Éditorial Chères Lectrices, Chers Lecteurs, Depuis 2009, Le Journal d’OncoGériatrie accompagne les équipes pluridisciplinaires dans la diffusion de leurs travaux et expériences en Oncogériatrie. Revue officielle de la Société Francophone d’Oncogériatrie (SoFOG), soutenu par la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG) et par la Société Française de Pharmacie Oncologique (SFPO), Le JOG® a su, en moins de 6 ans, se faire un nom, une notoriété et une crédibilité au sein de la communauté Oncogériatrique Française. Notre volonté pour les années à venir est de continuer d’accompagner, soutenir et diffuser l’ensemble des travaux oncogériatriques auprès de la communauté scientifique, afin de perpétuer notre investissement dans la prise en charge des patients âgés atteints de cancer. Pour le Volume 5 - Numéro 6, Le Journal d’OncoGériatrie s’est intéressé à la prise en charge chirurgicale carcinologique des patients âgés au travers d’un dossier thématique, coordonné par le Docteur Tristan Cudennec. Ce dossier traite à la fois de la prise en charge médicale périopératoire du sujet âgé avec cancer et des grands principes de la chirurgie carcinologique, et de la prise en charge péri-opératoire des cancers digestifs chez le sujet âgé. Dans l’objectif de conserver une ligne éditoriale variée, Le Journal d’OncoGériatrie vous propose également dans ce nouveau numéro un article original sur la tolérance des anti-aromatases en situation adjuvante chez les femmes âgées de 70 ans et plus traitées pour un cancer du sein, présentant les travaux menés sur l’évaluation transversale de la tolérance des inhibiteurs de l’aromatase (IA) au cours d’une année. Nous tenons à remercier chaleureusement nos nombreux contributeurs, reviewers, abonnés, groupes coopérateurs, sociétés savantes et partenaires des entreprises du médicament qui nous accompagnent dans notre volonté de faire de l’Oncogériatrie une spécialité à part entière. Aujourd’hui, à l’approche du 6ème anniversaire de la revue, nous tenons à les remercier pour avoir chacun apporté leur pierre à l’édifice. Nous vous souhaitons, à toutes et à tous, une très bonne lecture, et sommes à l’écoute de toutes vos suggestions. n Dimitri Verza Directeur de la publication du Journal d’OncoGériatrie® PharmD www.le-jog.com JOG J Oncogériatr 2014 ; 5 (6) : 233. Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® 233 VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Éditorial Editorial JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page233 JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page234 JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page235 ® Sommaire Table of contents VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Rédacteur en chef T. Aparicio (Bobigny) - O. Guérin (Nice) Directeur de la rédaction G. Freyer (Lyon) Advisory board L. Balducci (Tampa - USA) - J.-P. Droz (Lyon) 233 D. Verza Comité de rédaction L. Balardy (Toulouse) - E. Brain (Saint-Cloud) - E. Carola (Senlis) - D. Chaoui (Argenteuil) - T. Cudennec (BoulogneBillancourt) - H. Curé (Reims) - L. de Decker (Nantes) C. Falandry (Lyon) - D. Ghebriou (Argenteuil) - V. Girre (La Roche-sur-Yon) - V. Launay Vacher (Paris) - L. Mourey (Toulouse) - E. Paillaud (Créteil) - F. Retornaz (Marseille) - P. Soubeyran (Bordeaux) - L. Teillet (Paris) - H. Wildiers (Louvain - Belgique) - G. Zulian (Genève - Suisse) 237 Comité scientifique M. Arcand (Sherbrooke - Canada) - J.-P. Aquino (Paris) - B. Asselain (Paris) - D. Benchimol (Nice) R.-J. Bensadoun (Poitiers) - H. Bergman (Montréal Canada) - G. Berrut (Nantes) - F. Blanchard (Reims) M. Bonnefoy (Lyon) - I. Bourdel-Marchasson (Bordeaux) - T. De Baere (Paris) - M. Debled (Bordeaux) - L. Escalup (Paris) - J.-M. Ferrero (Nice) - M. Ferry (Valence) J.-P. Gérard (Nice) - E. Gilson (Nice) - X. Hebuterne (Nice) - C. Jeandel (Montpellier) - P. Kerbrat (Rennes) - D. Khayat (Paris) - J. Latreille (Montréal - Canada) - J.-P. Lotz (Paris) - L. Mignot (Paris) - G. Milano (Nice) - E. Mitry (Boulogne-Billancourt) - F. Mornex (Lyon) - M. Namer (Nice) - F. Nourhashemi (Toulouse) - A. Pesce (Monaco) - J.-Y. Pierga (Paris) - F. Piette (Ivry-sur-Seine) - F. Puisieux (Lille) - M. Rainfray (Bordeaux) - O. Saint-Jean (Paris) - M. Schneider (Nice) - C. Thieblemont (Paris) A. Thyss (Nice) - A. Toledano (Neuilly-sur-Seine) - J.-M. Vannetzel (Neuilly-sur-Seine) - U. Wedding (Berlin Allemagne) 242 245 246 247 Éditorial Editorial Prise en charge médicale péri-opératoire du sujet âgé avec cancer Perioperative medical management of elderly patients with cancer T. Cudennec, S. Benyahia, D. Moszkowicz, X. Dupont 253 Les grands principes de la chirurgie carcinologique et de la prise en charge péri-opératoire des cancers digestifs chez le sujet âgé General principles of oncology surgery and perioperative management of gastro-intestinal (GI) cancer in elderly patients G. Manceau, S. Benoist 261 Article original Original article Tolérance des anti-aromatases en situation adjuvante chez les femmes âgées de 70 ans et plus traitées pour un cancer du sein Aromatase inhibitors tolerance and safety in 70+ years old women with breast cancer treated in adjuvant setting F. Trouboul, V. Jestin-Le Tallec, B. Lucas, H. Simon, J. Martin-Babau, P.-F. Dupré, P. Saliou, A. Gentric, O. Pradier Membre fondateur T. Marquet 88, rue du Dôme 92100 Boulogne-Billancourt - France Tél. : +33 (0)1 83 64 45 98 Fax : +33 (0)1 83 64 44 75 [email protected] www.kephren-publishing.com Dossier thématique Review Chirurgie carcinologique du sujet âgé Chirurgie carcinologique du sujet âgé T. Cudennec Liste communiquée en fin d’année Kephren Publishing Cas clinique Clinical case study Hypervitaminémie B12 en oncogériatrie : à propos d’un cas et revue de la littérature Hypervitaminia B12 in oncogeriatrics: case report and review of the literature A.-A. Zulfiqar, A. Sebaux, M. Dramé, E. Andrès, J.-L. Novella Comité de lecture Editeur Santé publique Public health Evaluation oncogériatrique dans un service de radiothérapie : plus qu’utile, stratégique… Oncogeriatric evaluation in ar department : more than useful, strategic... M. Labidi, F. Pene, H. Lamallem, M. Bollet, L. Haddad, E. Haddad, C. Mehreb, A. Toledano Comité éditorial G. Albrand (Lyon) - E.-C. Antoine (Neuilly-sur-Seine) A. Astier (Créteil) - R. Audisio (Londres - UK) - D. Azria (Montpellier) - S. Baffert (Paris) - S. Bonin-Guillaume (Marseille) - P. Chaibi (Paris) - A. Charrasse (Monaco) P. Chassagne (Rouen) - M. Extermann (Tampa - USA) P. Follana (Nice) - E. François (Nice) - J.-M. HannounLevi (Nice) - Y. Kirova (Paris) - V. Laroche (Chilly-Mazarin) - F. Lokiec (Saint-Cloud) - N. Magné (Saint-Priest en Jarez) - Y. Menu (Paris) - O. Mir (Villejuif) - M. Paccalin (Poitiers) - M. Puts (Toronto - Canada) - L. Ribière (Versailles) L. Rotenberg (Neuilly-sur-Seine) - F. Rousseau (Marseille) - S. Schneider (Nice) - F. Scotté (Paris) - L. Sifer-Rivière (Paris) - C. Terret (Lyon) - M.-C. Van Nes (Liège - Belgique) Éditorial Editorial 275 276 Petites annonces Job ads Agenda Calendar Directeur de la publication D. Verza Maquette Au support Imprimeur Corlet Imprimeur SA Z.I. rue Maximilien Vox 14110 Condé-sur-Noireau Abonnements [email protected] CPPAP 0217 T 90198 CPPAP 0518 W 90876 ISSN : 2106-8534 ISSN (en ligne) : 2107-6669 Dépôt légal : à parution Indexé Base PASCAL (INIST-CNRS) Adhérent au SPEPS Imprimeur labelisé. Le Journal d’OncoGériatrie© est publié en toute indépendance et sous l’unique et entière responsabilité du directeur de la publication et des rédacteurs en chef. Les articles publiés dans Le Journal d’OncoGériatrie© le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays©. JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page236 11 JOURNÉES NATIONALES NA ATIONALES ÈMES 7, 8, & 9 OCTOBRE 2015 TOULOUSE COMITÉ DE COORDINA COORDINATION ATION TION Laurent Balardy, Balardy, Gériatre CHU Toulouse Toulouse Elisabeth Carola, Oncologue Senlis Hervé Curé, Oncologue Reims Laure de Decker, Decker, Gériatre Nantes Loïc Mourey, Mourey, Oncologue IUC Toulouse Toulouse Elena Paillaud, Gériatre Paris Henri Roché, Oncologue IUC T oulouse Toulouse Marie-Ève Rougé-Bugat, Généraliste Toulouse Toulouse Bruno V ellas, Gériatre CHU T oulouse Vellas, Toulouse BUREAU DE LA SoFOG : Présidente : Elena Paillaud, Gériatre Paris V ice-Président : Hervé Curé, Oncologue Reims Vice-Président Secrétaire : Laure de Decker Decker,, Gériatre Nantes V ice-Secrétaire : Hervé le Caer Vice-Secrétaire Caer,, Oncologue Draguignan TTrésorière résorière : Elisabeth Carola, Oncologue Senlis V ice-Trésorier : Olivier Guérin, Gériatre Nice Vice-Trésorier Président du Conseil Scientifique : CANCER DU SEIN DE LA FEMME ÂGÉE FRAGILITÉ ACTUALITÉS www.sofog.org www.sofog.org Pierre Soubeyran, Oncologue Bordeaux DA ATEURS TEURS D’EPO-G LES FONDA FONDATEURS Elisabeth Carola Oncologue, Senlis Hervé Curé Oncologue, Reims Laurent T eillet Gériatre, Paris Teillet M.O. ORGANISA ORGANISATION ATION TION 21, rue de la Varenne Varenne - 63122 Ceyrat Tél. +33 (0)4 73 61 51 88 - Fax +33 (0)4 73 61 51 39 [email protected] - www.blogagence-mo.com www.blogagence-mo.com Santé publique Public health Evaluation oncogériatrique dans un service de radiothérapie : plus qu’utile, stratégique… Oncogeriatric evaluation in ar department : more than useful, strategic... M. Labidi, F. Pene, H. Lamallem, M. Bollet, L. Haddad, E. Haddad, C. Mehreb, A. Toledano Centre de Radiothérapie Hartmann, 3 rue Kléber, 92300 Levallois-Perret, France. Auteur correspondant : Docteur Mona Labidi, Centre de Radiothérapie Hartmann, 3 rue Kléber, 92300 Levallois-Perret, France. Tél. : + 33 (0)1 47 57 67 10, fax + 33 1 47 58 05 96, courriel : [email protected] Résumé Objectifs : Une évaluation oncogériatrique de la population fréquentant le centre de radiothérapie Hartmann, analysant les caractéristiques tumorales, celles des patients, ainsi que certains facteurs pouvant affecter la qualité de prise en charge. Matériels et méthodes : Nous avons convoqué de façon prospective, sur 15 jours, tous les patients âgés de 70 ans et plus, en cours de radiothérapie. Un entretien dédié, avec un examen clinique et remplissage d’un questionnaire spécifique ont été réalisés, assorti d’une évaluation par le test standardisé Oncodage G8 et le test d’évaluation nutritionnelle mini MNA. Résultats : Deux cents patients étaient traités dans le centre quotidiennement, 57 étaient âgés de plus de 70 ans (28,5 %). L’âge moyen était de 76,5 ans (70-94 ans) et 89 % de patients étaient OMS 0-1. L’évaluation nutritionnelle a révélé que 67 % des patients étaient à risque de malnutrition ou en état de malnutrition avérée, atteignant 88 % dans le sous-groupe « âgés de plus de 76 ans ». L’étude sociologique avait révélé que 40 % des patients vivaient seuls. Le temps moyen d’attente avant de passer en salle de traitement était de 14 minutes (2 à 60 minutes). Dans 91 % des cas, le traitement avait été réalisé à visée curative. Pour les besoins du traitement, 20 % des patients portaient un masque de contention, la tolérance était jugée moyenne dans 72,7 % des cas. Le score moyen Oncodage G8 était de 10 (< 14 est le reflet d’une possible fragilité gériatrique). Les patients ayant un score Oncodage ≥ 14 étaient tous OMS 0-1, avaient un état nutritionnel satisfaisant (MNA) et avaient pour la majorité une activité professionnelle. Les patients ayant un bas score Oncodage (≤ 8) avaient un score OMS 2-3 dans 35,5 % des cas, un état nutritionnel non satisfaisant dans tous les cas, et dans 69% des cas nécessitaient une aide pour se déshabiller et s’installer sur la table de traitement. Conclusions : La population âgée, dans notre centre de radiothérapie, était composée à part quasiment égale de patients en bon état général, et de patients plus fragiles. Mots clés : Gériatrie, cancer, radiothérapie, nutrition, Oncodage G8. Abstract Objectives: Oncogeriatric assessment of the elderly patient population treated at Hartmann Radiotherapy departement, including the analysis of patient and tumor characteristics and other factors that could impact the quality of care. Materials and Methods: We prospectively call, during 15 days, all patients aged 70 and over, under radiotherapy treatment. A dedicated interview with a clinical examination and filling of a specific questionnaire was performed, including the use of the G8 Oncodage standardized test and the mini nutritional assessment (MNA). Results: Two hundred patients were treated on a daily basis in the center during this period, 57 were older than 70 years (28.5%). The mean age was 76.5 years (70-94 years) and 89% of the patients were WHO 0-1. Nutritional assessment found that 67% of the patients were at risk of malnutrition or malnourished, reaching 88% in the over 76 years old subgroup. The sociological study revealed that 40% of the patients lived alone. The average waiting time before entering treatment room was 14 minutes (2-60 minutes). In 91% of the cases, the treatment was performed with curative intent. For the purpose of treatment, 20% of patients wear a compression mask, tolerance was middling in 72.7% of the cases. The average Oncodage G8 score was 10 (< 14 reflects a possible frailty). Patients with a score ≥ 14 were all Oncodage WHO 0-1, had a good nutritional status (MNA) and the majority were still working. Patients Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® 237 VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Santé publique Public health JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page237 Santé publique Public health JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page238 Evaluation oncogériatrique en radiothérapie • Oncogeriatric evaluation and radiotherapy with a low Oncodage score (≤ 8) had a WHO performance status 2-3 in 35.5% of cases, an unsatisfactory nutritional status in all cases and in 69% of cases required assistance to undress and to settle on the treatment table. Conclusions: The elderly population in our radiotherapy center, was composed almost equally of patients in good general condition and of more fragile ones. Keywords: Geriatry, cancer, radiotherapy, nutrition, Oncodage G8. JOG J Oncogériatr 2014 ; 5 (6) : 237-41. nine (63,6 %). Les pathologies traitées par radiothérapie étaient de façon dominante : les cancers du sein dans 34,5 % des cas, les cancers de la prostate dans 18,2 % des cas, et les cancers ORL dans 14,5 % des cas. Les patients étaient classés OMS 0-1 dans 89,1 % des cas. Les patients vivaient seuls dans 40 % des cas, majoritairement à domicile (94,5 %), seuls 54 % d’entre eux avaient un accompagnement à temps plein ou partiel. Dans notre institution 12,7 % des patients avaient encore une activité professionnelle et 21,8 % avaient une vie associative ou sportive active. La moitié de la population (49,1 %) souffrait de troubles du sommeil, 40 % avaient des troubles auditifs dont moins de la moitié étaient appareillés (45 %). Les troubles de l’équilibre représentaient 33,3 % des cas, souvent témoins du risque de chutes. Une évaluation nutritionnelle par l’évaluation de l’indice de masse corporelle (IMC) a mis en évidence que 27,3 % des patients avaient un IMC < à 21, définissant ainsi un état de dénutrition chez la personne âgée. L’évaluation par le mini MNA 5 retrouvait que 40 % des patients étaient à risque de malnutrition et 27 % étaient en état de malnutrition avérée. Ce risque de malnutrition semblait augmenter selon la catégorie d’âge, puisque entre 70 et 75 ans 45 % des patients avaient un état nutritionnel normal, contre 12 % entre 76 et 80 ans. Pour les patients âgés de plus de 80 ans, 60 % étaient à risque de malnutrition. La population fréquentant le centre de radiothérapie Hartmann se déplaçait quotidiennement en « Taxi » ou véhicule sanitaire léger dans 61,8 % des cas, avec en moyenne 28 déplacements prévus (5-40). Le tableau 1 résume l’ensemble des résultats. Le temps d’attente moyen avant traitement était de 14 minutes (2 à 60), ce temps était jugé convenable par 80 % des patients. Les moyens de contentions utilisés (Masques thermoformés essentiellement) étaient moyennement tolérés. Les patients ne nécessitaient aucune aide pour se déshabiller dans 91 % des cas, et s’installaient sans aide dans 80 % des cas. La stratification des patients selon le score Oncodage G8 retrouvait un score moyen de 10,20 (Tableau 2). 63,6 % des patients avaient un score entre 9 et 13 (Groupe 2) correspondant à des patients âgés en moyenne de 76,5 ans, avec un état général satisfaisant (46 % OMS 0) et un score mini MNA indiquant un risque de malnutrition dans Introduction L’évaluation gériatrique en cancérologie permet d’adapter la stratégie thérapeutique selon l’état de santé global du patient 1. Cette évaluation reste un enjeu d’avenir, et nécessite la définition de variables gériatriques et l’utilisation d’outils de dépistage des patients âgés fragiles 2. Le facteur âge peut être un facteur de désescalade thérapeutique 3, y compris en radiothérapie; comment préserver la qualité de vie et traiter efficacement lorsqu’on a montré, comme dans la méta analyse de l’Early Breast Cancer Trialists Collaborative Group (EBCTCG), que la radiothérapie entraînait un bénéfice pour toutes les tranches d’âge 4 ? Ainsi, des évaluations dédiées peuvent être utiles afin d’identifier les besoins spécifiques des patients tant en terme de temps/horaires de traitement, d’aménagements des locaux qu’en terme de prise en charge nutritionnelle et psychologique, la prise en charge de la maladie cancéreuse pourrait être optimisée et personnalisée. La validation d’échelle d’évaluation de l’état de santé globale a permis ainsi de classer les patients selon des catégories de besoins croissants, et orienter vers une évaluation gériatrique standardisée 1. Cette étude prospective a pour objectif de décrire la population âgée fréquentant notre centre de radiothérapie, en termes de caractéristiques personnelles et tumorales, et d’initier une réflexion sur le positionnement collectif des équipes de radiothérapie dans la prise en charge globale des sujets âgés. Matériels et Méthodes Cette étude prospective évaluait l’ensemble de la population âgée de 70 ans et plus, fréquentant le centre de radiothérapie Hartmann sur une période de 15 jours, soit 57 des 200 patients irradiés chaque jour dans notre centre (28,5 %). A l’aide d’un questionnaire dédié, nous avons colligé des données épidémiologiques, sociales, médicales, ainsi que portant sur le déroulement du traitement de radiothérapie, assorti d’un scoring nutritionnel (mini MNA) et oncogériatrique (Oncodage G8). Résultats L’âge moyen des patients était de 76,5 ans (70-94), plus de la moitié (56,4 %) était âgée de 70 à 75 ans, et 25,5 % de plus de 80 ans. La population était majoritairement fémiVOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 238 Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® Evaluation oncogériatrique en radiothérapie • Oncogeriatric evaluation and radiotherapy 48,5 % des cas. Il y avait 29,9 % des patients avec un score ≤ 8 (Groupe 3) d’âge moyen de 77,8 ans, ayant un état général et nutritionnel médiocre : 37,5 % OMS 2-3 et 62,5 % en état de malnutrition avérée. Dans 7,3 % des cas, le score était ≥ 14 (Groupe 1) s’agissant alors de patients âgés en moyenne de 72,5 ans, en bon état général et nutritionnel (mini MNA à 12) et ayant une activité professionnelle. Tableau 1 : Tableau récapitulatif. Age moyen Sexe OMS Sites Support social Activités 76,5 ans (70-94) Entre 70 et 75 ans Entre 76 et 80 ans > 81 ans Femmes Hommes 0-1 2 3 Sein Prostate ORL Métastases Digestif Gynécologique Poumon Cutanée Vessie Vivent seuls A domicile En institution Activité professionnelle Vie associative ou sportive active Déplacement Taxi/véhicule sanitaire léger Voiture personnelle Ambulance Transports en communs Une patiente vient à pied Comorbidités Troubles de l’audition : • dont appareillés Troubles de l’équilibre Troubles de la mémoire Troubles du sommeil Asthénie Alzheimer Douleurs diverses Tolérance contention Bonne Moyenne Mauvaise IMC < à 21 Mini MNA Etat nutritionnel normal Risque de malnutrition Malnutrition avérée Oncodage G8 Score > 14 Score entre 9 et 14 Score ≤ 8 56,4 % 18,1 % 25,5 % 63,6 % 36,4 % 89,1 % 9,1 % 1,8 % 34,5 % 18,2 % 14,5 % 9,1 % 7,3 % 7,3 % 5,5 % 1,8 % 1,8 % 40 % 94,5 % 5,5 % 12,7 % 21,8 % Discussion L’oncogériatrie a remis au goût du jour le concept de fragilité 1 définie par « Une diminution de l’homéostasie et de la résistance face au stress, qui augmente la vulnérabilité et les risques d’effets néfastes, tels que la progression d’une maladie, des chutes, des incapacités et la mort prématurée, par baisse des réserves fonctionnelles » 6. La prise en charge des patients âgés acquiert ainsi une dimension multifactorielle incluant les comorbidités, l’état nutritionnel, l’évaluation des fonctions cognitives, la mobilité, l’isolement social (40 % de nos patients vivaient seuls). Dans notre série, les patients souffraient principalement de troubles de l’audition (40 %), de troubles de l’équilibre (33,3 %) et d’altération de la mémoire (25,5 %). Ces éléments pouvaient influer sur l’allongement des temps de traitement radiothérapiques, voire parfois leur interruption. Mitchell et col. dans une cohorte de 398 patientes traitées pour un cancer du col trouvaient ainsi que les comorbidités associées aux patientes âgées de 70 ans et plus, étaient responsables d’arrêt précoce de la radiothérapie et de difficultés à terminer le schéma thérapeutique 7. L’oncologie gériatrique se développe aujourd’hui, au sein de la communauté cancérologique, grâce au grand nombre d’initiatives ministérielles, françaises et européennes. Depuis 2006, sous l’impulsion de l’Institut National du Cancer, des unités pilotes de coordination en oncogériatrie (UPCOG) ont été mises en place pour développer la recherche et diffuser les bonnes pratiques en oncogériatrie 8, avec notamment l’inclusion des personnes âgées dans des programmes spécialisés d’évaluation gériatriques approfondies (EGA). Ainsi, une étude multicentrique randomisée menée dans l’unité de radiothérapie de la Mayo clinic, a montré l’importance d’inclure les patients dans les EGA, cela améliorait leurs scores de qualité de vie par rapport au groupe non inclus 9. Cheng et al. ont montré qu’indépendamment du stade de la maladie, la fatigue, la douleur et les troubles du sommeil impactaient significativement l’indice de Karnofsky et les scores de qualité de vie (p < 0,01) chez les patients âgées de 65 ans et plus. Ces troubles étaient présents chez 29,2 % des 120 patients suivis 10. Les patients de notre étude souffraient dans la moitié des cas (49,1 %) de troubles du sommeil, plus de la moitié (58,2 %) de fatigue, 61,8 % 20 % 9,1 % 7,3 % 1,8 % 40 % 45 % 33,3 % 25,5 % 49,1 % 58,2 % 0% 21,8 % 26,4 % 72,7 % 0,9 % 27,3 % 32,7 % 40 % 27,3 % 7,3 % 63,6 % 29,9 % Tableau 2 : Caractéristiques des patients selon les groupes. OMS AGE moyen Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 72,5 ans 76,5 ans 77,8 ans 0-1 2-3 Mini MNA risque de malnutrition 100 % 46 % 62,5 % 0% 45 % 37,5 % 0% 48,5 % 62,5 % Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® 239 VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Santé publique Public health JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page239 Santé publique Public health JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page240 Evaluation oncogériatrique en radiothérapie • Oncogeriatric evaluation and radiotherapy les douleurs diverses étaient présentes dans 21,8 % des cas, avec un score de douleur moyen de 4,5 (2 à 7). Les considérations logistiques liées au traitement radiothérapique sont à prendre en compte du fait de leurs interactions avec les comorbidités et leurs impacts sur la fatigue surajoutée 8. Tant au moment du scanner de simulation où le positionnement du patient est capital, qu’au cours des séances afin d’assurer la reproductibilité, l’accompagnement des personnes âgés reste essentiel. Certaines nécessitent de l’aide pour se déshabiller (9 % dans notre étude) et pour s’installer sur la table (20 % de nos patients), d’autres tolèrent plus ou moins bien les moyens de contentions. Dans notre étude la tolérance des masques de contentions pour une radiothérapie ORL était moyenne pour 72,2 % des cas et mauvaise pour 0,9 % des patients. Afin de limiter la fatigue liée aux déplacements fréquents vers les centres de radiothérapie, l’hypofractionnement semble être une alternative au traitement « classique », avec des résultats carcinologiques considérés satisfaisants. Roa et al. avaient randomisé 100 patients âgés, irradiés pour un glioblastome en fractionnement classique (60 Gy en 30 fractions) versus un fractionnement court (40 Gy en 15). La survie entre les deux groupes étaient équivalente, mais le groupe radiothérapie courte avait eu besoin de moins de corticoïdes (49 % vs 23 % p < 0,02) avec une tendance vers un meilleur score global de qualité de vie 14. Cet hypofractionnement nécessite une évaluation de son impact sur les tissus sains et le risque de toxicité tardive 8. Dans notre centre, 90,9 % des patients étaient traités en mode normofractionné avec une satisfaction globale parfaitement satisfaisante dans 85,5 % des cas. La radiothérapie stéréotaxique (SBRT) offre également un confort considérable pour cette population. Dans le cadre du cancer du poumon de stade I, elle offre outre un nombre de séance/déplacement réduit, la possibilité de traiter curativement les patients à haut risque chirurgical du fait de leurs comorbidité et fragilité. Une étude observationnelle hollandaise de 1999 à 2004 portant sur 875 patients âgés de 75 ans et plus, a ainsi montré que la mortalité à 30 jours était de 7,4 % chez les patients opérés contre 1 % chez les patients traités par SBRT. Dans cette même étude, l’introduction de la SBRT a permis de réduire de 12 % le nombre de patients non traités et a permis une amélioration de la survie globale des patients traités par radiothérapie depuis l’introduction de la SBRT 11. L’interaction entre les différentes spécialités a entraîné l’évolution du concept de la médecine hyper spécialisée vers une médecine plus globale dans un centre de haute technicité où inter-agissent différents protagonistes. Nous sommes passés du médecin-généraliste d’antan au médecin-hyperspécialisé mais isolé. Les patients concernés par notre étude étaient suivis dans 76,4 % des cas conjoinVOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 tement avec le médecin généraliste avec, pour les trois quarts (73,8 %) au moins une consultation mensuelle. La pluridisciplinarité garantit une prise en charge homogène du patient dans sa globalité, en tenant compte des facteurs de risque liés à la qualité de vie. La dénutrition est un facteur majeur d’altération de la qualité de vie et de risque de majoration de la toxicité liée aux traitements 12. La prise en charge nutritionnelle personnalisée a un impact bénéfique sur la qualité de la réponse aux traitements, ainsi que sur la qualité de vie des patients âgés atteints de cancer 12, 13. L’évaluation de la perte pondérale se fait par le recueil de donnés anthropométriques, clinico-biologique et des évaluations à l’aide de scores cliniques validées (l’indice de Detsky, l’autoévaluation nutritionnelle globale subjective et le Mini Nutritional Assessment). Une intervention nutritionnelle est recommandée dès que le patient perd plus de 10 % de son poids, avec une surveillance régulière de son efficacité 14. Cette évaluation nutritionnelle de nos patients nous a permis de mettre en évidence que l’utilisation de l’Indice de masse corporel pour les patients âgés n’était appropriée qu’après correction, puisque seuls 7,3 % étaient considérés en insuffisance pondérale lorsque la limite de l’IMC est fixée à < 18 (pour la population générale), ce chiffre passe à 27,3 % lorsque l’index est < 21 (pour les personnes âgées selon l’OMS), ce qui correspond au pourcentage retrouvé par le MNA. L’évaluation de l’état de santé globale du patient ou l'évaluation gériatrique multidimensionnelle (EGM) (comprehensive geriatric assessment ou CGA) est une procédure développée initialement pas Balduci pour optimiser la prise en charge des personnes âgées. Selon l’étude ELCAPA, après EGM le traitement a été modifié dans 20,8 % des cas 2. Sur le plan pratique, elle se déroule le plus souvent en hospitalisation de jour en milieu gériatrique et repose sur l’identification de l'environnement du patient, ses comorbidités et une recherche précise par des outils gériatriques de déficiences des fonctions sensorielles, cognitives, nutritionnelle, biologiques, équilibre et risques de chutes et le degré de dépendance grâce aux scores ADL (activités basales de la vie quotidienne) et IADL (activités instrumentales de la vie quotidienne). A la suite de l’analyse et la synthèse de toutes les données recueillies, il s’agit de classer selon Balducci les patients en 3 catégories à vulnérabilité croissante et justifiant une adaptation de la prise en charge 1. La validation d’Oncodage G8 a fluidifié la prise en charge dans les centres non spécifiques grâce à un questionnaire rapide et efficace (spécificité 76 %, sensibilité 64 %) 15. Nos patients avaient pour la majorité (63,6 %) un score entre 9 et 13 (Groupe 2), 28,9 % un score inférieur ou égal 240 Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® Evaluation oncogériatrique en radiothérapie • Oncogeriatric evaluation and radiotherapy à 8 (Groupe 3) et seuls 7,3 % avaient un score supérieur ou égal à 14 (Groupe 1). Il apparaît donc que 92,5 % de nos patients nécessitaient une évaluation oncogériatrique. L’étude des différents sous-groupes a montré une bonne corrélation entre le groupe 1, le score OMS et le MNA puisque tous nos patients étaient OMS 0-1 et avaient un état nutritionnel satisfaisant, alors que le MNA et l’OMS se dégradaient avec le score Oncodage. Même si nous avons à notre disposition de multiples outils permettant de classer les patients et d’orienter la prise en charge, ces différents outils manquent de pertinence quant à la prédiction de la réaction de l’organisme face à la toxicité des traitements 16. La tendance actuelle à l’inclusion des patients âgés dans les essais thérapeutiques permettra probablement de répondre à cette question 3 ; d’autant plus que dans la majorité des études ayant analysé des sous-groupes de patients âgés, la radiothérapie a été complète dans les trois quarts des cas, même quand les patients sont très âgés 17. La mise en place d’une réunion de concertation pluridisciplinaire dédiée au sujet âgé est essentielle à l’organisation des soins, et permettrait en Oncologie Radiothérapie nombre d’adaptations et d’accompagnements thérapeutiques. Conclusions La population âgée de 70 ans et plus, dans notre centre de radiothérapie, était composée à part quasiment égale de patients en bon état général et plus fragiles avec de multiples comorbidités. Une réflexion sur la place d’un service d’oncologie radiothérapie dans la prise en charge cancérologique globale, et spécifiquement oncogériatrique a été menée, certaines améliorations de prise en charge sont en cours d’implémentation. La prise en charge multidisciplinaire des sujets âgés en radiothérapie pourrait être un enjeu stratégique de développement, concomitamment au développement de nouvelles technologies. n Conflit d’intérêt : aucun Bibliographie : 10 Cheng KK, Lee DT. Effects of pain, fatigue, insomnia, and mood disturbance on functional status and quality of life of elderly patients with cancer. Crit Rev Oncol Hematol 2011 ; 78 : 127-37. 11 Palma D, Visser O, Lagerwaard FJ, Belderbos J, Slotman BJ, Senan S. Impact of introducing stereotactic lung radiotherapy for elderly patients with stage I non-small-cell lung cancer: a population-based time-trend analysis. J Clin Oncol 2010 ; 28 : 5153-9. 12 Guérin O. Prise en charge nutritionnelle en oncogériatrie. Nutrition Clinique et Métabolisme 2009 ; 23 : 16-8. 13 Ravasco P, Monteiro-Grillo I, Camilo M. Does nutrition influence quality of life in cancer patients undergoing radiotherapy? Radiother Oncol 2003 ; 67 : 213-20. 14 Duguet A, Bachmann P, Lallemand Y, Blanc-Vincent MP. Bonnes pratiques diététiques en cancérologie : dénutrition et évaluation nutritionnelle Standards, Options et Recommandations. Bull Cancer 1999 ; 86 : 997-1016. 15 Soubeyron P, Bellara C, Goyard J, Heitz D, Curé H, Rousselot H, et al. Validation of the screening tool in geriatric oncology: The ONCODAGE project. J Clin Oncol 2011 ; 29 : Abstract 9001. 16 Hamaker ME, Vos AG, Smorenburg CH, de Rooij SE, van Munster BC. The value of geriatric assessments in predicting treatment tolerance and all-cause mortality in older patients with cancer. Oncologist 2012 ; 17 : 1439-49. 17 Sunyach MP, Falchero L, Pommier P, Perol M, Arpin D, Vincent M, et al. Prospective evaluation of early lung toxicity following threedimensional conformal radiation therapy in non small cell lung cancer: preliminary results. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2000 ; 48 : 459-63. 1 Balducci L, Extermann M. Management of cancer in the older person: a practical approach. Oncologist 2000 ; 5 : 224-37. 2 Caillet P, Canoui-Poitrine F, Vouriot J, Berle M, Reinald N, Krypciak S, et al. Comprehensive geriatric assessment in the decision-making process in elderly patients with cancer: ELCAPA study. J Clin Oncol 2011 ; 29 : 3636-42. 3 Horiot JC. Radiation therapy and the geriatric oncology patient. J Clin Oncol 2007 ; 25 : 1930-5. 4 Clarke M, Collins R, Darby S, Davies C, Elphinstone P, Evans E, et al. Effects of radiotherapy and of differences in the extent of surgery for early breast cancer on local recurrence and 15 year survival: an overview of the randomised trials. Lancet 2005 ; 366 : 2087-106. 5 Vellas BJ, Albarede JL. Nutritional assessment as part of the geriatric evaluation: the Mini-Nutritionnal Assessment. Facts & Research in Gerontology 1994 ; S2 : 11-3. 6 Walston J, Hadley E, Ferrucci L. Research agenda for frailty in older adults: toward a better understanding of physiologogy and etiology. J Am Geriatr Soc 2006 ; 54 : 991-1001. 7 Mitchell P, Waggoner S, Rotmensch J, Mundt A. Cervical cancer in the elderly treated with radiation therapy. Gynecol Oncol 1998 ; 71 : 291-8. 8 État des lieux et perspectives en oncogériatrie. Mai 2009. http://www.e-cancer.fr 9 Lapid MI, Rummans TA, Brown PD, Frost MH, Johnson ME, Huschka MM, et al. Improving the quality of life of geriatric cancer patients with a structured multidisciplinary intervention: a randomized controlled trial. Palliat Support Care 2007 ; 5 : 107-14. Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® 241 VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Santé publique Public health JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page241 Cas clinique Clinical case study JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page242 Cas clinique Clinical case study Hypervitaminémie B12 en oncogériatrie : à propos d’un cas et revue de la littérature Hypervitaminia B12 in oncogeriatrics: case report and review of the literature A.-A. Zulfiqara, A. Sebauxa, M. Draméb, E. Andrèsc, J.-L. Novellaa a. Département de Médecine Interne et Gériatrie, CHU Reims, 45 rue Cognacq-Jay, 51100 Reims, France. b. Unité d’Aide Méthodologique, Pôle Recherche et Innovations, CHU Reims, 45 rue Cognacq-Jay, 51100 Reims, France. c. Département de Médecine Interne, CHRU Strasbourg, 1 Place de l'Hôpital, 67000 Strasbourg, France. Auteur correspondant : Dr Abrar-Ahmad Zulfiqar, Département de Médecine Interne et Gériatrie, CHU Reims, 45 rue Cognacq-Jay, 51100 Reims, France. Tél. : + 33 (0)6 27 10 24 93, courriel : [email protected] Résumé Introduction : L’hypervitaminémie B12 reste une anomalie biologique méconnue et sous-estimée. De nombreuses entités malignes peuvent expliquer la survenue d’une hypervitaminémie B12. Cas clinique : Une patiente de 84 ans, hospitalisée dans un contexte d'altération de l'état général, a bénéficié d'un bilan biologique, détectant une hypervitaminémie B12. Ce résultat a conduit à réaliser des examens complémentaires révélant le diagnostic d'un cancer du côlon. Après une évaluation multidisciplinaire, une prise en charge chirurgicale a été réalisée. Discussion : La découverte d’une hypervitaminémie B12 n’est pas rare, et elle est associée le plus souvent à des néoplasies solides, variées, et plus fréquemment à un stade métastatique, notamment hépatique. Conclusion : Le dosage de la vitamine B12 dans la population gériatrique pourrait être utile dans l’orientation diagnostique et pronostique de ces affections, pouvant faire partie intégrante de l’évaluation gériatrique standardisée dans le domaine de l’Oncogériatrie. Mots clés : Hypervitaminémie B12, oncogériatrie, néoplasies solides, pronostic. Abstract Introduction: Hypervitaminia B12 remains an unknown and underestimated biological abnormality. Many malignant entities may explain the occurrence of hypervitaminia B12. Case report: A 84 year old patient was admitted in a context of poor general condition. Laboratory tests detected hypervitaminia B12, leading to request further investigations, allowing the diagnosis of non-metastatic bowel cancer. After a multidisciplinary evaluation, surgical treatment was performed. Discussion: Hypervitaminia is not unusual, and is most often associated with different solid tumors, more frequently at the metastatic stage, especially liver metestases. Conclusion: The dosage of vitamin B12 in the geriatric population, could be an useful marker for the diagnosis and prognosis of these diseases, and can be a part of the standardized geriatric assessment in the field of geriatric oncology. Keywords: Hypervitaminia B12, oncogeriatrics, solid neoplasms, prognosis. JOG J Oncogériatr 2014 ; 5 (6) : 242-4. Aucune approche codifiée, permettant de déterminer la démarche diagnostique à suivre devant une hypervitaminémie B12, n’existe à l’heure actuelle. De nombreuses entités malignes peuvent expliquer la survenue d’une hypervitaminémie B12. Nous vous rapportons un cas illustrant cette problématique. Introduction L’hypervitaminémie B12 est une anomalie biologique méconnue. Les efforts de recherche se sont concentrés essentiellement sur la carence en vitamine B12, liée soit au syndrome de non-dissociation de la vitamine B12 de ses protéines porteuses, soit à la maladie de Biermer. VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 242 Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® Hypervitaminémie B12 en oncogériatrie • Hypervitaminia B12 in oncogeriatrics Case-Report Discussion Une patiente de 84 ans est hospitalisée pour une asthénie avec un amaigrissement de 10 kgs en 6 mois. Les antécédents médicaux ne comprenaient qu'une hypertension artérielle traitée. L’interrogatoire retrouvait des diarrhées depuis deux semaines et des brûlures mictionnelles. L’examen clinique restait sans particularité par ailleurs. Le bilan biologique retrouvait une infection urinaire à E coli, responsable du bilan inflammatoire initial avec une CRP à 223 mg/l (normale inférieure à 10 mg/l) à son entrée. Ce syndrome inflammatoire biologique a régressé sous antibiothérapie adaptée. Le bilan d’investigation biologique, à la régression du syndrome inflammatoire, retrouvait l'apparition d’une thrombocytose à 600 G/l, et la détection d’une élévation du taux sérique de la vitamine B12 à 775 pg/ml (normale : 191-663 pg/ml). Un scanner thoracco-abdominopelvien était demandé devant cet amaigrissement et la présence de cette hypervitaminémie B12. Il retrouvait un œdème pouvant correspondre à une colite, au niveau de la sous-muqueuse du côlon sigmoïde. Ceci était complété par une coloscopie longue retrouvant une lésion bourgeonnante au niveau sigmoïdien. Les biopsies et les résultats anatomopathologiques avaient permis de détecter un adénocarcinome liberkuhnien modérément différencié, ulcéré en surface. Le bilan d'extension était revenu négatif sur le plan métastatique (scintigraphie osseuse du corps entier, échographie hépatique et scanner cérébral). On ne notait ni anomalies du bilan biologique hépatique, ni anomalies de la fonction rénale, pouvant expliquer l’élévation du taux sérique de la vitamine B12. L’électrophorèse des protéines sériques était normale. Aucune carence fonctionnelle n'avait été retrouvée (homocystéine normale). Une évaluation oncogériatrique a été proposée montrant un bilan cognitif satisfaisant (Mini Mental State Examination à 27/30), un probable syndrome dépressif avec un mini Geriatric Depression Scale à 2/4, pas de trouble de la marche, une autonomie préservée (6/6 pour Echelle d'autonomie de Katz, 1/4 pour IADL de Lawton), et une évaluation nutritionnelle montrant une dénutrition sévère (albumine à 18 mmol/L, IMC à 17 kg/m2 et MNA à 10/30). Une réunion multidisciplinaire est réalisée réunissant gériatres, chirurgiens digestifs et oncologues, décidant d’une prise en charge curative avec un geste chirurgical à type d’hémicolectomie. Les modalités de la prise en charge ont été expliquées au cours d’une consultation personnalisée avec la patiente et la famille. Une prise en charge oncologique médicale (chimiothérapie) est engagée, à la suite du temps opératoire. Un suivi clinique et paraclinique a été mis en place tous les 6 mois. Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® L’association hypervitaminémie B12 et néoplasies solides a été initialement décrite puis documentée par Carmel et al. en 1975 et en 1977, avec étude des taux de vitamine B12 et de ses transporteurs au sein d’une population de 139 patients atteints de pathologie cancéreuse démontrant clairement une association entre hypervitaminémie B12 et néoplasies 1, 2. Les principaux cancers incriminés sont le carcinome hépatocellulaire (CHC) et les tumeurs hépatiques secondaires, le cancer du sein, le cancer du côlon, le cancer de l’estomac et les tumeurs pancréatiques 3. L’association entre hypervitaminémie B12 et la pathologie néoplasique a été mise en évidence également par Deneuville et al., avec un Odds Ratio (OR) de 1,8 tous cancers confondus, de 2,9 pour les tumeurs métastatiques, de 3,3 pour le CHC, de 4,7 pour les autres tumeurs hépatiques primitives et de 6,2 pour les néoplasies avec métastases hépatiques 4. Dans la série rétrospective de Chiche et al., ¼ des patients (23 %) présentaient une néoplasie solide, dont la grande majorité n’était pas connue avant l’hospitalisation concernée ; ces néoplasies étant découvertes pour la plupart (80 %) à un stade non métastatique 5. Dans les tumeurs solides, l’hypervitaminémie B12 serait surtout liée à un excès de synthèse des transcobalamines par la tumeur ou encore à une augmentation des haptocorrines due à l’hyperleucocytose réactionnelle 3. D’un point de vue pronostic, la corrélation retrouvée dans certains cas entre la taille de certaines tumeurs, notamment hépatiques, et le degré d’élévation de la vitamine B12 a fait suggérer l’hypervitaminémie comme un éventuel marqueur tumoral de mauvais pronostic 6. Ceci est confirmé par la série prospective de Geissbuhler P et al. 7 ; les auteurs insistant sur la réalisation du dosage de la vitamine B12 chez les patients atteints de pathologies néoplasiques, notamment chez le sujet âgé, comme un des arguments décisionnels quant à la poursuite d’un traitement curatif et/ou à la réalisation d’examens paracliniques ; ceci en corrélation avec l’évaluation gériatrique standardisée. Ceci est également retrouvé dans l’étude de Salles N et al. 8, et dans l’étude de Tal et al. ayant rapporté une augmentation de la mortalité associée à un taux élevé de vitamine B12 dans une série de 1 570 patients âgés de plus de 65 ans hospitalisés dans un service de gériatrie 9. Dans une étude issue d’une population de médecine interne, 80 % des néoplasies ont été découvertes à un stade infraclinique et non métastatique 5. Geissbühler et al. avait attribué à la vitamine B12 une valeur pronostique lors d’une maladie tumorale. Ainsi, l’index BCI (Index B12 × CRP) présente une forte valeur prédictive de mortalité en cas de cancer en stade palliatif. Une valeur > 40 000 s’asso243 VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Cas clinique Clinical case study JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page243 Cas clinique Clinical case study JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page244 Hypervitaminémie B12 en oncogériatrie • Hypervitaminia B12 in oncogeriatrics cie à une mortalité de 90 % à trois mois 7. Ces résultats ont été confirmés dans une étude sur un plus grand collectif de patients avec un cancer avancé 10. En effet, 329 patients, en situation de cancer avancé à un stade palliatif avaient été inclus, avec un âge médian de 68,7 ans. Ces patients avaient été divisés en 3 groupes, en fonction de l’index BCI (groupe 1 : BCI < 10 000 ; groupe 2 : BCI compris entre 10 000 et 40 000 ; groupe 3 : BCI > 40 000). Selon les résultats de cette étude prospective, un BCI élevé (> 40 000) prédit un faible taux de survie (une médiane de survie de 29 jours) chez les patients atteints de cancer avancé. Une réflexion doit être portée sur l’utilisation future de cet index dans la stratégie de prise en charge des patients avec une pathologie tumorale avancée 10, 11. L’hypervitaminémie B12 peut être retrouvée dans les hémopathies malignes (syndromes myéloprolifératifs essentiellement ; plus rarement dans les syndromes myélodysplasiques). Ceci est lié à la libération des haptocorrines par les granulocytes tumoraux et leurs précurseurs 12. De plus l’hypervitaminémie B12 est validée comme étant un paramètre biologique orientant fortement vers un syndrome myéloprolifératif de type leucémie myéloïde chronique, polyglobulie primitive, thrombocytémie essentielle et autres myélofibroses 13. Les syndromes lymphoproliféraitfs sont rarement pourvoyeurs d'hypervitaminémie B12. Dans le myélome multiple, on peut observer une carence ou une augmentation du taux sérique de vitamine B12 14. Les hépatopathies non néoplasiques peuvent être responsables d’une élévation du taux sérique de la vitamine B12, notamment d’étiologie éthylique 4. L’association à l’insuffisance rénale a été mise en évidence dans plusieurs travaux, dont celui de Carmel et al. 15. Le mécanisme physiopathologique serait une augmentation des transcobalamines (TCB) par défaut de clairance 16. Enfin, d’autres étiologies, plus rares, avec des mécanismes physiopathologiques non élucidés, peuvent être associées à l’hypervitaminémie B12. C’est le cas des maladies autoimmunes/inflammatoires, de l’hyperéosinophilie, excès d’apport, ou carence fonctionnelle en vitamine B12 avec hypervitaminémie B12 paradoxale 3. Conclusion L’hypervitaminémie B12 reste une anomalie sous-estimée, pour laquelle des entités pathologiques graves sont liées. Les néoplasies solides, les hémopathies, les hépatopathies aigües/chroniques et l’insuffisance rénale sont les principales causes d’élévation de la vitaminémie B12. Le dosage de la vitamine B12, dans la population gériatrique, pourrait être un marqueur supplémentaire dans l’orientation diagnostique et pronostique de ces affections, pouvant faire partie intégrante de l’évaluation gériatrique standardisée dans le domaine de l’Oncogériatrie. n Conflit d’intérêt : aucun Bibliographie : 8 Salles N, Herrmann F, Rapin CH, Sieber C. High vitamin B12 level: a strong predictor of mortality in elderly patients. J Am Geriatr Soc 2005; 53: 917-8. 