6 Le Romain et son éducation pp. 62-69 Il s’agit de faire découvrir aux élèves quelques aspects de la vie des élèves romains. Objectifs du chapitre ▶ Comprendre l’organisation de l’enseignement chez les Romains. ▶ Découvrir les jeux favoris pratiqués par les Romains. ▶ Découvrir l’expression du passé en latin (passé composé, passé simple) ▶ Découvrir l’expression de l’apostrophe en latin et étudier un nouveau cas : le vocatif Les ressources numériques www.latin.magnard.fr Audio Recueils d’explications, III, I, 2, « Je vais à l’école » : en latin et en français (p. 62) Phrases d’observation, « In schola » : en latin et en alterné (p. 65) Texte à copier/coller Phrases d’observation, « In schola » (p. 65) Découvrir le texte p. 62 Le texte permet de suivre un enfant romain dans une matinée type à l’école élémentaire. Texte : « Je vais à l’école » Hermeneumata, III, I, 2, env. 280 après J.-C. Nous donnons un extrait de ce texte dans la version du Corpus Glossariorum Latinorum (volume III, Georg Goetz, Leipzig, Teubner, 1892) : il est souvent cité dans divers dossiers pédagogiques, selon des versions plus ou moins retouchées. Ce texte, qui date probablement de la période médiévale avec des éléments remontant au iiie siècle, appartient au genre des sermones (conversations), très répandu dans les écoles. On pourra le rapprocher des manuels bilingues d’aujourd’hui (méthode d’apprentissage des bases d’une langue par le système de phrases courtes « en situation »). On peut expliquer que les jeunes Romains de la bonne société devaient être bilingues (latin-grec). Le « manuel » se présente sous la forme juxtalinéaire : d’un côté le grec, de l’autre le latin. Il est probable que les élèves écoutaient le professeur lire ce texte pour répéter après lui. Dans ce manuel, on trouve donc de brefs passages narratifs, comme l’extrait que nous avons retenu (un enfant est supposé raconter ses activités d’écolier), et des passages d’entraînement sous forme de listes (déclinaisons, conjugaisons) : nous en avons 74 reproduit une partie pour l’exercice d’observation (manuel p. 65, n° 4). Il est important de souligner que dès la période répu­ blicaine on constate un niveau minimal d’alpha­ bétisation de toute la société romaine (ce qui ne sera pas le cas en France pratiquement jusqu’au xixe siècle) : même si une grande majorité de la population se contente de déchiffrer les lettres capitales (lapidariae litterae, « lettres gravées sur la pierre »), la lecture et l’écriture sont considérées comme des outils indispensables à la vie quotidienne. Chaque famille a ses archives privées ; dans le monde des affaires, toutes les transactions sont enregistrées par écrit, comme tous les actes importants de la vie publique. On peut dire aussi que les nombreux graffitis retrouvés sur divers sites témoignent de la vitalité d’une forme d’écriture familière (manuel p. 72). L’utilisation du « modèle d’écriture » (praescriptum, ligne 8) pour apprendre à former les lettres est bien décrite par Sénèque qui en tire une leçon de conduite pour le sage : Pueri ad praescriptum discunt ; digiti illorum tenentur et aliena manu per litterarum simulacra ducuntur, deinde imitari jubentur proposita et ad illa reformare chirographum : sic animus noster, dum eruditur ad praescriptum, juvatur. Les enfants apprennent à écrire d’après un modèle ; une main étrangère tient leurs doigts, et les guide sur des © Magnard, 2010 – Latin 5e – Livre du professeur lettres déjà tracées ; ensuite on leur ordonne d’imiter le modèle placé devant eux, et de corriger leur copie d’après cet exemple. C’est ainsi que notre âme, instruite d’après un modèle, trouve la leçon plus facile. Sénèque, Lettres à Lucilius, XIV, 94, 51. • Le document Les objets réunis sur le document iconographique permettent aux élèves de se représenter concrètement ceux qui sont cités dans le texte. Le mode d’utilisation de ces objets est expliqué en fin de chapitre (manuel p. 69). • Lire le texte 1 Salut (ou Bonjour : Latinis verbis, manuel p. 43) ; tablettes ; maître ; le maître. 