n°4 • 19 février 2016 APRÈS LES ATTENTATS BITUME DANGEREUX page 3 AIDES À L’EMPLOI page 4 page 7 ■ Hebdomadaire 74 e année ■ Rédaction: Chaussée de Haecht , 579 • B-1030 Bruxelles ■ Éditrice responsable: M.-H. Ska ■ ■ e-mail: [email protected] ■ http://www.csc-en-ligne.be ■ Bureau de dépôt: Charleroi ■ P 911984 ■ ISSN 0772/2427 ■ Triste Saint-Valentin L’Info Ah! tout ce que les amoureux auraient pu s’offrir sans les mesures d’austérité du gouvernement fédéral! Et pour ceux qui croient encore aux belles promesses de Charles Michel, la CSC a mis en ligne un calculateur qui permet à chacun d’évaluer l’impact des mesures sur son budget personnel. Dans la rue, les militants de la CSC sont allés réconforter les passants… ••• page 5 ●●●●●●● © Rob Stevens Se former tout en travaillant Se former tout en travaillant, c’est le pari que propose la Faculté ouverte de politique économique et sociale (Fopes) de l’UCL depuis plus de quarante ans. Une faculté «ouverte» car elle s’adresse à des adultes ayant des activités professionnelles ou un engagement social, et n’ayant pas eu la possibilité d’entreprendre des études universitaires par la voie traditionnelle. À ces adultes, la Fopes propose un master de trois ans en horaire décalé, à raison d’une journée (le jeudi ou le samedi) et d’une soirée par semaine. Trois groupes locaux de 20 à 30 étudiants sont constitués par année d’études. Développement régional, politique d’insertion, lutte contre les inégalités: pour comprendre les enjeux économiques et sociaux qui se posent à la société contemporaine, analyser les politiques mises en œuvre par les acteurs économiques, politiques et sociaux, et élaborer, avec d’autres, des projets et des propositions dans un cadre universitaire, la Fopes propose des outils utiles à la réflexion et à l’innovation. Les besoins spécifiques d’étudiants adultes qui renouent avec un travail de réflexion et d’étude sont largement pris en compte. Des séances d’information seront prochainement organisées en vue de l’année académique 2016-2017: •Arlon (CSC, rue Pietro Ferrero 1): le mardi 23 février à 18h. •Charleroi (Maison Georges Lemaître, local A010/012, boulevard Devreux 6): le mardi 1er mars à 18h. •Liège (Moc, rue Saint-Gilles 29): le mardi 22 mars à 17h. •Louvain-la-Neuve (Fopes, local D144, rue de la Lanterne magique 32): le samedi 12 mars à 18h. Renseignements? Chantal Grandmaire. Tél.: 010.47.39.07. Courriel: [email protected] Internet: www.uclouvain.be/opes ●●●●●●● Bruxelles: les femmes contre l’austérité Dans le cadre de la Journée internationale des femmes, les Femmes CSC, Vie féminine et les Femmes CNE de Bruxelles organisent une soirée de débat intitulée «Les femmes luttent contre l’austérité». Une syndicaliste basque (ELA) prendra la parole pour expliquer la crise en Espagne, ses conséquences pour les femmes et les actions qu’elles mènent. Au programme également: le témoignage d’une militante CNE sur les conditions de travail dans le commerce en Belgique, et les actions menées. Inscription avant le 26 février. Quand? Le mercredi 2 mars de 17h30 à 20h30. Où? CSC-Alimentation et services, rue des Chartreux 70, à 1000 Bruxelles. Renseignements et inscription? Ana Rodriguez (CSC de Bruxelles). Tél.: 02.557.85.36. Courriel: [email protected] ●●●●●●● Watermael-Boitsfort: «En quête de sens» Dans le cadre du cycle «Biens communs et nous» («L’Info» n°1 du 8 janvier 2016), le centre culturel La Vénerie propose une soirée de ciné-débat qui débutera par la projection du documentaire «En quête de sens» (France, 2015). Ce film raconte le voyage de deux amis d’enfance sur trois continents, un «voyage pour questionner le monde», le «road-movie d’une génération désabusée à la recherche de sagesse et de bon sens». Il y est question de rêves, de routine et de changement, de crise économique et d’inégalités, de consommation et de rapport à la nature. En rapprochant les témoignages 2 l 19 février 2016 l l’info n°4 L’utopie sur grand écran Depuis 2009, le festival du film social «Vivre debout» propose, dans l’est du Brabant wallon, un week-end axé sur la réflexion et le débat autour de questions de société. Cette année, «Vivre debout» veut nous redonner le goût de l’utopie. «L’utopie, c’est ce qui n’a pas encore été essayé, expliquent les organisateurs. En 1880, la protection sociale, on n’avait pas encore essayé. Aujourd’hui, elle fait partie de notre paysage social comme si elle avait toujours existé. Sous d’autres cieux, c’est encore un objectif à atteindre. Et demain, est-ce que ce sera une réalité pour tous… ou un souvenir pour nous?» À l’affiche: treize films, parmi lesquels «Demain» et «Pride», dont «L’Info» vous a déjà parlé, mais aussi «Le tout nouveau Testament» de Jaco Van Dormael, meilleure comédie au Prix du cinéma européen 2015, et «Taxi Téhéran», qui brosse le portrait de la société iranienne, Ours d’or au Festival de Berlin 2015. Avec aussi des animations, des débats et un Photomaton pour se faire tirer le portrait en héro ou héroïne de l’utopie! Festival du Film social Du 11 au 13 mars 2016 Centre Culturel de Perwez le FOYer Plus d’infos 0495/53 09 52 www.vivredebout.be Quand? Du vendredi 11 au dimanche 13 mars. Où? Centre culturel de Perwez «Le Foyer», Grand-Place 32, à 1360 Perwez. Prix? Long métrage: 3 euros. Moyen métrage (moins de 60 minutes): 2 euros. Abonnement eppour les trois jours: 10 euros. Prix réduit pour les enfants, étudiants, personnes à mobilité réduite (1,50 euro), demandeurs d’emploi et bénéficiaires du RIS (1,25 euro). Renseignements et réservation? Tél.: 0495.53.09.52. Internet: www.vivredebout.be ON AIR inform’action ESPRIT>FORCE>ETHIQUE ON AIR Organisateurs Partenaires inform’action Webradio/Vidéo/Graphisme/Internet/Evénementiel Avec l’aide de ON AIR Equipes Populaires