9 Tal S, Shavit Y, Stern F, Malnick S. Association between vitamin B12 levels and mortality in hospitalized older adults. J Am Geriatr Soc 2010 ; 58 : 523-6. 10 Kelly L, White S, Stone PC. The B12/CRP index as a simple prognostic indicator in patients with advanced cancer: A confirmatory study. Ann Oncol 2007 ; 18 : 1395-9. 11 Cosma Rochat M, Vollenweider P, Waeber G. Hypervitaminémie B 12 : implications cliniques et prise en charge. Rev Med Suisse 2012 ; 8 : 2072-7. 12 Gimsing P. Cobalamin forms and analogues in plasma and myeloid cells during chronic myelogenous leukaemia related to clinical condition. Br J Haematol 1995 ; 89 : 812-9. 13 Andrès E, Serraj K, Zhu J, Vermorken AJM. The pathophysiology of elevated vitamin B12 in clinical practice. QJM. 2013 ; 106 : 505-15. 14 Vlasveld LT. Low cobalamin (vitamin B12) levels in multiple myeloma: a retrospective study. Neth J Med 2003 ; 61 : 249-52. 15 Carmel R, Vasireddy H, Aurangzeb I, George K. High serum cobalamin levels in the clinical setting--clinical associations and holo-transcobalamin changes. Clin Lab Haematol 2001 ; 23 : 365-71. 16 Hoffer LJ, Elian KM. Parenteral vitamin B12 therapy of hyperhomocysteinemia in end-stage renal disease. Clin Invest Med 2004 ; 27 : 10-3. 1 Carmel R. Extreme elevation of serum transcobalamin I in patients with metastatic cancer. N Engl J Med 1975 ; 292 : 282-4. 2 Carmel R, Eisenberg L. Serum vitamin B12 and transcobalamin abnormalities in patients with cancer. Cancer 1977 ; 40 : 1348-53. 3 Serraj K, Mecili M, Housni I, Andres E. Hypervitaminémie B12: physiopathologie et intérêt en pratique clinique. Press Med 2011 ; 40 : 1120-7. 4 Deneuville T, Mario N, Tiev KP, Tolédano C, Josselin-Mahr L, Gain M, et al. Concentration plasmatique élevée de la vitamine B12 : un indicateur des maladies hépatiques ou tumorales ? Rev Med Interne 2009 ; 30 (Suppl 2) : S73. 5 Chiche L, Jean R, Romain F, Roux F, Thomas G, Canavese S, et al. Implications cliniques de la découverte d’une hypervitaminémie B12 en médecine interne. Rev Med Interne 2008 ; 29 : 187-94. 6 Kane SP, Murray-Lyon IM, Paradinas FJ, Johnson PJ, Williams R, Orr HA, et al. Vitamin B12 binding protein as a tumour marker for hepatocellular carcinoma. Gut 1978 ; 19 : 1105-9. 7 Geissbuhler P, Mermillod B, Rapin CH. Elevated serum vitamin B12 levels associated with CRP as a predictive factor of mortality in palliative care cancer patients: a prospective study over five years. J Pain Symptom Manage 2000 ; 20 : 93-103. VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 244 Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® « Dossier thématique Review JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page245 ® Dossier thématique • Chirurgie carcinologique du sujet âgé • Cancer surgery in the elderly Coordination : Dr Tristan Cudennec Service de Médecine Gériatrique, HUPIFO site Ambroise Paré, AP-HP, 92100 Boulogne-Billancourt, France ; Université Versailles Saint Quentin (UVSQ), France. Editorial Editorial T. Cudennec Prise en charge médicale péri-opératoire du sujet âgé avec cancer Perioperative medical management of elderly patients with cancer T. Cudennec, S. Benyahia, D. Moszkowicz, X. Dupont Les grands principes de la chirurgie carcinologique et de la prise en charge péri-opératoire des cancers digestifs chez le sujet âgé General principles of oncology surgery and perioperative management of gastro-intestinal (GI) cancer in elderly patients G. Manceau, S. Benoist » Chirurgie carcinologique du sujet âgé • Cancer surgery in the elderly Éditorial Editorial T. Cudennec Service de Médecine Gériatrique, HUPIFO site Ambroise Paré, AP-HP, 92100 Boulogne-Billancourt, France ; Université Versailles Saint Quentin (UVSQ), France. JOG J Oncogériatr 2014 ; 5 (6) : 246. Chirurgie, personne âgée et cancer : où en sommes-nous ? L es connaissances et les pratiques en oncogériatrie ont progressé rapidement au cours des dix dernières années. Ces avancées concernent aussi bien la chimiothérapie, le recours aux thérapeutiques ciblées, la radiothérapie, la radiologie interventionnelle, mais également le domaine de la prise en charge chirurgicale. Cet aspect essentiel du soin nécessite la coordination de plusieurs intervenants, le chirurgien, l’anesthésiste et le gériatre. En plus de cette complémentarité, il est indispensable d’associer à ces modalités de prise en charge les professionnels qui favoriserons une réhabilitation précoce, au premier titre desquels les infirmières, les aides soignantes, les kinésithérapeutes et les diététiciennes. Les particularités de la prise en charge chirurgicale en oncogériatrie concernent les trois phases, pré-opératoire, opératoire et post-opératoire. La première repose sur l’indication du geste, ses modalités de réalisation, ainsi que le dépistage des comorbidités et des facteurs de risques de survenue de complications dans le contexte péri-opératoire. La seconde concerne le geste et les particularités de l’anesthésie qui y est associée. Enfin, la dernière phase est celle de la prise en charge post-opératoire. Elle comprend, entre autre, la gestion des complications et notamment la survenue d’un syndrome confusionnel, la réhabilitation précoce et l’insertion du patient au sein de la filière gériatrique. Ce dossier thématique envisage la problématique de la chirurgie en contexte oncogériatrique sous ses aspects médicaux et chirurgicaux. Cependant, le soin chirurgical en oncogériatrie ne correspond pas à l’activité, chacun leur tour, de ces intervenants. C’est la bonne coordination entre ces différents acteurs qui permet d’optimiser la qualité du soin personnalisé prodigué et d’optimiser la prise en charge médicale et chirurgicale périopératoire des patients âgés. C’est à ce prix que nous progresserons ! n Docteur Tristan Cudennec Conflit d’intérêt : aucun VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 246 Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® Dossier thématique Review Dossier thématique Review JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page246 Chirurgie carcinologique du sujet âgé • Cancer surgery in the elderly Prise en charge médicale péri-opératoire du sujet âgé avec cancer Perioperative medical management of elderly patients with cancer T. Cudenneca,b, S. Benyahiab, D. Moszkowiczc, X. Dupontd a. Service de Médecine Gériatrique, HUPIFO site Ambroise Paré, AP-HP, 92100 Boulogne-Billancourt, France. b. Equipe Mobile d’Onco-Gériatrie, HUPIFO site Ambroise Paré, AP-HP, 92100 Boulogne-Billancourt, France. c. Service de Chirurgie Digestive et Oncologique, HUPIFO site Ambroise Paré, AP-HP, 92100 Boulogne-Billancourt, France. d. Département d’Anesthésie, HUPIFO site Ambroise Paré, AP-HP, 92100 Boulogne-Billancourt, France. JOG J Oncogériatr 2014 ; 5 (6) : 247-52. Dossier thématique Review Résumé La prise en charge chirurgicale carcinologique d’un patient âgé nécessite la coordination de trois intervenants afin de limiter les risques de survenue de complication au cours des trois temps de la prise en charge. L’objectif étant toujours d’être optimal dans la qualité du soin proposé, chirurgien, anesthésiste et gériatre devront identifier les comorbidités à risque d’aggravation dans le contexte péri-opératoire. Tous doivent connaître les facteurs de risque maintenant bien identifiés de complication du geste chirurgical, comme par exemple la survenue du syndrome confusionnel quelques heures ou jours après le geste. De la même façon, la gestion de la douleur, la réhabilitation précoce, la connaissance du statut nutritionnel sont des paramètres indispensables à connaître pour assurer une prise en charge de qualité. Mots clés : Personne âgée, cancer, chirurgie, anesthésie, évaluation gériatrique, comorbidités. Abstract The surgical management of elderly patients with cancer needs the co-ordination between three contributors aiming to limit the risk of complications during the three steps of the procedure. The goal being always to obtain an optimal care quality, the surgeon, the anesthetist and the geriatrician will have to identify the comorbidities at risk of aggravation in the perioperative context. They all have to precisely know the well identify risk factors of complications that can occur during the surgical procedure, such as for example the delirium that can be observed during the hours or days following surgery. In the same way, the pain management, the early rehabilitation, the knowledge of the nutritional status are parameters of paramount importance to secure an optimal quality management. Keywords: Elderly, cancer, surgery, anesthesia, geriatric evaluation, co-morbidities. n France en 2013, l’espérance de vie à la naissance était de 85 années pour les femmes et de 78,7 années pour les hommes 1. Lorsque l’on s’intéresse à l’espérance de vie à un âge donné, des données sont disponibles pour la période 2009-2011. Au cours de cette période, l’espérance de vie moyenne aux âges de 80 et 85 étaient de 9,7 et 6,8 années. Depuis 2008, le cancer représente la première cause de mortalité dans notre pays (29,6 %) 2. Ceci implique la nécessité d’adapter nos offres de soins à cette population. Les traitements oncologiques spécifiques, au premier rang desquels figure la chirurgie, ne sont pas épargnés par cette problématique. La prise en charge péri-opératoire des patients âgés ayant un cancer peut se diviser en 3 temps : la phase pré-opératoire au cours de laquelle doivent être recherchés les facteurs de risque de complications au cours de l'hospitalisation, la phase opératoire, et la phase postopératoire au cours de laquelle il va falloir favoriser une réhabilitation précoce et envisager la suite de la prise en charge. 247 VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 E Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® La phase pré-opératoire L'amélioration de la qualité de la prise en charge en oncologie des patients âgés repose sur le rapprochement nécessaire des spécialités : chirurgie, anesthé- Dossier thématique Review JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page247 Chirurgie carcinologique du sujet âgé • Cancer surgery in the elderly sie et gériatrie. L'évaluation gériatrique doit faire partie du processus décisionnel en oncogériatrie, y compris en contexte chirurgical, si l'on souhaite identifier les patients les plus à risque de complications postopératoires. L’anticipation des soins de prévention est indispensable si l’on souhaite réduire la morbidité et la mortalité post-opératoire des sujets âgés fragiles. Les facteurs de risque de survenue du syndrome confusionnel, principale complication observée dans la période post-opératoire, doivent être connus de tous. D'autres paramètres de l'évaluation gériatrique, comme par exemple le statut nutritionnel du patient, son autonomie fonctionnelle, ou encore l'existence de troubles thymiques ou cognitifs doivent être connus si on souhaite limiter la morbidité et la mortalité favorisée par cette prise en charge 3. Annexe 1 : Risque de mortalité à 1 an et risque de décès lié aux comorbidités à l’aide de l’échelle de Charlson. Comorbidités Pour leur évaluation, plusieurs échelles peuvent être employées. Le score de Charlson présente l’avantage d’être facile à utiliser 8. Il a déjà été employé pour estimer le risque de survenue de complications postopératoires, la durée de séjour hospitalier ou encore le risque d’entrée en institution. Le score obtenu à l’aide de cette échelle permet d’estimer le risque de mortalité à 1 an et celui de décès liés aux comorbidités (Annexe 1). VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Mortalité à 1 an (%) 0 12 1 -2 26 3-4 52 >5 85 Décès liés aux comorbidités (%) Evaluation gériatrique En contexte d’urgence, l’évaluation doit rechercher les signes de fragilité 4, qu’ils soient médicaux, psychologiques ou sociaux. L’évaluation gériatrique standardisée permet de réduire la mortalité à 1 an et le nombre de ré-hospitalisations non programmées. Elle impacte également favorablement l’humeur, l’état nutritionnel et l’autonomie des patients qui en bénéficient. Dans un contexte oncologique, il a été démontré que l'évaluation gériatrique permettait d'augmenter la survie des patients qui en avaient bénéficié, quelle que soit la nature des soins ultérieurs comme un traitement oncologique spécifique ou une prise en charge palliative 5. Le but de cette évaluation est de maintenir l’autonomie fonctionnelle et la meilleure qualité de vie possible. L’évaluation de l’autonomie fonctionnelle et des comorbidités représente l’enjeu principal de cette évaluation en contexte carcinologique. L’autonomie fonctionnelle pour les activités de la vie quotidienne sera estimée au mieux par l’Activities of Daily Living de Katz (ADL) et l’Instrumental Activities of Daily Living de Lawton (IADL) 6, 7. La connaissance de cette autonomie fonctionnelle n’est pas suffisante pour optimiser le choix thérapeutique. Score de Charlson 0 8 1-2 25 3-4 48 >5 59 Le score de l’American Society of Anesthesiology (ASA) n’est pas à strictement parler un score d’évaluation des comorbidités 9. Il est réalisé par les anesthésistes avant tout acte opératoire pour estimer le risque de mortalité péri-opératoire. Une étude française s’est intéressée au taux de mortalité imputable directement ou partiellement à un acte anesthésique. Ce risque est de 5,2 anesthésies lorsque la personne est âgée de 40 à 74 ans. Il est multiplié par 4 (risque de 21,0) si le sujet est âgé de 75 ans ou plus. De plus, ce travail avait également montré que lorsque le score ASA était de 2, le risque de mortalité pour 100 000 anesthésies était de 5, contre 27 et 55 lorsque le score ASA était respectivement de 3 ou de 4 10. La réalisation d'une évaluation gériatrique est rarement possible dans le contexte de l’urgence. Il est cependant souhaitable, pour le chirurgien et l’anesthésiste qui ont en charge le patient, de connaître certains marqueurs de fragilité, et d’identifier les facteurs de risque de survenue de syndrome confusionnel compliquant souvent la période péri-opératoire. Le recours au G8, outil de dépistage gériatrique destiné aux oncologues, et validé par l’étude Oncodage, pourrait présenter un intérêt dans ce contexte 11. Il permet, en une dizaine de minutes, de savoir si le recours à une évaluation gériatrique véritable, plus chronophage, est pertinent (Annexe 2). Selon les données de l’étude, un score inférieur ou égal à 14/17 révèle une vulnérabilité ou une fragilité gériatrique devant conduire à une consultation adaptée. Un autre questionnaire, le Preoperative Assessment for Cancer in Elderly patient (PACE), apporte une évaluation des patients âgés avec cancer au cours 248 Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® Dossier thématique Review Dossier thématique Review JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page248 Chirurgie carcinologique du sujet âgé • Cancer surgery in the elderly Annexe 2 : Grille G8. Dossier thématique Review Items Score A Le patient présente-t-il une perte d’appétit ? A-t-il mangé moins ces 3 derniers mois par manque d’appétit, problèmes digestifs, difficultés de mastication ou de déglutition ? 0 : anorexie sévère 1 : anorexie modérée 2 : pas d’anorexie B Perte récente de poids (< 3 mois) 0 : perte de poids > 3kg 1 : ne sait pas 2 : perte de 1 à 3kg 3 : pas de perte de poids C Motricité 0 : du lit au fauteuil 1 : autonome à l’intérieur 2 : sort du domicile E Problèmes neuro-psychologiques 0 : démence ou dépression sévère 1 : démence ou dépression modérée 2 : pas de problème psychologique F Indice de masse corporel (IMC) 0 : IMC < 18,5 1 : 18,5 < IMC <21 2 : 21 < IMC < 23 3 : IMC > 23 H Prends plus de 3 médicaments 0 : oui 1 : non P Le patient se sent-il en meilleure ou moins bonne santé que la plupart des personnes de son âge 0 : moins bonne 0,5 : ne sait pas 1 : aussi bonne 2 : meilleure Age (ans) 0 : > 85 1 : 80 - 85 2 : < 80 Total 0 - 17 de la phase pré-opératoire. Il a été établi pour apporter des informations concernant les réserves fonctionnelles de chaque patient âgé avec cancer afin de favoriser une prise en charge personnalisée. Cet outil comporte des éléments validés (évaluation gériatrique standardisée, Brief Fatigue Inventory, PS, ASA) 12. Syndrome confusionnel Ce syndrome associe : - des troubles de la conscience avec capacité réduite pour fixer, soutenir ou déplacer l'attention ; - une altération cognitive non provoquée par une démence préexistante - établie - ou en progression ; Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® 249 - et une évolution sur une courte durée avec apparition des symptômes en peu de temps et fluctuation de ces derniers au cours de la journée. Son incidence, son mode d'évolution (près de 20 % des états confusionnels persistent plus de 6 mois après sa mise en évidence), et sa gravité potentielle (surmortalité, allongement de la DMS, réhospitalisations précoces non programmées, admission précoce en institution), justifient que l'on s'intéresse particulièrement à cette problématique 13, 14. Sa prévalence à l’admission est de 10 à 20 % chez les patients âgés admis à l'hôpital. Elle peut atteindre 65 % en période post-opératoire 15. Le syndrome confusionnel a été défini comme un facteur prédictif de mortalité dans les 12 mois qui suivent l'hospitalisation 14. Il a été montré une corrélation entre l’avancée en âge et l’incidence du syndrome confusionnel en post-opératoire lors de chirurgie majeure 16. Certains facteurs prédictifs de survenue de ce syndrome sont connus 17, 18 : - à l'admission du patient à l’hôpital : • une acuité visuelle altérée (RR 3,5) ; • une pathologie sévère (infarctus du myocarde, septicémie, insuffisance respiratoire aiguë, acidocétose diabétique, …) (RR 3,5) ; • une altération préalable des fonctions supérieures (RR 2,8) ; • une déshydratation (RR 2,0) ; • une altération de l'état fonctionnel (RR 1,7) ; - durant l'hospitalisation : • le recours à la contention ; • l’existence d'une dénutrition (albuminémie < 30 g/l) ; • l'adjonction de plus de 3 nouveaux médicaments en moins de 24 heures ; • la pose d'une sonde urinaire ; - autres facteurs reconnus en oncologie chirurgicale : • la douleur et ses modalités de prise en charge en post-opératoire (opïodes injectables plus délétères que par voie orale) 19 ; • les scores pré-opératoires aux ADL et IADL 20, 21 ; • la polymédicamentation 22 ; • le score ASA 23. Nutrition La dénutrition est une complication fréquente de l’évolution des cancers, liée à un déséquilibre entre des besoins parfois augmentés, notamment du fait de la situation d’hypercatabolisme, et des apports souvent diminués 24. La dénutrition représente un facteur de risque indépendant de mortalité lors d’une prise en charge spécifique pour un cancer 25. Une autre étude, ayant inclus 317 patients présentant un carVOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Dossier thématique Review JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page249 Chirurgie carcinologique du sujet âgé • Cancer surgery in the elderly cinome de primitif inconnu, a montré que les deux principaux facteurs de risque de décès étaient l’existence d’une hypoalbuminémie (RR 2,7) et de métastases hépatiques (RR 2,27). De nombreuses équipes s’intéressant à la prise en charge des cancers du sujet âgé ont inclus le statut nutritionnel dans les critères de vulnérabilité devant être pris en compte avant d’envisager toute décision de traitement oncologique spécifique 26, 27. Quel que soit l’outil utilisé pour dépister une situation de malnutrition, il est clair que l’identification de celle-ci doit faire partie intégrante du bilan initial lors de la découverte d’un cancer chez un patient, a fortiori lorsqu’il est âgé de plus de 75 ans. Les objectifs de sa prise en charge sont de tenter de corriger un statut nutritionnel souvent altéré avant de débuter un traitement oncologique, et de lutter contre les effets indésirables potentiels de ces traitements spécifiques. Le recours à une