Hebdomadaire distribué gracieusement à tous les ménages du Canton de Genève, de l’agglomération de Nyon et de toutes les autres communes de la Zone économique 11 (Triangle GenèveGland-Saint Cergue). 186 504 exemplaires certifiés REMP/FRP. Edité par Plurality Presse S.A. Paraît le lundi Directeur-Rédacteur en chef: Thierry Oppikofer Coordination, Publicité, Gestion des annonces: Patrick Gravante Maquette: Imagic Sàrl Carouge, Daniel Hostettler, Sophie Hostettler Flashage et impression: Courvoisier-Attinger Arts Graphiques SA Distribution: Epsilon SA 12 septembre 2011 – No 511 © Plurality Presse S.A., 2011 Rédaction, Administration, Service de publicité: 8, rue Jacques-Grosselin • 1227 Carouge Tél. 022/307 02 27• Fax 022/307 02 22 CCP 17-394483-5 E-mail: [email protected] www.toutemploi.ch Travailler du chapeau Dire que les hauts et les bas de la chapellerie expliquent toute l’économie serait pousser le bouchon un peu loin. Mais dire que dans toute industrie, on peut voir le reflet de l’économie, c’est vrai au moins à moitié. Le hasard des lectures fait que ça tombe sur la chapellerie, une industrie qui fut importante… jusqu’aux dernières guerres. O PoUR En SAvoiR PLUS Le bonnet «phrygien» était porté dans l’Antiquité par les esclaves affranchis, c’est pourquoi il revint à la mode avec la Révolution française. Aujourd’hui, un «feutre» désigne une sorte de stylo, autrefois, une sorte de chapeau. De nos jours, la production de masse de casquettes se fait au Bangladesh et autres pays du Sud, mais on trouve encore en Europe une demidouzaine de fabricants (borsalino.it, fepsa.pt, tonak.cz, crambes-hats. com) et des artisans qui font des modèles fantaisistes, comme Jean-Robert Gase à Genève. Pour les modèles uniques utilisés, par exemple au théâtre, une modiste genevoise (mais vivant en France) se trouve sous gregoria-reciomodiste.com. Voir aussi museeduchapeau.com. Le livre sur l’Allemagne est de Jules Huret, et date de 1910. TEM n a souvent dit, dans ces colonnes, que notre monde était revenu aux années trente… quand la logique des faits brisa la logique des rêves. Un vieux livre me donne • Faut-il faire porter le chapeau… à l’effet papillon? soudain l’impression que nous avons fait un bond en avant… dans le passé: notre monde ressemble à bien des égards à l’avant Première plutôt que Seconde Guerre. L’Avenir Radieux - qu’on a cru toucher en 1917, en 1945 ou en 1968 – nous a une fois de plus posé un lapin. Mais gardons le rythme… d’une Belle Epoque aux Trente Glorieuses, ce n’est qu’un sale demi-siècle à passer… après quoi, tout ira bien. Sauf pour le chapeau en poil de lapin (voir plus loin), puisqu’entre ces deux périodes, le chapeau a cessé d’être un outil de travail pour devenir un gadget de mode. Sauf si on y inclut le casque, passé du soldat au motard, puis au cycliste, mais toujours aussi utilitaire. Comment distinguer Charlot Le bleu de travail du prolétaire comprenait une casquette… la tenue du marin exigeait un chapeau de coton… et on imagine mal le TouT L’EMPLoi & FoRMATioN • No 511 • 12 SEPTEMBRE 2011 travail des champs sans capuchon. Sur les affiches, le patron se reconnaissait à son haut-deforme… et au cinéma, l’homme distingué, à son chapeau melon. Le pêcheur à la ligne, lui, avait besoin d’un «canotier» en paille… tout comme la baronne en pique-nique. Le castor a été décimé pour faire des chapeaux de fourrure. Quant à l’élégance, les tableaux et photos d’époque le prouvent: le chapeau était si important qu’il était devenu le premier produit de la modiste. Bref, la chapellerie fut en son temps une industrie aussi importante que la chaussure. Même l’aviateur