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logiques, dans lesquelles la forme des symboles est arbitraire – ce qui confère à
ces systèmes, par opposition aux premiers, une plus grande universalité. Font
partie du premier type : les figures en mathématique ou les schémas en physi-
que, les icônes des interfaces homme/machine, les panneaux routiers, ou
encore, certains symboles de notation musicale, etc. ; et il y a une grande
variété de représentations iconiques différentes, allant des cartes géographiques
aux schémas de composants électroniques, en passant par les cadrans horaires.
Mais la distinction entre les deux types de représentation sur la base de la
forme des symboles n’est pas claire. Les systèmes iconiques utilisent des
représentations dont la forme importe, mais également des symboles conven-
tionnels et arbitraires, et toutes les relations spatiales présentes sur une figure
n’ont pas nécessairement de signification (ni « la même » signification). Rela-
tivement au calcul, les systèmes logiques et linguistiques incorporent eux aussi
une dimension géométrique, puisqu’ils manipulent des suites linéaires de
symboles, où l’ordre et la place relative des termes sont essentiels1. Une partie
des symboles utilisés, comme les flèches ou les parenthèses, y ont d’ailleurs un
caractère iconique indéniable. Il y a donc différents degrés d’iconicité.
Comme le souligne Barbara Tversky (dans Tversky, 2003), bien avant le
langage écrit, une multitude de marques picturales de toutes sortes ont existé :
peintures rupestres, entailles sur des os, empreintes sur de l’argile, sur du bois.
Ces éléments picturaux devaient être utilisés pour communiquer, garder trace
d’événements dans le temps, enregistrer la propriété ou des transactions, situer
des lieux, enregistrer des chansons ou des paroles, et dans beaucoup d’endroits
du monde, l’utilisation de dessins pour communiquer s’est développée en de
complets langages écrits.
Mais si les dessins utilisés avaient originairement une relation de ressem-
blance avec les objets qu’ils représentaient, tous ces langages ont dû trouver les
moyens de représenter des choses abstraites, comme les noms propres, la
quantification, la causalité, la négation, etc. Au fur et à mesure que les picto-
grammes ont évolué en langages écrits, ils sont devenus plus schématiques et
ont perdu peu à peu leur caractère iconique. Une telle métamorphose eut de
formidables avantages : réduire le nombre de marques à apprendre, permettre
de représenter des concepts abstraits (difficiles à schématiser par un dessin), et
finalement permettre de représenter la parole elle-même. Les caractères sumé-
riens par exemple, se transformèrent et utilisèrent les marques initiales pour
schématiser des sons plutôt que les objets eux-mêmes.
Selon Tversky, avec l’avènement de l’alphabet, et plus tard de l’imprimerie,
la transmission textuelle devint prépondérante dans la communication, et les
figures plus décoratives que communicatives. Aujourd’hui, en partie à cause du
développement des technologies pour créer, reproduire et transmettre des
images, les dessins, figures et autres moyens de visualisations sont à nouveau
en vedette. Mais l’augmentation des représentations picturales dans la commu-
nication est aussi due à la découverte, relativement récente, que ces
représentations peuvent également véhiculer des sens abstraits au moyen de
métaphores spatiales et visuelles. L’utilisation de l’espace permet en effet de
1 Dans les logiques intuitionnistes comme la logique linéaire, les règles sont bidimensionnelles et ont
des propriétés géométriques (une preuve est identifiable à un réseau). Cependant, ces propriétés sont des
« métapropriétés » indépendantes des propriétés du monde représenté, mais elles peuvent être utilisées
pour guider ou fonder des démonstrations.