Un Peuple - Un But Une Foi
MINISTERE DE L’ECONOMIE DES FINANCES
ET DU PLAN
DIRECTION GENERALE DE LA PLANIFICATION ET
DES POLITIQUES ECONOMIQUES
DIRECTION DE LA PREVISION ET DES
ETUDES ECONOMIQUES
Document d’Etude 35
COMPOSITION OPTIMALE DES
DEPENSES PUBLIQUES AU SENEGAL
DPEE/DEPE @ septembre 2016
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Résumé
L’objectif du document est de déterminer la composition optimale des dépenses publiques au
Sénégal à travers un modèle DSGE. Ainsi, les résultats montrent que la meilleure composition
des dépenses de l’Etat réparties entre celles courantes et d’investissement est respectivement
de l’ordre de 20% et 80% sur chaque hausse annuelle. Par ailleurs, la configuration des
investissements en termes de capital physique et humain devrait selon le même ordre
d’énumération être de 68% et 32%. Ces mutations devront progressivement modifier la
structure des dépenses publiques et permettront aux investissements d’être gèrement
supérieurs dans le budget de l’Etat, soit 51% (contre 49% pour les dépenses courantes) en
2024. Cette nouvelle structure devrait permettre d’atteindre une croissance économique plus
élevée (soit une contribution d’environ 3% en moyenne) tout en minimisant les besoins de
financement et en réduisant les inégalités sociales au Sénégal.
Mots clés : dépenses publiques, investissement public, DSGE, composition optimale, dépenses courantes
Classification JEL : C54, E62, H21
Abstract
The aim of this document is to determine the optimal composition of public spending in
Senegal through a DSGE model. The results show that the best allocation in each annual
increase of total public expenditure between public consumption and investment is
respectively 20% and 80%. Furthermore, the optimal structure of public investment in
physical and human capital would be respectively 68% and 32%. These modifications will
gradually change the composition of public expenditure and will lead to a level of investment
that is slightly above current expenditure in the government budget, 51% (versus 49% for
current expenditure) in 2024. This new composition would offer highest growth rate (average
contribution of around 3%) while minimizing public financing requirements and reducing
social inequalities in Senegal.
Keywords: public spending, public investment, DSGE, optimal composition, current spending
JEL Classification: C54, E62, H21
Composition optimale des dépenses publiques au Sénégal
Par Babacar DIAGNE, Dame THIAM et Raqui WANE
septembre 2016
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I. Introduction
La politique budgétaire est l’un des instruments les plus couramment utilisés dans la mise en
œuvre des politiques économiques. Elle consiste à agir sur les dépenses publiques ou la
pression fiscale pour affecter l’économie. A cet égard, elle peut être contra cyclique ou pro
cyclique selon le mécanisme de mise en œuvre. En effet, la politique budgétaire pro cyclique
augmente les dépenses publiques et diminue les taxes en période d’expansion économique.
Contrairement à la phase de récession l’Etat diminue ses dépenses et augmente la pression
fiscale. Cela fût le cas des pays en développement durant la période des ajustements
structurels. En ce qui concerne la politique budgétaire contra cyclique, elle est expansive pour
booster l’économie en cas de ralentissement de l’activité et restrictive en cas de surchauffe.
La politique budgétaire repose essentiellement sur la théorie keynésienne qui a développé le
concept d’Etat-providence par lequel il consacre un rôle d’acteur économique au
gouvernement pouvant influencer positivement la conjoncture. En effet, elle a souvent été
utilisée comme un instrument majeur par les décideurs durant les plus grandes crises
économiques ayant marql’histoire, notamment celle des années 30. En guise d’illustration,
la politique budgétaire fut au cœur du modèle de sortie de crise proposé par Keynes et a
permis aux pays occidentaux de réaliser des performances économiques sur une longue
période communément appelée les 30 glorieuses. En outre, le multiplicateur budgétaire qui
représente la contribution des dépenses publiques à la création de richesses est étroitement lié
à la structure et au contexte des économies. Mendoza et al. (2010) montrent que le
multiplicateur budgétaire est plus faible dans les pays en développement que dans les
économies développées. Par ailleurs, l’impact des chocs de dépenses publiques sur le revenu
des pays varie selon le type de régime de change adopté. A cet égard, le multiplicateur
budgétaire est plus grand pour les pays choisissant un régime de change fixe que pour ceux
optant pour un change flexible. Ce constat empirique est le fruit des caractéristiques liées à
chaque régime. Autrement dit, en régime de change fixe, la politique monétaire est passive et
souvent plus compatible avec celle budgétaire, alors qu’en régime flexible, la politique
monétaire peut être à l’origine d’un effet de compensation qui vient annihiler les retombées
économiques qu’engendrerait un choc de dépenses publiques. Les analyses empiriques
montrent également qu’un degré d’ouverture et une trop forte dépendance vis-à-vis de
l’extérieur tendent à diminuer l’impact de la politique budgétaire sur la croissance et
aggravent le déficit dans la longue durée. En effet, la politique budgétaire est un instrument
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primordial en matière de conduite de stratégies de développement pouvant permettre
d’atteindre plusieurs objectifs notamment une croissance élevée et soutenue. A cet égard, le
succès des politiques passe inéluctablement par une utilisation optimale des ressources à
travers des dépenses ciblées permettant d’obtenir les meilleures performances économiques.
