
Morita : L’infixe nasal et ses valeurs aspectuelles en latin (IV)
frang
La racine *bhreg- «briser », en face du vieil anglais brecan > l’anglais break, l’ancien français breier
«briser », l’ancien français brier (la forme normande, d’où le français brioche, Rey, p.526) et broyer «pétrir la
pâte avec un rouleau en bois », d’où la forme à vocalisme zéro avec infixe nasal *bhr-n-g- donne le latin
frangere «briser ». (Watkins, p.9)
Le français enfreindre «violer (une loi, un engagement) » est surtout attesté sous la forme enfraindre en
ancien français ( 1er quart du 12es.), la forme moderne étant dialectale (13es.), est issu du latin populaire
*infrangere, réfection du latin classique infringere «briser », « abattre, mettre en pièces », au propre et au
figuré, de frangere, de même sens, qui se rattache à une racine indo-européenne *bhreg- «briser ». (Rey,
p.1242)
D’après Ernout et Meillet (2001 : 251), on trouve les composés de frang comme suit : af-, con-, dif-, ef-,
in-, of-, per-, prae-, re-, et suf-fring avec des doublets en -frang . Mais, aucun d’entre eux ne survit, si ce
n’est le français enfreindre, qui provient du latin infring /infrang . Pour les dérivés du latin frang , on trouve
le français fretin, qui est un diminutif (v.1193) de l’ancien français frait, fret «débris » provenant du participe
passé de l’ancien verbe freindre, fraindre «briser » (1080), issu du latin frang «briser » (Rey, p.1514) ; le
dérivé fraction, qui est un emprunt (v.1187) au bas latin fracti , - nis «action de briser », terme mathématique
en latin médiéval (1150), « division » ; ce mot dérivé du supin du latin classique frangere «briser » qui se
rattache, comme le gotique brikan «briser » (cf. l’anglais break, l’allemand brechen) à une racine indo-
européenne *bhreg- «briser ». (Rey, p.1478) ; il en est de même pour le français infraction (1250) (Rey,
p.1834), refrain (1260) (Rey, p.3137) et réfraction (1270) (Rey, p.3137).
fund
La racine *gheu- «verser », d’où la forme à vocalisme zéro avec infixe nasal *ghu-n-d- donne le latin
fundre «verser ». (Watkins, p.22)
Le français fondre est l’aboutissement (v.1050, intransitif) du latin fundere «répandre » et « fondre (un
métal) », puis « disperser » et « abattre ». Fundere vient d’une racine indo-européenne *gheuw- ou *gheu-
exprimant l’idée d’un liquide versé abondamment et de façon continue, et représentée en grec par kheein
«verser, répandre », ainsi que dans plusieurs langues germaniques (par exemple le vieil islandais geysir
«geyser », l’allemand giessen «verser »). (Rey, p.1455)
Pour les composés de fund , Ernout et Meillet (2001 : 261) donne af-, circum-, con-, dif-, ef-, in-, inter-,
of-, per-, prae-, pr -, re-, suf-, et trans-fund .
ad-fund «verser sur »