Une évolution continue des mutations a été observée par
Boucher et coll. chez 18 patients initialement
asymptomatiques qui recevaient de la zidovudine, de telle
sorte qu'au bout d'un certain temps, des souches virales de
résistance élevée ont remplacé celles de faible résistance [2].
La première mutation apparaît transitoirement en pol 70. La
disparition de cette mutation est contemporaine de l'apparition
des mutations en pol 41 et pol 215, et, chez certains patients,
de la réapparition de la mutation en pol 70. Apparemment, un
traitement prolongé est nécessaire avant qu'un virus
partiellement résistant contenant des mutations en pol 41, 70
et 215 ne devienne hautement résistant, en acquérant d'autres
mutations, situées en pol 67 et 219. De fait, ces dernières
mutations sont rarement observées dans les deux premières
années de traitement.
L'étude des prélèvements séquentiels de patients inclus dans
le protocole Concorde a confirmé la rareté des mutations des
codons 67 et 219; elle a montré également que la mutation au
niveau du codon 70 peut persister isolément pendant plusieurs
mois, voire disparaître sans annoncer l'apparition ultérieure de
mutation sur le codon 215, ce qui laisse penser que la
mutation en pol 70 n'a pas de valeur pronostique [3]. La
signification clinique de l'émergence de mutants résistants à
la zidovudine commence à être mieux comprise. Ainsi,
l'apparition d'une résistance pourrait être prédictive d'une
évolution clinique plus rapidement défavorable. Ceci a été
démontré au cours de l'essai ACTG 116B/117 (essais
comparant l'alternance pour la ddl versus la poursuite de la
zidovudine, après au moins 16 semaines de zidovudine, chez
des patients ayant moins de 300 lymphocytes CD4/mm3),
dans lequel les malades (15 %) ayant des isolats de VIH
hautement résistants à la zidovudine (CI50>1 µM) avaient
une aggravation clinique plus rapide, en tenant compte des
facteurs de confusion potentiels que sont la lymphocytémie
CD4 ou encore le phénotype syncytium-inducing [4]. Dans
cette étude, un haut niveau de résistance à la zidovudine était
également un marqueur indépendant de décès. La mutation en
pol 215 apparaît bien corrélée à l'existence d'isolats ayant un
phénotype de résistance in vitro.
¬ Bien que de signification clinique encore discutée, la
mutation en pol 215 serait liée à une augmentation de la
charge virale circulante, à une aggravation clinique ainsi qu'à
http://publications.crips.asso.fr/transcriptase/42_288.htm (3 sur 9) [09/07/2003 12:57:31]