Voilà un an que le couple malinois, Michiel Jaspers et Iris Courjaret

reportage d’été
habiter en France
Le Guinot est une ancienne exploi-
tation vinicole, construite aux en-
virons de 1903 à côté des écuries
et de la grange d’une ferme plus
ancienne encore. Le maître de l’ouvrage
était un riche viticulteur qui a légué le
domaine à sa fille. Outre le logis aux allu-
res cossues, le complexe comprend aussi
un vaste entrepôt pour les fûts à vin,
quelques écuries et une belle parcelle de
terrain couvert de vignobles.
La maison se trouve à cinq cent mètres de
la petite église Saint Martin de Gurson,
tout juste à l’intérieur de l’enceinte villa-
geoise. La bourgade de la taille d’un
mouchoir de poche, dispose d’une mai-
rie, d’une petite école, d’une caserne de
pompiers, d’un café et d’une boulange-
rie, d’un terrain de tennis, d’un cimetière
et d’une poignée de ruelles – sans nom.
Guère plus, sauf l’incommensurable
quiétude de quelques maisons regroupées
près de la tour d’église et les vignobles
alentours. Immuable et inaltéré, car il n’y
La maison du
Texte:Sofie De Vriese
®Photos:Luc Roymans
Le Guinot, chambres & tables d’hôtes, gîtes,
Michiel Jaspers & Iris Courjaret,
Le Lac Est, Saint Martin de Gurson,
Dordogne, France,
www.leguinot.be
conception: arch. Hans Jaspers,
Blokvenlaan 11, 5581 GM Waalre, Nederland
Voilà un an que le couple
malinois,Michiel Jaspers
et Iris Courjaret,ont élu
domicile dans le tout petit
village de Saint Martin de
Gurson,situé dans le
Périgord Pourpre.Ils ont
transformé une ancienne
exploitation vinicole en
habitation particulière
avec chambres et tables
d’hôtes,réalisant ainsi un
vieux rêve.
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bonheur
Le Guinot,une ancienne exploitation viticole de 1903 et
actuellement le port d’attache de Michiel Jaspers et Iris Courjaret.
Tant la maison que le grand jardin alentour sont classés.Une
comission sévère – Bâtiments de France – contrôle le
respect des prescriptions en la matière.A
l’extérieur, on ne peut (quasi) rien changer.
De toutes façons,Michiel et Iris n’en
avaient guère l’intention.
était même pas question de tourisme – jusqu’à ce que Iris et Mi-
chiel s’y installent. Pourtant, Saint Martin de Gurson se situe en
plein cœur de la Dordogne, une région envahie par les touristes.
Et St-Emilion n’étant qu’à un quart d’heure de voiture, nous
nous trouvons réellement ici au royaume des amateurs de
grands vins.
Le Guinot était et reste un havre de paix dans une région touris-
tique. Tout dans ce domaine respire le bonheur, jusqu’au nom
même “Le Guinot” qui est un amalgame de les guis nouveaux
ainsi que l’a expliqué l’ancienne propriétaire à Iris et Michiel. La
vieille dame était persuadée que ce nom leur avait vraiment por-
té bonheur. Jamais la famille n’avait subi de malheurs, du moins
tant qu’elle restait au domaine.
Etant donné que la ferme et le cœur du village sont des monu-
ments classés, il n’était pas question d’y entamer des travaux de
modernisation ou quelque fantaisie que ce soit; en effet, la par-
tie extérieure de la bâtisse n’a guère changé au cours du siècle
écoulé. En outre, les derniers descendants de la famille qui ont
finalement vendu le domaine à Iris et Michiel ont rarement oc-
cupé la maison. Ces dernières années, le domaine servait de rési-
dence secondaire où la famille passait les vacances ou organisait
des fêtes. La maison n’était donc pas vraiment délabrée. Iris et
Michiel ne pouvaient rêver mieux. “La bâtisse a été construire et
aménagée avec des matériaux de qualité. Planchers et poutres en
chêne, jolis carrelages... et tout était encore là!” C’est exacte-
ment ce qu’ils cherchaient: l’authenticité, à laquelle ils n’ajoute-
raient que quelques ouvrages indispensables, avec tout le respect
dû aux bâtiments et aménagements existants.
