NUTRITION La face cachée des édulcorants Par Caroline Allen Coordonnatrice en nutrition Nautilus Plus Avec l’aide de Marilou Morin-Laferrière, stagiaire en nutrition (Université McGill) Il était une fois… le sucre à la crème de grand-mère, la tarte au sucre de la belle-sœur et la confiture exquise de tante une telle! Avons-nous perdu le goût pour le sucre par peur des caries et des calories? On se demande alors si les édulcorants peuvent venir à notre rescousse et nous permettre de nous sucrer le bec sans souci? Ces édulcorants ont plusieurs dénominations, mais ce qui les distingue tous est leur pouvoir sucrant et leur faible valeur énergétique. Examinons certains d’entre eux pour découvrir leur face cachée et toute la vérité! L’ASPARTAME (CONNU SOUS LES MARQUES ÉGALMC ET NUTRASWEETMC) Bien populaire, mais souvent pointé du doigt, ce substitut de sucre est apparu sur le marché en 1981. L’aspartame contient autant de calories que le sucre, mais son pouvoir sucrant nettement supérieur permet d’en utiliser de très petites quantités pour adoucir les aliments. La dose journalière acceptable établie par Santé Canada pour cet édulcorant est de moins de 40 milligrammes par kilogramme de poids. Même si les études ne soutiennent pas les allégations négatives des médias à l’égard de l’aspartame, il vaut mieux faire preuve de précaution quant à son usage. Consultez la liste des ingrédients dans les aliments pour connaître leurs dosages d’aspartame. L’ACÉSULFAME-POTASSIUM (OU ACÉSULFAME-K) Introduite dans le spectre alimentaire à la fin des années 1980, cette substance est 200 fois plus sucrée que le sucre, mais n’apporte aucune calorie puisque l’organisme ne la métabolise pas. Les fabricants de boissons gazeuses, de bonbons et de gommes à mâcher utilisent l’aspartame et l’acésulfame-potassium pour sucrer leurs produits. Par mesure de précaution, il serait sage d’en limiter la consommation à 15 milligrammes par kilogramme de poids par jour. Par exemple, une canette de boisson gazeuse peut contenir entre 30 et 50 milligrammes d’acésulfame-potassium. LE SUCRALOSE (ALIAS SPLENDAMC) Cet autre succédané a suivi la tendance des « faux sucres »; il est arrivé sur nos étagères en 1992. Le sucralose est le plus sucré du groupe : on estime qu’il est 600 fois plus sucré que le sucre. Le corps ne reconnaît pas cette molécule modifiée, ce qui empêche son absorption et annule son impact énergétique. Il est aussi le seul édulcorant à survivre à la chaleur; il est donc privilégié pour les produits cuisinés. D’après la recommandation gouvernementale, il faut s’abstenir d’en prendre plus de 9 milligrammes par kilogramme de poids par jour. Attention aux sachets de SplendaMC pour le café qui contiennent chacun 12 milligrammes de sucralose! NUTRITION (suite…) LE STÉVIA Les populations d’Amérique du Sud et d’Asie utilisent depuis toujours le stévia comme adoucissant naturel. Sa situation est toutefois précaire au pays car Santé Canada approuve le stévia et ses dérivés seulement comme ingrédients non médicinaux dans les produits de santé naturels. Il n’est donc pas encore approuvé comme additif alimentaire. Le stévia est aussi sucrant que l’acésulfame-potassium mais contribue tout de même une quantité minime de calories. Voilà la preuve que tout ce qui est naturel n’est pas nécessairement sécuritaire… UNE FINALE SUCRÉE La liste des édulcorants risque fort de s’allonger si on se fie à l’intérêt de l’industrie alimentaire et des consommateurs pour des douceurs sucrées sans remords. Ces «semblants» de sucre peuvent servir à diminuer votre consommation de sucre pourvu de ne pas tomber dans l’excès. Encore une fois, regardez les étiquettes pour savoir ce que vous mettez dans votre assiette! LES AUTRES ÉDULCORANTS : PAS JUSTE DU BONBON Les polyalcools comme le sorbitol, le maltitol et le xylitol peuvent avoir un effet laxatif lorsque l’apport dépasse les 10 grammes par jour. On dépasse rapidement cette limite en consommant une dizaine de gommes à mâcher. D’autre part, les femmes enceintes devraient éviter complètement les cyclamates et la saccharine. À l’aube des nouvelles recherches, Santé Canada reconsidère actuellement l’innocuité de la saccharine. Puis, le dossier des cyclamates (connus sous les noms de Sweet’N LowMC ou Sugar TwinMC) est toujours sous enquête...