Brabant Wallon inform’action Webradio/Vidéo/Graphisme/Internet/Evénementiel ON AIR inform’action ESPRIT>FORCE>ETHIQUE d’un biologiste cellulaire, d’un jardinier urbain, d’un chaman itinérant ou encore d’une cantatrice présidente d’ONG, les réalisateurs Nathanaël Coste et Marc de la Ménardière interrogent nos visions du monde. Quand? Le samedi 27 février à 20h. Où? La Vénerie, Espace Delvaux, rue Gratès 3 (place Keym), à 1170 Watermael-Boitsfort. Prix? De 3,50 à 6 euros. Renseignements? La Vénerie. Tél.: 02.663.85.50. Courriel: [email protected]. Internet: www.lavenerie.be ●●●●●●● Charleroi: promouvoir le dialogue interculturel ●●●●●●● Mons: le rôle de l’enseignement après les événements de 2015 Accueil des réfugiés, attentats terroristes, montée de l’extrême droite… Que faire après les événements de 2015? Quel rôle pour l’enseignement, la culture, l’éducation permanente? Tel sera le thème de la soirée de ciné-débat que proposent l’ASBL Formation éducation culture (Fec) et la CSC de Mons-la Louvière. À l’affiche: le documentaire «Patience, patience, t’iras au paradis» (2015) de la journaliste Hadja Lahbib. Ce film emmène le spectateur dans l’univers rarement visité des femmes de la première génération de l’immigration maghrébine. Dans les années 1960, ces femmes ont accompagné les milliers de Maghrébins venus travailler en Belgique. «Patience, patience, t’iras au paradis!», c’est le refrain mille fois répété pour qu’elles acceptent leur vie sans se plaindre. Cinquante ans plus tard, Hadja Lahbib les invite à quitter leur quartier et à partir en excursion dans leur pays d’adoption… Après la projection, Eugène Ernst, secrétaire général de la CSCEnseignement, et Frédéric Ligot, secrétaire politique du Moc, participeront au débat. Entrée libre. Quand? Le mercredi 24 février à 18h30. Où? Moc, auditoire, 1er étage, rue Marguerite Bervoets 10, à 7000 Mons. Renseignements? Géraldine Garofalo (CSC de Mons-La Louvière). Tél.: 065.37.25.56. Courriel: [email protected] L’ASBL «SOS dépannage», active notamment dans l’accueil des sans-papiers et des réfugiés, propose un atelier «Action» aux jeunes issus de l’immigration. Cet atelier est ouvert aux jeunes de moins de 25 ans, désireux de s’investir dans un projet axé sur la lutte contre le racisme et la promotion du dialogue interculturel. Ils participeront à la création de saynètes thématiques où se mêleront expression scénique, chant, musique, danse… Au rythme d’une journée par semaine (repas de midi offert), cet atelier réunit six à dix personnes. Où? ASBL «SOS dépannage», antenne sociale de Charleroi, rue Prunieau 3, à 6000 Charleroi. Renseignements? Tél.: 071.23.08.00. Courriel: [email protected] Internet: www.sosdepannageasbl.be Tél : 02 246.32.86 Fax : 02 246.30.10 E-mail [email protected] - http://www.csc-en-ligne.be Pour obtenir votre correspondant, faites le 02/246 suivi des quatre chiffres indiqués. Tirage moyen : 225.000 exemplaires Rédaction : chaussée de Haecht, 579 BP 10 – B-1031 Bruxelles (Belgique) Secrétaire de rédaction : Daniel Dellisse (3287), [email protected] Abonnements et Poste: Marleen Verlee (3281) (pas le mercredi), [email protected] Rédaction : Danièle Ernotte (3289), [email protected] Anne-Marie Pirard (3290), [email protected] Donatienne Coppieters (3283), [email protected] Chef du service presse : Jochen Mettlen (3291), [email protected] MEP : Patricia Martin (3297) [email protected] - [email protected] Éditeur : Confédération des syndicats chrétiens (CSC) Imprimerie : Remy-Roto Beauraing Suivez-nous sur facebook.com/lacsc Réflexion autour de la radicalisation Après les attentats de Paris, que pouvons-nous faire? Le multiculturalisme a-t-il échoué? Que fait-on des personnes revenues de Syrie? Des questions auxquelles les Jeunes CSC ont tenté de répondre. «Djihad» Cette journée a d’abord été l’occasion pour les jeunes de découvrir la pièce «Djihad» d’Ismaël Saidi, réalisateur et comédien bruxellois d’origine marocaine. Mêlant habilement la comédie et la tragédie, le spectacle relate l’aventure de trois jeunes Bruxellois radicalisés et crédules qui décident de partir effectuer leur guerre sainte en Syrie. La pièce entend répondre aux propos de Marine Le Pen, présidente du Front national (français). Interrogée en 2014, cette dernière avait choqué Ismaël en décrétant que ce n’était pas un problème que les jeunes partent en Syrie, pour autant qu’ils ne reviennent pas. «Comme artiste, j’ai voulu répondre à la vraie question: pourquoi partent-ils?» Très vite, il rédige sa pièce en s’inspirant de sa vie, de «La peur naît de l’ignorance» L’Info Ismaël Saidi, auteur de la pièce «Djihad»: «Il va falloir ouvrir des portes, décloisonner les communautés. Pas le choix. Aujourd’hui, il ne s’agit pas de vivre ensemble, mais de faire ensemble. On peut vivre à côté de son voisin sans jamais lui adresser la parole. On peut aussi aller frapper chez lui quand il nous manque du sel. C’est l’occasion de se rencontrer, de surmonter la peur de l’autre. Et pourquoi pas, de lui apporter un morceau de la quiche qu’on est en train de préparer. Ce peut être le début d’une rencontre… C’est de l’ignorance, de la méconnaissance de l’autre que naît la peur.» D.C. Dépasser l’émotion collective: tel était l’objectif des Jeunes CSC réunis à Namur le 30 janvier. la vie de son quartier schaerbeekois et de faits réels partagés avec plusieurs de ses amis proches. Utilisant l’humour pour adoucir le sujet, la pièce joue sur l’humanité des personnages et la raison. «Les notions de comédie et de drame sont très liées, le fil qui les sépare est très mince», explique-t-il. Très vite, la salle est prise dans un véritable ascenseur émotionnel, où le rire et le malaise se succèdent régulièrement. Ben, Reda, Ismaël, les trois personnages de la