Les célèbres acteurs d’autrefois sont aujourd’hui les stars de YouTube! Leurs fans les regardent
même jouer sur leur ordinateur. Texte: Michael In Albon
Let’s Player, le job de rêve
Si le Suédois PewDiPie, les Allemands Sarazar et Gronkh,
le Valaisan Diabl0x9 ou ZeronikHD, de Suisse orientale,
s’installaient à la table voisine, au restaurant, une foule
de jeunes se précipiteraient pour leur demander photo-
graphies et autographes. Mais au fait, de qui s’agit-il? Ce
sont des stars de YouTube, autrement dit, des Let’s Player –
abrégé LPer. Ils se mettent en scène en train d’essayer des
jeux informatiques et commentent leur progression en
temps réel.
Et il s’agit de jeu à proprement parler: petits succès de
niveau en niveau, échecs, reprise à zéro. Quant au spec-
tateur, il perçoit la chose exactement comme s’il était de-
vant son propre ordinateur chez lui, à la seule diérence
près qu’il ne joue pas lui-même. Comme dans une sitcom,
les LPer enregistrent leurs sessions ludiques dans des épi-
sodes quotidiens, qu’ils téléchargent sur leur canal vidéo
personnel.
Les adolescents vouent à ces joueurs une admiration di-
gne de stars de cinéma et reprennent les – susantes –
formules de leurs modèles. Ce qui n’est guère étonnant,
bon nombre d’adolescents regardant davantage YouTube
que la télévision. Sur ce canal, ils se sentent plus proches
de leurs stars, du fait qu’ils peuvent converser directe-
ment avec elles via la fonction de commentaires. A la
«vieille époque», c’était encore un journaliste qui inter-
viewait les idoles des jeunes.
Cet article a été publié sous une forme similaire en
allemand dans le magazine parental Fritz+Fränzi.
Publicité, publicité, publicité
Qui connaît le succès sur YouTube peut devenir un canal
partenaire. L’entreprise perfectionne ses étalons aux mille
et un clics pour attirer encore davantage de spectateurs.
Ce qui est source de recettes publicitaires. Auxquelles les-
dits canaux partenaires participent à nouveau. Dès lors,
qui veux visionner une vidéo des Let’s Player helvétiques
mentionnés doit tout d’abord regarder un spot publici-
taire ou attendre le délement d’une bannière. C’est ainsi
que se nancent d’une part la plate-forme YouTube – qui
avoue avoir engrangé l’année passée un chire d’aaires
de 4 milliards de dollars –, et d’autre part les YouTuber,
qui touchent, suivant la forme de publicité, entre 30 cents
et 2,5 dollars pour 1000 clics. En eet: plus souvent leurs
vidéos sont visionnées, plus les entreprises investissent
dans la publicité. Et plus les lms obtiennent de clics, plus
Google – propriétaire de YouTube depuis 2006 – paie les
vidéoblogueurs.
Gagner de l’argent en jouant?
Felix Kjellberg, alias PewDiPie, joue depuis 2010 et génère
aujourd’hui des revenus mirobolants via YouTube: près de
3,5 millions de francs par année, pour se faire observer,
tapotant sur son ordinateur. Pour de nombreux jeunes,
voilà qui apparaît comme un job de rêve. Mais ne nous
y méprenons pas: le temps des petits lms réalisés d’une
main tremblante à l’aide d’un portable est révolu; les
vidéos sont souvent le résultat d’un travail de titan. Et les
vidéoblogueurs sont des pros des médias. La langue aussi
joue un rôle essentiel. Le dialecte suisse-alémanique ne
séduit guère. Néanmoins, des Suisses s’y mettent égale-
ment, non sans succès. Diabl0x9 a environ 1,68 million
d’abonnés; le Valaisan est actif depuis 2010 et distille ses
commentaires en français. Et 413 309 abonnés suivent
ZeronikHD, le joueur de Suisse orientale qui arrose la blo-
gosphère depuis 2012 en allemand.