2 Le fait qu’un esclave l’accompagne à l’école pour lui porter ses affaires. 3 Des tablettes enduites de cire (tabulae), un étui (comme un plumier) pour ranger les stylets (theca graphiaria, racine grecque « thèque » comme dans bibliothèque), une règle pour « conduire » (praeducere) les lignes d’écriture (praeductorium). Quand on a fini de lire, il faut donc enrouler de nouveau le volume de telle sorte que le début se trouve toujours au-dessus, prêt à être déroulé pour une autre lecture. Même si le parchemin (écriture sur de la peau d’animaux) est connu très tôt à Rome (iie siècle avant J.-C.), l’usage du livre constitué de pages de parchemin cousues (nommé codex) n’est répandu qu’à partir du iiie siècle après J.-C. • Lire l’image 1 À gauche, le maître (barbu), main droite levée, semble donner un ordre à l’élève pour la lecture (mais peut-être se fâche-t-il contre le retardataire ?) ; à droite, l’élève déroule le volumen pour lire. 2 À gauche, représenté de face. 3 L’élève qui arrive par la droite, lève la main droite. On peut proposer deux hypothèses : soit il salue le maître (Ave magister !), soit il fait un geste pour excuser son retard. 4 Son « cartable » (capsa, voir ci-après). 4 Effacer les tablettes, écrire, lire, décliner. Le maître guide toutes les activités de l’élève ; il surveille et vérifie le travail, il corrige les erreurs. Remarque : les élèves verront que leurs « collègues » romains s’entraînaient à décliner (declinare) les noms selon leurs « genres » (genera nominum), comme ils doivent le faire aujourd’hui ! 5 Comme la tablette était enduite de cire, on étirait la cire pour recouvrir ce qui avait était précédemment écrit (ce qui est donc l’ancêtre de l’effaceur). Compétences – repérer des éléments dans le texte en français et en latin – traduire quelques mots simples Découvrir l’image p. 63 Cette page propose de découvrir d’autres points de vue d’élèves. Bons ou mauvais élèves ? L’extrait de la satire de Perse permet de lire un témoignage amusant : un souvenir d’élève attiré par l’école buissonnière. • Gros plan sur... Comme on le voit, le lecteur tient le volumen dans sa main droite et avec sa main gauche, il tire l’extrémité gauche de la bande de papyrus et continue ainsi en le déroulant au fur et à mesure, de droite à gauche. Compétences – confronter texte et image – observer et commenter les détails d’une œuvre Découvrir les mots-clés p. 64 • L’enseignement à Rome, maître et élèves L’école romaine est mixte et privée. Souvent située sous un des portiques du forum (le cœur de la cité), elle ressemble à une simple boutique (pergula) ouverte sur l’extérieur. Aucune autorité publique ne s’exerce sur les modes d’enseignement : n’importe qui peut ouvrir une école, à condition de trouver des élèves pour payer les frais. La réputation du magister se fait par le bouche à oreille, souvent grâce à la recommandation d’un puissant protecteur. Les enfants écrivent en gravant avec un stilus sur des tablettes de cire (cerae) posées sur leurs genoux. En guise de cartable, ils ont une boîte (capsa) contenant leurs instruments de travail, et souvent aussi leur déjeuner car les élèves ont l’habitude de manger sur place (voir sur le bas-relief, manuel p. 63). En général, l’enfant est accompagné par un esclave (désigné par l’expression puer scriniarius dans le texte, manuel p. 62). Il n’y pas de cours pendant les grandes chaleurs de l’été (équivalent