
désarroi et susciter en elles la foi qui redonne la vie à Lazare. Pensons à la façon
dont Jésus interpelle Zachée et s’invite à sa table pour faire de lui, un voleur, un
homme heureux et généreux. (Lc 19,1-10) Il ne résiste pas au désespoir de la
veuve de Naïm qui enterre son jeune fils. Il arrête le cortège de la mort pour
rendre l’enfant à sa mère. (Lc 7,11-17). Il répond sans tarder aux appels au secours
qui lui parviennent de partout : la fille de Jaïre (Lc 8,40), l’aveugle de Jéricho (Lc
18,35). « Regarde mon fils (Lc 9,37) … Au secours, nous périssons ! (Lc 8,24) » etc.
Le Seigneur ne se contente pas d’accéder à nos demandes, il les précède : «Tes
péchés te sont pardonnés »… (Lc 5,20) « Veux-tu guérir ? » (Jn 5,6) etc. Jésus voit
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