pièce, vont peu à peu se révéler en racontant leur histoire, la vraie raison qui les a amenés en Syrie. Un lien d’empathie se tisse rapidement entre les personnages et le public, ce qui permet à ce dernier de percevoir les jeunes djihadistes sous un nouvel angle. «Non, ce ne sont pas des monstres.» L’auteur ne cautionne cependant en aucun cas les actions et la cause des djihadistes et les condamne. Il entend toutefois rappeler qu’il s’agit d’êtres humains. «Parmi les causes de radicalisation, il y a des facteurs internes aux communautés d’origine. Certains de mes personnages sont brisés par leur propre entourage, leur propre famille, leur propre mère», confie Ismaël. Aux yeux du comédien-réalisateur, le problème est davantage une affaire de marginalisation que de radicalisation. Exclusion sociale L’exclusion sociale est-elle facteur de terrorisme? Pour Ludovic Voet, responsable national des Jeunes CSC, «c’est en tout cas un facteur de violence». Lors du débat, de nombreuses réflexions portent sur l’origine de cette radicalisation, sur le rôle de notre pays dans le départ des combattants et leur éventuelle réinsertion. Il en émane une volonté de ne pas tomber dans des dérives sécuritaires et racistes que prônent certains. Le processus d’exclusion contribue à radicaliser les jeunes en perte de repères. Trop peu d’initiatives sont mises en place pour les guider et les empêcher de se perdre. Les Jeunes CSC militent pour défendre solidairement les jeunes et leur place dans la société, l’école et le travail. De meilleures conditions sociales, une meilleure prise en charge des jeunes sont primordiales pour atténuer la violence. Mais il faut aussi combattre l’ignorance et les préjugés. «Quand on voit un musulman avec deux armes et un Coran, c’est un terroriste. Lorsqu’on voit un Blanc avec deux armes et une Bible, c’est un supporter de Donald Trump», plaisante Ludovic Voet. L’Info B eaucoup l’ont constaté après les attentats de Paris: des flots de haine et d’indignation se sont répandus sur les réseaux sociaux. Le gouvernement belge a dégagé un budget de 400 millions pour renforcer la «sécurité du pays», les militaires sont apparus dans les rues, le niveau de menace terroriste a été relevé en Région bruxelloise… Et, au niveau européen, les politiques parlent de fermer les frontières ou de renforcer le contrôle des jeunes. Justifiées ou non, ces mesures nous rappellent que l’émotion collective ne doit pas prendre le pas sur la réflexion constructive et citoyenne. C’est là l’objectif que se sont donnés les Jeunes CSC par le biais de leur «Green Trip» du 30 janvier dernier à Namur: une journée de réflexion et de rencontre intitulée «Après les attentats, on fait quoi?». Revenus de Syrie Tout au long de la journée, deux interrogations majeures ont donné le ton des débats. Que faire pour empêcher des jeunes de partir combattre en Syrie? Et que faire d’eux lorsqu’ils reviennent? La Belgique est actuellement le troisième pays européen comptant le plus grand nombre de ressortissants djihadistes. En réponse aux attentats, le gouvernement n’a pris que des mesures sécuritaires à court terme. Le Danemark, par exemple, essaye autre chose. Du nom d’une ville danoise, la méthode Aarhus est un programme d’accompagnement et d’aide à la réintégration des musulmans partis combattre au Moyen-Orient. Le but de ce programme de réhabilitation est de les aider à se réinsérer dans la société tout en gardant leur identité religieuse. Après la présentation, beaucoup de jeunes déploraient le fait qu’un tel programme n’ait pas encore été mis en place en Belgique. «La lutte contre le terrorisme implique de prendre des dispositions adaptées. Or, certaines mesures prises par notre gouvernement touchent tout le monde», reproche Johanna Mulumba, permanente nationale des Jeunes CSC. Un problème de société Les langues se délient. Divers ateliers thématiques liés à la radicalisation sont l’occasion de réfléchir ensemble, de donner son point de vue tout en s’enrichissant de ceux des autres. Les participants reconnaissent finalement que tout cela est davantage un problème de société que de religion. De ces divers échanges ressort l’idée d’investir en priorité dans l’éducation et la culture qui, à long terme, feront plus d’effet que le sécuritaire. Et d’ouvrir des espaces créatifs et des lieux d’échange et de réflexion. Si cette journée n’avait pas la prétention d’apporter la panacée aux problèmes de radicalisation, elle a été l’occasion de mettre en avant les facteurs sur lesquels il est possible d’agir. «Ce genre d’espace d’échange est important pour qu’on puisse discuter ensemble des mesures que l’on pourrait prendre au quotidien, plutôt que de laisser le gouvernement appliquer ses décisions sans nous consulter, estime Johanna Mulumba. Il est important aussi de recréer une culture du débat pour amener les jeunes à se sentir concernés par les enjeux de société.» l Maxime Kouhail (stagiaire) l’info n°4 l 19 février 2016 l 3 Construction routière Le bitume: un deuxième amiante? Les travailleurs de la voirie font un métier lourd et dangereux. Aux risques liés au trafic s’ajoutent des expositions moins connues, mais lourdes de conséquences pour la santé. L a CSC-Bâtiment industrie & énergie (CSC-BIE) met en garde contre les risques liés à l’exposition au bitume lors des travaux d’asphaltage. S’appuyant sur sa propre enquête et sur une étude menée par Mensura, elle a récemment fait le point sur le sujet avec ses délégués du secteur, à l’occasion d’un séminaire national organisé le 26 janvier. Vapeurs et contacts sur la peau Aujourd’hui, les bitumes utilisés en technique routière sont issus du pétrole et additionnés de divers composants et produits chimiques. En fonction du produit et du procédé, les travailleurs de