alimentation entérale préopératoire doit être envisagé. De plus, chez le sujet âgé, il est toujours utile de supprimer les régimes inutiles (sans sucre, sans sel, sans graisse…), et de faire le tri dans les médicaments qu’il reçoit (antalgiques, psychotropes, anorexigènes…). Enfin, lorsqu’une renutrition est débutée, il est nécessaire d’en évaluer son efficacité afin de pouvoir l’adapter. Dans toutes les situations, il doit être discuté la balance entre les bénéfices et les risques à la réalisation d’une intervention chirurgicale : - bénéfices attendus ; - risque de surmortalité ; - risque de complications post-opératoires. Période opératoire : l’anesthésie Le grand âge s’accompagne de modifications physiologiques nombreuses et de conséquences sur la période péri-opératoire. Ainsi, on observe : - une baisse du volume de distribution central qui entraîne l’augmentation des concentrations sanguines initiales des anesthésiques ; - une élévation de la masse grasse par rapport à la masse maigre, qui modifie la pharmacocinétique des substances liposolubles (Propofol) en prolongeant leur élimination ; - une modification du profil protéique plasmatique, avec augmentation de l’alpha-1-microglobulinémie et baisse de l’albuminémie, modifiant la fixation des médicaments à ces molécules, et donc la concentration plasmatique de leur forme libre ; - au niveau du système nerveux : on observe moins de substance corticale, moins de synapses, de récepteurs et de neurotransmetteurs ; - une altération de l’efficacité rénale, de certaines voies métaboliques hépatiques et de la fonction carVOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 dio-vasculaire avec notamment une dégradation de l’autorégulation des débits sanguins régionaux des organes nobles ; - enfin, une diminution progressive de la fonction respiratoire est facilement mesurable. Les effets sur la pharmacocinétique et la pharmacodynamique des anesthésiques ne sont pas univoques mais vont globalement dans le sens d’un délai d’action allongé, d’une plus grande sensibilité aux agents et d’une durée d’action augmentée. Il convient donc de personnaliser les posologies en pratiquant une titration prudente car le délai d’action est prolongé (temps de circulation entre la voie veineuse périphérique et le cerveau), et en surveillant soigneusement l’effet des anesthésiques (indice bispectral, oxymétrie cérébrale). L’organisme est moins apte à faire face aux situations de stress et les organes ont une réserve fonctionnelle diminuée. Les suites post-opératoires bénéficient de l’optimisation de l’anesthésie, mais également d’une prise en charge péri-opératoire multimodale : nutritionnelle, équilibre des différentes pathologies, adaptation des traitements médicaux, analgésie de qualité et kinésithérapie éventuelle afin de limiter la survenue des incidents les plus courants (syndrome confusionnel post-opératoire, défaillance rénale ou cardio-respiratoire…). A comorbidité égale, l’anesthésie du sujet âgé n’est probablement pas plus risquée que celle du sujet jeune, même si le grand âge est un facteur indépendant documenté de complications cardio-vasculaires péri-opératoires 28 et de dysfonction cognitive 16. Période post-opératoire Au cours de la phase post-opératoire, plusieurs aspects sont à prendre en considération comme : - la gestion des dysfonctions cognitives ; - la nécessité d’une réhabilitation précoce ; - l’antalgie ; - ou encore la prise en charge du patient au sein de la filière gériatrique. Une étude a montré que l’évaluation pré-opératoire du cancer chez un sujet âgé était un facteur prédictif de la morbidité et de la mortalité à 30 jours. Elle est également prédictive de la durée d’hospitalisation. A l’aide de l’outil PACE, l’autonomie fonctionnelle altérée, l’état de fatigue et le score obtenu au Performance Status étaient des facteurs prédictifs de complications post-opératoires 29. Une autre étude a montré que deux facteurs corrélés à une mortalité plus élevée en post-opératoire sont l’âge de plus de 85 ans (RR 2,65) et la réalisation d’une chirurgie en urgence (RR 3,42) 30. 250 Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® Dossier thématique Review Dossier thématique Review JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page250 Chirurgie carcinologique du sujet âgé • Cancer surgery in the elderly Dossier thématique Review Les dysfonctions cognitives Comme précisé pour la période pré-opératoire, la recherche de l’existence de troubles cognitifs ou de facteurs favorisant la survenue d’un syndrome confusionnel doit être réalisée au cours de cette période. Une étude prospective française (118 patients d’un âge moyen de 81 ans ayant bénéficié d’une chirurgie digestive « lourde » en dehors d’un contexte d’urgence) a montré que 24 % des patients ont présenté un syndrome confusionnel. Pour 43 % des patients, le score ASA était de 3 ou de 4. En analyse multivariée, 3 facteurs étaient corrélés à l’observation d'un syndrome confusionnel post-opératoire : l'existence d'un risque de chute identifié par le Timed Get up and go test (p = 0,009) (OR 4,8 ; IC 95 % : 1,5-15,6), un score ASA de 3 ou 4 (p = 0,02) (OR 3,3 ; IC 95 % : 1,2-9,0), et l'utilisation de dérivés du tramadol dans la période post-opératoire (p = 0,0009) (RR 7,1; IC 95 % : 2,2-22,5). Le taux de mortalité était de 14 % chez les confus contre 3,3 % chez les patients indemnes de confusion (p = 0,051). De plus, la durée moyenne de séjour était de 19 ± 11 jours chez les patients ayant présenté un syndrome confusionnel contre 14 ± 8 chez les autres patients (p = 0,01). Enfin, la survenue de cette complication n'était pas associée à la survenue d’une complication liée au geste chirurgical 31. Ces résultats soulignent l'importance de l'évaluation gériatrique et la nécessité de disposer d'outils simples à utiliser afin d'identifier le plus grand nombre de patients à risque. Des actions de préventions sont possibles. La prise en charge du syndrome confusionnel repose sur : - la recherche et la prise en charge du ou des facteurs étiologiques (examen clinique répété, bilan biologique de débrouillage) ; - les étiologies à rechercher en priorité du fait de leur fréquence chez le sujet âgé : • globe vésical, fécalome ; • sepsis ; • trouble métabolique ; • sevrage (benzodiazépines au long cours) ou mauvaise tolérance médicamenteuse (se méfier tout particulièrement du néfopam, du tramadol et de l’hydroxyzine) 32 ; • souffrance myocardique ou cérébrale ; - toujours évoquer la iatrogénie (sédatifs, psychotropes, médicaments à forte activité anti-cholinergique) ; - interventions non pharmacologiques : • expliquer au patient et à son entourage qu'il s'agit d'un syndrome confusionnel et que l'on cherche ses causes ; Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® 251 • recadrer dans le temps et dans l’espace ; • attitude calme et rassurante ; • favoriser le port des appareillages corrigeant les déficits sensoriels (prothèses auditives, verres correcteurs) ; • éviter au maximum le recours à la contention physique qui renforce les symptômes ; • récupération de l'autonomie fonctionnelle par une mobilisation aussi précoce que possible et soins de kinésithérapie souhaitables ; - interventions médicamenteuses : • ponctuellement rendues nécessaires lors de certains symptômes (anxiété, agitation) ; • recours à une benzodiazépine de demi-vie courte et d’élimination rapide comme l'oxazepam ou l’alprazolam ; • recours aux neuroleptiques parfois utilisé lors de confusion aiguë associée à des troubles productifs (hallucinations, délires), cependant la littérature n’apporte que peu de preuves de leur efficacité dans cette indication, et ces molécules sont associées à la survenue de nombreux effets indésirables ; - selon les recommandations de la HAS, faire bénéficier le patient le plus vite possible d’un avis gériatrique 33. Réhabilitation post-opératoire précoce Elle repose sur la motivation d’une équipe soignante pluri-professionnelle (chirurgien, anesthésiste, infirmières, aides-soignants, kinésithérapeute) pour améliorer la qualité et la vitesse de la réhabilitation au cours de cette période. Cette collaboration débute dès l’admission du patient, et son objectif est de réduire la morbidité post-opératoire et la durée d’hospitalisation 34, 35. Elle comprend le choix de la technique chirurgicale, les modalités de l’anesthésie et du monitorage per-opératoire, la gestion péri-opératoire de la douleur, ainsi que la réalimentation orale et la mobilisation précoce. Filière de soins La collaboration onco-gériatrique permet également au patient concerné de se trouver dans la bonne structure de soin au bon moment. Il est important d’anticiper en amont la place du patient dans le parcours de soins et au sein de la filière gériatrique. Ainsi, les patients identifiés comme les plus fragiles et les plus à risques de complications post-opératoires vont tirer un bénéfice clair de l’évaluation gériatrique péri-opératoire, et pourront bénéficier par la suite d’une prise en charge adaptée (réanimation, Soins de Suite et de Réadaptation gériatriques, domicile, HAD). VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Dossier thématique Review JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page251 Chirurgie carcinologique du sujet âgé • Cancer surgery in the elderly Conclusion Les bonnes pratiques de prise en charge en chirurgie oncologique d’un patient âgé reposent sur la réalisation d’une évaluation gériatrique adaptée, l’amélioration du processus décisionnel et la qualité de la prise en charge. Elles comprennent également l’identification des facteurs de fragilité et des patients les Bibliographie : 1 Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques. Bilan démographique et Situation démographique. www.insee.fr 2 Aouba A, Eb M, Rey G, Pavillon G, Jougla É. Données sur la mortalité en France : principales causes de décès en 2008 et évolutions depuis 2000. Bull Épidémiol Hebd 2011 ; 22 : 249-55. 3 Cudennec T, Moulias S, Lagrandeur J, Moussous W, Denis B, Teillet L. La prise en charge du syndrome confusionnel comme exemple de coopération médicochirurgicale chez la personne âgée présentant un cancer. Les Cahiers de l’Année Gérontologique 2011 ; 3 : 14-9. 4 Ellis G, Langhorne P. Comprehensive geriatric assessment for older hospital patients. Br Med Bull 2005 ; 71 : 45-59. 5 McCorkle R, Strumpf NE, Nuamah IF, Adler DC, Cooley ME, Jepson C, et al. A specialized home care intervention improves survival among older post-chirurgical cancer patients. J Am Geriatr Soc 2000 ; 48 : 1707-13. 6 Katz S, Ford AB, Moskowitz RW, Jackson BA, Jaffe MW. Studies of the illness in the aged. 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Importance of a comprehensive geriatric assessment in prediction of complications following thoracic surgery in elderly patients. Chest 2005 ; 127 : 886-91. 22 McAlpine JN, Hodgson EJ, Abramowitz S, Richman SM, Su Y, Kelly MG, et al. The incidence and risk factors associated with postoperative delirium in geriatric patients undergoing surgery for suspected gynecologic malignancies. Gynecol Oncol 2008 ; 109 : 296-302. 23 Tei M, Ikeda M, Haraguchi N, Takemasa I, Mizushima T, Ishii H, et al. Risk factors for postoperative delirium in elderly patients with colorectal cancer. Surg Endosc 2010 ; 24 : 2135-9. 24 Raynard B, Chaubet M. Conséquences nutritionnelles et métaboliques au cours des cancers. Oncologie 2009 ; 11 : 200-3. 25 Guigoz Y, Vellas B, Garry JP. Mini nutritional assessment: a practical assessment for grading the nutritional state of elderly patients. Facts and research in gerontology, Nestlé Ltd/Clintec 1994 ; Suppl 2. 26 Lee SJ, Lindquist K, Segal MR, Covinsky KE. 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Preoperative assessment in elderly cancer patients (PACE) can help – A SIOG surgical task force postoperative study. Crit Rev Oncol Hematol 2008 ; 65 : 156-63. 30 Duron JJ, Duron E, Dugue T, Pujol J, Muscari F, Collet D, et al. Risk factors for mortality in major digestive surgery in the elderly : a multicenter prospective study. Ann Surg 2011 ; 254 : 375-82. 31 Brouquet A, Cudennec T, Benoist S, Moulias S, Beauchet A, Penna C, et al. Impaired mobility, ASA status and administration of tramadol are risk factors for postoperative delirium in patients aged 75 years or more after major abdominal surgery. Ann Surg 2010 ; 251 : 759-65. 32 Tavassoli N, Lapeyre-Mestre M, Sommet A, Montastruc JL; French Association of Regional Pharmacovigilance Centres. drugs: dextropropoxyphene, tramadol and codeine (in combination with paracetamol). Br J Clin Pharmacol 2009 ; 68 : 422-6. 33 HAS. Confusion aiguë chez la personne âgée : prise en charge initiale de l’agitation. Recommandations, Mai 2009. www.has-sante.fr 34 Wang Q, Suo J, Jiang J, Wang C, Zhao YQ, Cao X. Effectiveness of fast-track réhabilitation vs conventional care in laparoscopic résection for elderly patients: a randomized trial. Colorectal Dis 2012 ; 14 : 1009-13. 35 Scharfenberg M, Raue W, Junghans T, Schwenk W. « Fast-track » réhabilitation after colonic surgery in elderly patients – is it feasible? Int J Colorectal Dis 2007 ; 22 : 1469-74. Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® Dossier thématique Review Dossier thématique Review JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page252 Chirurgie carcinologique du sujet âgé • Cancer surgery in the elderly Les grands principes de la chirurgie carcinologique et de la prise en charge péri-opératoire des cancers digestifs chez le sujet âgé Dossier thématique Review General principles of oncology surgery and perioperative management of gastro-intestinal (GI) cancer in elderly patients G. Manceaua, S. Benoistb a. Service de Chirurgie Digestive et Hépato-Bilio-Pancréatique, Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Institut Universitaire de Cancérologie Pierre et Marie Curie (Paris VI), 47-83 boulevard de l'Hôpital, 75651 Paris Cedex 13, France. b. Service de Chirurgie Oncologique et Digestive, Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, Hôpital Bicêtre, Université Paris- Sud, 78 rue du Général Leclerc, 94270 Le Kremlin-Bicêtre, France. Auteur correspondant : Professeur Stéphane Benoist, Service de Chirurgie Générale et Digestive, Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, Hôpital Bicêtre, Université Paris- Sud, 78 rue du Général Leclerc, 94270 Le Kremlin-Bicêtre, France. Tél. : +33 (0)1 45 21 70 30, fax : +33 (0)1 45 21 34 74, courriel : [email protected] JOG J Oncogériatr 2014 ; 5 (6) : 253-60. Résumé Les sujets âgés représentent la majorité des patients traités pour un cancer digestif, et cette proportion ne pourra que s’accentuer dans le futur, du fait de la croissance de la population, de son vieillissement et de l’augmentation de l’espérance de vie. La chirurgie reste encore aujourd’hui le seul traitement curatif, mais la prise en charge chirurgicale optimale chez ces patients n’est pas encore bien définie du fait de l’hétérogénéité de cette population et du manque de publications sur le sujet. Le but de ce travail est de faire le point sur les données disponibles dans la littérature sur les particularités du traitement des cancers digestifs chez le sujet âgé, aussi bien dans la période pré-opératroire qu’au moment et après la chirurgie. Mots clés : Sujet âgé, cancer, chirurgie, morbidité, survie. Abstract Elderly represent the majority of patients treated for GI cancer, and this proportion may increase in the coming years due to the aging of the population, as well as the increase in life expectancy. Surgery is still the cornerstone of curative therapy but optimal surgical management in these patients is not yet well defined due to the heterogeneity of this population and the lack of publications on this subject. The purpose of this work is to provide an overview of published results in the literature on the particularities of the treatment of GI cancer in the elderly before, during and after surgery. Keywords: Elderly patients, cancer, surgery, morbidity, survival. Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® 253 VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Dossier thématique Review JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page253 Chirurgie carcinologique du sujet âgé • Cancer surgery in the elderly Evaluation gériatrique La chirurgie reste encore aujourd’hui le seul traitement curatif pour la très grande majorité des cancers digestifs. Cependant, lorsque l’on doit prendre en charge une tumeur digestive chez un sujet dit « âgé », plusieurs questions doivent être prises en considération avant de poser une indication opératoire. Le patient va-t-il décéder avec son cancer ou à cause de son cancer ? Le patient va-t-il tolérer le traitement chirurgical de son cancer ? La chirurgie va-t-elle entraîner des bénéfices ? Ces questions soulèvent les problèmes de la survie globale opposée à la survie spécifique au cancer, de l’évaluation de la fragilité des patients, de la prédiction du risque opératoire et de la morbi-mortalité postopératoire à court et à moyen terme, et du maintien d’une autonomie et d’une qualité de vie acceptables après chirurgie. La réponse à ces questions doit en plus intégrer les demandes et les attentes des patients âgés. Répondre à ces différents points avec précision est au final assez difficile étant donnée l’hétérogénéité de cette population et du faible niveau de preuve des études publiées. En effet, bien que les cancers digestifs soient des pathologies du sujet âgé 1, ce groupe de patients est d’une façon générale moins souvent inclus dans les essais thérapeutique, et est sous-représenté dans l’ensemble des publications ayant trait au cancer 2, 3. Le but de ce travail est de faire le point à partir des données disponibles dans la littérature sur les particularités du traitement des cancers digestifs chez le sujet âgé, avant de considérer l’intervention, au moment de la chirurgie et en postopératoire immédiat. Nous avons choisi de présenter cette mise au point sous la forme de questions-réponses pour proposer une démarche pratique et pluridisciplinaire de la prise en charge de ces patients. Quelle est la définition du sujet âgé en chirurgie cancérologique digestive ? Il n’existe pas dans la littérature de véritable définition du sujet âgé. D’une façon générale, on considère un sujet comme étant « âgé » par référence à son âge, c’est à dire son âge civil ou âge chronologique. Bien que cette variable soit arbitraire et ne reflète pas correctement l’âge physiologique et la fragilité des patients, elle continue à être largement utilisée dans la conception des essais du fait de sa facilité d’utilisation. En chirurgie colorectale, un âge > 70 ans apparaît dans plusieurs études comme un facteur de risque indépendant associé à la morbidité et la mortalité postopératoires. Il s’agit d’ailleurs de l’un des VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 4 critères du score de l’Association Française de Chirurgie (AFC) prédictif de mortalité après chirurgie colorectale 4. L’âge > 70 ans a également été objectivé comme facteur de risque de décès postopératoire à 30 jours dans une étude effectuée à partir des données du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) entre 2006 et 2008 et incluant plus de 84 000 patients ayant eu une résection colorectale pour cancer 5. Enfin, l’âge > 70 ans a été rapporté dans une autre étude comme un facteur indépendant de morbidité postopératoire en chirurgie colorectale, au même titre que l’hypoalbuminémie et les comorbidités cardiopulmonaires et neurologiques 6. Plus récemment, une étude américaine effectuée à partir de la base de données ACS-NSQIP (American College of Surgeons National Surgical Quality Improvement Program) a essayé de définir le sujet âgé chez les patients ayant eu une résection gastrointestinale majeure 7. Elle incluait 129 331 patients opérés entre 2005 et 2010, avec une très grande majorité de colectomies (78 %). Le critère pris en compte pour identifier ce groupe de patients à risque était la mortalité postopératoire à 30 jours, qui est une variable dichotomique simple à analyser. L’âge optimal pour prédire la mortalité était 68,5 ans, avec une sensibilité de 66,6 % et une spécificité de 65,5 %. Cependant, il existait dans cette étude une accélération très nette de la mortalité postopératoire à partir de 75 ans, avec une augmentation de 5,3 % tous les 10 ans. Les auteurs retenaient donc cette limite de 75 ans pour considérer les patients comme âgés, et soulignaient le fait qu’à partir de cet âge il convenait de discuter de l’intérêt d’une chirurgie digestive lourde du fait du risque important de complications postopératoires et de décès. A la vue de ces résultats et étant donnée l’épidémiologie des cancers digestifs, il semble que 75 ans soit un minimum acceptable pour définir un patient comme âgé. Cette limite a été souvent utilisée dans la plupart des essais récents dédiés au sujet âgé 8. L’Institut National du Cancer (INCa) recommande d’ailleurs que tous les patients de plus de 75 ans atteints de cancer aient une évaluation oncogériatrique avant de prendre une décision thérapeutique, et de déterminer le programme personnalisé de soins. Quelles sont les modalités actuelles du traitement chirurgical des cancers digestifs chez le sujet âgé ? Au moment de la chirurgie, les sujets âgés sont plus souvent opérés en urgence, ce qui laisse sousentendre que le diagnostic de cancer est effectué à 254 Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® Dossier thématique Review Dossier thématique Review JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page254 Dossier thématique Review Chirurgie carcinologique du sujet âgé • Cancer surgery in the elderly un stade plus tardif chez ces patients par rapport aux sujets plus jeunes. Une étude de cohorte de 83 897 patients effectuée à partir du registre des cancers de Californie a ainsi montré que pour les cancers du côlon et du rectum, les taux de chirurgie en urgence chez les patients de plus de 80 ans étaient respectivement de 17 % et 12 %, alors qu’ils n’étaient que de 12 % et 5 % chez les patients de moins de 65 ans 9. Les patients sont également sous-traités. Ils sont moins souvent opérés, et lorsqu’ils sont opérés, le taux de chirurgie à visée curative est significativement moins important. Ce point a été démontré pour plusieurs cancers digestifs. Pour les cancers de l’œsophage, Alexiou et al. ont mis en évidence que le taux d’éligibilité