des « grandes vacances »). Les élèves sont souvent traités avec dureté : beaucoup d’adultes gardent un mauvais souvenir des coups de férule (ferula) reçus à l’école. La périphrase manum ferulae subducere (« tendre la main à la férule ») est © Magnard, 2010 – Latin 5e – Livre du professeur 75 une manière grinçante de signifier « étudier » attestée par le satiriste Juvénal (Satire, I, vers 15). Il arrive aussi que, dans les cas graves, le maître troque sa férule contre un fouet de lanières de cuir. Avec l’influence grandissante de la culture grecque dans les milieux aisés dès la fin du iiie siècle avant J.-C., le paedagogus (du grec « celui qui conduit l’enfant », d’où pédagogue), esclave cultivé, à l’origine simplement chargé d’accompagner l’enfant dans tous ses déplacements, tend à devenir le précepteur attitré des rejetons de bonne famille. Il se charge de leur apprendre les rudiments de l’écriture et de la lecture, ainsi que les bases de la langue grecque, considérée comme la langue de culture. Vers 11 ou 12 ans, le parcours des filles et des garçons, comme celui des riches et des pauvres, diffère. Seuls les fils de famille aisée continuent à étudier, « sous la férule » du grammaticus, puis du rhetor, parachevant l’idéal d’eruditus (instruit, formé, d’où « érudit ») auprès d’un professeur renommé, si possible dans l’une des capitales culturelles du monde grec (Athènes, Alexandrie, Pergame). Observer Ludus Bonjour, mon ami ! – Ave magister ! Bonjour, maître ! – Salvete amici ! Bonjour mes amis ! Salve amica ! Bonjour, mon amie ! Il est important de faire comprendre aux élèves le lien, spécifiquement romain, entre le jeu et l’école. Sur le plan social et culturel, le ludus fait partie de l’otium, espace du repos et de la détente, par opposition au negotium (littéralement, négation de l’otium) qui désigne toute forme d’activité « civique », politique, économique ou militaire. C’est pourquoi le mot ludus s’applique à l’ensemble des activités du jeune Romain, dans la période où il n’agit pas encore en tant que citoyen. À l’école, comme dans les jeux (manuel pp. 68-69), l’enfant apprend à se situer par rapport à autrui, à imiter les modèles de référence, à s’entraîner avant d’entrer dans « la vie réelle », dans l’action. • Jouez avec les mots 1 a. et b. Le niveau équivalent du collège actuel serait les cours avec le grammaticus. Au passage, on peut expliquer le sens précis du mot cursus, passé directement du latin au français. 2 a. On distingue les mots formés directement sur magistr-, comme « magistral », et les mots où le g a disparu et le s a été remplacé par un accent circonflexe, comme « maîtrise ». b. Interlude, ludothèque, ludique < ludus ; condisciple < discipulus ; rhétorique < rhetor ; scolarité < schola. c. Tous les mots viennent de schola. On constate que le ch (venant de la lettre grecque chi) s’est maintenu dans la graphie de l’anglais et de l’allemand. 76 p. 65 Les formes verbales de l’indicatif au passé 1 Je salue, saluent en retour, apprennent, je suis assis, j’apprends, tu apprends, j’occupe, tu occupes, nous occupons, je dis, je rends, vous rendez / saluto, resalutant, discunt, sedeo, disco, discis, occupo, occupas, occupamus, dico, reddo, redditis. Indices : les terminaisons (-o, -nt, -mus, -tis). 2 J’ai salué, m’ont salué en retour, ont appris, je me suis assis, tu as appris, nous avons occupé, j’ai dit, j’ai rendu, vous avez rendu : passé composé. 3 Salutavi, resalutaverunt, didicerunt, sedi, didicisti, occupavimus, dixi, reddidi, reddidistis. Les terminaisons permettent d’identifier la personne : -i (1re pers. sg.), -erunt (3e pers. pl. ), -isti (2e pers. sg. ), -imus (1re pers. pl.), -istis (2e pers. pl.). Le nom mis en apostrophe 4 Ave discipule ! Bonjour, élève ! – Salve amice ! 