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monde affamé, sans renoncer à notre surplus. Ainsi nous mendierions le pain pour les
pays lointains, sans consentir à un partage de nos propres biens.
Il est possible que lors du partage des cinq pains et des deux poissons d’autres
personnes de la foule se soient jointes aux disciples pour partager ce qu’elles avaient, elles
aussi, et qu’ainsi toute la foule eût de quoi se nourrir, laissant même un surplus. Le
partage des mets, provenant de chacune des personnes présentes lors d’une rencontre
festive, comme cela nous arrive à l’occasion, ne se traduit-elle pas toujours en
surabondance. Il en reste tout le temps.
En écoutant la réponse de Jésus : «donnez-leur vous-mêmes à manger», nous
sommes amenés à considérer nos propres possibilités, afin de tout tenter par nous-
mêmes. Nous sommes appelés à prendre en main nos propres responsabilités, car les
êtres humains sont librement maîtres de l’univers, selon la Bible. Et plus on est riche
financièrement, plus on peut partager. Quand on a cinq talents, on n’en fait pas fructifier
un ou deux, mais tous les cinq, pour mieux les partager avec d’autres.
Une fois que les disciples eurent obéi à Jésus, une fois qu’ils se furent
dépouillés de leurs quelques pains et poissons, Jésus, à la manière de Dieu, a favorisé le
partage. Il rompit les pains, les bénit, les donna aux disciples, les disciples les donnèrent à
la foule, la foule étant ainsi entraînée à partager ce qu’elle avait en réserve. Et tous
mangèrent à leur faim; il en resta douze corbeilles, symbole des douze tribus d’Israël. Le
miracle, s’il y en eut un, ne fut-il pas que toutes les personnes présentes aient partagé ce
qu’elles avaient? Comme le prophète Ésaïe l’avait annoncé, Yahveh ne demande pas
mieux que de nous combler : « mangez de bonnes choses, régalez-vous de viandes
savoureuses. Venez à moi. Écoutez et vous vivrez », comme nous avons entendu en
première lecture.
C’est ainsi que la toute-puissance de Dieu s’accomplit à travers nos gestes de partage :
partage de nos avoirs, de nos connaissances, de nos pouvoirs, de nos savoirs, en somme
de nos diverses richesses.
Poursuivons cette eucharistie avec l’espérance que le Seigneur nous rassasie de
sa tendresse, pour autant que nous fassions d’abord notre part, envers les êtres humains
d’ici et d’ailleurs de quelque peuple que ce soit. Rendons-nous compte, par exemple, que
par nos impôts les gouvernements fédéral et provincial versent à l’occasion des dons
alimentaires à des populations dans le besoin. Des organismes, tels que Développement
et Paix, font de même grâce à nos dons. Ce sont là quelques-unes des nombreuses façons
de partager. Si nous poursuivons dans ce sens, individuellement et collectivement, nous
pourrons affirmer, comme saint Paul nous l’a tantôt rappelé : « rien ne pourra nous
séparer de l’amour de Dieu, qui est en Jésus Christ notre Seigneur », car Dieu nous invite
à partager, lui qui ne cesse de partager ce qu’il est avec l’humanité, et ce de multiples
façons. Sans nous prendre pour Dieu, soyons des signes sensibles de lui à la manière de
Jésus. Amen.