à la chirurgie, c’est à dire le nombre de patients opérés sur le nombre de patients évalués en vue d’une oesophagectomie, diminuait de façon significative avec l’âge, de 97,7 % pour les patients de moins de 70 ans à 80,4 % pour les patients de plus de 80 ans (p < 0,0001) 10. Pour les métastases hépatiques de cancer colorectal (CCR), une étude française effectuée à partir d’un registre de cancers avec 13 463 patients inclus sur une période de 25 ans a montré en analyse multivariée que les patients de plus de 75 ans étaient significativement moins traités à visée curative, que ce soit pour des métastases synchrones (OR = 0,47 ; IC 95 % : 0,30-0,73 ; p = 0,001) ou des métastases métachrones (OR = 0,20 ; IC 95 % : 0,10-0,40 ; p < 0,001) 11. Enfin, pour le cancer du rectum, une étude de cohorte comparative multicentrique avec 4 875 patients a comparé les détails du traitement depuis la généralisation de la technique d’exérèse totale du mésorectum 12. Le taux de patients opérés et le taux de chirurgie curative étaient significativement inférieurs chez les patients de plus de 85 ans (respectivement 78 % et 47 %) par rapport aux patients avec un âge entre 65 et 74 ans (96 % et 77 %). De plus, lorsque l’intervention était décidée, la chirurgie rectale était plus souvent effectuée avec réalisation d’une colostomie définitive (intervention de Hartmann) ou par exérèse locale, avec moins de résections antérieures. En résumé, malgré la prise de conscience récente de l’importance et de la particularité des malades âgés, des efforts importants sont encore à effectuer pour améliorer leur prise en charge onco-chirurgicale. Quels sont les résultats de la chirurgie à court et à long terme ? Résultats à court terme Les sujets âgés opérés d’un cancer digestif ont un sur-risque de morbidité et de mortalité après chirurLe JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® 255 gie par rapport aux sujets plus jeunes 4-6, 13, 14. Par ailleurs, les études rapportant des données de mortalité postopératoire ou de mortalité à 30 jours sousestiment la mortalité réelle à court terme chez ces patients. En effet, une étude récente de 8 583 patients opérés entre 2005 et 2010 d’un cancer digestif non métastatique a montré qu’un nombre important de décès survenaient après le premier mois postopératoire chez les patients de plus de 75 ans, avec un taux de mortalité à 3 mois de l’ordre de 15 % 15. Cependant ces résultats doivent être nuancés, et certains travaux ont souligné le fait que la mortalité postopératoire des sujets âgés était plus liée à leurs antécédents qu’à leur âge. Dans le cancer de l’œsophage, une étude de population a montré en analyse multivariée que l’âge > 75 ans n’était pas un facteur associé au risque de mortalité postopératoire (HR = 1,28 ; IC 95 % : 0,96-1,72 ; p = 0,093), contrairement à la présence d’une comorbidité (HR = 1,58 ; IC 95 % : 1,32-1,90 ; p < 0,0001) ou de plusieurs comorbidités (HR = 1,6 ; IC 95 % : 1,22-2,24 ; p = 0,0012) 16. De même, pour le cancer du rectum, une étude rétrospective française de 368 patients avec 92 de plus de 80 ans (25 % de la série) montrait comme facteurs indépendants de mortalité postopératoire après analyse de régression logistique un score ASA > 2 et les interventions effectuées en urgence, et non l’âge des patients 17. Cette donnée s’applique également à la morbidité postopératoire qui semble plutôt secondaire aux comorbidités des patients plutôt qu’à leur âge. Pour le cancer du pancréas, Brozzetti et al. dans une étude de 166 patients ayant eu une duodénopancréatectomie céphalique ont rapporté que les facteurs associés à la morbidité postopératoire en analyse multivariée étaient les antécédents des patients, le taille du canal de Wirsung et la texture du pancréas 18. Le taux de complications était identiques entre les sujets de plus de 70 ans et les sujets plus jeunes (49,1 % vs 45,8 % respectivement, p = 0,74). Pour le cancer du rectum, dans le rapport de l’AFC sur la morbimortalité en chirurgie colorectale présenté au 105ème congrès français de chirurgie, les résultats postopératoires pour la chirurgie des cancers du moyen et du bas rectum ont été évalués chez 238 patients, avec un âge moyen de 66 ± 13 ans 19. La morbidité globale était de 43 %. L’âge ne faisait pas partie des 4 facteurs de risque indépendants de complication postopératoire en analyse multivariée : score ASA > 2, contamination fécale peropératoire, durée d’intervention ≥ 6 heures et intoxication tabagique. Enfin, dans une étude prospective multicentrique avec un total de 19 074 CCR (dont 6 884 cancers VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Dossier thématique Review JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:46 Page255 Chirurgie carcinologique du sujet âgé • Cancer surgery in the elderly du rectum) et 2 932 patients ≥ 80 ans, les facteurs influençant la morbidité postopératoire pour le cancer du rectum étaient un score ASA élevé, les interventions faites en urgence, un stade tumoral avancé, les traitements néoadjuvants, le sexe masculin et les antécédents pulmonaires et rénaux 20. Si l’on regarde la morbidité en détail, on met toutefois en évidence une augmentation significative des complications médicales avec l’âge, surtout cardiovasculaires et pulmonaires. Les complications chirurgicales sont, quant à elles, similaires notamment le taux de fistule anastomotique qui est de l’ordre de 5-6 % après chirurgie pour cancer de l’œsophage et de 3-5 % après chirurgie pour CCR 10, 21. Il est cependant important de souligner que les complications postopératoires survenant chez les patients âgés ont des conséquences bien plus lourdes à moyen terme. Dans les études de Rutten et al. effectuées sur le cancer du rectum, le taux de fistule après anastomose colorectale (ACR) basse était de 10,1 % pour les patients ≥ 75 ans et de 11,5 % pour ceux < 75 ans (p = 0,63) 22, 23. Lorsque l’on évaluait la mortalité à 6 mois, 57 % des patients de plus 75 ans étaient décédés des suites de la fistule anastomotique, contre seulement 8,2 % des patients de moins de 75 ans (RR = 6,94 ; IC 95 % : 2,99-16,11) 23. Ceci était également observé avec d’autres types de complications postopératoires (sepsis, abcès, cardiaque et pulmonaire principalement). Ainsi, la survenue d’une complication chez un patient de plus de 75 ans était associée à une augmentation par 3 du risque de mortalité à 6 mois. Au total, la mortalité à 6 mois était 4 fois plus importante chez les patients âgés que chez les malades plus jeunes (14 % vs. 3,3 %, p < 0,0001) 22, avec des chiffres de 13 % entre 76 et 78 ans, de 27,2 % entre 85 et 87 ans et d’environ 40 % après 90 ans 23. Au total, ce sont plus les comorbidités des malades que leur âge qui ont une influence sur les morbimortalités postopératoires. Néanmoins, la survenue d’une complication chez ce sous-groupe de malades a des répercussions au-delà de la sortie d’hospitalisation, et augmente ainsi la mortalité globale dans les mois qui suivent la chirurgie. Résultats à long terme En ce qui concerne la survie globale (SG) et pour les différents organes digestifs, la très grande majorité des études publiées montre une différence significative de SG entre les sujets âgés et les sujets plus jeunes, même si celle-ci s’est améliorée au cours des dernières années 24, 25. Cette différence s’explique par les comorbidités des sujets âgés, mais aussi par l’impact des complications postopératoires à VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 court et à moyen terme. Pour le cancer de l’œsophage, la SG à 5 ans des patients > 70 ans est d’une façon générale inférieure à 30 % 26-29. Pour le cancer du rectum, la SG à 5 ans des patients > 75 ans ne dépasse pas 50 % 30-32. En revanche, la survie spécifique au cancer semble identique quel que soit l’âge des patients, à partir du moment où la chirurgie a été effectuée à visée curative 21, 29, 33, 34. Ceci signifie que le pronostic intrinsèque des patients âgés n’est pas différent, à condition que ceux-ci ne soient pas décédés d’une autre cause au cours de la première année suivant la chirurgie. Ceci correspond à la survie conditionnelle qui n’inclut dans son analyse que les patients ayant déjà survécu un certain nombre de mois après la chirurgie. Dans une étude de population comprenant 6 405 cancers du côlon de stade I-III, Dekker et al. ont ainsi rapporté que la survie relative des patients ≥ 75 ans était significativement inférieure à celle des patients < 65 ans en analyse multivariée (HR = 1,6 ; IC 95 % : 1,4-1,9 ; p < 0,001), mais que la survie conditionnelle n’était pas différente entre les 2 classes d’âge (HR = 1,1 ; IC 95 % : 0,9-1,4 ; p = 0,2) 35. Ceci s’expliquait par le taux important de mortalité au cours de la première année postopératoire chez les sujets âgés (23,2 % vs. 6,8 %). Quelles sont les particularités de la prise en charge péri-opératoire ? Avant la chirurgie Nous ne traiterons pas ici des indications, des intérêts et des modalités de l’évaluation gériatrique standardisée en préopératoire d’une chirurgie pour cancer digestif, car ces différents points sont traités dans un autre article de ce numéro. Afin d’optimiser les capacités fonctionnelles des sujets âgés en prévision de ce stress physiologique qu’est l’intervention chirurgicale, plusieurs études ont évalué l’intérêt d’une préhabilitation chez ces patients 36-38. Il s’agit de mettre en place en préopératoire un programme d’exercices physiques, essentiellement des exercices d’endurance et de renforcement musculaire, mais aussi pour la chirurgie de l’œsophage des exercices de spirométrie. Il s’agit en général de 3 séances par semaine pendant une durée de 4 à 6 semaines. Cette préhabilitation n’a pas d’influence sur la morbi-mortalité postopératoire, mais permet d’améliorer la récupération fonctionnelle. Une étude comparative récente a ainsi montré que ce type de programme permettait d’augmenter la distance de marche et l’activité physique globale des patients avant une chirurgie pour CCR, avec un 256 Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® Dossier thématique Review Dossier thématique Review JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:47 Page256 Chirurgie carcinologique du sujet âgé • Cancer surgery in the elderly maintien de ces améliorations 2 mois après l’intervention 38. Les inconvénients de cette prise en charge sont qu’elle nécessite un certain statut physique minimum de base pour pouvoir réaliser ces exercices, et qu’elle requiert un délai d’attente d’au mois un mois avant la résection chirurgicale. Ce délai peut donc faire courir le risque d’une progression tumorale ou d’une complication de la tumeur laissée en place. Cette optimisation préopératoire bien que démontrée n’est pas actuellement recommandée de façon systématique 39. Elle pourrait néanmoins avoir sa place, notamment dans le traitement du cancer du rectum au cours de l’intervalle entre la fin de la radiochimiothérapie (RCT) néoadjuvante et la chirurgie 37. Dossier thématique Review Au cours de la chirurgie Le curage ganglionnaire Dans une étude de cohorte portant sur 116 995 patients opérés d’un CCR, Baxter et al. ont étudié le pourcentage de curages ganglionnaires optimaux (au moins 12 ganglions étudiés) en fonction de l’âge. Chez les patients de moins de 50 ans, 50,5 % d’entre eux avaient eu un curage ganglionnaire optimal. Chez les patients de plus de 70 ans, ce pourcentage diminuait à 35 % (p < 0,001) 40. Cette différence pourrait s’expliquer par des raisons physiologiques et immunitaires, mais aussi par le fait que les chirurgiens effectuent un curage moins extensif chez les sujets âgés par crainte d’une augmentation de la morbidité postopératoire. De plus, il a été montré dans une étude de registre américaine portant sur 142 000 patients avec un cancer du côlon de stade I-II que la survie globale à 5 ans était significativement inférieure chez les patients > 78 ans pour lesquels le curage avait emporté moins de 12 ganglions (36,2 % vs. 41,7 %, p < 0,0001) 41. Ceci signifie donc que le nombre de ganglions analysés sur la pièce opératoire est également un facteur pronostic chez les sujets âgés. En résumé, l’étendue du curage ganglionnaire réalisé lors de l’exérèse chirurgicale doit être identique quel que soit l’âge des patients et ne doit donc pas être modifiée chez les malades âgés de plus de 75 ans, ce d’autant qu’il n’a jamais été montré que l’étendue du curage était un facteur de risque majeur de complication chirurgicale. La voie d’abord chirurgicale Pour le cancer du côlon, il est maintenant bien démontré que la voie d’abord de référence est la laparoscopie 42. Plusieurs études de phase III ont démontré qu’à résultats oncologiques identiques, la laparoscopie diminuait la consommation d’antalgiques, la durée de reprise du transit et la durée d’hospitalisation par rapport à la laparotomie 43-46. Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® 257 Cependant ces essais ont inclus peu de patients âgés, et l’intérêt de cette voie d’abord n’a pas été clairement évalué chez cette population. Certains travaux rétrospectifs semblent néanmoins indiquer que cette approche chirurgicale pourrait avoir un impact majeur sur la morbidité postopératoire, et spécifiquement chez les sujets âgés 47. Allardyce et al. ont effectué une analyse de sous-groupe à partir de l’essai australasien, avec un total de 592 patients 48. Alors que la mortalité (0,7 % vs. 1,4 %, p = 0,4) et la morbidité (37,8 % vs. 45,3 %, p = 0,06) postopératoires n’étaient pas différentes entre la laparotomie et la laparoscopie sur l’ensemble des patients inclus dans cet essai, la morbidité postopératoire était significativement plus élevée dans le groupe laparotomie par rapport au groupe laparoscopie chez les patients ≥ 70 ans (50,7 % vs. 36,8 %, p = 0,019), Malgré ces quelques données, actuellement, en France les malades de plus de 70 ans ne sont encore que trop rarement opérés par voie laparoscopique. Ceci a bien été montré dans une étude française réalisée à partir des données du PMSI qui montrait que les patients de plus de 70 ans étaient significativement moins opérés par voie laparoscopique que les patients plus jeunes (21,7 % vs. 32,9 %, p < 1.10-6) 5. Une étude de phase III multicentrique français (essai CELL coordonné par les Dr Gilles Manceau et Antoine Brouquet) comparant la laparoscopie à la laparotomie pour la chirurgie du cancer du côlon chez les patient âgés de plus de 75 ans, avec comme critère principal de jugement la morbidité postopératoire à 30 jours, va bientôt débuter pour préciser au mieux la place de la coelioscopie chez les sujets âgés. Si cette étude confirme la supériorité de la laparoscopie, elle pourrait permettre d’améliorer la prise en charge chirurgicale de cette population. Elle pourrait également changer les pratiques chirurgicales en faisant en sorte que cette voie d’abord ne soit plus sousutilisée chez les sujets âgés. Le type de rétablissement Il est bien établi que les personnes âgées présentent une détérioration des muscles du diaphragme pelvien et de l’appareil sphinctérien, avec plus de troubles de la continence et de la défécation. La prévalence de l’incontinence anale, difficilement quantifiable du fait de l’absence de définition standardisée, est d’environ 8 % dans la population générale, de 2,5 % entre 20 et 30 ans, de plus de 15 % après 70 ans, et augmente encore pour les personnes vivant en institution 49. De la même manière, l’utilisation de laxatifs et la constipation augmentent avec l’âge, cette dernière pouvant par ailleurs être à l’origine d’une incontinence anale. Dans le cancer du rectum, VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Dossier thématique Review JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:47 Page257 Chirurgie carcinologique du sujet âgé • Cancer surgery in the elderly la conservation sphinctérienne pourrait ainsi être associée à un taux d’échecs plus élevé chez les sujets âgés. Plusieurs travaux ont néanmoins montré que le risque d’incontinence après ACR était plutôt corrélé au niveau de l’ACR par rapport à la marge anale ou à la réalisation d’une radiothérapie qu’à l’âge des patients 50, 51. Une étude prospective de 96 patients a recherché des facteurs associés à une incontinence anale dans les indications extrêmes de conservation sphinctérienne, c'est-à-dire en cas d’anastomose très basse dans le canal anal après résection intersphinctérienne 52. Seules l’étendue de la résection du sphincter interne et la RCT néoadjuvante étaient des facteurs significatifs en analyse univariée. L’âge n’avait pas d’influence, avec des taux d’incontinence comparables entre les patients ≥ 70 ans et < 70 ans (17 % vs. 27 %, p = 0,5) mais il est probable que les malades > 70 ans dans cette étude avait été très sélectionnés. Une autre étude a également mis en évidence que le degré de satisfaction du résultat fonctionnel après proctectomie et ACR basse sur réservoir colique en J était même en faveur des sujets âgés par rapport aux patients plus jeunes (≥ 75 ans : 0 % d’insatisfaction, < 60 ans : 26,7 % d’insatisfaction et entre 60-74 ans : 28,6 % d’insatisfaction) 53. En conséquence, l’âge seul ne doit pas être une contre-indication à la réalisation d’une résection rectale avec conservation sphinctérienne. C’est surtout le tonus sphinctérien évalué en préopératoire qui doit faire décider ou non d’un rétablissement de la continuité digestive. Pour ceux qui présentent une mauvaise fonction sphinctérienne préopératoire avec incontinence anale, une intervention de Hartmann ou une amputation abdomino-périnéale est alors préférable. Il faut cependant noter que le risque de stomie définitive après chirurgie rectale initialement conservatrice est plus important chez le sujet âgé, avec un taux d’environ 30 % chez les patients > 70 ans 5456. Il s’agit soit d’une stomie de protection qui ne sera pas ensuite fermée ou la création secondaire d’une stomie du fait d’une complication postopératoire qui sera laissée en place. Cette donnée doit donc être prise en compte dans la décision thérapeutique chirurgicale. Après la chirurgie La période postopératoire avec le développement de programmes de réhabilitation précoce après chirurgie est probablement le volet de la prise en charge pour lequel il existe la plus grande marge d’amélioration. Beaucoup d’études ont été récemment publiées sur l’intérêt de ces programmes de réhabiVOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 litation pour améliorer la prise en charge des patients opérés d’un cancer digestif. Mais le nombre d’études dédiées spécifiquement aux sujets âgés opérés d’un cancer digestif est très faible (moins d’une vingtaine, soit 1 % de l’ensemble des études dans ce domaine), avec une majorité de travaux se rapportant à la chirurgie colorectale. Il existe actuellement deux essais randomisés concernant les sujet âgés mais dont la méthodologie particulièrement critiquable ne permet de tirer des conclusions très précises 57, 58. En effet, le nombre de patients inclus était faible, une limite d’âge de 65 ans avait été choisie pour définir un patient comme âgé et il n’y avait pas de prise en charge standardisée dans le groupe contrôle des patients sans réhabilitation précoce 57, 58. Les autres études, la plupart rétrospectives, présentaient beaucoup de biais de sélection. Une étude prospective multicentrique allemande ayant inclus 742 patients > 70 ans opérés d’une chirurgie colique permet d’avoir une vision globale de l’efficacité de ces programmes 59. Elle montre que les résultats de cette prise en charge sont tout à fait satisfaisants, notamment chez les patients très âgés de plus de 79 ans, avec un taux de réadmission de 2,4 %, une médiane de 6 jours pour autoriser la sortie des malades, une mortalité postopératoire de 0,9 % et des complications cardiaques et pulmonaires respectivement à 11,4 % et 4,7 %. Néanmoins, les protocoles de réhabilitation précoce tels qu’ils sont actuellement recommandés sont trop contraignants pour les sujets âgés et nécessiteraient d’être adaptés 39, 60. Dans une étude récente de 606 patients dont 204 patients étaient > 75 ans, seulement 39 % des patients âgés toléraient un régime solide et 60 % pouvaient se mobiliser plus de 8 heures au deuxième jour postopératoire 61. Pour la gestion de la douleur postopératoire, l’analgésie péridurale thoracique qui était considérée encore récemment comme une pierre angulaire de la réhabilitation précoce pourrait être délétère pour les sujets âgés. En effet, une méta-analyse et un essai randomisé récents ont montré que ce mode d’analgésie était associé à un taux important d’hypotension postopératoire, ce qui pourrait avoir des conséquences lourdes chez ces patients 62, 63. Le tramadol n’est également pas recommandé car il augmente de façon significative le syndrome confusionnel postopératoire. Dans une étude prospective monocentrique ayant inclus 118 patients > 75 ans opérés d’une chirurgie abdominale majeure de façon élective et avec un score MMS > 11/30, l’administration de tramadol faisait partie des 3 facteurs indépendants associés à la survenue d’une confusion postopératoire en 258 Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® Dossier thématique Review Dossier thématique Review JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:47 Page258 Chirurgie carcinologique du sujet âgé • Cancer surgery in the elderly analyse multivariée (HR = 7,1 ; IC 95 % : 2,2-22,5 ; p = 0,0009), avec un test « Timed Get-Up and Go » > 20 secondes et un score ASA 3-4 64. Il existe une place, encore sous-évaluée, de la réhabilitation précoce en postopératoire chez le sujet âgé opéré d’un cancer digestif. Celle-ci nécessite néanmoins des ajustements par rapport aux recommandations actuelles dans ce domaine. Ces programmes devraient inclure une prise en charge spécifique de la douleur, sans analgésie péridurale ni traitement par tramadol, et avec une utilisation prudente des traitements morphiniques. Conclusions et perspectives Dossier thématique Review La prise en charge chirurgicale des cancers digestifs chez les sujets âgés ne diffère pas sensiblement de celle des patients plus jeunes, et un âge chronologique avancé ne devrait pas en lui-même constituer une contre-indication à une exérèse à visée curaBibliographie : 1 État des lieux et perspectives en oncogériatrie. 2009. http://www.e-cancer.fr 2 Lewis JH, Kilgore ML, Goldman DP, Trimble EL, Kaplan R, Montello MJ, et al. Participation of patients 65 years of age or older in cancer clinical trials. J Clin Oncol 2003 ; 21 : 1383-9. 