Femmes et hommes
du ministère de l’Intérieur
dans la Grande Guerre
- 1 -
La Grande Guerre a marqué notre histoire. Tout au long du vingtième siècle, notre pays a porté la
trace de ses blessures. Elle tient une place majeure, glorieuse et souvent douloureuse, au sein de nos
mémoires collectives et familiales.
Chaque année, le 11 Novembre constitue une occasion pour les citoyens de se réunir dans le culte
du souvenir autour des monuments aux morts qui rendent visible le poids de cette histoire au cœur de
nos villages et de nos villes. Le centenaire de l’événement a donc suscité, partout en France, un vaste
ensemble de commémorations, résultant de milliers d’initiatives locales de tous ordres, orchestré par la
Mission du Centenaire. Elles doivent nous amener à méditer sur les causes d’un conflit d’une violence
inédite, qui a endeuillé, meurtri et ruiné durablement les peuples européens, et à honorer la mémoire des
Français de toutes origines qui se sont alors sacrifiés pour la défense de la Nation.
Les dates marquantes et les grandes figures de la guerre relèvent naturellement avant tout des
armées et des champs de bataille, sur lesquels huit millions de poilus servirent la France au cours de ces
cinq longues années.
Mais il serait injuste de ne pas évoquer également le rôle tenu pendant cette période par les agents,
de tous corps et tous grades, du ministère de l’Intérieur. Leurs missions ont été au cœur de l’effort de
mobilisation générale et de l’organisation de l’économie de guerre.
Relayées par l’ensemble des forces de l’ordre, les autorités préfectorales ont en effet activement
concouru non seulement au maintien de l’ordre public dans les territoires et à la protection des populations
civiles, mais aussi à la continuité et à l’organisation de la vie économique, si importante dans la conduite
de cette première guerre « industrielle », pendant toute la durée du conflit.
Lambition de l’exposition préparée par le ministère pour la 31e édition des Journées européennes du
patrimoine est donc de mettre en valeur la contribution de son administration et son rôle essentiel dans
l’effort de guerre.
Elle s’attache, dans cet esprit, à présenter son rôle au moment de la mobilisation, puis dans
l’administration des territoires du front et dans l’organisation de la vie à l’arrière.
Je forme le vœu que cette exposition contribue à mieux faire connaître à nos concitoyens le rôle
relativement peu connu mais déterminant des agents du ministère dans l’organisation du pays pour la
victoire finale.
Bernard CAZENEUVE
Ministre de l’Intérieur
- 3 -
C ent ans après son déclenchement, la Première Guerre mondiale laisse encore une trace profonde
dans la mémoire collective des Français. Guerre totale, elle a touché les populations civiles et
militaires d’Europe et de la plupart des pays du globe, influant durablement sur la vie économique
et sociale des nations, et laissant de grandes cicatrices tant dans les esprits que dans les paysages labourés
par les bombardements et les tranchées. De cette guerre, le grand public connaît essentiellement les
grandes phases d’opérations et le quotidien des soldats, des « poilus » : le combattant est très souvent
au cœur de l’histoire de la Grande Guerre. Pour autant, l’histoire s’intéresse aussi au devenir des civils
pendant ces années de conflit mondial ainsi qu’à leur résistance face à la pression économique, sociale et
morale de la guerre. À ce titre, l’exposition proposée à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine
du 20 et 21 septembre 2014 vise à mettre en valeur l’action du ministère de l’Intérieur et de ses agents
au début de la Grande Guerre, tant dans les départements occupés du front que dans les départements
de l’arrière.
En 1914, le ministère de l’Intérieur doit assurer la sécurité du territoire à l’intérieur des frontières :
entrent dans ses attributions la surveillance des frontières et des populations civiles, le recensement et la
surveillance des potentiels ennemis sur le sol français, ainsi que les mesures de lutte contre l’espionnage
et le sabotage. Il est aussi chargé d’assurer le bon fonctionnement de l’État en temps de guerre : il doit
maintenir l’ordre public, la police administrative, protéger et secourir les civils dans le besoin et encadrer
les déplacements de populations et l’accueil des réfugiés dans les différents départements concernés. Les
femmes et les hommes qui travaillent pour le ministère de l’Intérieur font partie de différents corps, qui
vont de l’échelon national (le ministère lui-même, situé Place Beauvau, à Paris) à l’échelon local (mairie,
commissariat de police municipale, caserne de sapeurs-pompiers). On y trouve l’administration centrale,
le corps préfectoral et son administration, la police d’État, les polices municipales, les sapeurs-pompiers,
ainsi que la gendarmerie.