la voirie sont donc plus ou moins exposés à l’inhalation de vapeurs de bitume et/ou à des contacts prolongés sur la peau. À ces expositions s’ajoutent le fait que les bitumes ont des propriétés photosensibilisantes qui augmentent les effets des rayons ultraviolets sur la peau. Maladies de la peau, affections broncho-pulmonaires et cancers liés à l’exposition au bitume figurent d’ailleurs sur la liste des maladies professionnelles établie par l’Union européenne. Mais ce n’est pas tout! Les ouvriers des routes sont aussi quotidiennement exposés aux émissions liées au trafic, ou encore aux solvants couramment utilisés pour nettoyer le matériel… Or, ils sont rarement informés des risques qu’ils encourent, et les règles de sécurité et d’hygiène sur les chantiers routiers ne sont pas toujours respectées. Selon l’enquête menée par la CSC-BIE auprès de 231 entreprises, seuls 47% des travailleurs disposent d’une protection respiratoire. Et seulement 6% des chantiers disposent d’une douche, 10% de lavabos et 30% d’eau courante. Se nettoyer régulièrement la peau est pourtant la première action préventive individuelle conseillée par Mensura… Reconnaître les dangers Pierre Cuppens, secrétaire général de la CSC-BIE, en appelle donc à plus d’actions préventives et à une intensification des contrôles par les services d’inspection. La centrale réclame aussi une meilleure information des travailleurs. Du côté des groupes pétroliers et de certains employeurs, on note en effet toujours une certaine réticence à reconnaître les dangers du bitume. Une attitude qui n’est pas sans rappeler le scandale de l’amiante, observe la CSC-BIE, qui pointe une autre similarité avec De l’amiante incorporé? Dominique Guimonet est conducteur d’engins pour travaux routiers et délégué de la CGT France. Au séminaire de la CSC-Bâtiment industrie & énergie, il a mis en garde ses collègues belges: «Vous devriez porter davantage votre attention sur les travaux de raclage des routes. Nous avons la preuve qu’entre 1970 et 1995, en France, 1 à 3% d’amiante chrysotile a parfois été ajouté au bitume pour le renforcer et éviter les fissures. Cela a été interdit en 1997. C’est pourquoi des échantillonnages de carottages sont à présent effectués et des protections spécifiques du chantier sont installées lorsqu’on détecte cet amiante dans le bitume qui doit être raclé. À l’époque, des entreprises françaises utilisant ce procédé effectuaient des travaux routiers en Belgique.» l’amiante: les symptômes peuvent mettre des années à se manifester, ce qui rend moins évidente la prise en compte du facteur «bitume» dans le diagnostic. l D.E. Et entendre siffler les cailloux… Pascal Cherain est ouvrier dans le secteur de la construction routière. Il témoigne: «En Belgique, on commence seulement à s’inquiéter des effets du bitume. Mais nous, sur le terrain, nous ne sommes que très peu informés. Pour l’employeur, le bitume est un produit comme un autre, qui ne présente aucun danger particulier. On nous fournit tout de même des équipements de protection: des masques et des gants. On travaille pourtant énormément avec du bitume. Dans notre société, ceux qui posent le bitume sont exposés en moyenne pendant six heures par jour; ceux qui font de l’excavation, trois heures. Cela dit, ceux qui enlèvent le bitume prennent autant de risques, comme ceux qui effectuent les raclages, et même ceux qui cassent les tarmacs pour faire des fouilles. Les ouvriers qui réparent des fuites ou des câbles, ou qui refont des égouts, sont eux aussi exposés, car ils doivent scier le tarmac. Sans parler de ceux qui habitent à proximité… En été, particulièrement, notre job est très contraignant. Il faut endurer la chaleur du bitume, mais lorsqu’on doit en plus supporter le soleil, c’est parfois très difficile de respirer. J’insiste aussi sur le fait que, quand on travaille sur autoroute, le sentiment d’insécurité est fort. Le nombre d’accidents a été faramineux l’année dernière. Et encore, il ne s’agit que de ce qui a été déclaré. Beaucoup de conducteurs ne respectent pas les limitations de vitesse. À 90 km/h, un petit caillou qui passe sur le pneu, ça correspond à une balle dans la tête pour le travailleur. On en a déjà entendu siffler…» l M.K. Intérim Michael De Lausnay Prendre la voix des travailleurs intérimaires en compte La CSC a manifesté devant les quartiers généraux du MR, de l’Open VLD et de Federgon, à Bruxelles. A près le rejet de sa proposition de permettre aux intérimaires de voter aux élections sociales dans l’entreprise utilisatrice («L’Info» n°24 du 25 décembre 2015), la CSC a organisé des actions de protestation. Le 8 février, veille de l’affichage, dans les entreprises, des premières listes électorales, des militants ont manifesté devant les quartiers généraux du MR, de l’Open VLD et de Federgon, 4 l 19 février 2016 l l’info n°4 la fédération des entreprises de recrutement, d’intérim et de titres-services, à Bruxelles. La CSC avait demandé que le droit de vote soit octroyé aux travailleurs intérimaires occupés depuis plus de trois mois dans une entreprise utilisatrice. À l’automne dernier, des délégations de la CSC ont rendu visite à des parlementaires pour leur demander d’appuyer cette proposition et de la mettre en œuvre avant les élections sociales de mai prochain. Techniquement, il aurait été simple d’ajouter un paragraphe à l’article 16 de la loi sur les élections sociales. Presque tous les politiques rencontrés ont accepté de soutenir cette initiative. Mais le MR et l’Open VLD ont enterré la proposition. Le projet n’a pas non plus réjoui Federgon. Les politiques ont également rejeté une proposition remaniée: la décision d’accorder le droit de vote aux intérimaires aurait pu être prise dans les organes de concertation de l’entreprise (conseil d’entreprise ou comité pour la prévention et la protection au travail). «Ce rejet est incompréhensible, estime la CSC. Il est injuste de considérer les intérimaires comme des travailleurs de seconde zone, incapables de se prononcer sur les conditions salariales et de travail imposées par l’entreprise utilisatrice, surtout quand on sait que les travailleurs occupés pendant une période de trois mois dans le cadre d’un contrat à durée déterminée ont, eux, le droit de vote.» Les intérimaires ont certes le droit de voter dans leur agence d’intérim. «Mais cela n’a aucun sens, juge la CSC. Leurs salaire et conditions de travail dépendent des règles en vigueur au sein de l’entreprise utilisatrice, et non dans leur agence d’intérim.» l Austérité Qui en profite? Pas les amoureux! Calculez ce que vous perdez La CSC a mis en ligne un calculateur qui permet à chacun d’évaluer l’impact des mesures prises par le gouvernement Michel, selon sa situation. Le résultat est malheureusement très souvent négatif. Sur les marchés, dans les centres commerciaux, les militants de la CSC sont allés à la rencontre des passants pour démonter les fausses promesses du gouvernement. L es nombreuses mesures d’austérité mises en place par le gouvernement Michel touchent durement les jeunes, les ménages, les travailleurs, les pensionnés, les malades, les invalides, les chômeurs. Les militants de la CSC l’ont rappelé aux passants, aux quatre coins de la Wallonie. Mons-La Louvière www.calculezcequevousperdez.be l’électricité, indexation des loyers et du précompte immobilier, accises sur le diesel, etc. Quelques jours plus tôt, le 3 février, les militants carolos s’étaient également rassemblés sur la place de la Digue pour un action en front commun sur la thématique des pensions et fins de carrière. À travers une symbolique «mise aux enchères de pensionnés», ils ont redit leur opposition aux mesures prises par le gouvernement. Un calendrier d’actions a été dressé pour les prochaines semaines. «Le gouvernement ne vous aime pas.» C’est avec ce slogan que les militants de la CSC de Mons-la Louvière ont approché les clients de plusieurs centres commerciaux de la région, à Hornu et La Louvière. Saint-Valentin oblige, ils ont distribué aux clients et au personnel des magasins des bonbons en forme de cœur, ainsi que des tracts les invitant à surfer sur le site internet de la CSC. Objectif: calculer ce qu’ils auraient pu offrir à leur amoureux ou amoureuse sans les mesures prises par le gouvernement Michel! Le 14 février, les militants Travailleurs sans emploi (TSE) étaient également présents sur le marché aux fleurs de Mons. Ils ont souhaité une joyeuse Saint-Valentin aux passants et distribué leurs tracts «Cœurs brisés» pour casser les préjugés: non, les chômeurs ne sont pas des paresseux, payés à ne rien faire et qui profitent de la vie! Des recherches menées par des mutuelles ont montré que le chômage produit de multiples maux: désocialisation, malêtre, culpabilisation, augmentation des troubles physiques et psychiques,… Charleroi-Sambre et Meuse Le 13 février, dans la galerie commerciale Ville 2, les militants de la CSC de Charleroi-Sambre et Meuse, équipés d’ordinateurs, ont démontré, exemples à l’appui, les pertes de pouvoir d’achat qui vont toucher de nombreux citoyens, en raison du blocage salarial et des diverses mesures prises pour compenser le «tax shift»: hausse de la TVA sur Pour leur part, les militants de la CSC de Liège-HuyWaremme se sont rendus sur la Batte le dimanche de la Saint-Valentin. Ils sont allés à la rencontre des Liégeois pour leur expliquer que, ce que le gouvernement leur donne d’une main, il le reprend de l’autre: d’une part, le salaire est un peu augmenté, mais d’autre part ils subissent un saut d’index, des coupes sombres dans la sécurité sociale, des restrictions sévères dans l’accès aux allocations sociales… Les militants ont invité les passants à le vérifier en utilisant le calculateur de la CSC. Ils leur ont également remis un (faux) billet de 100 euros avec l’adresse du calculateur. Namur-Dinant L’Info L’Info Liège-Huy-Waremme La veille de la Saint-Valentin, la CSC de Namur-Dinant est allée au marché de Namur et a offert des fleurs aux couples et aux passants, pour leur rappeler que la politique du gouvernement ne profite pas aux amoureux… surtout s’ils ont la malchance d’être jeunes, d’être en recherche d’emploi, de travailler à temps partiel, d’avoir un «flexi-job». Mais aussi s’ils sont plus âgés et qu’ils espéraient pouvoir profiter prochainement d’un crédit-temps ou d’une prépension… C’est ainsi que, entre 10h et midi, les militants ont distribué plus de mille pensées. L’Info Luxembourg La CSC du Luxembourg a pris une part active à la campagne «Qui en profite?». Le 13 février dernier, elle était présente au marché de Bastogne et à l’Hydrion d’Arlon pour proposer aux passants de tester le calculateur de la CSC et d’évaluer ainsi ce que le gouvernement leur donne ou, dans la plupart des cas, leur reprend. De nombreux citoyens ont pu constater ainsi que, lorsque le gouvernement leur promet 100 euros en plus, il ne leur dit pas tout et que, finalement, la perte de pouvoir d’achat peut atteindre plusieurs centaines d’euros. l Sidérurgie Non à l’afflux massif d’acier chinois L ’ACV-CSC-Metea mène le combat avec la CNE et la LBC pour préserver les emplois belges et européens du secteur de l’acier. Depuis plus d’un an, les trois centrales de la CSC ont agi… sans attendre d’autres. Elles ont écrit de très nombreux courriers à tous les ministres concernés et à tous les parlementaires européens, et elles les ont rencontrés. Il y a urgence. Les emplois belges et européens sont menacés par l’afflux massif d’acier chinois à «prix dumping» en Belgique et en Europe. Les