3 Townsley CA, Selby R, Siu LL. Systematic review of barriers to the recruitment of older patients with cancer onto clinical trials. J Clin Oncol 2005 ; 23 : 311224. 4 Alves A, Panis Y, Mantion G, Slim K, Kwiatkowski F, Vicaut E. The AFC score: validation of a 4-item predicting score of postoperative mortality after colorectal resection for cancer or diverticulitis: results of a prospective multicenter study in 1049 patients. Ann Surg 2007 ; 246 : 91-6. 5 Panis Y, Maggiori L, Caranhac G, Bretagnol F, Vicaut E. Mortality after colorectal cancer surgery: a French survey of more than 84,000 patients. Ann Surg 2011 ; 254 : 738-43 ; discussion 43-4. 6 Alves A, Panis Y, Mathieu P, Mantion G, Kwiatkowski F, Slim K, et al. Postoperative mortality and morbidity in French patients undergoing colorectal surgery: results of a prospective multicenter study. Arch Surg 2005 ; 140 : 278-83 ; discussion 84. 7 Kurian AA, Wang L, Grunkemeier G, Bhayani NH, Swanstrom LL. Defining "the elderly" undergoing major gastrointestinal resections: receiver operating characteristic analysis of a large ACS-NSQIP cohort. Ann Surg 2013 ; 258 : 483-9. 8 Aparicio T, Jouve JL, Teillet L, Gargot D, Subtil F, Le Brun-Ly V, et al. Geriatric factors predict chemotherapy feasibility: ancillary results of FFCD 2001-02 phase III study in first-line chemotherapy for metastatic colorectal cancer in elderly patients. J Clin Oncol 2013 ; 31 : 1464-70. 9 Kunitake H, Zingmond DS, Ryoo J, Ko CY. Caring for octogenarian and nonagenarian patients with colorectal cancer: what should our standards and expectations be? Dis Colon Rectum 2010 ; 53 : 735-43. 10 Alexiou C, Beggs D, Salama FD, Brackenbury ET, Morgan WE. Surgery for esophageal cancer in elderly patients: the view from Nottingham. J Thorac Cardiovasc Surg 1998 ; 116 : 545-53. 11 Manfredi S, Lepage C, Hatem C, Coatmeur O, Faivre J, Bouvier AM. Epidemiology and management of liver metastases from colorectal cancer. Ann Surg 2006 ; 244 : 254-9. 12 Endreseth BH, Romundstad P, Myrvold HE, Bjerkeset T, Wibe A ; Norwegian Rectal Cancer Group. Rectal cancer treatment of the elderly. Colorectal Dis 2006 ; 8 : 471-9. 13 Adam R, Frilling A, Elias D, Laurent C, Ramos E, Capussotti L, et al. Liver resection of colorectal metastases in elderly patients. Br J Surg 2010 ; 97 : 366-76. Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® 259 tive. Les chirurgiens ont tendance à utiliser les mêmes techniques, mais les mettent en œuvre de façon différente du fait des comorbidités plus importantes et d’une capacité physiologique de résistance au stress plus faible. L’évaluation préopératoire est un élément fondamental pour pouvoir apprécier la fragilité des patients qui est un facteur de risque indépendant de morbi-mortalité postopératoire. Plusieurs axes nécessitent encore d’être améliorés avec notamment l’optimisation des capacités fonctionnelles et de l’état nutritionnel en préopératoire, la prise en charge périopératoire et le suivi à moyen terme en essayant de diminuer la mortalité des patients dans l’année qui suit la chirurgie. Des études dédiées pour les sujets âgés dans ces différents domaines sont nécessaires pour progresser. n Conflit d’intérêt : aucun 14 Riall TS, Reddy DM, Nealon WH, Goodwin JS. The effect of age on short-term outcomes after pancreatic resection: a population-based study. Ann Surg 2008 ; 248 : 459-67. 15 van Gestel YR, Lemmens VE, de Hingh IH, Steevens J, Rutten HJ, Nieuwenhuijzen GA, et al. Influence of comorbidity and age on 1-, 2-, and 3-month postoperative mortality rates in gastrointestinal cancer patients. Ann Surg Oncol 2013 ; 20 : 371-80. 16 Rouvelas I, Zeng W, Lindblad M, Viklund P, Ye W, Lagergren J. Survival after surgery for oesophageal cancer: a population-based study. Lancet Oncol 2005 ; 6 : 864-70. 17 Barrier A, Ferro L, Houry S, Lacaine F, Huguier M. Rectal cancer surgery in patients more than 80 years of age. Am J Surg 2003 ; 185 : 54-7. 18 Brozzetti S, Mazzoni G, Miccini M, Puma F, De Angelis M, Cassini D, et al. Surgical treatment of pancreatic head carcinoma in elderly patients. Arch Surg 2006 ; 141 : 137-42. 19 Alves A, Panis Y, Mathieu P, Kwiatkowski F, Slim K, Mantion G, et al. Mortality and morbidity after surgery of mid and low rectal cancer. Results of a French prospective multicentric study. Gastroenterol Clin Biol 2005 ; 29 : 509-14. 20 Marusch F, Koch A, Schmidt U, Steinert R, Ueberrueck T, Bittner R, et al. The impact of the risk factor "age" on the early postoperative results of surgery for colorectal carcinoma and its significance for perioperative management. World J Surg 2005 ; 29 : 1013-21 ; discussion 21-2. 21 Surgery for colorectal cancer in elderly patients: a systematic review. Colorectal Cancer Collaborative Group. Lancet 2000 ; 356 : 968-74. 22 Rutten H, den Dulk M, Lemmens V, Nieuwenhuijzen G, Krijnen P, Jansen-Landheer M, et al. Survival of elderly rectal cancer patients not improved: analysis of population based data on the impact of TME surgery. Eur J Cancer 2007 ; 43 : 2295-300. 23 Rutten HJ, den Dulk M, Lemmens VE, van de Velde CJ, Marijnen CA. Controversies of total mesorectal excision for rectal cancer in elderly patients. Lancet Oncol 2008 ; 9 : 494-501. 24 Faiz Z, Lemmens VE, Siersema PD, Nieuwenhuijzen GA, Wouters MW, Rozema T, et al. Increased resection rates and survival among patients aged 75 years and older with esophageal cancer: a Dutch nationwide population-based study. World J Surg 2012 ; 36 : 2872-8. 25 Benhamiche AM, Faivre J, Tazi AM, Couillault C, Villing AL, Rat P. Time trends in diagnostic strategy, treatment, and prognosis of gastric cancer in the elderly: a population based study. Eur J Cancer Prev 1997 ; 6 : 71-7. 26 Rahamim JS, Murphy GJ, Awan Y, Junemann-Ramirez M. The effect of age on the outcome of surgical treatment for carcinoma of the oesophagus and gastric cardia. Eur J Cardiothorac Surg 2003 ; 23 : 805-10. VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Dossier thématique Review JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:47 Page259 Chirurgie carcinologique du sujet âgé • Cancer surgery in the elderly 27 Vallbohmer D, Holscher AH, Brabender J, Prenzel K, Gutschow C, Schroder W, et al. Clinicopathologic and prognostic factors of young and elderly patients with esophageal adenocarcinoma: is there really a difference? Dis Esophagus 2008 ; 21 : 596-600. 28 Davies L, Lewis WG, Arnold DT, Escofet X, Blackshaw G, Gwynne S, et al. Prognostic significance of age in the radical treatment of oesophageal cancer with surgery or chemoradiotherapy: a prospective observational cohort study. Clin Oncol (R Coll Radiol) 2010 ; 22 : 578-85. 29 Yang HX, Ling L, Zhang X, Lin P, Rong TH, Fu JH. Outcome of elderly patients with oesophageal squamous cell carcinoma after surgery. Br J Surg 2010 ; 97 : 862-7. 30 Puig-La Calle J Jr, Quayle J, Thaler HT, Shi W, Paty PB, Quan SH, et al. Favorable short-term and long-term outcome after elective radical rectal cancer resection in patients 75 years of age or older. Dis Colon Rectum 2000 ; 43 : 1704-9. 31 Vironen JH, Sainio P, Husa AI, Kellokumpu IH. Complications and survival after surgery for rectal cancer in patients younger than and aged 75 years or older. Dis Colon Rectum 2004 ; 47 : 1225-31. 32 Law WL, Choi HK, Ho JW, Lee YM, Seto CL. Outcomes of surgery for mid and distal rectal cancer in the elderly. World J Surg 2006 ; 30 : 598-604. 33 Kunisaki C, Akiyama H, Nomura M, Matsuda G, Otsuka Y, Ono HA, et al. Comparison of surgical outcomes of gastric cancer in elderly and middle-aged patients. Am J Surg 2006 ; 191 : 216-24. 34 Jung B, Pahlman L, Johansson R, Nilsson E. Rectal cancer treatment and outcome in the elderly: an audit based on the Swedish Rectal Cancer Registry 19952004. BMC Cancer 2009 ; 9 : 68. 35 Dekker JW, van den Broek CB, Bastiaannet E, van de Geest LG, Tollenaar RA, Liefers GJ. Importance of the first postoperative year in the prognosis of elderly colorectal cancer patients. Ann Surg Oncol 2011 ; 18 : 1533-9. 36 Carli F, Charlebois P, Stein B, Feldman L, Zavorsky G, Kim DJ, et al. Randomized clinical trial of prehabilitation in colorectal surgery. Br J Surg 2010 ; 97 : 118797. 37 West MA, Loughney L, Lythgoe D, Barben CP, Sripadam R, Kemp GJ, et al. Effect of prehabilitation on objectively measured physical fitness after neoadjuvant treatment in preoperative rectal cancer patients: a blinded interventional pilot studydagger. Br J Anaesth 2015 ; 114 : 244-51. 38 Li C, Carli F, Lee L, Charlebois P, Stein B, Liberman AS, et al. Impact of a trimodal prehabilitation program on functional recovery after colorectal cancer surgery: a pilot study. Surg Endosc 2013 ; 27 : 1072-82. 39 Gustafsson UO, Scott MJ, Schwenk W, Demartines N, Roulin D, Francis N, et al. Guidelines for perioperative care in elective colonic surgery: Enhanced Recovery After Surgery (ERAS(R)) Society recommendations. World J Surg 2013 ; 37 : 25984. 40 Baxter NN, Virnig DJ, Rothenberger DA, Morris AM, Jessurun J, Virnig BA. Lymph node evaluation in colorectal cancer patients: a population-based study. J Natl Cancer Inst 2005 ; 97 : 219-25. 41 Bilimoria KY, Stewart AK, Palis BE, Bentrem DJ, Talamonti MS, Ko CY. Adequacy and importance of lymph node evaluation for colon cancer in the elderly. J Am Coll Surg 2008 ; 206 : 247-54. 42 TNCD. 2011. http://www.snfge.org/data/ModuleDocument/publication/5/pdf /TNCD-chapitre-3.pdf 43 Clinical Outcomes of Surgical Therapy Study Group. A comparison of laparoscopically assisted and open colectomy for colon cancer. N Engl J Med 2004 ; 350 : 2050-9. 44 Veldkamp R, Kuhry E, Hop WC, Jeekel J, Kazemier G, Bonjer HJ, et al. Laparoscopic surgery versus open surgery for colon cancer: short-term outcomes of a randomised trial. Lancet Oncol 2005 ; 6 : 477-84. 45 Colon Cancer Laparoscopic or Open Resection Study Group, Buunen M, Veldkamp R, Hop WC, Kuhry E, Jeekel J, et al. Survival after laparoscopic surgery versus open surgery for colon cancer: long-term outcome of a randomised clinical trial. Lancet Oncol 2009 ; 10 : 44-52. 46 Fleshman J, Sargent DJ, Green E, Anvari M, Stryker SJ, Beart RW Jr, et al. Laparoscopic colectomy for cancer is not inferior to open surgery based on 5year data from the COST Study Group trial. Ann Surg 2007 ; 246 : 655-62 ; discussion 662-4. VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 47 Frasson M, Braga M, Vignali A, Zuliani W, Di Carlo V. Benefits of laparoscopic colorectal resection are more pronounced in elderly patients. Dis Colon Rectum 2008 ; 51 : 296-300. 48 Allardyce RA, Bagshaw PF, Frampton CM, Frizelle FA, Hewett PJ, Rieger NA, et al. Australasian Laparoscopic Colon Cancer Study shows that elderly patients may benefit from lower postoperative complication rates following laparoscopic versus open resection. Br J Surg 2010 ; 97 : 86-91. 49 Whitehead WE, Borrud L, Goode PS, Meikle S, Mueller ER, Tuteja A, et al. Fecal incontinence in US adults: epidemiology and risk factors. Gastroenterology 2009 ; 137 : 512-7, 17 e1-2. 50 Rasmussen OO, Petersen IK, Christiansen J. Anorectal function following low anterior resection. Colorectal Dis 2003 ; 5 : 258-61. 51 Lange MM, den Dulk M, Bossema ER, Maas CP, Peeters KC, Rutten HJ, et al. Risk factors for faecal incontinence after rectal cancer treatment. Br J Surg 2007 ; 94 : 1278-84. 52 Ito M, Saito N, Sugito M, Kobayashi A, Nishizawa Y, Tsunoda Y. Analysis of clinical factors associated with anal function after intersphincteric resection for very low rectal cancer. Dis Colon Rectum 2009 ; 52 : 64-70. 53 Hida J, Yoshifuji T, Tokoro T, Inoue K, Matsuzaki T, Okuno K, et al. Long-term functional outcome of low anterior resection with colonic J-pouch reconstruction for rectal cancer in the elderly. Dis Colon Rectum 2004 ; 47 : 1448-54. 54 Manceau G, Karoui M, Werner A, Mortensen NJ, Hannoun L. Comparative outcomes of rectal cancer surgery between elderly and non-elderly patients: a systematic review. Lancet Oncol 2012 ; 13 : e525-36. 55 den Dulk M, Smit M, Peeters KC, Kranenbarg EM, Rutten HJ, Wiggers T, et al. A multivariate analysis of limiting factors for stoma reversal in patients with rectal cancer entered into the total mesorectal excision (TME) trial: a retrospective study. Lancet Oncol 2007 ; 8 : 297-303. 56 David GG, Slavin JP, Willmott S, Corless DJ, Khan AU, Selvasekar CR. Loop ileostomy following anterior resection: is it really temporary? Colorectal Dis 2010 ; 12 : 428-32. 57 Wang Q, Suo J, Jiang J, Wang C, Zhao YQ, Cao X. Effectiveness of fast-track rehabilitation vs conventional care in laparoscopic colorectal resection for elderly patients: a randomized trial. Colorectal Dis 2012 ; 14 : 1009-13. 58 Jia Y, Jin G, Guo S, Gu B, Jin Z, Gao X, et al. Fast-track surgery decreases the incidence of postoperative delirium and other complications in elderly patients with colorectal carcinoma. Langenbecks Arch Surg 2014 ; 399 : 77-84. 59 Rumstadt B, Guenther N, Wendling P, Engemann R, Germer CT, Schmid M, et al. Multimodal perioperative rehabilitation for colonic surgery in the elderly. World J Surg 2009 ; 33 : 1757-63. 60 Alfonsi P, Slim K, Chauvin M, Mariani P, Faucheron JL, Fletcher D, et al. French guidelines for enhanced recovery after elective colorectal surgery. J Visc Surg 2014 ; 151 : 65-79. 61 Feroci F, Lenzi E, Baraghini M, Garzi A, Vannucchi A, Cantafio S, et al. Fasttrack surgery in real life: how patient factors influence outcomes and compliance with an enhanced recovery clinical pathway after colorectal surgery. Surg Laparosc Endosc Percutan Tech 2013 ; 23 : 259-65. 62 Hubner M, Blanc C, Roulin D, Winiker M, Gander S, Demartines N. Randomized Clinical Trial on Epidural Versus Patient-Controlled Analgesia for Laparoscopic Colorectal Surgery Within an Enhanced Recovery Pathway. Ann Surg 2015 ; 261 : 648-53. 63 Popping DM, Elia N, Van Aken HK, Marret E, Schug SA, Kranke P, et al. Impact of epidural analgesia on mortality and morbidity after surgery: systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. Ann Surg 2014 ; 259 : 105667. 64 Brouquet A, Cudennec T, Benoist S, Moulias S, Beauchet A, Penna C, et al. Impaired mobility, ASA status and administration of tramadol are risk factors for postoperative delirium in patients aged 75 years or more after major abdominal surgery. Ann Surg 2010 ; 251 : 759-65. 260 Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® Dossier thématique Review Dossier thématique Review JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:47 Page260 Article original Original article Tolérance des anti-aromatases en situation adjuvante chez les femmes âgées de 70 ans et plus traitées pour un cancer du sein Aromatase inhibitors tolerance and safety in 70+ years old women with breast cancer treated in adjuvant setting F. Trouboula, V. Jestin-Le Talleca,b, B. Lucasa, H. Simona, J. Martin-Babaua, P.-F. Dupréa,d, P. Salioue, A. Gentricb,c, O. Pradiera a. Institut de Cancérologie et d’Hématologie du CHRU de Brest, 2 avenue Foch, 29200 Brest, France. b. Unité de Coordination en Oncogériatrie-Bretagne, 2 avenue Foch, 29200 Brest, France. c. Service de Gériatrie du CHRU de Brest, Boulevard Tanguy Prigent, 29609 Brest Cedex, France. d. Service de Gynécologie-Obstétrique du CHRU de Brest, 2 avenue Foch, 29200 Brest, France. e. Service de Santé Publique et Hygiène Hospitalière du CHRU de Brest, 2 avenue Foch, 29200 Brest, France. Auteur correspondant : Docteur Fanny Trouboul, Institut de Cancérologie et d’Hématologie du CHRU de Brest, 2 avenue Foch, 29200 Brest, France. Tél. : +33 (0)2 98 22 33 95, fax : +33 (0)2 98 22 37 41, courriel : [email protected] Résumé Objectif : Evaluation transversale de la tolérance des inhibiteurs de l’aromatase (IA) au cours d’une année chez des femmes de 70 ans et plus. Patients et méthodes : Toute patiente de 70 ans et plus, traitée par IA depuis au moins six mois pour un cancer du sein hormonodépendant non métastatique en situation adjuvante était éligible. Deux questionnaires évaluant la tolérance des IA et comportant les scores gériatriques de fragilité du G8 et du VES13 ont été utilisés. Sur 129 patientes éligibles, 111 patientes ont bénéficié de l’évaluation par questionnaires. Résultats : En raison d’une mauvaise tolérance du traitement, il y a eu 11 modifications de l’hormonothérapie par IA (10 %) au cours d’une année de suivi avec : 5 changements de l’IA pour une autre IA, 6 arrêts de l’IA dont 3 relais par du tamoxifène et 3 arrêts définitifs. De nombreux effets secondaires responsables de fragilité et de perte d’autonomie chez le sujet âgé ont été décrits. Les douleurs étaient très fréquentes et étaient majorées chez 50 % des patientes depuis l’instauration des IA. On notait également : 13,5 % d’ostéoporose, 18 % de chutes, 15,3 % de fractures, 47,7 % d’asthénie. Il existait une polymédication importante dans la population, avec 104 thérapeutiques introduites en association à l’IA. Conclusion : Les comorbidités des patientes doivent être prises en compte dans le choix de l’hormonothérapie et le sujet âgé doit être mieux représenté dans les études. Mots clés : Hormonothérapie, inhibiteurs de l’aromatase, cancer du sein, gériatrie. Abstract Objectives: Safety and tolerance evaluation of aromatase inhibitors (AI) in 70+ years old women through a yearlong transversal assessment. Patients and methods: All 70+ years old patients treated with adjuvant AI since at least 6 months for a non metastatic breast cancer were eligible. Two questionnaires with geriatric scores such as G8 and VES13 were used. One hundred and twenty nine patients were assessable and 111 were analysed. Results: Eleven treatment modifications (10%) were noted during this one year follow up: 5 changes for another IA, 6 treatment discontinuations with 3 switches to tamoxifene and 3 definitive adjuvant hormonotherapy discontinuations. Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® 261 VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Article original Original article JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:47 Page261 Article original Original article JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:47 Page262 Tolérance des anti-aromatases à partir de 70 ans • Safety of aromatase inhibitors in 70+ years old women Several adverse effects leading to fragility and responsible for a loss of independence were recorded. Pain was frequent and increased during treatment in half of the patients. More than 13% osteoporosis, 18% falls, 15.3% fractures and 47.7% asthenia were noted. Co-medications were frequent with 104 drugs introduced during the assessment period. Conclusion: Comorbidities must be taken into considerations when prescribing hormonotherapy in elderly patients who must be included more widely in clinical trials. Keywords: Hormonotherapy, aromatase inhibitors, breast cancer, geriatry. JOG J Oncogériatr 2014 ; 5 (6) : 261-72. Introduction Critères d’inclusion Le cancer du sein est le plus fréquent chez la femme (dont 30 % au-delà de 70 ans). Actuellement, la moitié des cancers survient chez des patientes de plus de 65 ans, et on estime ce chiffre à 70 % dans 20 ans 1. Les personnes âgées constituent une population hétérogène peu représentée dans les essais cliniques. Leur prise en charge est souvent basée sur des analyses de sous-groupes rétrospectives, et d’extrapolation à partir d’études chez des patientes plus jeunes. Elle prend peu en compte les caractéristiques tumorales, la tolérance aux traitements, la physiologie et le risque de décès non lié au cancer qui sont propres au sujet âgé. L’oncogériatrie ou «prise en charge adaptée des personnes âgées atteintes de cancer, éventuellement atteintes de déficits fonctionnels (handicaps) ou de pathologies chroniques (polypathologies) » a pour objectif d’optimiser l’approche thérapeutique des sujets âgés atteints de cancer en combinant les compétences de l’oncologue et du gériatre. Les cancers du sein de la femme âgée sont le plus souvent hormonodépendants (85 % des tumeurs à 80 ans versus 60 % à 35 ans) 2. La prescription d’une hormonothérapie seule en traitement complémentaire de la chirurgie est très largement utilisée et repose sur les inhibiteurs de l’aromatase (IA) 3 . Mieux tolérés qu’une chimiothérapie cytotoxique, certains effets secondaires des IA sont bien connus (ostéoporose, arthralgies), d’autres le sont moins (troubles cognitifs). Il n’existe cependant pas d’études propres au sujet âgé relatives à la iatrogénie des IA. L’objectif de ce travail était d’étudier la tolérance d’une hormonothérapie par IA chez des patientes de 70 ans et plus traitées pour un cancer du sein hormono-dépendant en situation adjuvante. Les critères d’inclusion étaient un âge supérieur ou égal à 70 ans à l’instauration de l’hormonothérapie, un cancer du sein non métastatique opéré avec résection complète, une expression des récepteurs hormonaux aux oestrogènes et/ou à la progestérone, et une hormonothérapie par létrozole, anastrozole ou exemestane débutée depuis au moins 6 mois. Critères d’exclusion Les critères d’exclusion étaient un âge inférieur à 70 ans à l’instauration de l’hormonothérapie, une hormonothérapie pré-opératoire, un stade IV, une récidive loco-régionale, un cancer autre ou une hémopathie évolutifs et des troubles cognitifs pouvant compromettre la fiabilité des questionnaires. Méthodes d’évaluation Nous avons utilisé 2 questionnaires. Le premier est un questionnaire médical reprenant le score de repérage de fragilité du G8 4. Le second est un auto-questionnaire utilisant le score du VES13 5. Chaque questionnaire comportait également des items sur les effets secondaires potentiels de l’IA, apparus ou majorés, autorisant une analyse rétrospective de leur évolution depuis l’instauration de l’hormonothérapie (Annexes 1 et 2). Critère principal de jugement Le critère principal de jugement était le nombre de patientes chez qui l’hormonothérapie par IA a été modifiée ou arrêtée pour effet(s) secondaire(s) sur une période de 1 an. Critères secondaires de jugement Les critères secondaires étaient le recueil des principaux effets secondaires sous IA, le retentissement sur la polymédication et la recherche d’un impact de l’âge (+/- 80 ans), du type d’IA, de la durée d’exposition à l’IA et du score du G8 sur les modifications thérapeutiques. Patients et Méthodes Tests statistiques Il s’agit d’une étude transversale avec recueil des effets secondaires au moment d’une consultation de suivi, à l’aide de questionnaires chez des femmes traitées par IA depuis 6 mois et plus. Les patientes ont été incluses sur une période de 1 an, de juin 2012 à juin 2013 à l’Institut de Cancérologie et d’hématologie du CHRU de BREST. VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Les données ont été colligées par saisie sur un tableau Excel à partir des questionnaires et des dossiers médicaux des patientes. Les résultats ont été exprimés en pourcentages et calculs de moyennes avec écartstypes. Le test statistique utilisé pour les comparaisons de sous-groupe a été le test exact de Fisher. Un p < 0,05 était considéré comme significatif. 262 Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® Tolérance des anti-aromatases à partir de 70 ans • Safety of aromatase inhibitors in 70+ years old women Annexe 1 : Questionnaire médical. 1. Date de la consultation 2. Traitement par anti-aromatases : - Lequel ? - Date de début ? 3. Caractéristiques tumorales - TNM : - RE : - Score HER2 : 4. Evaluation gériatrique : questionnaire du G8 a. La patiente présente-t-elle une perte d’appétit ? □ Anorexie sévère □ Anorexie modérée □ Pas d’anorexie - A-t-elle mangé moins ces 3 derniers mois par : □ Oui - Manque d’appétit □ Oui - Problèmes digestifs - Difficultés de mastication □ Oui ou de déglutition ? RP : □ Non □ Non □ Non b. Perte de poids depuis de début du traitement ? □ Plus de 3 kg □ Ne sait pas □ Entre 1 et 3 kg □ Pas de perte de poids □ Du lit au fauteuil □ Autonome à l’intérieur □ Sort du domicile c. Motricité d. Problèmes neuropsychologiques e. Indice de masse corporelle Ou : - Poids - Taille f. Prend plus de 3 médicaments □ Démence ou dépression majeure □ Démence ou dépression modérée □ Pas de problème psychologique □ < 18,5 □ = 18,5 et < 21 □ = 21 et < 23 □ = ou > 23 □ Oui □ Moins bonne g. La patiente se sent-elle en meilleure ou en □ Ne sait pas moins bonne santé que la plupart des personnes □ Aussi bonne de son âge ? □ Meilleure □ > 85 ans □ 80-85 ans □ < 80 ans h. Age 5. Comorbidités a. Cardio-vasculaires - Accident vasculaire cérébral - Hypertension artérielle - Coronaropathie - Hypercholestérolémie - Thrombose veineuse profonde/ embolie pulmonaire Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® □ Non 263 Dates de survenue : □ Avant le traitement □ Avant le traitement □ Avant le traitement □ Avant le traitement □ Avant le traitement □ Au cours du traitement □ Au cours du traitement □ Au cours du traitement □ Au cours du traitement □ Au cours du traitement VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Article original Original article JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:47 Page263 Article original Original article JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:47 Page264 Tolérance des anti-aromatases à partir de 70 ans • Safety of aromatase inhibitors in 70+ years old women Annexe 1 : Questionnaire médical (suite). □ Ostéodensitométrie □ Positive □ Négative □ Non recherchée □ Diagnostiquée □ Avant le début du traitement □ Au cours du traitement b. Ostéoporose 6. Douleurs ostéoarticulaires ? c. Arthrose □ Oui 7. Traitements associés a. Antalgiques contre les douleurs articulaires ? □ Non □ Oui □ Non Echelle numérique analogique : - 0 = pas de douleur - 10 = douleur maximale = /10 Date d’introduction : □ Avant le □ Au cours du traitement traitement - Lesquels ? - Quelle dose ? b. Traitements anti-ostéoporotiques ? - Biphosphonates ? □ Oui □ Non - Supplémentation calcique ? □ Oui □ Non - Supplémentation en vitamine D ? □ Oui □ Non c. Statines ? □ Oui □ Laquelle ? □ Non d. Antidépresseurs ? □ Oui □ Lequel ? □ Non e. Anticoagulant ou anti-agrégant plaquettaire ? □ Oui □ Non □ Le/lesquels ? 8. Depuis le début du traitement, avez-vous changé d’anti-aromatase ? 9. Avez-vous changé l’hormonothérapie pour du tamoxifène ? 10. Observance ? VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 □ Oui □ Non □ Oui □ Non - Oubli du traitement ? - Arrêt du traitement pendant plusieurs jours ? 264 Date d’introduction : □ Avant le traitement □ Avant le traitement □ Avant le traitement □ Au cours du traitement □ Au cours du traitement □ Au cours du traitement □ Avant le traitement □ Au cours du traitement □ Avant le traitement □ Au cours du traitement □ Avant le traitement □ Au cours du traitement - Pour laquelle ? - Pourquoi ? - Pourquoi ? □ Oui □ Oui □ Non □ Non Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® Tolérance des anti-aromatases à partir de 70 ans • Safety of aromatase inhibitors in 70+ years old women Annexe 2 : Questionnaire remis aux patientes lors de la consultation. 1. Quelle est la date d’aujourd’hui ? VES13 : question 2 à 14 2. Quel âge avez-vous ? 3. D’une manière générale, par rapport aux personnes de votre âge, trouvez-vous que votre santé est : 4. Avez-vous des difficultés pour vous pencher en avant, vous accroupir ou vous agenouiller ? 5. Avez-vous des difficultés pour lever ou étendre les bras au-dessus de vos épaules ? 6. Avez-vous des difficultés pour soulever ou porter des objets d’au moins 4,5 kg ? 7. Avez-vous des difficultés pour écrire ou manipuler et saisir de petits objets ? 8. Avez-vous des difficultés pour marcher sur une distance de 400 mètres ? 9. Avez-vous des difficultés pour faire des tâches ménagères assez physiques comme nettoyer le sol ou faire les vitres ? □ Entre 70 et 84 ans □ Plus de 85 ans □ Mauvaise □ Très bonne □ Assez bonne □ Excellente □ Aucune difficulté □ Beaucoup de difficultés □ Peu de difficultés □ Quelques difficultés □ Je ne peux pas le faire □ Aucune difficulté □ Beaucoup de difficultés □ Aucune difficulté □ Beaucoup de difficultés □ Aucune difficulté □ Beaucoup de difficultés □ Aucune difficulté □ Beaucoup de difficultés □ Aucune difficulté □ Beaucoup de difficultés □ Oui □ Oui □ Peu de difficultés □ Quelques difficultés □ Je ne peux pas le faire □ Peu de difficultés □ Quelques difficultés □ Je ne peux pas le faire □ Peu de difficultés □ Quelques difficultés □ Je ne peux pas le faire □ Peu de difficultés □ Quelques difficultés □ Je ne peux pas le faire □ Peu de difficultés □ Quelques difficultés □ Je ne peux pas le faire □ Non □ Non 10. Depuis le début du traitement, avez-vous plus de difficultés pour faire vos courses personnelles ? - Si oui, avez-vous besoin d’aide ? - Si vous ne faites pas ce genre de chose, est-ce à cause de votre état de santé ? □ Oui □ Non 11. Avez-vous plus de difficultés pour gérer votre budget ? - Si oui, avez-vous besoin d’aide ? - Si vous ne faites pas ce genre de chose, est-ce à cause votre de état de santé ? □ Oui □ Non □ Oui □ Oui □ Non □ Non 12. Avez-plus de difficultés pour vous déplacer en marchant dans une pièce (même avec une canne ou un déambulateur) ? - Si oui, avez-vous besoin d’aide ? - Si vous ne faites pas ce genre de chose, est-ce à cause de votre état de santé ? □ Oui □ Oui □ Non □ Non □ Oui □ Non 13. Avez-vous plus de difficultés pour faire de petites tâches ménagères □ Oui (vaisselle, petits travaux de nettoyage…) ? □ Oui - Si oui, avez-vous besoin d’aide ? - Si vous ne faites pas ce genre de chose, □ Oui est-ce à cause de votre état de santé ? □ Non □ Non 14. Avez-vous plus de difficultés pour prendre un bain ou une douche ? □ Oui □ Oui - Si oui, avez-vous besoin d’aide ? - Si vous ne faites pas ce genre de chose, □ Oui est-ce à cause de votre état de santé ? 15. Avez-vous chuté au moins à 2 reprises au cours de l’année précédente ? Depuis le début du traitement, avez-vous chuté ? □ Oui □ Oui 16. Depuis le début du traitement, avez-vous eu des fractures : - du col fémoral - du poignet - des tassements vertébraux 17. Vous sentez-vous souvent découragée et triste ? Depuis le début du traitement, vous sentez-vous plus triste ? □ Oui □ Oui □ Oui □ Oui □ Oui Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® 265 □ Bonne □ Non □ Non □ Non □ Non □ Non □ Non □ Non □ Non □ Non □ Non □ Non VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Article original Original article JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:47 Page265 Article original Original article JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:47 Page266 Tolérance des anti-aromatases à partir de 70 ans • Safety of aromatase inhibitors in 70+ years old women Annexe 2 : Questionnaire remis aux patientes lors de la consultation (suite). □ Oui □ Oui □ Non □ Non □ Oui 20. Avez-vous des troubles du sommeil ? Avez-vous plus de troubles du sommeil depuis le début du traitement ? □ Oui □ Non □ Non 18. Vous sentez-vous fatiguée ? Etes-vous plus fatiguée depuis le début du traitement ? 19. Avez-vous des troubles de la mémoire ? Depuis le début du traitement, avez- vous plus de troubles de la mémoire ? □ Oui □ Oui 21. Avez-vous moins d’appétit ? Avez-vous moins d’appétit depuis le début du traitement ? □ Oui □ Oui 22. Avez-vous perdu du poids depuis le début du traitement ? □ Oui □ Non □ Non □ Non □ Non □ Non 23. Avez-vous des troubles de la vue ? Portez-vous des lunettes ? Se sont-ils aggravés depuis le début du traitement ? □ Oui □ Oui □ Oui 25. Avez-vous des douleurs articulaires ? Sont-elles plus importantes depuis le début du traitement ? A combien coteriez-vous la douleur sur une échelle de 0 à 10 ? 0 = pas de douleur du tout 10 = douleur maximale imaginable □ Oui □ Non □ Oui □ Non note = /10 26. Prenez-vous des traitements contre les douleurs articulaires ? Devez-vous prendre des traitements contre les douleurs depuis l’introduction du traitement hormonal ? Ou en preniez-vous avant ? □ Oui □ Oui 24. Depuis le début du traitement, avez-vous des bouffées de chaleur ? □ Oui 27. Prenez-vous des traitements contre l’ostéoporose ? (calcium, vitamine D, Biphosphonate) Ont-ils été débutés avant le traitement ? Ou pendant ? 28. Prenez-vous un traitement contre l’hypertension artérielle ? Le preniez-vous avant ? A-t-il été débuté pendant le traitement ? 29. Prenez-vous un traitement contre l’hypercholestérolémie ? □ Oui □ Non □ Non □ Non □ Non □ Non □ Non □ Non □ Oui □ Lesquels ? □ Oui □ Oui □ Non □ Non □ Oui □ Non □ Lesquels ? □ Non □ Non □ Non □ Lesquels ? □ Oui □ Oui □ Oui □ Non □ Non □ Non □ Non □ Oui □ Oui □ Non □ Non □ Oui 31. Prenez-vous plus de 3 médicaments par jour ? Depuis l’instauration du traitement, prenez-vous plus de médicaments ? □ Oui □ Non □ Non Le preniez-vous avant ? A-t-il été débuté pendant le traitement ? □ Oui 30. Prenez-vous un traitement pour le moral ? □ Oui Le preniez-vous avant le traitement ? Ou l’avez-vous commencé pendant le traitement par anti-aromatases ? □ Oui 32. Quelle est la principale gêne occasionnée par ce traitement ? 33. Pensez-vous que ce traitement est utile ? 34. Savez-vous pourquoi ce traitement vous a été prescrit ? 35. Avez-vous déjà arrêté l’hormonothérapie pendant plusieurs jours ? 36. Avez-vous déjà oublié de prendre le traitement ? VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 □ Lesquels ? □ Oui □ Non □ Oui □ Non □ Oui □ Oui 266 □ Lesquels ? □ Non □ Non Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® Tolérance des anti-aromatases à partir de 70 ans • Safety of aromatase inhibitors in 70+ years old women Résultats Tableau 1 : Caractéristiques tumorales et gériatriques des patientes. Population étudiée Cent vingt-neuf patientes étaient éligibles pour participer à cette étude. L’évaluation par questionnaire n’a pas été réalisée pour 18 d’entre elles (refus de la patiente dans un cas et manque de temps médical dans les autres cas). Au total, 111 patientes ont été incluses dans cette étude (Tableau 1). L’âge moyen était de 78 ans (+/- 4,9). Quarante-et-une patientes (36,9 %) avaient 80 ans ou plus. Soixante-trois patientes (56,8 %) bénéficiaient d’une hormonothérapie par létrozole. Les scores moyens du G8 et du VES13 étaient respectivement 13,7 (+/- 2,1) et 4,6 (+/- 3). Dix-sept patientes (15,3 %) ont bénéficié d’une consultation d’oncogériatrie. Caractéristiques Age - < 80 ans - > ou = 80 ans T -1 -2 -3 -4 N -0 -1 -2 -3 Stade tumoral -1 -2 - 3A - 3B - 3C Récepteurs hormonaux - RE + - RP + Nombre de modifications de l’hormonothérapie sur une période de 1 an Parmi les 111 patientes, on a observé 11 modifications de l’hormonothérapie sur une période de 1 an soit 9,9 % de la population étudiée avec 5 changements d’IA pour une autre IA, et 6 arrêts définitifs de l’IA (Figure 1). L’IA a été changé chez 5 patientes (4,5 %) ayant un âge moyen de 78 ans (+/- 4,9) (Tableau 2). Le délai moyen depuis l’instauration de l’hormonothérapie était de 9,4 mois (+/- 3,9). Le score moyen du G8 était de 14,3 (+/1,6). Celui du VES13 était de 5 (+/- 2,7). Des douleurs articulaires (n = 4) et une alopécie (n = 1) ont motivé le changement d’hormonothérapie. L’IA a été arrêté chez 6 patientes (5,4 %) (Tableau 3). Le délai depuis l’instauration de l’hormonothérapie était de 17,3 mois (+/- 11,5). L’âge moyen des patientes était de 79,5 ans (+/- 6,7). Le score moyen du G8 était de 13 (+/- 2,8). Celui du VES13 était de 7 (+/- 1,8). Trois patientes (2,7 %) ont bénéficié d’un relais par du tamoxifène. Les causes d’arrêt étaient des douleurs ostéo-articulaires (n=3), une alopécie (n=1), des douleurs oculaires (n = 1), une ostéoporose fracturaire (n = 1) et un accident vasculaire cérébral (AVC) (n = 1). Les analyses en sous-groupes selon l’âge, le score du G8, la durée d’exposition à l’IA ou le type d’IA n’étaient pas statistiquement significatives, que ce soit pour les modifications ou les arrêts de l’IA. Douleurs Quatre-vingt cinq patientes (76,6 %) présentaient des douleurs lors de l’évaluation, et 66 (55 %) signalaient des douleurs articulaires majorées depuis l’introduction du traitement par IA (Tableau 4). L’EVA moyenne au moment de la consultation était de 3,8 (+/- 2,9). La douleur était modérée dans près de la moitié des cas. Environ la moitié des femmes (n = 59) prenait des antalgiques dont 32 (28,8 %) uniquement depuis l’instauration de l’hormonothérapie. Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® 267 Moyenne (écart- type) - 70 (63,1) - 41 (36,9) - 78 +/- 4,9 - 79 (71,2) - 22 (19,8) - 7 (6,3) - 3 (2,7) - 84 (75,7) - 20 (18,0) - 6 (5,4) - 1 (0,9) - 69 (62,2) - 31 (27,9) - 7 (6,3) - 3 (2,7) - 1 (0,9) - 111 (100,0) - 93 (83,8) Statut HER2 - ++ amplifié/+++ - 9 (8,1) Chirurgie - conservatrice - non conservatrice - curage axillaire - 94 (84,7) - 24 (21,6) - 56 (50,5) Chimiothérapie - adjuvante - néoadjuvante - associée à l’herceptine - 19 (17,1) - 3 (2,7) - 9 (8,1) Radiothérapie - externe - per-opératoire Quelle IA (%) - Letrozole - Anastrozole - Exemestane Durée d’exposition à l’IA (an) - Moins de 1 -1à2 -2à3 -3à4 -4à5 - 35 (31,5) G8 - > à 14 - < ou = à 14 VES13 - > ou = à 3 -<à3 Effets secondaires et retentissement N (%) - 91 (82,0) - 8 (7,2) - 63 (56,8) - 38 (34,2) - 10 (9,0) - 21 (18,9) - 26 (23,4) - 16 (14,4) - 13 (11,7) - 2,3 (+/- 1,4) - 3,7 (+/- 2,1) - 45 (40,5) - 66 (59,5) - 74 (66,7) - 37 (33,3) - 4,6 (+/- 3) VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Article original Original article JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:47 Page267 Article original Original article JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:47 Page268 Tolérance des anti-aromatases à partir de 70 ans • Safety of aromatase inhibitors in 70+ years old women Tableau 1 : Caractéristiques tumorales et gériatriques des patientes (suite). Caractéristiques N (%) Figure 1 : Organigramme des principaux résultats. Moyenne (écart- type) Consultation de suivi pour cancer du sein en situation adjuvante sur une période de 1 an Consultation d’Oncogériatrie - Total - 17 (15,3) - G8 < ou = à 14 - 14 (12,6) - G8 > à 14 - 3 (2,7) 129 patientes sous IA - 69 (62,2) Arthrose 111 patientes étudiées Pathologie inflammatoire rhumatologique - Total - PPR - PR - 4 (3,6) - 1 (0,9) - 3 (2,7) Evaluation par 1 questionnaire médical et 1 auto-questionnaire Ostéoporose - 40 (36,0) 11 modifications thérapeutiques IMC (%) - < à 18,5 - 18,5 à < à 21 - 21 à < à 23 - > ou = à 23 - 2 (1,8) - 7 (6,3) - 13 (11,7) - 89 (80,2) 6 arrêts de l’IA dont 3 switches pour du tamoxifène 5 changement d’IA Tableau 2 : Modifications de l’hormonothérapie par IA. Age (ans) Stade G8 VES13 Patiente 1 82 3A 12 Patiente 2 76 1 Patiente 3 72 1 Patiente 4 Patiente 5 76 84 3A 2 Moyenne 78 (+/- écart-type) (+/-4,9) Etiologies Délai (mois) Séquence 8 Consultation d’oncogériatrie Non Douleurs articulaires 10 létrozole/anastrozole 15 3 Non Douleurs articulaires 9 exemestane/létrozole 15 3 Non Douleurs articulaires 9 létrozole/anastrozole 16 13,5 3 8 Non Oui Douleurs articulaires Alopécie 4 3/12 exemestane/létrozole létrozole/anastrozole/ exemestane 14,3 (+/-1,6) 5 (+/-2,7) 9,4 (+/-3,9) Tableau 3 : Arrêts de l’hormonothérapie par IA et relais par tamoxifène. Age (ans) Stade G8 VES13 Etiologies 4 Consultation oncogériatrie Non Patiente 1 76 2 16 Patiente 2 74 1 14 Patiente 3 91 1 Patiente 4 Patiente 5 84 77 Patiente 6 75 6 Non 10 9 Oui 1 1 10 12 7 8 Non Non 1 16 8 Non 13 (+/-2,8) 7 (+/-1,8) Moyenne 79,5 (+/- écart-type) (+/-6,7) VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Type IA Relais Douleurs articulaires Délai (mois) 3/36 létrozole/ anastrozole Oui Douleurs oculaires 17 létrozole Non Ostéoporose fracturaire 17 anastrozole Oui Douleurs articulaires Accident vasculaire cérébral Douleurs articulaires, alopécie 10 15 létrozole létrozole Non Non 6 létrozole Oui 17,3 (+/-11,5) 268 Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® Tolérance des anti-aromatases à partir de 70 ans • Safety of aromatase inhibitors in 70+ years old women Tableau 4 : Caractéristiques des patientes présentant des douleurs sous IA. Tableau 5 : Polymédication : nombre de traitements débutés en fonction de l’étiologie. Caractéristiques N (%) Complications Douleur - 85 (76,6) Douleurs majorées - 61 (55,0) Pathologies douloureuses associées - Pseudo polyarthrite rhizomélique - Polyarthrite rhumatoïde - Arthrose EVA -0à2 -3à6 - 7 à 10 Nombre de patientes prenant des traitements antalgiques Nombre de patientes prenant des antalgiques depuis début du traitement Classes d’antalgiques - Paliers 1 - Paliers 2 - Paliers 3 - Corticoïdes - AINS - Immunosuppresseurs - Infiltrations de corticoïdes Moyenne (+/- écart-type) Calcium- vitamine D Biphosphonates - 1 (0,9) - 3 (2,7) - 69 (62,2) - 37 (33,3) - 53 (47,7) - 21 (18,9) - 59 (53,2) - 3,8 (+/- 2,9) 38 15 AVC 1 HTA 4 Coronaropathie 2 HCT 6 Thrombose 1 Anti-dépresseur 5 Antalgiques 32 Total 104 3 médicaments lors de l’évaluation et 104 nouvelles thérapeutiques ont été introduites pour effets secondaires (Tableau 5). - 32 (28,8) Discussion - 42 (37,8) - 14 (12,6) - 1 (0,9) - 5 (4,5) - 4 (3,6) - 1 (0,9) - 1 (0,9) L’efficacité et la tolérance des IA ont été étudiées chez la femme ménopausée, mais non spécifiquement chez la femme âgée. Ce travail avait pour intérêt d’évaluer la tolérance des IA dans cette classe d’âge grâce à l’utilisation de questionnaires comportant, entre autres, 2 outils gériatriques validés : le G8 et le VES13. Dans notre étude, des effets secondaires ont conduit à la modification de l’hormonothérapie par IA dans presque 10 % des cas sur une période de 1 an. Pour la moitié des patientes, l’hormonothérapie a été changée pour une autre IA. Pour l’autre moitié, l’IA a été arrêtée de manière définitive. Ces changements sont intervenus principalement dans les 2 premières années d’hormonothérapie. Sous réserve du faible effectif, l’âge, le type d’IA et le score du G8 n’étaient pas des facteurs influençant les modifications ni les arrêts de traitement. La place de l’hormonothérapie dans le cancer du sein n’est plus à démontrer. Son bénéfice sur la survie sans récidive et la survie globale en situation adjuvante a d’abord été démontré avec le tamoxifène chez les femmes présentant des tumeurs exprimant les récepteurs aux oestrogènes pour une durée de 5 ans quel que soit l’âge. Il réduisait la mortalité de 10,9 % à 10 ans dans cette population 6. Au début des années 2000, les anti-aromatases de troisième génération ont montré leur supériorité chez les femmes ménopausées par rapport au tamoxifène. On distingue deux groupes d’IA qui diffèrent par leur structure et leur mécanisme d’action : le létrozole et l’anastrozole, inhibiteurs non stéroïdiens (type 1) d’une part, et l’exemestane, inhibiteur stéroïdien (type 2) d’autre part. Aucune différence d’efficacité n’a été démontrée entre ces 3 IA 7 (Figure 2). Ostéoporose et fractures Quinze ostéoporoses (13,5 %) diagnostiquées par une densitométrie osseuse ont été identifiées pendant le traitement. Des fractures ostéoporotiques ont été identifiées chez 17 patientes. Complications cardiovasculaires Quatorze événements cardiovasculaires (9,2 %) sont survenus au cours de l’hormonothérapie parmi lesquels on trouve 2 AVC, 3 hypertensions artérielles (HTA), 6 hypercholestérolémies (HCT), 2 coronaropathies et 1 thrombose veineuse. L’IA a été arrêtée chez une patiente victime d’un AVC. Autres effets secondaires Treize (11,7 %) patientes ont présenté une anorexie et 19 (17,1 %) ont perdu du poids dont 8 (7,2 %) au-delà de 3 kilogrammes. Vingt patientes (18 %) ont présenté au moins une chute. Une aggravation de l’asthénie a été notée chez 53 patientes (47,7 %). Des troubles du sommeil (n = 26 ; 23,4 %), de la mémoire (n = 25 ; 22.5%), des troubles de l’humeur (n = 25 ; 22,5 %), des bouffées de chaleur (n = 39 ; 35,1 %), une baisse de l’acuité visuelle (n = 25 ; 22,5 %) ainsi que la survenue de douleurs oculaires invalidantes (n = 2 ; 1,8 %) ont également été notés. Soixante-trois patientes soit 56,8 % prenaient plus de Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® Instauration d’un traitement 269 VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Article original Original article JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:47 Page269 Article original Original article JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:47 Page270 Tolérance des anti-aromatases à partir de 70 ans • Safety of aromatase inhibitors in 70+ years old women ment scientifique permettant de conclure que l’incidence des douleurs est plus fréquente avec l’une ou l’autre des IA 15. Certains facteurs de risque ont été identifiés : traitement hormonal substitutif (THS), obésité et chimiothérapie par taxanes 14 ou encore facteurs psychologiques 16. Dans notre étude, 20 % des patientes ont bénéficié d’une chimiothérapie. Cependant, le retentissement des taxanes sur les douleurs n’a pas été évalué. Le mécanisme physiopathologique des douleurs reste mal connu. L’inflammation jouerait un rôle majeur via une production importante de cytokines pro-inflammatoires 17 et d’IL-6 par les cellules synoviales 18. L’obésité, la sédentarité 19 et l’auto-immunité 20 seraient des facteurs favorisants. Cela rend difficile leur prise en charge, ce d’autant plus qu’il n’existe pas d’étude prospective randomisée. Cependant, un algorithme a été proposé par Niravath et al. reposant sur des mesures telles que la corticothérapie, l’éducation thérapeutique ou l’acupuncture 15. L’ostéoporose est l’un des effets secondaires des IA le plus connu. Les conséquences d’une fracture ostéoporotique peuvent être très sévères chez le sujet âgé associant hospitalisations, douleurs, perte d’autonomie, difficultés de maintien à domicile, accroissement de la mortalité en cas de fracture de hanche 21. Dans notre étude, une ostéoporose a été diagnostiquée par densitométrie osseuse chez 15 patientes (13,5 %) au cours de l’hormonothérapie et 17 patientes (15,3 %) ont présenté des fractures depuis le début du traitement. Les études BIG 1-98, ATAC et IES confirment une perte osseuse significativement plus importante dans les bras comprenant l’IA (5 % à 76 mois, 7 % à 68 mois, 3 % à 2 ans respectivement) 10, 22, 23 ainsi qu’un risque de fractures plus élevé (10 % à 8 ans, 15 % à 10 ans et 7 % à 58 mois de suivi médian) 9, 10, 24. Ces effets délétères tendent à s’amender à distance de l’arrêt de l’hormonothérapie. Dans ATAC, on note une augmentation significative de la densité osseuse lombaire de 4,02 % à 7 ans 13, 23. Chez les plus de 75 ans, le nombre de fractures est plus important sous IA par rapport au tamoxifène (17 versus 8 événements), mais cette différence n’apparaît pas significative 11. Les pathologies cardiovasculaires représentent l’une des principales causes de décès hors rechute du cancer, y compris chez la femme âgée 11, 25. Dans notre étude, 9 % d’événements cardiovasculaires sont survenus en cours de traitement. Dans l’étude BIG1-98, on ne notait pas plus d’événements cardiovasculaires dans le bras létrozole mais plus de complications cardiaques de grades élevés (2,4 % versus 1,4 %, p = 0,001) en lien avec une HCT plus fréquente. Ces données sont retrouvées dans la population âgée 11. Au moment de l’introduction du traitement par IA, un âge Figure 2 : Mécanisme d’action du tamoxifène et des IA chez la femme ménopausée. 