était nécessairement coiffé de cuir; et comment faire sa sieste au soleil sans un sombrero? Depuis lors, le travail de bureau, le confort des transports… ont rendu le couvrechef superflu aux hommes. Les boulistes – derniers soutiens des médias - se contentent d’un journal plié sur la tête. Et la mode «décontractée» née dans les années quarante a signifié – pour les femmes - un retour à la coiffure naturelle. Aujourd’hui, le chapeau se trouve surtout sur le crâne des chauves enrhumés ou des femmes excentriques. Certes, on produit encore • 52 • métiers des millions de casquettes dans le monde, mais la chapellerie a tant décliné en Europe qu’on ne trouve pas grand-chose (en ligne) sur le sujet. L’économie au ras des garennes C’est un livre vieux de cent ans sur l’Allemagne – une Chine d’alors, au plan économique – qui a attiré mon attention sur cette industrie, objet de tout un chapitre de l’ouvrage. La Belle Epoque, c’est aussi (sur sa fin) la crise de l’industrie du… chapeau de feutre… en poil de lapin! Sachant qu’il faut environ cent cinquante grammes de poil pour faire un chapeau, que cent lapins donnent trois kilos de poil, et que le monde a (alors) environ trois milliards d’habitants, combien faut-il de lapins pour que tous les chauves aient leur chapeau? Tout dépend du nombre de chauves, mais vous tomberez d’accord avec moi qu’une dizaine de millions de lapins feront l’affaire. Le lapin se reproduisant plus vite que le chauve, il vous suffira désormais de regarder un lapin pour voir la cause de la Première Guerre Mondiale. La France, qui occupait une position dominante dans l’industrie du chapeau, était en train de la perdre, suite à l’essor des productions allemande, autrichienne, britannique, italienne… et les pays coloniaux commençaient déjà à couvrir leurs besoins domestiques. «Les fabricants d’Europe, s’ils ne trouvent pas le moyen de faire adopter le chapeau de feutre dans des contrées où il est encore inconnu, se trouveront privés (…) de débouchés», expliquait à un de mes confrères le Syndicat général de la Chapellerie française. Remplacez «chapeau en poil de lapin» par «microprocesseurs au silicium», «taux de fertilité du lapin» par «émission de crédit subprime»… et on revient d’un coup en 2011. Genève peut-elle compter sur ses divinités tutélaires? Le lièvre a certes, comparé au lapin, un poil plus fin et même – pour celui de Saxe et de Russie – blanc comme neige. Ce qui n’empêcha pas une Révolution russe au seuil de l’hiver 1917. Quand la Russie s’enrhume, la joaillerie éternue: Fabergé a quitté sa ville natale Pétersbourg pour venir mourir à Lausanne en 1920. Rolex et Patek tiendront-elles mieux le coup lors des prochaines révolutions? n Boris Engelson Vous cherchez un emploi? Vous habitez le Grand-saconnex? séance d’information le mardi 20 septembre 2011 de 19h00 à 20h00, à la buvette de la salle communale des Délices, route de Colovrex 18 (à côté de la mairie). la Ville du Grand-saconnex vous offre la possibilité de participer aux activités du Club de chercheurs d’emploi une demi-journée par semaine, les lundis après-midi: du 26 septembre au 5 décembre 2011 (10 séances) au programme: aide à l’établissement d’un bilan professionnel, support à la technique de recherche d’emploi, simulations d’entretien d’embauche, réalisation de curriculum vitae et lettre de motivation, création d’un réseau, collecte et mise en commun d’offres d’emploi, échanges d’informations, etc. renseignements et inscriptions auprès de madame Danièle poitry tél: 022 920 99 00 les mercredis et jeudis ou e-mail: [email protected] tout l’emploi & formation • no 511 • 12 septembre 2011