5 Discipule (2e décl. masc. sg.) – amice (2e décl. masc. sg.) – magister (2e décl. masc. sg.) – amici (2e décl. masc. pl.) – amica (1re décl. fém. sg.). 6 La terminaison du mot mis en apostrophe est identique à celle du nominatif sg. ou pl., sauf pour les noms en -us de la 2e déclinaison. Compétences – identifier le vocatif – reconnaître les terminaisons d’un verbe au passé (passé simple, passé composé) Apprendre p. 66 Le parfait de l’indicatif actif des quatre conjugaisons et de sum La formation du parfait est simple : thème du perfectum et morphème temporel et modal. On fait observer aux élèves que le thème du perfectum s’obtient en retranchant la terminaison -i de la 1re personne du singulier du parfait, donnée par le dictionnaire. Le thème du perfectum, à la différence du thème d’infectum, n’est pas déterminé par l’appartenance à telle ou telle conjugaison. Le parfait de l’indicatif est formé à partir du thème du perfectum, d’un morphème -is- qui caractérise © Magnard, 2010 – Latin 5e – Livre du professeur le parfait (mais ne se trouve ni à la 1re ni à la 3e pers. du singulier et du pluriel) et des désinences personnelles (-i, -isti, -it, -imus, -tis, -erunt). Dans un souci de simplification, on donne à apprendre les terminaisons plutôt que les désinences. On insiste donc pour les élèves sur l’apprentissage des temps primitifs et des terminaisons spécifiques du parfait. On fait aussi observer que deux temps du passé en français correspondent au parfait. La simplicité de la formation rend peu utile la multiplication des tableaux dans la leçon. On se limite donc à la formation d’un verbe d’une des quatre conjugaisons et au verbe être. Le vocatif Le vocatif est découvert dans les textes (apostrophe). On insiste sur la formation particulière pour les formes en -ius et -eus en raison de sa fréquence d’emploi. • Vocabulaire Le choix a été effectué parmi des verbes courants des quatre conjugaisons. Ces verbes sont utilisés dans les exercices (ou dans le bilan). • Citation Elle regroupe des verbes des 2e, 3e et 4e conjugaisons à la 1re pers. du singulier du parfait. Ce propos célèbre est attribué à Jules César par l’historien Suétone. César aurait envoyé ce message dans une lettre au sénat pour l’informer de la victoire rapidement obtenue sur Pharnace, roi du Pont. vicit, vicimus, vicistis, vicerunt) – 3e pers. sg. (feci, fecisti, fecit, fecimus, fecistis, fecerunt) – 1re pers. pl. (scivi, scivisti, scivit, scivimus, scivistis, sciverunt) – 3e pers. pl. (habui, habuisti, habuit, habuimus, habuistis, habuerunt). b. Je suis venu, tu es venu, il est venu, nous sommes venus, vous êtes venus, ils sont venus / je vins, tu vins, il vint, nous vînmes, vous vîntes, ils vinrent – j’ai vu, tu as vu, il a vu, nous avons vu, vous avez vu, ils ont vu / je vis, tu vis, il vit, nous vîmes, vous vîtes, ils virent – j’ai vaincu, tu as vaincu, il a vaincu, nous avons vaincu, vous avez vaincu, ils ont vaincu / je vainquis, tu vainquis, il vainquit, nous vainquîmes, vous vainquîtes, ils vainquirent – j’ai fait, tu as fait, il a fait, nous avons fait, vous avez fait, ils ont fait / je fis, tu fis, il fit, nous fîmes, vous fîtes, ils firent – j’ai su, tu as su, il a su, nous avons su, vous avez su, ils ont su / je sus, tu sus, il sut, nous sûmes, vous sûtes, il surent – j’ai eu, tu as eu, il a eu, nous avons eu, vous avez eu, ils ont eu / j’eus, tu eus, il eut, nous eûmes, vous eûtes, ils eurent. 5 3e pers. pl. indicatif présent : dederunt – 1re pers. pl. indicatif présent : legimus – 1re pers. sg. indicatif présent : habui – 2e pers. pl. indicatif présent : vidistis – 3e pers. sg. indicatif présent : fecit – 2e pers. sg. indicatif présent : jussisti. Associer les fonctions et les cas 6 le danger – le fils – la fortune – l’esclave – l’élève. 