En 1914, le ministère de l’Intérieur possède un vaste champ d’attributions : outre la sécurité du territoire,
la protection des civils et l’encadrement de la vie économique, il est aussi chargé de questions variées
comme celles de santé et d’hygiène, d’immigration, d’accueil des aliénés et de gestion des établissements
thermaux. Ces attributions sont renforcées avec l’entrée en guerre.
Le ministère de l’Intérieur est sur le pied de guerre dès le déclenchement des hostilités, le 3 août 1914
: il encadre la mobilisation des troupes ainsi que la réquisition des véhicules et des bêtes, organise la
continuité de l’État dans les départements de l’arrière comme dans les départements du front, renseigne
les civils sur les événements des combats, lutte contre l’insoumission, protège les populations et leur
porte secours face aux difficultés liées à la guerre (bombardements, exode, pénurie des denrées). Il est de
Femmes et hommes
du ministère de l’Intérieur
au début de la Grande Guerre
- 4 -
tous les combats de l’intérieur, de ceux qu’on oublie parfois face aux horreurs du front. De la déclaration
de guerre du 3 août 1914 à la fin de la Grande Guerre (marquée d’abord par l’Armistice du 11 novembre
1918, puis par le Traité de Versailles, signé le 28 juin 1919), le ministère de l’Intérieur n’a de cesse de
remplir ses missions courantes, mais aussi de répondre aux urgences et aux nécessités créées par le
conflit. . Quel que soit le service dont ils font partie, les femmes et les hommes du ministère de l’Intérieur
composent ainsi avec de nouvelles attributions du temps de guerre : le ravitaillement, le secours aux
populations civiles, l’accueil des réfugiés sont des questions qui se posent dès le début de la guerre et
auxquelles l’Intérieur doit trouver des solutions durables.
La diversité des territoires administrés demande des réponses adaptées à chaque besoin. Écrire l’histoire
des agents du ministère de l’Intérieur au début de la Première Guerre mondiale, c’est s’intéresser aux
multiples services qui s’imbriquent pour former ce ministère. De l’échelon municipal à l’échelon national,
les femmes et les hommes du ministère de l’Intérieur se sont efforcés d’assurer la continuité non seulement
de l’État, mais aussi de la vie sociale et économique en temps de guerre. Il s’agit donc, avec cette exposition,
de rendre visible et palpable l’organisation minutieuse de l’administration territoriale dans une période de
conflit armé qui bouleverse le quotidien.
Raconter l’histoire des agents du ministère de l’Intérieur au début de la Grande Guerre, c’est aussi se
rappeler que certains agents du ministère, à l’échelon qui leur était propre, ont également agi de leur
propre chef : on pense aux agents des préfectures présents dans des départements occupés, qui ont
écouté leur devoir et sont restés en place, en s’efforçant de protéger les populations civiles sous leur
responsabilité. D’autres ont considéré qu’ils réaliseraient mieux leur devoir en s’engageant dans l’Armée,
sont partis au front, et sont parfois morts là-bas. À travers quelques portraits emblématiques, on cherche
à rendre un visage humain à l’appareil d’État et à montrer que le personnel du ministère de l’Intérieur
est un ensemble de femmes et d’hommes qui font preuve d’un dévouement et d’un courage sans faille
dans les heures noires de l’histoire de France. On s’attachera à couvrir le plus de régions possibles, de
façon à proposer un panel d’histoires assez vaste pour comprendre précisément ce qu’il se passait en
France dans les premières années de la guerre et la façon dont le ministère de l’Intérieur a su faire face
aux événements consécutifs au premier conflit mondial. D’août 1914 à l’année 1916, sur l’ensemble du
territoire français, ce sont aussi des dispositifs administratifs qui se mettent (ou se remettent) en place, des
difficultés rencontrées et surmontées, des combats et des bombardements qui s’intensifient, auxquels il
faut toujours apporter une réponse plus efficace.
1 / 53 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !