Deuxième possibilité, c'est de le mettre en place secondairement, pour des raisons
diverses ; la raison principale étant l'impossibilité d'acquérir la voix œsophagienne.
On a opéré le patient, on lui a fait une longue radiothérapie, il a essayé en toute
bonne foi, avec un bon phoniatre, ou un bon orthophoniste, de récupérer une voix
œsophagienne. C'est un échec, on va donc essayer de lui mettre cette prothèse pour
lui donner la possibilité de récupérer un moyen de communication verbale.
- Les prothèses
Il y en a de multiples modèles sur le marché, elles ont toutes des caractéristiques qui
se ressemblent, elles sont basse pression, c'est à dire qu'il faut relativement peu d'air
pour que la valve réagisse, on va les mettre en place, si possible en première
intention. Il y a des contre indications. Malheureusement, celles ci rejoignent, pour
certaines, les défauts d'acquisition de la voix œsophagienne.
Lorsque l’on fait de grandes exérèses avec beaucoup de muqueuse, c'est là que l'on
a le plus d'échecs dans l'utilisation de ces prothèses : 30 à 40 %, voir plus. Ni la voix
œsophagienne, ni la prothèse ne donnent de résultat satisfaisant. Par contre, pour
seulement une laryngectomie totale, où l'on conserve beaucoup de muqueuse, les
prothèses apportent une voix satisfaisante dans 70 à 80 % des cas, c'est donc un
progrès immédiat, beaucoup plus rapide que la voix œsophagienne, puisque quel-
ques jours après la mise en place de la prothèse, le patient peut commencer à
émettre les premiers sons, avec l'aide d'un professionnel de la voix phoniatre ou
orthophoniste.
- les complications
Nous avons beaucoup de mal à "nous dépêtrer" de toutes les séries qui ont été
publiées quant au devenir de ces prothèses à long terme. On ne sait pas, à trois ans,
cinq ans, combien resteront en place et seront fonctionnelles. Il y a des
complications, qui ne sont pas négligeables. La première de toutes, c'est la fuite. On
a crée, chirurgicalement, un orifice dans lequel on introduit la prothèse. Et l'on voit,
malheureusement, dans un certain nombre de cas, s'organiser une fuite de salive, et
l'on considère actuellement que l'on peut avoir à retirer vingt pour cent de ces
prothèses pour des fuites que l'on n'arrive pas à stopper. On a des méthodes, on
injecte des produits autour, pour essayer de diminuer la largeur du vide, on prend
des prothèses un peu différentes, on augmente le diamètre, mais cela reste un des
problèmes les plus importants. Le deuxième, est que ces matériaux inertes mis en
place au niveau du pharynx sont relativement fréquemment le siège d'infections, et
notamment de colonisation par des champignons. Ces mycoses sont assez
préoccupantes lorsqu'elles deviennent importantes, et peuvent entraîner, si il y a sur-
infection, des réactions locales extrêmement importantes. Il y a des cas décrits dans
la littérature, où l'on voit des réactions inflammatoires très importantes qui vont
entraîner des rétrécissements du trachéostome, voire des rétrécissements du
pharynx. Je peux vous dire, en ayant vu que c'est impressionnant, que cela pose des
problèmes, au point que l'on se pose la question de savoir si cela n'est pas la reprise
de la maladie. Nous avons eu un tel cas et le diagnostic d'évolution évolutive a été
retardé.