importations d’acier chinois en Europe ont doublé en deux ans. Les sidérurgistes britanniques subissent déjà les conséquences de cette concurrence déloyale: 4.400 pertes d’emploi fin 2015. Et pratiquement tous les autres sidérurgistes européens tirent la sonnette d’alarme. Or, cela va s’aggraver si la Chine obtient de l’Europe le statut d’économie de marché. Dans ce cas, les sidérurgistes européens n’auront plus aucun moyen pour freiner les surcapacités chinoises en Europe. L’ACV-CSC-Metea, la CNE et la LBC protestent vivement contre ce risque majeur qui pèse sur les 25.000 emplois directs et indirects du secteur en Belgique (350.000 en Europe). Le 15 février dernier, les patrons ont manifesté à Bruxelles avec des travailleurs du secteur. Ils ont eu raison, même si les centrales de la CSC ne partagent pas tous les objectifs financiers patronaux. Elles appellent donc les confédérations européennes Eurofer (sidérurgistes) et Industriall (syndicats) à élaborer conjointement un plan global d’actions. Tous doivent s’unir face à la menace qui pèse sur les emplois. l Marche pour les réfugiés le 27 février à Bruxelles En septembre 2015, les images du corps d’Alan Kurdi, 3 ans, ont bouleversé l’opinion publique. Depuis, ce sont plus de 300 enfants qui se sont noyés en silence. Selon l’ONU, les mineurs représentent plus d’un tiers des réfugiés. Lancé par le mouvement citoyen «Refugees Welcome Espagne», un appel à manifester le samedi 27 février s’est diffusé à travers toute l’Europe. Pour des voies d’accès légales et sûres pour toutes les personnes fuyant leur pays, une marche partira de la gare du Nord, à Bruxelles, à 14h. Plus d’infos sur Facebook: «European March for Refugee Rights Brussels» (#safepassage). l’info n°4 l 19 février 2016 l 5 Les candidats CSC veilleront sur votre santé En mai prochain, vous élirez peut-être vos nouveaux représentants syndicaux. Dans son programme pour ces élections sociales, la CSC met en avant cette priorité: veiller à ce que chacun puisse travailler dans un environnement sain et sûr. C ette mission incombe plus particulièrement à celles et ceux que vous élirez au comité pour la prévention et la protection au travail (CPPT). De manière générale, les représentants syndicaux au CPPT ont pour mission de veiller à ce que la législation et les normes en matière de sécurité soient respectées scrupuleusement. Vos délégués sont là aussi pour rassembler les plaintes des travailleurs en matière de sécurité au travail, et en discuter au comité. Ils doivent également faire en sorte que les travailleurs disposent tous d’instructions et de formations de qualité en matière de sécurité, y compris les nouveaux collaborateurs, les intérimaires et les sous-traitants. Ils doivent tenir à l’œil la sécurité contre l’incendie, analyser les accidents de travail et réfléchir à la manière de les éviter dans le futur. Ils assurent le suivi des remarques des services de prévention, élaborent un plan d’action annuel sur la sécurité et la santé au travail, et participent au choix des experts du service externe de prévention qui doivent se rendre dans l’entreprise dans le courant de l’année: un médecin du travail, un ergonome, un psychologue ou un expert en risques chimiques. l Céramique et produits réfractaires Prime syndicale Tous les travailleurs occupés dans une entreprise relevant de la commission paritaire (CP) 113 ont droit à une prime syndicale. Les cartes sont actuellement distribuées par les employeurs et seront remises aux travailleurs. Pour avoir droit à cette prime, vous devez être affilié à la CSC et avoir été occupé par une entreprise pendant la période du 1er janvier 2015 au 31 décembre 2015. Si vous avez travaillé pendant la période complète, vous recevrez 135 euros (ou 11,25 euros par mois d’occupation). Veuillez inscrire votre numéro de compte sur la carte et veillez à être en ordre de cotisations. Si vous ne recevez pas de carte et si vous croyez avoir droit à cette prime syndicale, prenez contact avec votre délégué syndical, un centre de services de la CSC ou la fédération professionnelle de la CSC-Bâtiment industrie & énergie. Production de papier Prime syndicale © Klaarke Meert Tous les travailleurs occupés dans une entreprise relevant de la commission paritaire (CP) 129 ont droit à une prime syndicale. Les employeurs distribuent actuellement les cartes aux travailleurs. Pour avoir droit à cette prime, vous devez être affilié à la CSC et avoir été occupé par une entreprise pendant la période du 1er janvier 2015 au 31 décembre 2015. Si vous avez travaillé pendant la période complète, vous recevrez 135 euros (ou 11,25 euros par mois d’occupation). Veuillez inscrire votre numéro de compte sur la carte et veillez à être en ordre de cotisations. Le premier paiement sera effectué le 5 avril. Si vous ne recevez pas de carte alors que vous pensez avoir droit à cette prime syndicale, prenez contact avec votre délégué syndical, un centre de services de la CSC ou la fédération professionnelle de la CSC-Bâtiment industrie & énergie. Les images de la campagne de la CSC pour les élections sociales ont été réalisées avec le concours de militants. Ils sont tous rentrés sains et saufs de cette périlleuse mise en scène devant le secrétariat national de la CSC à Schaerbeek. Encore trop d’accidents de travail «C’est la fatalité!» On entend parfois dire cela quand survient un accident de travail. Faux! Sur le plan technique, la plupart des risques liés au travail peuvent être évités pour autant que l’on consacre suffisamment de moyens et de temps à la sécurité. C’est malheureusement loin d’être le cas partout… Le nombre d’accidents du travail mortels a été réduit de moitié en Belgique depuis les années 1980, mais le nombre d’accidents à l’origine d’un handicap