1 Une mite. N. sg. : periculum, filius, fortuna, servus, discipulus. G. sg. : periculi, filii, fortunae, servi, discipuli. V. sg. : periculum, fili, fortuna, serve, discipule. V. pl. : pericula, filii, fortunae, servi, discipuli. On demandera aux élèves de trouver le « radical » de chaque nom avant de donner les formes du singulier et du pluriel du vocatif. Reconnaître les verbes au parfait 7 a. 1re décl. masc. sg. – 1re décl. fém. sg. – 2e décl. S’exercer p. 67 Histoire courte 2 Juss – terru – mans – parav – paru – docu. 3 a. 3e pers. sg. (accep-) – 1re pers. pl. (fec-) – 1re pers. sg. (vid-) – 2e pers. pl. (laborav-) – 2e pers. sg. ­(dux-) – 3e pers. sg. (redd-) – 2e pers. sg. (habu-) – 1re pers. pl. (fu-). b. Il a reçu, il reçut – nous avons fait, nous fîmes – j’ai vu, je vis – nous avons travaillé, nous travaillâmes – tu as conduit, tu conduisis – il a rendu, il rendit – tu as eu, tu eus – nous avons été, nous fûmes. Conjuguer les verbes au parfait 4 a. 1re pers. sg. (veni, venisti, venit, venimus, venistis, venerunt) – 1re pers. sg. (vidi, vidisti, vidit, vidimus, vidistis, viderunt) – 1re pers. sg. (vici, vicisti, masc. sg. – 2e décl. neutre sg. b. boni agricolae – magnae irae – parvi servi – novi templi / bone agricola – magna ira – parve serve – novum templum. S’initier à la traduction 8 Parfait dixi Temps primitifs dico, is, ere, dixi, dictum scripsi scribo, is, ere, scripsi, scriptum emendavit emendo, as, are, avi, atum © Magnard, 2010 – Latin 5e – Livre du professeur Passé composé j’ai dit j’ai écrit il a corrigé 77 declinavi egimus dimisit declino, as, are, avi, atum ago, is, ere, egi, actum dimitto, is, ere, misi, missum j’ai décliné nous avons fait il a envoyé 9 a. 1. Servos terruisti : Marce, dominus malus fuisti. 2. Popule Romane, magnum imperium condidisti. 3. Magistri Graeci discipulos Romanos saepe didicerunt. b. 1.Tu as terrorisé tes esclaves : Marcus, tu as été un mauvais maître. 2. Peuple romain, tu as fondé un grand empire. 3. Des maîtres grecs ont souvent éduqué les élèves romains. 10 a. gessit : 3e pers. sg. parfait – habuerunt : 3e pers. pl. parfait – vidisti : 2e pers. sg. parfait. b. 1. Populus Romanus (N. masc. sg., sujet du verbe gessit), multa longaque bella (Acc. neutre pl., COD du verbe gessit ; multa, longa : adj. épithètes du nom bella). 2. Discipuli (N., masc. sg., sujet du verbe habuerunt), varios magistros (Acc. masc., pl., COD du verbe habuerunt ; varios : adj. épithète du nom magistros). 3. In Graecia (Abl. fém. sg., complément circonstanciel de lieu), pulchra templa (Acc. neutre pl., COD du verbe vidisti ; pulchra : adj. épithète du nom templa). c. 1. Le peuple romain a mené des guerres nombreuses et longues. 2. Les élèves eurent des maîtres différents. 3. En Grèce, vous avez vu de beaux temples. d. 1. Populus Romanus multa longaque bella gerit (Le peuple romain mène des guerres nombreuses et longues). 2. Discipuli varios magistros habent (Les élèves ont des maîtres différents). 3. In Graecia pulchra templa videtis (En Grèce, vous voyez de beaux temples). Comprendre le sens des mots 11 Disciplines – magistral – discipline. Cet exercice lexical propose un travail sur l’étymologie et la polysémie. Il importe de faire retrouver la racine de chaque mot. La recherche étymologique se fait aisément à partir des éléments donnés dans le chapitre. On demandera aux élèves une recherche dans un dictionnaire : dégager les différents sens de chaque mot et les reformuler oralement. Discipline : 1) branche de la connaissance (matière, science) ; 2) règle de conduite que l’on s’impose ou que l’on impose pour faire régner l’ordre. Magistral : 1) qui est fait par le maître ; 2) qui manifeste la maîtrise d’une technique, d’un sujet. Compétences – lire et dire en latin – faire la relation entre cas et fonctions, notamment entre vocatif et apostrophe – conjuguer les verbes au parfait de l’indicatif (sum et les 4 conjugaisons) – réinvestir les mots-clés appris (latin) – apprendre des mots nouveaux et structurer l’apprentissage du vocabulaire (français) Culture : Apprendre et jouer pp. 68-69 Cette double page permet de découvrir les deux aspects fondamentaux de l’univers d’un écolier romain : l’étude et le jeu, en liaison étroite avec la notion clé de ludus (manuel p. 64). Tempus ludendi Pour observer ce panneau de sarcophage, on peut reprendre des notions abordées dans la double page histoire des arts consacrée à un sarcophage d’enfant (manuel pp. 60-61). Le texte d’Ovide sera mis en relation avec celui de Perse (manuel p. 63). Litterae La première étape de l’enseignement est l’apprentis­ sage des lettres, apprises dans l’ordre et récitées par leur nom. C’est une phase entièrement orale, au cours de laquelle les enfants mémorisent la succession des lettres par une sorte de récitation chantée (canticum) comme s’ils faisaient des gammes en musique. Même litanie pour l’apprentissage des chiffres : c’est l’occasion d’expliquer qu’à Rome, comme en Grèce, les nombres sont représentés par des lettres (V, X, L, C, D, M, complétées par un ou plusieurs I, selon les calculs). L’activité 12 p. 67 (manuel) est une amusante façon de mettre cette donnée en application (17 > XVII > anagramme de VIXI, « j’ai vécu »). La notion de « belles lettres » qui sous-tend toute la culture romaine, puis européenne, humaniste et classique, est ici simplement évoquée : elle sera développée les années suivantes, en conformité avec les objectifs du programme. On ne manquera pas de faire observer l’amusante terre cuite caricaturant maître et élèves. Le thème de l’âne (asinus) fera le lien avec la lecture conseillée (L’Affaire Caïus) : « Caius asinus est ». Une bonne occasion de montrer que l’humour n’est pas une invention moderne ! Devinette • Du texte à l’image 12 1. XVII 2. dedi – veni – vidi – vici – vixi 3. VIXI : j’ai vécu, d’où le caractère maléfique du chiffre XVII. 1 On observe que les jeux sont « mixtes », comme l’enseignement à l’école élémentaire. Sur la partie 78 © Magnard, 2010 – Latin 5e – Livre du professeur gauche du panneau, on reconnaît cinq fillettes à leur coiffure (cheveux tirés en chignon) et leur vêtement (stola, robe longue). 2 La première partie du jeu de noix (lignes 1-6). 3 Penché en avant, l’enfant s’apprête à lancer une noix pour atteindre l’une des petites pyramides constituées de quatre noix placées devant lui (resituer le gros plan dans la composition du panneau) : c’est exactement ce que décrit Ovide au début de l’extrait. On constate que pour faciliter son geste, l’enfant à relevé sa tunique à l’aide de sa main gauche. Cette représentation fait penser au moderne jeu de la pétanque. 4 La forme d’un triangle (Δ). On fait remarquer qu’on retrouve ici le principe du jeu de la marelle avec des zones (les cases dans le delta) délimitées sur un tracé. 5 L’élève qui a appris à compter en s’aidant de ses doigts utilise aussi de petits cailloux (calculi), d’où notre mot calcul. Avec le boulier (abacus, d’où « abaque »), il apprend à former des opérations numériques diverses. 6 Aléatoire, vient de alea (le dé), d’où le sens de « incertain » parce que « soumis au hasard ». • Activités B2i : faire une recherche sur Internet 1 Au temps de la République romaine, aucun général ne doit franchir la frontière naturelle que constitue le Rubicon (petit fleuve côtier qui se jette dans l’Adriatique et qui sépare la Gaule cisalpine de l’Italie) pour pénétrer en Italie sans l’accord du Sénat, sous peine d’être déclaré ennemi de Rome. Jules César franchit malgré tout le Rubicon le 12 janvier 49 avant J.