LES CHAMBRES D’HÔTES: SOBRES ET AGRÉABLES
Iris et Michiel ne se sont pas lancés à la légère. Il y a sept ans, ils
ont parcouru la France pendant trois mois avec un camping car,
à la recherche d’une maison. Mais plus ils en voyaient, plus ils se
rendaient compte qu’il fallait disposer d’un sérieux budget dont
ils ne disposaient pas à ce moment-là. “Alors autant laisser tom-
ber, plutôt que de le faire à moitié”, ont-ils songé, et ils sont re-
partis en Belgique, un peu déçus mais patients et fermement dé-
cidés à faire des économies. Mais ce rêve les tenaillait et ils déci-
dèrent donc de faire une nouvelle tentative. Cette fois il se ren-
dirent en Dordogne et lorsqu’ils découvrirent Le Guinot, ce fut
le coup de foudre: le caractère brut de la bâtisse, merveilleuse-
ment située, le village pittoresque et sa poignée d’habitants,
l’immense surface habitable et le magnifique jardin tout au-
tour... Ils se sont immédiatement renseignés pour voir s’ils pou-
vaient transformer Le Guinot en chambres d’hôtes et demandè-
rent au maire des lieux de leur donner sa bénédiction... morale.
Ce qui fut fait. Rien ni personne ne pouvait plus les arrêter. Le
Guinot leur appartenait désormais.
La demande du permis de bâtir fut acceptée sans problèmes. Ils
allaient donc rénover mais en se limitant aux ouvrages structu-
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À DROITE: Le coin salon du gîte aménagé
dans les anciennes étables.Les meubles
sont sobres et modernes,mais on n’a
guère touché à l’architecture.
CI-DESSOUS: Le coin salon du gîte,
aménagé dans les anciennes étables, se
caractérise par les murs peints en blanc,
les canapés gris foncé, une table et un
ensemble de chaises modernes.La
sobriété,les fenêtres typiques,les hauts
plafonds et l’imposant manteau de
cheminée créent une fois de plus une
harmonie entre l’ancien et le nouveau.
À GAUCHE: Les gîtes peuvent
accueillir de deux à six
personnes.Une kitchenette est
à disposition.
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En mettant ensemble tous les projets de
construction,cela fait près de treize ans
que Michiel Jaspers et Iris Courjaret font
de la rénovation. Forts de cette expérien-
ce,ils sont partis pour Saint Martin de Gur-
son,près de Bordeaux, pour remettre ça.
Treize années de rénovation. Comment
avez-vous fait?
Iris:Notre première rénovation, nous l’a-
vons réalisée à Anvers.Cette maison-là
était presque en ruine,suite à un impor-
tant incendie.En 1997,à Malines,nous
avons ouvert un centre de beauté et sau-
na.A cette époque,la France nous attirait
déjà beaucoup.Mais financièrement,ce
n’était pas réalisable,alors nous avons dé-
cidé d’ouvrir un restaurant à Malines,avec
Michiel aux fourneaux – c’est un chef-coq
professionnel.On l’a appelé De Kok en de
Proever.
Vous l’aviez rénové et aménagé vous-
mêmes?
Iris:Mais oui. Plus les bâtiments sont vieux,
mieux c’est.Le restaurant était installé
dans une bâtisse historique.Et nous avons
pu donner libre cours à notre passion.
Vous saviez que c’était provisoire,car
la France vous appelait. Et pourtant,
vous avez ouvert un deuxième établis-
sement.Vous l’avez aussi rénové?
Michiel:Nous avions encore un peu de
temps devant nous pour commencer
quelque chose de nouveau.Nous avons
encore aménagé une bâtisse plus ancien-
ne encore en brasserie,le Toko Karachillio.
Et nous avons rénové notre maison à Ma-
lines aussi.
Lorsque vous avez eu le coup de foudre
pour Le Guinot, vous n’aviez pas l’in-
tention d’y déménager aussi vite
puisque vous aviez deux établisse-
ments qui marchaient bien en Flandre.
Iris:C’est exact.Mais là aussi nous avons
eu de la chance,car en un an,nous avons
pu céder les deux restaurants.Et le 1er avril
de l’an dernier, nous sommes partis pour
de bon pour nous installer à Saint Martin
de Gurson.Nous n’avions même pas fini
de restaurer notre maison à Malines.