permanent n’a pas diminué. Les accidents du travail sont nettement plus fréquents dans certains groupes et secteurs: accidents parmi les intérimaires et les sous-traitants, chutes dans la construction, accidents avec des engins de levage, accidents impliquant les nouveaux travailleurs dans l’entreprise… Autre évolution inquiétante: les compagnies d’assurances font de plus en plus de difficultés pour reconnaître les accidents de travail. Certaines refusent déjà de reconnaître un accident déclaré sur cinq. Il est fréquent aussi que des accidents ne soient pas indemnisés, surtout lorsqu’il n’y a pas eu de témoin ou lorsque la 6 l 19 février 2016 l l’info n°4 victime ne réagit pas face à l’assureur par le biais de son syndicat. De nombreux problèmes subsistent aussi au niveau du respect de la législation en matière de sécurité. Lors d’inspections inopinées, le service de surveillance du bien-être au travail enregistre dans un cas sur deux des infractions importantes à la législation sur la sécurité, qui peuvent entrainer des blessures graves: utilisation de substances dangereuses, risque de chute, sécurité des machines, prévention contre l’incendie ou sécurité électrique. Avec le peu de personnel dont ils disposent, les services d’inspection peuvent visiter chaque entreprise tous les 21 ans en moyenne… Quant aux services de prévention auxquels les employeurs sont tenus de s’affilier, ils rendent eux aussi des services très utiles, mais ils sont, eux aussi, trop peu présents dans les entreprises, et en particulier dans les petites entreprises. Le rôle des délégués sur le terrain reste donc très important. Il est d’ailleurs prouvé que la fréquence des accidents de travail est sensiblement moins importante dans les entreprises avec représentation syndicale. «Rentrer en bonne santé à la maison» • Ivica, délégué dans le secteur de la collecte des déchets: «Nous faisons un métier dangereux et peu valorisé. En tant que délégué syndical, j’essaie de faire comprendre aux travailleurs que leur premier devoir, c’est de rentrer en bonne santé à la maison. Nous expliquons comment prendre le moins de risques possible, même si on ne peut jamais prévoir ce qu’on va trouver dans les conteneurs. À côté des accidents, il y a également tout le problème des maladies professionnelles que l’on doit essayer de prévenir: troubles musculosquelettiques, exposition aux risques chimiques allant de la simple allergie au cancer.» • Vanessa, déléguée dans l’industrie alimentaire: «Nos ouvriers de production travaillent dans un environnement particulièrement rude. Plus de 34°C à certains postes de travail en été, et des températures en-dessous de zéro en hiver. En tant que représentants syndicaux, nous avons bataillé pour améliorer le confort de nos collègues. Il a fallu faire preuve de beaucoup de persévérance pour que ce point soit placé comme une priorité à l’ordre du jour.» Envie de rejoindre l’équipe syndicale de la CSC? Il reste moins d’un mois! Selon la date des élections dans votre entreprise, la date limite pour l’introduction des listes de candidats auprès de l’employeur se situe entre le 15 et le 28 mars. www.devenezcandidatcsc.be Favoriser l’emploi grâce à des aides simplifiées Les nouvelles aides à l’emploi wallonnes simplifiées ciblent prioritairement les jeunes, les demandeurs d’emploi, les travailleurs de plus de 55 ans et les PME. Jeunes non qualifiés La première mesure cible les jeunes âgés de moins de 25 ans qui ne disposent pas d’un diplôme de l’enseignement secondaire (le CESS). L’employeur qui engage un de ces jeunes pourra bénéficier d’une activation à concurrence de 500 euros par mois pendant un an. Après cela, le jeune travailleur devient demandeur d’emploi de longue durée et son patron peut encore bénéficier d’un soutien durant deux ans: 500 euros mensuels pendant une année, puis 250 euros durant six mois, enfin 125 euros durant six mois encore. Avec l’espoir qu’au terme de ces trois ans, l’employeur sera convaincu de continuer à miser sur ce jeune. Un dispositif analogue vise aussi les jeunes qui n’ont que le diplôme du secondaire. Mais ils devront attendre six mois avant de bénéficier de l’activation de 500 euros par mois. Jeunes demandeurs d’emploi La grande nouveauté de la réforme, c’est le contrat d’insertion pour les jeunes demandeurs d’emploi. La mesure veut offrir une première expérience professionnelle à tout jeune qui, dix-huit mois après sa sortie de l’école et malgré sa détermination (recherche active d’emploi, stage, formation…), n’a pas pu s’insérer sur le marché du travail. Le montant de l’aide sera de 700 euros par mois durant un an. La mesure est d’application dans tous les secteurs. Dans ce cadre, le jeune bénéficiera également Don de congés: pourquoi la CSC n’y est pas favorable L ’histoire du petit Mathis a fait beaucoup parler d’elle en France. Il souffrait d’une leucémie et sa maman est vite arrivée au bout de ses jours de congé pour s’en occuper. Même si cela n’est pas prévu par le droit français, ses collègues ont décidé de lui donner une partie de leurs vacances. La maman de Mathis a pu alors consacrer plus de temps à son fils. La vie privée prend parfois le pas sur le travail. Il arrive qu’un proche soit très malade et nécessite un accompagnement attentif. Que dire lorsqu’il s’agit d’un parent en fin de vie ou d’un enfant! Ces grands évènements de la vie privée ont été discutés dans les médias récemment. La question qui se pose est surtout de savoir comment le monde du travail peut y répondre au mieux. Deux propositions de loi, une du MR, l’autre du CDH, ont pour but de rendre possible le don de congés en Belgique. L’objectif de ces textes est de permettre une solidarité entre les travailleurs d’une entreprise. «Ces propositions de loi, même si