Travailler du chapeau

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Hebdomadaire distribué gracieusement à tous les ménages du
Canton de Genève, de l’agglomération de Nyon et de toutes les
autres communes de la Zone économique 11 (Triangle GenèveGland-Saint Cergue). 186 504 exemplaires certifiés REMP/FRP.
Edité par Plurality Presse S.A. Paraît le lundi
Directeur-Rédacteur en chef: Thierry Oppikofer
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Maquette: Imagic Sàrl Carouge,
Daniel Hostettler, Sophie Hostettler
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Distribution: Epsilon SA
12 septembre 2011 – No 511
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Travailler du chapeau
Dire que les hauts et les bas de la chapellerie expliquent toute l’économie serait pousser le bouchon un peu
loin. Mais dire que dans toute industrie, on peut voir le reflet de l’économie, c’est vrai au moins à moitié.
Le hasard des lectures fait que ça tombe sur la chapellerie, une industrie qui fut importante… jusqu’aux
dernières guerres.
O
PoUR En SAvoiR PLUS
Le bonnet «phrygien» était
porté dans l’Antiquité par
les esclaves affranchis,
c’est pourquoi il revint à
la mode avec la Révolution
française.
Aujourd’hui, un «feutre»
désigne une sorte de stylo,
autrefois, une sorte de
chapeau.
De nos jours, la production
de masse de casquettes
se fait au Bangladesh
et autres pays du Sud,
mais on trouve encore
en Europe une demidouzaine de fabricants
(borsalino.it, fepsa.pt,
tonak.cz, crambes-hats.
com) et des artisans qui
font des modèles fantaisistes, comme Jean-Robert
Gase à Genève. Pour les
modèles uniques utilisés,
par exemple au théâtre,
une modiste genevoise
(mais vivant en France) se
trouve sous gregoria-reciomodiste.com. Voir aussi
museeduchapeau.com.
Le livre sur l’Allemagne est
de Jules Huret, et date de
1910.
TEM
n a souvent dit, dans
ces colonnes, que notre
monde était revenu aux
années trente… quand la logique
des faits brisa la logique des
rêves. Un vieux livre me donne
• Faut-il faire porter le chapeau… à l’effet papillon?
soudain l’impression que nous
avons fait un bond en avant…
dans le passé: notre monde
ressemble à bien des égards à
l’avant Première plutôt que Seconde Guerre. L’Avenir Radieux
- qu’on a cru toucher en 1917, en
1945 ou en 1968 – nous a une
fois de plus posé un lapin. Mais
gardons le rythme… d’une Belle
Epoque aux Trente Glorieuses,
ce n’est qu’un sale demi-siècle à
passer… après quoi, tout ira bien.
Sauf pour le chapeau en poil de
lapin (voir plus loin), puisqu’entre
ces deux périodes, le chapeau
a cessé d’être un outil de travail
pour devenir un gadget de mode.
Sauf si on y inclut le casque,
passé du soldat au motard, puis
au cycliste, mais toujours aussi
utilitaire.
Comment distinguer
Charlot
Le bleu de travail du prolétaire
comprenait une casquette… la tenue du marin exigeait un chapeau
de coton… et on imagine mal le
TouT L’EMPLoi & FoRMATioN • No 511 • 12 SEPTEMBRE 2011
travail des champs sans capuchon. Sur les affiches, le patron
se reconnaissait à son haut-deforme… et au cinéma, l’homme
distingué, à son chapeau melon. Le pêcheur à la ligne, lui,
avait besoin d’un «canotier» en
paille… tout comme la baronne en
pique-nique. Le castor a été décimé pour faire des chapeaux de
fourrure. Quant à l’élégance, les
tableaux et photos d’époque le
prouvent: le chapeau était si important qu’il était devenu le premier produit de la modiste. Bref, la
chapellerie fut en son temps une
industrie aussi importante que la
chaussure. Même l’aviateur était
nécessairement coiffé de cuir; et
comment faire sa sieste au soleil
sans un sombrero? Depuis lors,
le travail de bureau, le confort des
transports… ont rendu le couvrechef superflu aux hommes. Les
boulistes – derniers soutiens
des médias - se contentent d’un
journal plié sur la tête. Et la mode
«décontractée» née dans les années quarante a signifié – pour
les femmes - un retour à la coiffure naturelle. Aujourd’hui, le
chapeau se trouve surtout sur
le crâne des chauves enrhumés
ou des femmes excentriques.
Certes, on produit encore •
52
• métiers
des millions de casquettes dans
le monde, mais la chapellerie
a tant décliné en Europe qu’on
ne trouve pas grand-chose (en
ligne) sur le sujet.
L’économie au ras des
garennes
C’est un livre vieux de cent ans
sur l’Allemagne – une Chine
d’alors, au plan économique –
qui a attiré mon attention sur
cette industrie, objet de tout un
chapitre de l’ouvrage. La Belle
Epoque, c’est aussi (sur sa fin)
la crise de l’industrie du… chapeau de feutre… en poil de lapin!
Sachant qu’il faut environ cent
cinquante grammes de poil pour
faire un chapeau, que cent lapins
donnent trois kilos de poil, et que
le monde a (alors) environ trois
milliards d’habitants, combien
faut-il de lapins pour que tous les
chauves aient leur chapeau? Tout
dépend du nombre de chauves,
mais vous tomberez d’accord
avec moi qu’une dizaine de millions de lapins feront l’affaire.
Le lapin se reproduisant plus
vite que le chauve, il vous suffira
désormais de regarder un lapin
pour voir la cause de la Première
Guerre Mondiale. La France, qui
occupait une position dominante
dans l’industrie du chapeau,
était en train de la perdre, suite
à l’essor des productions allemande, autrichienne, britannique,
italienne… et les pays coloniaux
commençaient déjà à couvrir
leurs besoins domestiques. «Les
fabricants d’Europe, s’ils ne trouvent pas le moyen de faire adopter le chapeau de feutre dans
des contrées où il est encore
inconnu, se trouveront privés (…)
de débouchés», expliquait à un
de mes confrères le Syndicat général de la Chapellerie française.
Remplacez «chapeau en poil de
lapin» par «microprocesseurs au
silicium», «taux de fertilité du lapin» par «émission de crédit subprime»… et on revient d’un coup
en 2011.
Genève peut-elle
compter sur ses
divinités tutélaires?
Le lièvre a certes, comparé au
lapin, un poil plus fin et même –
pour celui de Saxe et de Russie –
blanc comme neige. Ce qui n’empêcha pas une Révolution russe
au seuil de l’hiver 1917. Quand
la Russie s’enrhume, la joaillerie
éternue: Fabergé a quitté sa ville
natale Pétersbourg pour venir
mourir à Lausanne en 1920. Rolex et Patek tiendront-elles mieux
le coup lors des prochaines révolutions? n
Boris Engelson
Vous cherchez un emploi?
Vous habitez le Grand-saconnex?
séance d’information
le mardi 20 septembre 2011 de 19h00 à 20h00,
à la buvette de la salle communale des Délices, route de Colovrex 18 (à côté de la mairie).
la Ville du Grand-saconnex vous offre la
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une demi-journée par semaine, les lundis après-midi:
du 26 septembre au 5 décembre 2011 (10 séances)
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d’entretien d’embauche, réalisation de curriculum vitae et lettre de motivation, création d’un réseau, collecte et
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renseignements et inscriptions auprès de madame Danièle poitry
tél: 022 920 99 00 les mercredis et jeudis ou e-mail: [email protected]
tout l’emploi & formation • no 511 • 12 septembre 2011
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