-C., à la tête de la iiie légion. César joue sa carrière en entrant dans l’illégalité et il a alors compris la valeur symbolique, quasi religieuse et politique de ce cours d’eau ; au moment où il franchit le Rubicon, il se sent habité par une force divine. Voici la célèbre expression telle que la rapporte Suétone : Tunc Caesar : « Eatur, inquit, quo deorum ostenta et inimicorum iniquitas vocat. Jacta alea est. » Allons, dit alors César, allons où nous appellent les prodiges des dieux et l’injustice de nos ennemis : le sort en est jeté ! Suétone, La vie des douze Césars, Vie de César, XXXII. On trouve une amusante adaptation de l’épisode dans le célèbre film de Fellini, Fellini Roma (1972), qui commence par les souvenirs d’un petit provincial franchissant avec sa classe un Rubicon symbolique, sous la houlette du maître en soutane qui fait psalmodier le fameux « Alea jacta est » à ses élèves. 2 Les dés romains se présentent comme les nôtres : le total de deux faces opposées fait 7. Le talus est à l’origine un osselet marqué sur quatre faces (à la différence du tessera marqué sur six) : les chiffres 1 et 6 sont inscrits sur deux faces opposées, et 3 et 4 sur les deux autres (par la suite on utilise aussi des dés ronds sur 2 côtés avec les 4 autres marqués). On joue avec quatre tali à la fois (ou trois tesserae). Le « coup de Vénus », le meilleur, est celui où tous les chiffres sortent différents les uns des autres, tandis que le « coup du chien » est le plus mauvais (chiffres tous identiques), comme en témoigne le poète Properce : Me quoque per talos Venerem quaerente secundos semper damnosi subsiluere canes. Alors que je cherchais Vénus par un heureux coup de dés, c’étaient toujours les maudits chiens qui sautaient en l’air. Properce, Élégies, IV, 8, vers 45-46. Les Romains utilisent aussi un dé à jouer sur lequel sont inscrites les lettres A, D, P et T pour Accipe (prends), Da (donne), Pone (mets) et Totum (prends tout). Au xviie siècle, en France, on l’appelle « le toton ». Le jeu de la jarre ou du tonneau (orca) est évoqué par Perse et Ovide (manuel pp. 63 et 68) : il consiste à jeter un objet dans une cible (comme sur les stands de foire aujourd’hui). Les deux jeux à damier les plus populaires dans Rome étaient « les petits voleurs » (ressemblant à nos échecs) et « les douze lignes » (proche du trictrac). On pariait aussi sur le pair et l’impair, sur pile ou face avec le jeu « navia aut capita » (« têtes ou bateaux ») parce que certaines pièces de monnaie représentaient d’un côté la tête du dieu Janus et de l’autre un navire. Le très populaire « jeu de la mourre » (de mora, retard), évoqué par Pétrone dans son Satyricon, se pratique encore aujourd’hui : deux joueurs se font face ; au signal, chacun forme un nombre compris entre 1 et 5 avec ses doigts brusquement tendus et doit deviner en même temps le total de ses doigts et de ceux de son adversaire. Le « casier d’Archimède » fonctionne sur le principe du puzzle (bien connu dans l’Antiquité) avec quatorze lamelles en bois ou en os, de formes géométriques différentes, à assembler pour obtenir des formes variées (animaux, personnages). À titre de prolongement ludique, on pourra organi­ser un atelier « jeux à Rome » où les élèves mettront en application concrète le résultat de leurs recherches. Compétences – retrouver les informations dans un texte – comprendre des notions et retenir les mots-clés en latin – faire une recherche personnelle et mettre les résultats en application © Magnard, 2010 – Latin 5e – Livre du professeur 79