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Couverture : Classique
[Grand format (170x240)]
NB Pages : 108 pages
- Tranche : 2 + (nb pages x 0,07 mm) = 9.56
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Le Trompeur trom
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Ismaël Ben-Mesbah
9.56 663492
Ismaël BEN-MESBAH
Le Trompeur trompé
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Le Trompeur trompé Ismaël BEN-MESBAH
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Du même auteur :
Chronique de société :
– Sous le goudron, les pavés. 2011. Edilivre.
Nouvelles :
– Il était une fois les voisins. (Recueil de 12 nouvelles) 2012. Edilivre.
Contes et Légendes de Vendée :
Le Chevalier vengeur. (Prix du jury au salon du livre de Barbâtre – 85 –)
Octobre 2013.
Roman :
– La démesure. (Saga familiale) 2014. Edilivre.
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Avant-propos
Printemps 1967. Quartier Latin. Je venais de rejoindre dans un bistrot
quelques camarades de fac et deux autres du conservatoire. Le garçon qui
connaissait nos habitudes m’apporta mon café expresso. Après les
plaisanteries d’usage, je leur mis sous le nez un article paru dans une revue
d’histoire que signait un académicien de renom et que je venais de lire avec
intérêt dans le métro.
Cet article parlait de Molière, l’homme de théâtre prolifique, qui selon
son auteur n’aurait pas écrit lui-même ses pièces, laissant ce soin à
Louis XIV, qui l’avait pris sous sa protection. Il avait, pour justifier ces
affirmations, cité plusieurs pistes, l’une d’elles étant sa mise de bonne heure
en apprentissage dans la boutique familiale pour succéder plus tard à son
père tapissier. Il ne savait alors que lire, écrire et calculer, des connaissances
suffisantes pour la profession. Mais pas pour devenir un écrivain de renom.
Cet académicien semblait oublier que le jeune Poquelin avait un grand-
père paternel amateur de théâtre, qui le menait quelquefois à l’Hôtel de
Bourgogne voir des pièces de haut comique ou de farce. Il était toujours
triste de retour à la maison, à l’idée qu’on le destinait à une profession qui
ne l’inspirait pas. Il en parla à son père, lequel encouragé par le grand-père,
prit la sage décision de mettre Jean-Baptiste dans une pension, d’où il suivit
comme externe des études dans le collège de Clermont, dirigé par les
Jésuites. Il y resta cinq ans pour parfaire ses études et y fit d’intéressantes
connaissances, dont celle du prince de Conti qui s’en souviendra par la
suite et obtiendra de son aîné, le Grand Condé, de protéger jusqu’au bout
Molière.
Il fut l’un des plus créatifs des génies, le plus inventif aussi. On lui
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reprochait déjà de voler la moitié de ses œuvres aux vieux bouquins, pour
avoir vécu sur la farce italienne et gauloise. Je ne vais pas refaire son
parcours, mais il me suffira de rappeler ce jour où Louis XIV demanda à
Boileau quel était le plus rare des grands écrivains, qui auraient honoré la
France durant son règne et qui s’entendit répondre sans hésiter par le juge
rigoureux : « Sire, c’est Molière. »
Il se donna la liberté, avec sa troupe de livrer au rire la vieille société, sa
fatuité, la piété, le mariage, l’inégalité conjugale, et ce grâce, dans ses
tentatives hardies et familières, au jeune Louis XIV qui le protégea de tous.
Cela ne signifiait guère que c’était le souverain qui écrivait lui-même les
pièces comme le Tartuffe, sur l’hypocrisie et le vice.
Il se rattachait à son siècle, s’y adaptait et en sortait avec panache. Ses
contemporains, Boileau, Racine, Bossuet sont plus spécialement des
hommes de leur temps. Molière n’entrait dans aucune réaction religieuse
ou littéraire, comme eux. Il était plus du monde de Ninon de Lenclos qui
ouvrait son salon aux libres penseurs, de madame de la Sablière, avant sa
conversion dont le salon de la Folie-Rambouillet rassemblait la meilleure
société tels que Racine, Boileau, Perrault ou encore Marie de Sévigné, pour
ne citer qu’eux. Molière recevait à Auteuil de jeunes seigneurs libertins, se
permettait de faire dire à son don Juan le fameux mot qu’il retira pour
avoir provoqué une levée de boucliers : « Tu passes ta vie à prier Dieu et tu
meurs de faim, prends cet argent, je te le donne pour l’amour de
l’humanité. »*
Alors, si comme le soutenait l’académicien, les pièces étaient de
Louis XIV, aurait-on osé y toucher ? Le roi l’aurait-il seulement autorisé ?
Molière pouvait-il fréquenter tout ce monde d’érudits, s’il ne pesait lui-
même du poids de son érudition ? Déjà avant lui, un autre de ses illustres
aînés, je veux nommer Shakespeare, avait été accusé de plagiat. La paternité
de son œuvre avait été contestée par des plumes respectables de Twain, de
Dickens ou Borges, alléguant du peu d’éléments qui pouvaient justifier une
telle prolifique production de ce bourgeois de province, acteur et monteur
de spectacles. On avait tout dit de lui, même qu’il était juif et Italien.
Un débat enflammé avec mes camarades s’en suivit. Chacun de nous
donna ses impressions, fit connaître ses convictions ; les miennes étaient
simples. Pour avoir lu les œuvres complètes de Molière, plusieurs
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biographies dont il avait été l’objet, et convaincu que l’auteur de l’article se
fourvoyait dans une erreur monumentale, je leur soutins que n’importe
quel amoureux de ce genre de théâtre pouvait s’en inspirer et en tirer une
pièce dans le même style,
Loin de moi – entendons-nous bien – la prétention d’avoir ne serait-ce
qu’un peu de talent encore moins de génie de cet homme, mais pour
honorer sa mémoire, je fis le pari à mes camarades de leur présenter dans
les trois mois qui suivaient une pièce en vers dans laquelle j’allais mêler le
marivaudage au vaudeville. Le pari fut tenu. « Le trompeur trompé », pièce
en cinq actes, qui n’en demeure pas moins une parodie, fut lue « en avant-
première » par M. Maurice Escande, administrateur de la Comédie
Française, qui me fit le grand honneur de m’encourager à la publier ; ce qui
fut fait à la « Pensée Universelle. » La suite quant à elle fut ponctuée
d’agréables surprises. Mais ça, est une autre histoire.
L’auteur
*Source : Sainte-Beuve et Albert Demazière, Molière œuvres complètes
(Éditions de Crémille).
Origine illustration de la couverture : Archives Bibliothèque Nationale.
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