Journal Identification = MET Article Identification = 0414 Date: August 29, 2013 Time: 5:9 pm
dopamine en norépinéphrine, ce qui peut rendre compte
des troubles du comportement et de l’humeur observés au
cours du scorbut. D’autres actions sont décrites :
–une intervention dans le catabolisme de la phényla-
lanine et du cholestérol vers les acides biliaires ;
–une augmentation du métabolisme des toxiques et
carcinogènes par le cytochrome P450 hépatique.
L’acide ascorbique favorise l’absorption du fer non
héminique (réduction des ions ferriques en ions ferreux et
chélation des ions ferriques) et joue un rôle dans la mobi-
lisation du fer d’un compartiment à l’autre (fer circulant lié
à la sidérophiline et fer de réserve lié à la ferritine). La vita-
mine C est un des quatre antioxydants de l’alimentation
avec la vitamine E, le bêtacarotène et le sélénium, et parti-
cipe à la dégradation des radicaux libres oxygénés, ce qui
assure une protection contre les agents toxiques pour la
cellule.
Quelle est la prévalence
de l’hypovitaminose C ?
Les études réalisées dans les années 1970 au
Royaume-Uni montraient que 50 % des personnes âgées
vivant à domicile avaient une ascorbémie inférieure
à 2 mg/L (tableau 1) [18]. Dans une étude réalisée
sur 1 108 sujets (non hospitalisés) en région parisienne
(Val-de-Marne 1994), Hercberg et al. [19] mettaient en
évidence une ascorbémie inférieure à 2 mg/L chez 5 %
des femmes et 12 % des hommes, pourcentage atteignant
15 % des femmes et 20 % des hommes après 65 ans.
Johnston et Thompson [20] notaient6%desujets carencés
(<2 mg/L) et 30,4 % de sujets déplétés dans une popula-
tion «en bonne santé »de la classe moyenne américaine
en 1998. Nous avons objectivé, dans une étude pros-
pective de 184 patients hospitalisés dans un service de
médecine interne de Seine-Saint-Denis [21], une hypovi-
taminose C dans 47,3 % des cas (ascorbémie <5 mg/L) et
une carence (ascorbémie <2mg/L) dans 16,9 %. Plus de
100 000 cas de scorbut ont été répertoriés dans les années
1990 parmi les réfugiées de la corne de l’Afrique [22]. Les
taux d’ascorbémie varient en fonction de la saison avec
des valeurs plus basses pendant les périodes hivernales où
il est plus difficile de se procurer des fruits et des légumes
frais [23].
Quelles sont les circonstances
qui favorisent la carence en vitamine C ?
Diminution des apports
Elle est la conséquence du mode de vie ou de condi-
tions socio-économiques particulières. Les hommes seuls,
les personnes âgées, les éthyliques et les sujets ayant des
régimes alimentaires volontairement restrictifs sont prin-
cipalement atteints (tableau 2). Un certain nombre de
facteurs de risque de carence ont été identifiés dans notre
étude menée en milieu hospitalier ; en analyse univariée
(le sexe masculin, le fait d’être retraité ou chômeur, d’avoir
une maladie infectieuse et une consommation alcoolo-
tabagique excessive) et en analyse multivariée : la retraite
et la consommation excessive d’alcool et de tabac [21].
La prédominance masculine de l’hypovitaminose C est
notée également par Jacob et al. [24] alors que Johns-
ton et Thompson [20] ne trouvent pas de différence entre
les deux sexes. Le tabac diminue l’absorption et aug-
mente le catabolisme de la vitamine C avec un turnover
journalier de vitamine C pour les gros fumeurs (plus de
20 cigarettes par jour), 40 % supérieur à celui enregistré
chez les non-fumeurs [25]. Schectman [26] montre que
les fumeurs ont trois fois plus de carence en vitamine C
et considère que leur apport quotidien doit être supérieur
à 200 mg par jour. L’influence du tabac n’est pas retrou-
vée par Lowik et al. [27] mais ils étudient une population
très sélectionnée de femmes âgées. Dans notre étude, c’est
la consommation excessive de tabac et d’alcool qui était
significativement associée à l’hypovitaminose C. Kallner
et al. [25] montrent également que l’alcool augmente les
besoins.
Tableau 2. Carence en vitamine C :
populations à risque et facteurs favorisants.
Diminution des apports
Hommes seuls
Sujets âgés
Sans domicile fixe
Consommation excessive d’alcool et de tabac
Troubles psychiatriques : psychose, anorexie mentale...
Maladies cachectisantes : cancer, sida...
«Fast-fooder »et autres régimes déséquilibrés
Alimentation parentérale exclusive non supplémentée
Augmentation du métabolisme
Fumeurs
Diabétiques
Hémodialyse et dialyse péritonéale
Diminution de l’absorption
Maladie de Crohn
Maladie de Whipple
Maladie cœliaque
Augmentation des besoins
Surcharges en fer
Croissance, grossesse, allaitement
Fausses carences (redistribution de la vitamine C plasmatique
vers les leucocytes)
Syndromes inflammatoires
mt, vol. 19, n◦3, juillet-août-septembre 2013 181
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