IGAS, RAPPORT N°2013-127R 3
SYNTHESE
La prévention primaire des maladies cardiovasculaires est aujourd’hui essentiellement axée
sur les facteurs de risque classiques or le rôle de l’environnement professionnel est établi ce qui
justifierait une prévention collective englobant tous ces facteurs.
L’interaction entre ces différents facteurs de risque et l’extrême complexité liée à la mise en
évidence de causalité respective de ces différents facteurs constitue une des explications à la faible
place laissée jusque là à la prévention des maladies cardiovasculaires dans la santé au travail, alors
même que des auteurs, y compris en France, ont déjà attiré l’attention sur ce phénomène. D’autres
raisons peuvent être évoquées qui renvoient aux modalités mêmes de construction du système de
santé au travail. Il repose sur un triptyque associant responsabilité des employeurs, réparation et
prévention avec un poids accordé à la prévention biaisé par les enjeux financiers et réglementaires
liés aux deux autres points du triptyque.
Mieux anticiper et analyser les risques liés au travail pour les prévenir, notamment ceux liés
à de nouvelles formes d’organisation du travail, suppose d’accorder toute sa place à la prévention.
Les acteurs des services de la santé au travail et en particulier le médecin du travail jouent un rôle
majeur dans ce domaine. Le vieillissement de la population a jusque là surtout été pensé en termes
de maintien de l’autonomie. C’est également au défi du vieillissement des salariés en activité qu’il
convient maintenant de s’attaquer. L’incidence des maladies cardiovasculaires et plus généralement
des maladies chroniques augmentent avec l’âge. Le caractère multifactoriel des maladies
cardiovasculaires et l’existence de facteurs liés à l’environnement professionnels justifient la prise
en compte des maladies cardiovasculaires dans le cadre des démarches de prévention des risques
professionnels menées en entreprise. Le futur plan national santé travail doit comporter, parmi les
thématiques abordées, la prévention des maladies cardiovasculaires.
Permettre une qualité de vie au travail et le maintien dans l’emploi de salariés vivant avec
ces maladies suppose de prendre la mesure de cet enjeu et en mettre en œuvre des stratégies
adaptées. Ces stratégies doivent être impulsées et partagées par les acteurs concernés de la santé.
La problématique du retour à l’emploi des travailleurs âgés avait du reste fait l’objet d’un précédent
rapport IGAS1.
La sensibilisation des différents acteurs à l’enjeu des maladies cardiovasculaires au travail et
plus généralement des maladies chroniques constitue un atout pour repérer des situations à risque et
adapter au mieux l’orientation des personnes. Si les risques professionnels ont été soulignés, les
interactions avec le mode de vie justifient que cette démarche s’inscrive dans un cadre de
prévention globale.
Cette prévention doit articuler santé au travail et santé publique comme en témoignent les
structures de santé qui font du maintien de l’activité professionnelle une dimension forte de la prise
en charge du malade et les services de santé au travail qui se sont organisés pour gérer ce risque.
L’entreprise apparait ainsi comme un lieu de prévention. Le cloisonnement entre les différents
acteurs peut être surmonté, puisque certaines entreprises et acteurs de santé publique ont réussi à
articuler des interfaces favorables à l’élaboration du parcours de vie et de soins du salarié vivant
avec une maladie chronique.
La prévention des maladies cardiovasculaires contribue par ailleurs à réduire les inégalités
sociales. Rappelons que, s’agissant par exemple des maladies cardiovasculaires, les personnes au
chômage présentent des risques accrus de développer une maladie cardiovasculaire ; une fois
neutralisé l’effet « travailleur sain ».
1 Daniel C, Eslous L, Karvar A, Retour à l’emploi des séniors au chômage, rapport IGAS, septembre 2013