Dès lors, la question d’une composition optimale des dépenses publiques se pose entre celles
courantes et celles d’investissement pour assurer la stabilité macroéconomique et la création
de richesses compte tenu de la rareté des ressources. Selon le NRF (Natural Resource Funds)
qui vise principalement la stabili macroéconomique et celle des finances publiques, les
ressources des Etats doivent être utilisées de manière rationnelle en termes de consommation,
d’investissements en infrastructures et/ou en capital humain, de transferts sociaux, etc. Cela
devrait notamment permettre aux pays en développement riches en ressources naturelles,
ces dernières constituent la principale source de financement de l’Etat, de dissiper les craintes
liées à la viabilité (due à la dépendance vis-à-vis de l’extérieur) et l’efficience des finances
publiques.
En Afrique, plusieurs pays ont réalisé des performances économiques et budgétaires
remarquables durant la dernière décennie. En effet, dans une étude de la Banque Mondiale
réalisée par Brahmbhatt et Canuto (2012), plus de 70% des Etats ont réalisés des soldes
budgétaires primaires excédentaires. De même, le ratio de la dette publique par rapport au PIB
a connu une baisse vertigineuse imputable notamment à une croissance économique soutenue,
des investissements publics productifs, des réformes du système fiscal et aux initiatives
d’allègement de la dette (dont l’initiative PPTE). Cependant, avec l’avènement de la crise
mondiale, les recettes publiques ont considérablement baissé. Cela constitue une entrave
majeure au développement et devrait pousser les autorités à opter pour une utilisation
optimale des ressources notamment par le biais de dépenses publiques porteuses de
croissance.
Dès lors, la difficulté principale réside dans la stratégie à adopter en matière de politique
budgétaire pour atteindre les objectifs de développement socio-économique. Par exemple, une
manière de promouvoir l’investissement privé pourrait être d’inciter les Etats à investir dans
le capital humain ou dans les infrastructures de support à la production. Une autre manière de
booster l’activité du secteur privé pourrait aussi consister à augmenter les dépenses de
consommation de l’Etat et par voie de conséquence offrir une demande effective incitant à
l’investissement. Ceci dit, les deux composantes des dépenses étatiques sont des leviers de
politique publique capables d’agir sur le niveau d’activité. Mais la contrainte de ressources
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impose un arbitrage pour déterminer la part de chacune d’elle dans les dépenses totales de
l’Etat pour aboutir à la composition efficiente, dautant plus que l’amplitude et l’étendue de
l’impact d’un choc de dépenses gouvernementales sur l’économie diffèrent selon la
composante stimulée.
Au Sénégal, l’appartenance à l’UEMOA qui constitue l’organe principal devant conduire la
politique d’intégration économique des Etats membres (dont celle monétaire confiée à la
BCEAO), réduit les instruments à la disposition de l’autorité publique. De fait, la politique
budgétaire devient l’outil incontournable pour mettre en œuvre des programmes de
développement socioéconomique susceptibles d’améliorer le niveau de vie de la population.
C’est dans ce contexte que les dépenses publiques ont connu une forte augmentation passant
environ de 18% à 30% du PIB depuis les années 2000, avec une progression plus ou moins
erratique (sur la période récente, des hausses de 21%, 2% suivies d’un repli de -1%
respectivement en 2005, 2008 et 2012). La mise en œuvre d’une telle politique qui avait
comme objectif phare de stimuler l’activité économique et de favoriser la création de
nouvelles niches de richesses, n’a cependant pas permis d’atteindre les objectifs de croissance
espérés qui peinent à dépasser les 5%. Le Sénégal figure parmi les pays en développement se
caractérisant par des taux de croissance relativement faibles malgré des ratios de dépenses
publiques par rapport au PIB élevés. De plus, les dépenses publiques courantes occupent une
place importante dans le budget soit un peu plus de 60% des dépenses totales, même si depuis
plusieurs décennies elles baissent au profit des dépenses en capital. Cela semble indiquer un
problème d’optimisation des ressources pour davantage impacter la croissance économique.
Même si, les statistiques montrent une relation positive liant les dépenses de l’Etat au PIB, des
améliorations considérables doivent être réalisées via des réformes sur les dépenses publiques.
Dans le nouveau cadre de référence de la politique économique et sociale en l’occurrence le
Plan Sénégal Emergent (PSE), l’Etat compte davantage rationaliser les dépenses publiques en
optimisant leur composition via notamment la suppression de certaines dépenses jugées
faiblement productives pour assainir les finances publiques, dans un contexte de rareté des
ressources. En outre, les mesures de rationalisation devraient être accompagnées d’une hausse
considérable des dépenses d’investissement du fait de la mise en œuvre des projets inscrits
dans le PSE.
Mais, jusqu’à quel niveau les dépenses d’investissement devront-elles augmenter au détriment
des dépenses courantes? En d’autres termes, quel est le niveau optimal de chacune des
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