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L’économie sur le coût du médicament a été calculée à
partir des différences de coût journalier entre le traitement
initial prescrit par le chirurgien et celui recommandé par le
pharmacien (tableau 1). Ces coûts n’incluaient ni la dis-
pensation ni la préparation des médicaments, ceux-ci
n’étant pas quantifiés par le système comptable de l’hôpi-
tal dans la plupart des pays d’Europe. Les coûts totaux
évités ont été calculés à partir du nombre de jours de
traitement évités ou modifiés, ceci à partir des prix de la
liste de référence des médicaments de l’assistance publi-
que des hôpitaux de Paris (2001). Le coût salarial phar-
maceutique a été calculé à partir du taux horaire moyen
de rénumération (charges incluses) des attachés hospita-
liers pharmaciens, appliqué au niveau national (2001).
Un comité d’experts composé de deux pharmaciens, de
deux anesthésistes et de deux chirurgiens non directement
liés au projet mais connaissant bien les prescriptions et
l’organisation de ce service a évalué le nombre de jours
de traitement évités par le passage à une thérapie moins
coûteuse ou par l’arrêt du traitement. Le recrutement de ce
comité a été réalisé auprès de l’ensemble des membres de
l’équipe chirurgicale à partir de la disponibilité à une date
fixe et de l’acceptation de participer. Ce recrutement a été
effectué par le secrétariat du service chirurgie indépen-
dant de la conduite du projet. Les interventions de phar-
macien ont été décrites et chacun a émis l’hypothèse d’un
nombre minimum et maximum de jours de traitement
évités par l’intervention du pharmacien. Ces hypothèses
concernaient aussi bien les arrêts de traitement, que les
modifications ou relais IV/oral. Le nombre de jours d’hos-
pitalisation potentiellement évités a été enregistré par
chaque expert. Le temps dédié par le pharmacien à son
activité clinique pour les visites et pour discuter des
traitements a été enregistré pendant les 6 mois de l’étude.
Ces données ont été comparées au coût total des médica-
ments et des dispositifs médicaux évités par les interven-
tions pharmaceutiques. Les résultats ont été exprimés en
utilisant le quotient : coût économisés 5/ coût investi 5du
point de vue hospitalier.
Satisfaction vis-à-vis du programme
L’appréciation du service pharmaceutique a été globale-
ment évaluée par un questionnaire adressé à l’ensemble
de l’équipe chirurgicale (8 chirurgiens) participant à
l’activité de prescription du site de l’étude. L’intégration,
la disponibilité du pharmacien et l’aide à la prescription
(disponibilité, efficacité, sûreté et influence sur le coût des
traitements) ont été évaluées par l’équipe clinique. Ils ont
également été invités à commenter les interventions du
pharmacien, sa contribution à une nouvelle approche
thérapeutique et/ou à une réduction des consommations
de médicaments ou des durées de séjour à l’hôpital, ainsi
que le gain de temps réalisé dans l’exercice clinique
journalier. L’appréciation de la présence et des interven-
tions du pharmacien a été évaluée à partir d’une grille de
questions quantifiée par une échelle de 0 (le plus bas) à
10 (l’appréciation la plus élevée).
Volonté de poursuivre le programme
Une question synthétique a évalué la volonté de l’équipe
clinique de poursuivre le programme. Les huit chirurgiens,
représentant le personnel affecté de manière permanente
à l’unité, ont répondu anonymement au questionnaire et
l’ont envoyé sous enveloppe scellée à la pharmacie.
Analyse statistique
Les coûts économisés ont été calculés à partir des coûts
des traitements journaliers, comprenant ceux des disposi-
tifs médicaux, nécessaires à leur préparation et à leur
administration. Le nombre de jours de traitement évités a
été évalué par la moyenne des avis exprimés par les
membres du comité d’experts. L’évaluation minimale et
maximale du nombre de jours de traitement évités a été
analysée séparément. Pour chaque expert, le nombre
estimé de jours de traitement évités a été décrit en utilisant
la moyenne et l’écart-type. Les différences entre les experts
ont été évaluées par le test non paramétrique de Fried-
man. Pour explorer les potentielles variations de coûts,
une analyse de sensibilité a été exécutée en incluant les
jours minimaux et maximaux évités ainsi que les variations
(± 10 %) du salaire du pharmacien. Les résultats du ques-
tionnaire de satisfaction ont été exprimés par la moyenne
et l’écart-type des valeurs.
Résultats
Patients
Quinze interventions chirurgicales en moyenne par se-
maine sont réalisées dans cette unité (40 % de chirurgie
colorectale, 20 % de chirurgie gastrique œsophagienne
et pancréatique, 15 % de chirurgie pariétale et 25 %
d’interventions hépatobiliaires). L’activité des blocs était
de l’ordre de 98 % du taux de saturation pendant toutes
les périodes d’analyse.
Problèmes liés aux médicaments
Parmi une population de 270 patients hospitalisés en
chirurgie pendant la période des six mois de l’étude, 60
interventions pharmaceutiques au sujet des prescriptions
ont été documentées et 51 acceptées par les chirurgiens
(taux d’acceptation = 85 %) (intervention P2 et niveau
I1). Les interventions non acceptées concernaient des
prescriptions de chirurgiens seniors pour un patient très
spécifique. Des suggestions acceptées, 22 (43 %) recom-
mandaient l’arrêt d’un traitement non essentiel, 11 (22 %)
impliquaient la substitution d’un médicament par un traite-
ment moins coûteux et 8 (16 %) le relais de la voie IV à la
voie orale ; 10 (20 %) des interventions concernaient des
modalités de prise ou des modifications de schéma théra-
peutique sans incidence économique.
La plupart des interventions concernaient des thérapies
antibiotiques (71 %). Les autres familles thérapeutiques
sur lesquelles ont portées les interventions concernaient la
substitution des analgésiques (paracétamol) et des anti-
ulcéreux (omeprazole/ranitidine), soit par une autre voie
d’administration du médicament soit par une thérapeuti-
que moins onéreuse.
Impact économique
De toutes les interventions acceptées, 41 (80 %) ont
généré un coût évité. Aucune intervention du pharmacien
n’a entraîné un coût additionnel. D’autres interventions
sans impact économique, 10 (20 %), selon la méthodolo-
gie retenue ont été considérées (modification de schémas
thérapeutiques, détection des interactions, disponibilité
des traitements à la pharmacie). Le comité d’experts n’a
pas attribué d’incidence économique à ces interventions.
C. Kausch, et al.
J Pharm Clin, vol. 24, n° 2, juin 2005
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