Les enjeux de la massification des solutions innovantes pour la
rénovation des bâtiments
Le bâtiment représente 44 % de la consommation d’énergie et contribue à 30 % des
émissions de gaz à effet de serre. Il y a urgence à diviser par quatre la réduction de
ces émissions d’ici à 2050 si l’on souhaite limiter la hausse du réchauffement.
Plusieurs constats s’imposent :
1) 23 000 logements sont rénovés chaque année dans la région Rhône-Alpes, loin de l’objectif
des 100 000 fixés par le Schéma régional climat-air-énergie.
2) 14 % des entreprises du BTP sont reconnues RGE. Une dynamique s’amorce : elles
n’étaient que 5 % un an plus tôt. Soit 5500 entreprises sur 62 000 environ.
3) 4 à 8 millions de Français souffrent aujourd’hui de précarité énergétique. Ce sont 400 000
personnes sur la région Rhône-Alpes.
4) seulement 1,5 % des travaux de rénovation ont été financés par un prêt à taux zéro dans
la région.
Malgré les politiques et les moyens mis en œuvre, notamment à l’échelle des EPCI, la
réponse reste faible.
L’efficacité énergétique, un enjeu territorial
Pour Alain Maugard, Président de Qualibat, organisme français de qualification des
entreprises du bâtiment, « le réchauffement climatique est la question du siècle ». Il importe
donc de trouver des débouchés pour l’innovation dans la rénovation des bâtiments.
« Grâce au Grenelle, la société a réglé la question énergétique, mais elle cale sur les émissions
de gaz à effet de serre. La question carbone impacte la question énergétique : ces deux
aspects sont imbriqués et complémentaires », a expliqué Alain Maugard. Il est nécessaire
de s’attaquer immédiatement à la valeur carbone du bâtiment, en portant ses efforts sur
l’énergie grise de la construction. Il faut aujourd’hui 50 à 100 ans d’exploitation d’un
bâtiment pour couvrir le carbone dépensé lors de sa construction. Ainsi, à force de
s’attaquer à la sobriété énergétique des bâtiments, leur potentiel carbone s’accroît de
manière très forte.
Alain Maugard estime que la question énergétique se règlera à l’échelle territoriale. Un
changement de société est à prévoir, par la décentralisation de la production d’énergie,
avec un rapprochement, voire une coopération entre le producteur et le consommateur.
Le numérique va permettre de régler l’équilibre à tout moment entre production et
consommation. Par ailleurs, l’arrivée des énergies renouvelables ira de pair avec des
nouvelles règlementations de consommation. De même, les BEPOS joueront le rôle
« d’amortisseur » de ces énergies renouvelables, par nature non continues.