Vous êtes en quelque sorte des bourlin-
gueurs de luxe.Et la nostalgie dans tout ça?
Iris:Laisser derrière soi des connaissan-
ces et des amis n’est jamais évident.Mais
d’un autre côté,on reçoit énormément de
visites.Je pense qu’au cours de l’année
écoulée,nous avons passé au bas mot
deux semaines uniquement à deux.Donc
nous ne pouvons pas dire que nous souf-
frons de solitude.
On dirait que pour les années à venir, le
tête-à-tête risque encore moins de se
produire. Avec cinq studios et deux
chambres...
Michiel:C’est le but d’avoir autant de visi-
teurs.Mais nous voulons aussi qu’ils parta-
gent notre vie.Nous ne sommes pas du tout
du genre asocial.Nous accueillons nos hô-
tes de manière personnelle.Chacun vient
s’asseoir à notre table.Au cours de l’année
écoulée,nous avons pu constater que des
personnes provenant de régions et de mi-
lieux totalement différents n’ont eu aucun
mal à papoter toute la soirée. C’est pour ce-
la que nous le faisons! Nous ne fuyons ab-
solument personne,la preuve, des amis
sont venus avec toute leur suite ici pour se
marier. Cérémonie,fête,la totale!
Cuisiner pour trente personnes ne vous
pose aucun problème, Michiel. Mais
vous n’avez pas de personnel. N’est-ce
pas trop dur?
Iris:Il y a beaucoup à faire, mais ce n’est
pas stressant.Vous n’avez pas idée de la
vie paisible qu’on mène ici...Même si nous
sommes occupés du matin au soir. Cela
commence par les courses; nous préparons
le petit-déjeuner dès l’aube.La journée se
termine par l’arrosage des plantes. Et cela
prend près de deux heures.Et dans l’inter-
valle,des petits travaux de rénovation. Mais
notre rythme de vie n’est pas comparable
avec celui que nous avions en Flandre.
On peut dire que vous avez véritable-
ment la bougeotte. Se pourrait-il que
vous quittiez Le Guinot un jour? Quand
vous n’aurez plus rien à rénover?
Michiel:Là je n’ose pas répondre.Simple-
ment parce que nous ne prévoyons jamais
plus de trois ou quatre ans à l’avance. En
tous cas,j’ai l’impression que cette fois,
nous avons trouvé ce que nous cherchions
depuis toujours!
ENSEMBLE À TABLE
PETITE PHOTO:
A droite du corps de
logis,les anciennes
étables.Derrière la
grande porte des
étables,la grande
salle à manger pour
les hôtes et un gîte.
GRANDE PHOTO:
Installée dans les
anciennes écuries,la
grande salle à manger
sert à réunir tous les
hôtes.
1/2 B pub.
rels indispensables. Etant donné que le corps de logis était pour
ainsi dire prêt à vivre – la cuisine et la salle de bains avaient
connu des jours meilleurs, mais étaient encore parfaitement uti-
lisables – ils s’y sont installés le 1er avril 2005. Michiel: “On en
rêvait depuis si longtemps et tout à coup, on y était. On allait
émigrer, on n’en revenait pas.”
A partir de cet instant, l’aventure commença: il fallait en même
temps redonner un petit coup de neuf à la ferme. Leur premier
ouvrage allait être consacré aux chambres d’hôtes. En lieu et pla-
ce des étables, ils ont installé un gîte, transformé le dépôt à l’ar-
rière en quatre studios, puis ajouté une piscine avec terrasse et
remis toute le jardin en état. Il fallait continuellement peser le
pour et le contre. “On voulait trouver un équilibre entre le
confort, l’atmosphère et le budget”, nous explique Michiel.
“Nous avons soumis chaque ouvrage à cette formule.”
Le gîte dans les écuries est devenu un vaste studio confortable-
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DE GAUCHE À DROITE: Dans chacun des cinq
gîtes,au moins un des murs de moellons a été
restauré.Les autres ayant été plafonnés en blanc.
Aucune des salles de bains n’est standard,elles
sont toutes différentes.L’une des baignoires a été
parachevée à l’aide de moellons de récupération.
Concept et ouvrage faits maison.
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