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GENESE
Ivresse(s) est un montage réalisé à partir de trois textes de Falk Richter : Ivresse (2012), Protect me et
Play loud (extraits). Les thèmes les plus récurrents de l’œuvre de Falk Richter y sont déclinés :
« système en crise, système de la crise », relations humaines, rapport à l’écriture théâtrale et à la
représentation, révoltes, désirs, récupération… Tout d’abord travaillé dans le cadre d’un atelier, le
texte est repris avec 7 comédiens-musiciens-danseurs pour trouver son aboutissement dans une mise
en scène « libre de toute contrainte et de toute règle » (Jean-Claude Fall) ;
LE POINT DE VUE DE JEAN-CLAUDE FALL (extrait du dossier de presse)
« Cet ensemble de textes se présente, comme c’est souvent le cas chez Richter, sous forme de
matériau à assembler, dissocier, pendant le processus de la répétition.
(…) Pas de fiction autre que par bribes. Pas de continuité narrative ou discursive. Pas de continuité
stylistique autre qu’une exigence extrême d’engagement physique (danse et musique). Un humour de
tous les instants. Quelque chose de joyeux et d’iconoclaste. » (14 01 2015)
QUELQUES INFORMATIONS SUR JEAN-CLAUDE FALL
Directeur de compagnie, Jean-Claude Fall crée en 1982 le théâtre de la Bastille, lieu dédié à la création
et à l’émergence théâtrale et chorégraphique. En 1989, il dirige le théâtre Gérard Philippe de Saint-
Denis où il accueille des compagnies en résidence, et monte ses propres recherches et de nombreuses
productions. Il est nommé en 1998 à la tête du Théâtre des Treize Vents, où il crée une troupe de
comédiens permanents. En 2010, il crée sa propre compagnie, La Manufacture - Compagnie Jean-
Claude Fall.
Jean-Claude Fall privilégie les textes du XXème siècle, sa démarche artistique s’attachant à la
responsabilité qui incombe à la prise de parole publique qu’est la représentation. Il est également
comédien.
LA MISE EN SCENE ET LE LIEN AVEC LE THEÂTRE NEO-DRAMATIQUE
Les 7 participants sont aussi musiciens (instrumentistes et/ou chanteurs), équipés de Smartphones
aussi utilisés comme torches électriques, caméras et micros.
Le décor est constitué par un espace nu, trois portes au lointain ; écrans de projection disséminés,
plusieurs vidéoprojecteurs et une caméra ; ordinateurs ou tablettes ; éclairage de service de la scène
et de la salle. Les acteurs filment, enregistrent, éclairent et sonorisent eux-mêmes.
Le théâtre postdramatique, proposait déjà un texte fragmentaire, hésitant et doutant de son
« autorité », gagnant en épaisseur de sens induit. Le développement des technologies de la scène,
créant de nouvelles esthétiques (ce qu’on a parfois appelé « art transversal »), constitue la suite de
cette remise en question du texte théâtral : chorégraphie, arts de l’image, arts plastiques,
compositions musicales, jeu de l’acteur, texte et narration logique sont alors convoqués ensemble
comme différents moyens porteurs de sens sur scène, tout en sollicitant l’inventivité du spectateur,
dont il s’agit d’éveiller la perception. L’essentiel réside dans la façon dont est organisé l’espace
scénique, qui doit faire naître des émotions signifiantes. Les metteurs en scène se tournent dès lors
vers les écritures poétiques, pour leur force suggestive comme pour leur aspect fragmentaire,
permettant une réécriture scénique englobant les aspects textuels, scénographiques et les
problématiques liées au jeu des comédiens.
Cette redéfinition des genres correspond à une remise en question des statuts d’auteur et de metteur
en scène : ils ne dépendent plus l’un de l’autre mais se confondent. Le metteur en scène devient
l’auteur de ce qui se passe sur scène, et l’auteur le metteur en scène, le scénographe, de son matériau
textuel.
L’héritage du théâtre postdramatique se traduit aujourd’hui dans l’ « écriture de plateau » (Bruno
Tackels, 2001), non exclusivement textuelle, prise en charge par la mise en scène qui inclut l’ensemble
des médias constituant le spectacle.
Le « théâtre néo-dramatique » désigne une théâtralité où un texte, des personnages et une fiction
restent à la base du travail scénique, et ce même si le texte est déstructuré, les personnages disloqués,
la fiction mise en doute. Les textes de Falk Richter et Anja Hilling relèvent de ces catégories (Richter,
2008 ; Hilling, 2009).