1/ Tamoxifène : blocage de l’action des oestrogènes Oestrogènes circulants 2/ IA : inhibition de la synthèse des oestrogènes Glandes surrénales Inhibiteurs de l’aromatase Androgènes Aromatase Tamoxifène Oestrogènes - Récepteur nucléaire de la cellule tumorale (facteur de transcription) - Récepteur membranaire (activation de facteurs de croissance) Plusieurs études randomisées, parmi lesquelles BIG 198 (Breast International Group), ATAC (Arimidex, Tamoxifen, Alone or in Combination) et IES (Intergroup Exemestan Study), ont conclu sur un grand nombre de patientes à une supériorité sur la survie sans progression (SSP) des IA par rapport au tamoxifène en situation adjuvante, mais sans réel impact sur la survie globale (SG) 8-10. Dans l’analyse en sous-groupe de BIG 1-98 dédiée à la population âgée de plus de 75 ans, soit 6 % de la population étudiée, l’efficacité du létrozole était similaire et non influencée par l’âge 11. Les IA de troisième génération induisent une privation oestrogénique puissante participant à la survenue d’effets secondaires. Les douleurs articulaires et musculotendineuses représentent les effets secondaires les plus fréquents des IA. En dehors d’une pathologie cancéreuse, l’incidence des douleurs augmente avec l’âge et touche au moins 50 % des personnes âgées. Les conséquences de la douleur peuvent être très sévères : anxiété, dépression, isolement, repli sur soi, accélération de la perte d’autonomie, anorexie, dénutrition, troubles du sommeil... 12. Dans notre étude, la moitié des patientes présentait une majoration de leurs douleurs avec une EVA moyenne au moment de la consultation à 3,8 (+/- 2,9), mais nous ne disposions pas d’une EVA de référence permettant de mieux évaluer l’évolution des symptômes douloureux. Dans la littérature, les douleurs sont significativement plus fréquentes chez les patientes sous IA par rapport au tamoxifène, avec une prévalence de 25 à 35 % des cas selon les études 8, 10, 13, 14 et tendent à diminuer à distance de l’arrêt de l’IA. Il n’y a actuellement aucun arguVOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 270 Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® Tolérance des anti-aromatases à partir de 70 ans • Safety of aromatase inhibitors in 70+ years old women supérieur à 55 ans, un diabète, une HTA, une obésité et une HCT représentaient les principaux facteurs de risque 10, 26. Dans l’étude IES, à 91 mois, alors que l’exemestane de par sa structure différente serait moins pourvoyeur de complications cardiovasculaires, on retrouvait environ 12 % de complications cardiaques sous exemestane versus 10 % (p = 0,049) sous tamoxifène et presque 27 % d’HTA contre 23 % (p = 0,011) 13. Les troubles cognitifs sous hormonothérapie sont mal connus et difficilement évaluables. Le rôle des oestrogènes sur les fonctions cognitives est suggéré mais reste controversé. Dans notre étude, 25 patientes (22,5 %) décrivaient l’apparition ou la majoration de troubles mnésiques. Les troubles cognitifs chez la personne âgée sont source de fragilité et de perte d’autonomie 27. Cependant, peu d’études se sont intéressées au retentissement sur les fonctions supérieures d’une hormonothérapie par IA, et peu de données sont disponibles dans la littérature. Celles dont on dispose comportent de nombreux biais : faibles effectifs, absence d’évaluation initiale ou de groupe témoin, et les résultats sont contradictoires d’une étude à l’autre. Il semblerait cependant que l’hormonothérapie (IA ou tamoxifène) soit pourvoyeuse de troubles cognitifs 28. D’autres effets secondaires comme l’asthénie, les troubles du sommeil, de l’humeur et de la vue ont été décrits (respectivement 25 %, 19 %, 5 %, 7 %) 8, mais dans des proportions moindres que dans notre étude, avec une incidence qui tend à diminuer à l’arrêt de l’IA 13. Des troubles digestifs du type de nausées et de diarrhées ont été décrits 8. En revanche, la perte d’appétit et de poids n’ont pas été jusqu’à présent mentionnés. Or, la dénutrition est un critère de fragilité majeur chez la personne âgée, avec un retentissement potentiel sur les décisions thérapeutiques. La polymédication est fréquente chez le sujet âgé. L’augmentation de la iatrogénie est linéaire avec la majoration du nombre de médicaments. C’est un facteur de fragilité important, et les complications induites par les IA tendent à majorer la prescription de nouveaux traitements. Ceci a été peu évalué dans les études. Dans ce travail, 104 nouvelles thérapeutiques ont été introduites en association aux IA. Les plus fréquentes sont représentées par la supplémentation en calcium-vitamine D et les antalgiques de palier 1. L’incidence des cancers ne cesse de croître, de même que le nombre de personnes âgées atteintes de cancer. Avec l’âge augmentent la prévalence des comorbidités, la dépendance et la perte d’autonomie. La présence de comorbidités est un facteur de moins bon pronostic 1. Une étude sur plus de 900 femmes suivies pour un cancer du sein localisé a démontré que les patientes ayant 3 comorbidités avaient un risque 20 fois plus important de décès d’autres causes 29. Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® L’âge n’est donc pas un critère suffisant pour prendre une décision thérapeutique. Basée sur une évaluation multidimensionnelle du patient : comorbidités, traitements, marche et équilibre, fonctions cognitives, thymie, état nutritionnel, fonctions sensorielles, continence sphinctérienne, conditions de vie, capacités à réaliser les actes de la vie quotidienne, l’évaluation gériatrique standardisée (EGS) doit permettre d’identifier les patients fragiles à risque de présenter des effets secondaires, des chimiothérapies susceptibles d’altérer leur qualité de vie et leur autonomie, et de compromettre leur maintien à domicile. Bien qu’aucune étude prospective n’ait démontré son bénéfice sur la survie chez le patient cancéreux, une métaanalyse regroupant 28 essais randomisés a démontré l’efficacité de l’EGS dans la recherche du nombre de ré-hospitalisations précoces et de décès 30. L’EGS a été validée par les sociétés savantes telles que le National Comprehensive Cancer Network et le International Society of Geriatric Oncology. La décision thérapeutique a été modifiée chez un tiers des patientes après la réalisation d’une EGS 2. Cette évaluation est cependant chronophage en pratique quotidienne. Au sein de notre cohorte, trop peu de patientes (15 %) ont bénéficié d’une EGS ne permettant pas de démontrer son intérêt dans ce travail. Deux outils de dépistage de la fragilité ont été validés : le G8 et le VES13 4, 5. Le projet ONCODAGE, promu par l’INCa dans le cadre du Plan cancer 2009-2013, a comparé chez plus de 1 500 patients atteints de cancer (dont 43 % de cancers du sein) ces 2 questionnaires. Le G8 présentait une meilleure sensibilité que le VES13 (76,6 % versus 68,7 %). Il est donc recommandé chez tout patient de plus de 70 ans atteint d’un cancer (niveau 1) 3, complété par une EGS en cas de repérage d’une fragilité. Ce travail est le reflet de la tolérance des IA chez les patientes âgées de plus de 70 ans sur une année au CHU de Brest. On peut cependant reprocher une analyse rétrospective des données et l’absence d’évaluation de la qualité de vie (pour raison de faisabilité). Conclusion Chez la femme ménopausée, le standard concernant l’hormonothérapie adjuvante reste l’utilisation des inhibiteurs de l’aromatase 3. Alors qu’un bénéfice sur la survie sans progression a été démontré par rapport au tamoxifène, l’impact sur la survie globale reste controversé. Même si le tamoxifène est connu pour son risque majoré de thromboses veineuses et de cancer de l’endomètre, les IA ne sont pas non plus dénués d’effets secondaires. En particulier, l’ostéoporose, les douleurs, les maladies cardiovasculaires peuvent avoir un impact majeur sur l’autonomie des personnes âgées. Ainsi, la prescription de l’une ou l’autre classe d’hormonothérapie pourrait être modulée en fonction des 271 VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Article original Original article JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:47 Page271 Article original Original article JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:47 Page272 Tolérance des anti-aromatases à partir de 70 ans • Safety of aromatase inhibitors in 70+ years old women comorbidités présentes chez les patientes. Une ostéoporose sévère, une pathologie associée pourvoyeuse de douleurs, ou un terrain vasculaire pourront orienter vers la prescription de tamoxifène. Une pathologie thromboembolique ou un alitement feront pencher la balance vers la prescription d’un IA. Les personnes âgées sont très peu représentées dans les essais cliniques. Peu d’entre eux se sont intéressés à la population des plus de 70 ou 75 ans. Dans notre étude, les douleurs, l’asthénie, les chutes, les fractures sont plus fréquentes que dans les autres études, et représentent des facteurs de vulnérabilité non négligeables. Ces données renforcent la place de l’évaluation oncogériatrique comme outil supplémentaire dans l’optimisation des thérapeutiques des patients âgés atteints de cancer. La promotion des études dédiées à la population oncogériatrique est essentielle au sein des Unités de Coordination en OncoGériatrie (UCOG). n Conflit d’intérêt : aucun Bibliographie : 16 49e Congrès américain en oncologie clinique - Rôle des facteurs psychologiques dans le développement des douleurs sous inhibiteurs de l’aromatase [Internet]. [cité 9 juill 2013]. http://www.edimark.fr/ejournaux/chicago/2013/breve/1715/role-desfacteurs-psychologiques-dans-le-developpement-des-douleurs-sous-inhibiteurs-del-aromatase 17 Islander U, Jochems C, Lagerquist MK, Forsblad-d’Elia H, Carlsten H. Estrogens in rheumatoid arthritis; the immune system and bone. Mol Cell Endocrinol 2011 ; 335 : 14‑29. 18 Le Bail J, Liagre B, Vergne P, Bertin P, Beneytout J, Habrioux G. Aromatase in synovial cells from postmenopausal women. Steroids 2001 ; 66 : 749‑57. 19 Ahmed M, Gaffen SL. IL-17 in obesity and adipogenesis. Cytokine Growth Factor Rev 2010 ; 21 : 449‑53. 20 Henry NL, Giles JT, Ang D, Mohan M, Dadabhoy D, Robarge J, et al. Prospective characterization of musculoskeletal symptoms in early stage breast cancer patients treated with aromatase inhibitors. Breast Cancer Res Treat 2008 ; 111 : 365‑72. 21 Cooper C. The crippling consequences of fractures and their impact on quality of life. Am J Med 1997 ; 103 (2A) : 12S‑17S ; discussion 17S‑19S. 22 Zaman K, Thürlimann B, Huober J, Schönenberger A, Pagani O, Lüthi J, et al. Bone mineral density in breast cancer patients treated with adjuvant letrozole, tamoxifen, or sequences of letrozole and tamoxifen in the BIG 1-98 study (SAKK 21/07). Ann Oncol 2012 ; 23 : 1474‑81. 23 Eastell R, Adams J, Clack G, Howell A, Cuzick J, Mackey J, et al. Long-term effects of anastrozole on bone mineral density: 7-year results from the ATAC trial. Ann Oncol 2011 ; 22 : 857‑62. 24 Coleman RE, Banks LM, Girgis SI, Kilburn LS, Vrdoljak E, Fox J, et al. Skeletal effects of exemestane on bone-mineral density, bone biomarkers, and fracture incidence in postmenopausal women with early breast cancer participating in the Intergroup Exemestane Study (IES): a randomised controlled study. Lancet Oncol 2007 ; 8 : 119‑27. 25 Bardia A, Arieas ET, Zhang Z, DeFilippis A, Tarpinian K, Jeter S, et al. Comparison of breast cancer recurrence risk and cardiovascular disease incidence risk among postmenopausal women with breast cancer. Breast Cancer Res Treat 2012 ; 131 : 907‑14. 26 Mouridsen H, Keshaviah A, Coates AS, Rabaglio M, Castiglione-Gertsch M, Sun Z, et al. Cardiovascular Adverse Events During Adjuvant Endocrine Therapy for Early Breast Cancer Using Letrozole or Tamoxifen: Safety Analysis of BIG 1-98 Trial. J Clin Oncol 2007 ; 25 : 5715-22. 27 Sauvaget C, Yamada M, Fujiwara S, Sasaki H, Mimori Y. Dementia as a predictor of functional disability: a four-year follow-up study. Gerontology 2002 ; 48 : 226‑33. 28 Jenkins V, Shilling V, Fallowfield L, Howell A, Hutton S. Does hormone therapy for the treatment of breast cancer have a detrimental effect on memory and cognition? A pilot study. Psychooncology 2004 ; 13 : 61‑6. 29 Satariano WA, Ragland DR. The effect of comorbidity on 3-year survival of women with primary breast cancer. Ann Intern Med 1994 ; 120 : 104‑10. 30 Stuck AE, Siu AL, Wieland GD, Adams J, Rubenstein LZ. Comprehensive geriatric assessment: a meta-analysis of controlled trials. Lancet 1993 ; 342 : 1032‑6. 1 Balducci L. Treatment of cancer in the older aged person. Mediterr J Hematol Infect Dis 2010 ; 2 : e2010029. 2 Biganzoli L, Wildiers H, Oakman C, Marotti L, Loibl S, Kunkler I, et al. Management of elderly patients with breast cancer: updated recommendations of the International Society of Geriatric Oncology (SIOG) and European Society of Breast Cancer Specialists (EUSOMA). Lancet Oncol 2012 ; 13 : e148‑60. 3 Recommandations pour la pratique clinique : Nice-Saint-Paul-de-Vence 2011 « Cancers du sein : recommandations et veille bibliographique » ; « Soins de support ». Oncologie 2011 ; 13 : 780‑8. 4 Bellera CA, Rainfray M, Mathoulin-Pélissier S, Mertens C, Delva F, Fonck M, et al. Screening older cancer patients: first evaluation of the G-8 geriatric screening tool. Ann Oncol 2012 ; 23 : 2166‑72. 5 Luciani A, Ascione G, Bertuzzi C, Marussi D, Codecà C, Di Maria G, et al. Detecting disabilities in older patients with cancer: comparison between comprehensive geriatric assessment and vulnerable elders survey-13. J Clin Oncol 2010 ; 28 : 2046‑50. 6 Early Breast Cancer Trialists’ Collaborative Group (EBCTCG), Davies C, Godwin J, Gray R, Clarke M, Cutter D, et al. Relevance of breast cancer hormone receptors and other factors to the efficacy of adjuvant tamoxifen: patient-level meta-analysis of randomised trials. Lancet 2011 ; 378 : 771‑84. 7 Ellis MJ, Suman VJ, Hoog J, Lin L, Snider J, Prat A, et al. Randomized Phase II Neoadjuvant Comparison Between Letrozole, Anastrozole, and Exemestane for Postmenopausal Women With Estrogen Receptor–Rich Stage 2 to 3 Breast Cancer: Clinical and Biomarker Outcomes and Predictive Value of the Baseline PAM50-Based Intrinsic Subtype—ACOSOG Z1031. J Clin Oncol 2011 ; 29 : 2342‑9. 8 Coombes RC, Hall E, Gibson LJ, Paridaens R, Jassem J, Delozier T, et al. A randomized trial of exemestane after two to three years of tamoxifen therapy in postmenopausal women with primary breast cancer. N Engl J Med 2004 ; 350 : 1081‑92. 9 Cuzick J, Sestak I, Baum M, Buzdar A, Howell A, Dowsett M, et al. Effect of anastrozole and tamoxifen as adjuvant treatment for early-stage breast cancer: 10-year analysis of the ATAC trial. Lancet Oncol 2010 ; 11 : 1135‑41. 10 Regan MM, Price KN, Giobbie-Hurder A, Thürlimann B, Gelber RD, International Breast Cancer Study Group and BIG 1-98 Collaborative Group. Interpreting Breast International Group (BIG) 1-98: a randomized, double-blind, phase III trial comparing letrozole and tamoxifen as adjuvant endocrine therapy for postmenopausal women with hormone receptor-positive, early breast cancer. Breast Cancer Res BCR 2011 ; 13 : 209. 11 Crivellari D, Sun Z, Coates AS, Price KN, Thürlimann B, Mouridsen H, et al. Letrozole Compared With Tamoxifen for Elderly Patients With Endocrine-Responsive Early Breast Cancer: The BIG 1-98 Trial. J Clin Oncol 2008 ; 26 : 1972‑9. 12 Barkin RL, Barkin SJ, Barkin DS. Perception, assessment, treatment, and management of pain in the elderly. Clin Geriatr Med 2005 ; 21 : 465‑90. 13 Bliss JM, Kilburn LS, Coleman RE, Forbes JF, Coates AS, Jones SE, et al. Diseaserelated outcomes with long-term follow-up: an updated analysis of the intergroup exemestane study. J Clin Oncol 2012 ; 30 : 709‑17. 14 Sestak I, Cuzick J, Sapunar F, Eastell R, Forbes JF, Bianco AR, et al. Risk factors for joint symptoms in patients enrolled in the ATAC trial: a retrospective, exploratory analysis. Lancet Oncol 2008 ; 9 : 866‑72. 15 Niravath P. Aromatase inhibitor-induced arthralgia: a review. Ann Oncol 2013 ; 24 : 1443‑9. 272 Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® A T V V # VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 V JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:47 Page273 Page 255 Bulletin d’abonnement Offre Préférentielle • Le JOG, 1ère et seule revue francophone d’expertise scientifique à lectorat multidisciplinaire dédiée à la prise en charge des cancers de la personne âgée Prix unitaires TTC Frais de port inclus • Organe officiel d’expression de la Société Francophone d’OncoGériatrie (SoFOG) France TVA 2,10 % • Soutenu par la Société Française de Gériatrie et Gérontologie et la Société Française de Pharmacie Oncologique Autres pays TVA 0 % • Dossier thématique F.M.C. détachable Etudiants* Particuliers 1 an 115 € r 98 € 130 € r 110 € 2 ans 185 € r 156 € 235 € r 198 € 1 an 145 € r 123 € 160 € r 135 € 2 ans 230 € r 195 € 289 € r 243 € * Le Tarif « Etudiant » sera accordé sur présentation d’une copie de la carte d’étudiant • Revue indexée Base PASCAL (INIST-CNRS) R Oui, je désire m’abonner au Journal d’OncoGériatrie® (6 numéros papier/an, accès personnalisé au site internet www.le-jog.com, suppléments et numéros spéciaux) • N° commission paritaire (papier) 0217 T 90198 • N° commission paritaire (en ligne) 0513 W 90876 • Site internet certifié HONcode Vos coordonnées : Nom : ........................................................................................................................................................... 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Encadrement de 3 internes de spécialité oncologie médicale au sein d'un Pôle d'Oncologie Médicale comprenant 2 sites avec : - 1 Unité d'hospitalisation complète - 2 Hôpitaux de jour (sur 2 sites) - 1 Hôpital de semaine Ainsi qu'une unité de soins palliatifs, 1 équipe mobile douleur et soins palliatifs et une unité de soins de support Les axes de ce Pôle sont tournés vers la prise en charge des tumeurs solides et hématologiques les plus fréquentes, ainsi que vers l'oncogériatrie (Le GHPSO est Coordinateur de l'UCOG Picardie). POSTE À POURVOIR EN URGENCE Contact : Docteur Elisabeth CAROLA Chef de Pôle Oncologie Médicale GHPSO Tél : 03 44 21 70 80 Fax : 03 44 21 70 03 # Cet espace vous est réservé afin de publier vos annonces emploi (postes à pourvoir, recherches de postes disponibles, etc.). Votre annonce sera également publiée en ligne sur notre site internet www.le-jog.com N’hésitez pas à contacter notre service Petites Annonces pour toute demande d’information : [email protected] Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie® 275 VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 Agenda Calendar JOG V5-N6 3_Mise en page 1 23/04/15 15:47 Page276 Agenda Mars 2015 • 19 - 20 mars, Monaco – 5ème Monaco Age Oncologie www.mao-monaco.org • 19 - 22 mars, Paris – Journées Francophones d’Hépato-gastroentérologie et d’Oncologie Digestive www.jfhod.com • 20 - 24 mars, Madrid, Espagne – 30th EAU Congress eaumadrid2015.uroweb.org • 22 - 24 mars, Paris – 14ème Congrès National des Professionnels de la Gériatrie www.cnpg2015.com • 22 - 25 mars, Istanbul, Turquie – 41st Annual Meeting of the European Society for Blood and Marrow Transplantation www.ebmt2015.org Avril 2015 • 1 – 3 avril, Paris – 35ème Congrès Annuel de la Société Française d’Hématologie sfh.hematologie.net • 9 – 10 avril, Montpellier – 13ème Congrès National Gérosanté CIPPEG www.gerosante.com • 18 - 22 avril, Philadelphie, Etats-Unis – AACR Annual Meeting 2015 www.aacr.org Mai 2015 • 15 - 19 mai, Nouvelle-Orléans, Etats-Unis – American Urological Association 2015 Annual Meeting www.aua2015.org • 29 mai - 2 juin, Chicago, Etats-Unis – 2015 American Society of Clinical Oncology Annual Meeting am.asco.org Juin 2015 • 22 - 24 juin, Paris – Congrès de la Société Française du Cancer www.congres-sfcancer.com Juillet 2015 • 1 - 4 juillet, Barcelone, Espagne – 17th World Congress on Gastrointestinal Cancer www.esmo.org Retrouvez l’agenda complet des congrès sur notre site internet www.le-jog.com VOLUME 5 - N°6 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 276 Le JOG - Le Journal d’OncoGériatrie®