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(primes LAMal correspondant à une contribution obligatoire) est organisé par des privés
(assurances-maladies). Quant aux acteurs privés des soins, ils sont pour la plupart
exonérés des servitudes du public (urgences, formation, gardes, etc.), tout en diminuant
la taille critique des prestataires publics et d'une partie de leurs revenus. Enfin, les
responsabilités en matière de planification sont attribuées aux autorités cantonales dans
un système conçu néanmoins comme un marché concurrentiel et ouvert, avec des
interventions influentes de multiples acteurs qui n'ont pas à endosser de responsabilité
collective en la matière (assurances-maladie, organismes privés fixant des critères de
qualité, organisme intercantonal attribuant des mandats de prestations, etc.).
La pseudo-concurrence qui caractérise ainsi le système de santé l'engage dans une
spirale inflationniste caractérisée par un développement excessif de l'offre et des
surinvestissements. Ce travers est aggravé par le fait que l'absence de rationalité dans
nos choix de consommation est exacerbée lorsqu'il s'agit de questions de santé, que la
concurrence ne peut – heureusement – pas non plus s'exercer sur le catalogue des
prestations remboursables à charge de l'AOS et que les décisions d'investissements,
s'agissant de tâches d'intérêt public, sollicitent les budgets publics et sont principalement
stimulées par les décisions des autres acteurs du système, considérés comme des
concurrents, plutôt que comme partenaires d'une planification globale.
On relèvera encore, sans toutefois développer ce point, que la concurrence est d'autant
plus problématique dans ce système que l'une de ses conditions essentielles n'est pas
remplie, à savoir celle de la transparence. Le patient ne dispose en effet, comme cela a
déjà été relevé plus haut, que de très peu d'indicateurs lui permettant d'orienter ses
choix, les critères de qualité sont encore très flous, voire non pertinents (p. ex. qualité
d'une institution jaugée souvent à celle de l'accueil ou de la prestation hôtelière, mais très
peu à la prestation de soins à proprement parler) et la responsabilité en cas de non-
respect de ces maigres critères sanitaires est proche de zéro.
2.4. Répartition des compétences entre autorités dans le canton de Neuchâtel
Sous réserve de quelques compétences attribuées au Grand Conseil par la LS ou par
des lois spéciales, c'est le Conseil d'Etat qui définit la politique cantonale en matière de
santé publique et en exerce la haute surveillance. Il pourvoit par ailleurs à l'exécution des
conventions internationales, du droit fédéral, des concordats et du droit cantonal (art. 7
LS). Il appartient au département en charge de la santé (aujourd'hui le Département des
finances et de la santé, DFS) de planifier, coordonner et mettre en œuvre la politique
sanitaire du canton. Il assure en outre l'exécution des lois, ordonnances, arrêtés et
règlements fédéraux et cantonaux, ainsi que des conventions et des concordats. Pour
l'accomplissement de ses tâches, le DFS dispose notamment du service de la santé
publique (SCSP). Il collabore avec les autres services de l'Etat agissant dans le domaine
de la santé (notamment SCAV, SENE, SIAM, SFPO, SEO) et consulte au besoin les
autorités communales, les institutions d'utilité publique et les organisations
professionnelles concernées (art. 8 LS). Les missions du SCSP consistent concrètement
à:
1. Etat de santé. promouvoir l'aménagement et le maintien de conditions de vie
favorables à la santé en tant qu'état de bien-être et d'équilibre physique, psychique et
social (définition de la santé de l'OMS) et protéger la population par des mesures
appropriées contre des risques ou des atteintes à la santé de tout ou partie de ses
individus;
2. Accessibilité. assurer un accès sans discrimination aux prestations de soins et
d'accueil, aux personnes atteintes dans leur intégrité physique ou psychique, et veiller
au respect de leurs droits;
3. Qualité et économicité. promouvoir la qualité des prestations en veillant à une
utilisation judicieuse des ressources.