8 adsp n° 77 décembre 2011
cependant moins unanimes sur leur rôle de
prévention dans le domaine de la consom-
mation de cannabis et plus encore dans
celui de la vie affective et sexuelle, pour
lesquels 90,2 % et 79,7 % d’entre eux
disent que cela fait partie de leur rôle. Ces
deux thèmes correspondent également à
ceux que les médecins ont le moins de
facilité à aborder : seuls 58,7 % disent
aborder facilement les questions relatives
à la vie affective et sexuelle et 57,0 %
l’usage de drogues illicites (gure 2). La
facilité à aborder certains sujets semble
en effet moindre lorsqu’il s’agit d’un sujet
perçu comme touchant à l’intime et vis-à-
vis duquel le médecin peut craindre d’être
intrusif ou pas assez « outillé » pour une
prise en charge comportant une dimension
éducative importante [2].
Une mobilisation toujours
importante contre letabagisme
Plus des deux tiers des médecins (68,6 %)
déclarent avoir vu au moins un patient
dans le cadre d’un sevrage tabagique au
cours des sept derniers jours. Ce chiffre,
assez stable depuis 2003, a néanmoins
augmenté de manière signicative depuis
dix ans. Cette augmentation est à mettre
en parallèle avec l’élargissement de l’offre
de substituts nicotiniques et plus largement
avec la volonté des pouvoirs publics de
« dénormaliser » le tabac. Parmi l’ensemble
des addictions (tabac, alcool, cannabis
ou autres drogues illicites), c’est pour le
sevrage tabagique que les généralistes
font le moins souvent appel à une structure
extérieure pour la prise en charge de leurs
patients (21,9 %), même si cet appui est
demandé plus fréquemment qu’en 2003
(13,5 %) et plus encore qu’en 1993 (6,4 %).
Parler du tabagisme est déclaré facile par
près de neuf médecins sur dix (gure 2)
et une majorité de médecins (63,2 %)
abordent cette question au moins une fois
avec chaque patient (gure 3). Le recours
à des outils de repérage de la dépendance
tabagique, qui apparaît en très forte hausse,
passant de 6,3 % en 2003 à 34 % en 2009,
participe également à ce niveau élevé de
repérage systématique par les médecins
généralistes.
Des difficultés persistantes
danslerepérage etlaprise
encharge desconsommations
d’alcool etdedrogues illicites
Le Baromètre santé médecins généralistes
2009 témoigne de la difculté qu’ont cer-
tains médecins à parler de l’alcool avec
leurs patients, difculté soulignée dans la
littérature [3] et évoquée explicitement par
deux médecins sur cinq en 2009. Pourtant,
les généralistes se reconnaissent quasi
unanimement un rôle de prévention dans
ce domaine (gure 2) et les consultations
relatives aux problèmes d’alcool sont
courantes (un peu plus de la moitié des
médecins ont vu au moins un patient dans
le cadre d’un sevrage thérapeutique en
alcool au cours des sept jours précédant
l’enquête). Ils rejoignent là encore une
abondante littérature [4, 5]. Mais la majorité
des médecins interrogés déclarent aborder
la consommation d’alcool uniquement
avec les patients qu’ils jugent « à risque »
(72,7 %). De même, contrairement à ce qui
est observé pour le sevrage tabagique, les
généralistes font beaucoup plus souvent
appel à une structure extérieure (83 %) ; la
prise en charge par le médecin seul reste
une exception, probablement parce que
les enjeux de société complexes autour
de la production et de la consommation
d’alcool en France ne permettent pas l’enga-
gement d’un processus de dénormalisation,
à l’inverse de ce qui a été mis en œuvre
par les pouvoirs publics depuis 1976, date
de la loi Veil, et plus encore depuis 1991
et la loi Evin. Il faut aussi souligner que
la démarche personnelle de sevrage d’un
produit considéré comme « de consom-
mation courante » est plus difcile, et ce
d’autant plus que l’offre de médicaments
d’aide à l’arrêt n’est pas aussi performante
que dans le cas du sevrage tabagique.
En 2009, la moitié des médecins inter-
rogés (49,2 %) déclarent recevoir au moins
un usager dépendant aux opiacés par mois.
Ce chiffre apparaît en nette augmentation
par rapport à 2003 (34 %) et témoigne
d’une hausse assez nette de la présence
des personnes dépendantes aux opiacés en
médecine de ville. Cela ne signie pas pour
autant que les généralistes sont à l’aise
pour parler de ce sujet, comme évoqué
précédemment, ou qu’ils se chargent eux-
mêmes de ces traitements : 61,4 % les
adressent directement à une structure
ou un confrère, 31,8 % les prennent en
charge en liaison avec une structure, alors
que 6,8 % les prennent en charge seuls.
Une systématisation difficile
despratiques dedépistage
àl’ensemble despopulations
concernées
Plus de neuf médecins sur dix ont déclaré en
2009 avoir prescrit au moins un dépistage
du VIH dans le mois précédant l’enquête,
avec un nombre moyen de sérologies pres-
crites de 5,9 sur la même période. Si la
plupart des médecins (58,2 %) déclarent
que la dernière prescription d’un test de
dépistage VIH s’est faite à la suite d’une
demande du patient lui-même (34 % étant
à l’initiative du médecin et 7 % dans le
cadre d’un protocole de dépistage), nombre
d’entre eux proposent ce test systémati-
quement aux personnes présentant une IST
(72,9 %). À l’inverse, ils ne sont plus qu’un
tiers (34,8 %) à le proposer de manière
automatique aux personnes originaires
d’un pays à forte endémie et un quart
(23,5 %) aux personnes connaissant un
changement de vie affective. Par ailleurs,
la majorité des médecins interrogés (63 %)
ne serait pas disposée à proposer le test
VIH aux personnes sans facteur de risque
apparent n’ayant pas fait de test depuis
longtemps.
Concernant les pratiques de dépistage
des hépatites virales B et C déclarées
par les médecins généralistes, elles se
gure 3
Aborder la question des consommations de tabac, d’alcool et de cannabis
avec les patients (en pourcentage)
Tabac
Alcool
Cannabis
0
Pour certains patients
jugés à risque
Jamais ou à la demande
du patient uniquement
Au moins une fois
avec chaque patient
10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 %
63,2
23,0
7,8
34,2
72,7
66,5
2,6
4,3
25,7