elles partent (officiellement) d’une bonne intention, ne sont pas la réponse que la CSC souhaite apporter à ces problèmes, explique le syndicat chrétien. La solidarité est en effet plus efficace lorsqu’elle est organisée à un niveau plus large, au niveau de la sécurité sociale par exemple.» Il existe déjà actuellement le système du congé pour soins. Il dure un mois et peut être renouvelé une fois. Il peut être obtenu très vite par le travailleur. Si la situation continue, le travailleur peut aussi faire appel au crédittemps. Un crédit-temps pour motif de soins permet au travailleur de s’absenter trois ans. «Au total, cela fait trois ans et deux mois! Avant le gouvernement Michel, on pouvait aussi y ajouter le crédit-temps sans motif d’un an. On ne peut donc pas dire que les travailleurs belges sont démunis face à ce genre de situation», observe la CSC. «Les avantages d’organiser la solidarité par la sécurité sociale sont nombreux. Il est possible de prévoir des allocations, une protection contre le licenciement (un employeur n’est pas souvent content de voir un travailleur s’absenter longtemps), une assimilation pour le calcul de la pension. Tout cela est plus difficile s’il s’agit uniquement d’un système facultatif entre les travailleurs d’une même entreprise. Et finalement, c’est la même idée quand il s’agit d’une personne qui tombe malade, qui est en burn out ou qui a subi un accident du travail. Ce ne sont pas les collègues qui doivent s’y coller!» Un raison supplémentaire pousse à refuser ce genre de proposition, note la CSC: «Le droit du travail a pour but d’empêcher certains comportements, même si le travailleur est d’accord. Par exemple, personne ne peut autoriser son employeur à ne lui payer que la moitié de son salaire réglementaire. Quand bien même il s’agit de le reverser à un collègue qui suit un traitement médical très coûteux… La législation permet ainsi d’éviter des pressions trop fortes de l’employeur sur le travailleur, dont on sait qu’elles se terminent souvent en défaveur du travailleur. Rentabilité, productivité, menace de licenciement: dans le monde d’aujourd’hui, les conditions de travail mettent déjà énormément les travailleurs sous pression. Pas besoin de créer une nouvelle possibilité de pression en permettant au travailleur de rendre ses congés à son employeur!» l J.-B. M. Parmi les publics visés par les partenaires sociaux wallons: les jeunes peu ou moyennement qualifiés. © Guy Puttemans L e gouvernement wallon a approuvé la réforme des aides à l’emploi préparée par les syndicats et les patrons (1) au sein du Groupe des partenaires sociaux wallons (GPSW). Cette réforme était urgente. La Wallonie compte en effet 253.952 demandeurs d’emploi, soit 15% de la population active. Et, devenues trop nombreuses et trop complexes, les aides qui existaient jusqu’ici étaient devenues incompréhensibles, donc peu accessibles aux utilisateurs potentiels. La Région maintient le budget de 16 milliards affectés jusqu’ici à ces aides multiples, mais elle les simplifie et rend le dispositif plus clair et efficace. Cette réforme entrera en vigueur en 2017. Voici le détail de ces mesures. d’un accompagnement durant tout son contrat de travail. D’après les estimations, la mesure bénéficierait chaque année à environ 7.000 jeunes. Travailleurs de plus de 55 ans La réforme cible aussi les travailleurs de plus de 55 ans, qu’ils aient un emploi ou non. L’aide vise donc l’insertion et le maintien à l’emploi. En effet, à l’heure où le gouvernement décide d’allonger la carrière jusqu’à l’âge de 67 ans, de nombreux employeurs cherchent à se débarrasser des travailleurs de plus de 55 ans. La Région wallonne a décidé d’accorder une réduction des cotisations patronales: 400 euros par trimestre pour les personnes âgées de 55 à 57 ans, 1.000 euros pour les 58-62 ans et 1.500 euros pour les 63-67 ans. Avec un plafond fixé actuellement à 13.401,07 euros brut par trimestre. PME et TPE La réforme entend enfin encourager les petites et moyennes entreprises (PME) et les très petites entreprises (TPE). La réforme maintient le dispositif Sesam qui leur permet de se développer. Pour chaque engagement, l’employeur peut bénéficier d’une aide dégressive: 10.000 euros la première année, 7.500 la deuxième et enfin 5.000 euros la dernière année. La Région wallonne entend étendre cette aide aux sociétés du secteur de la recherche et développement, des nouvelles technologies, du numérique et aux sociétés actives dans les pôles de compétitivité de la Région. Dans le secteur non marchand, la réforme maintient le système des aides à la promotion de l’emploi (APE), mais en le simplifiant: la réduction fiscale et les subsides seront additionnés pour arriver à une subvention globale annuelle. Les systèmes Articles 60 et 61 (revenu d’intégration sociale) sont maintenus et simplifiés. Dans le monde associatif, les APE vont être forfaitisées. Les aides à trois sous-secteurs spécifiques (la petite enfance, les artistes et l’économie sociale) sont maintenues. l (1) Voir «L’Info» n°3 du 5 février dernier. l’info n°4 l 19 février 2016 l 7 En 2016, le patrimoine cumulé des 1% de personnes les plus riches du monde dépassera celui des autres 99% de la population. Seule solution: réussir à freiner l’augmentation actuelle des inégalités, soutenue par un lobbying intense des plus fortunés. Ils n’en ont jamais assez A «I nsatiable richesse: toujours plus pour ceux qui ont déjà tout» (1). Le titre du dernier rapport d’Oxfam est on ne peut plus clair. Il montre que la part du patrimoine mondial détenu par les 1% de personnes les plus riches est passée de 44% en 2009 à 48% en 2014. Et si rien n’est fait pour freiner cette hausse vertigineuse des inégalités, cette part dépassera 50% au cours de 2016. Ce n’est pas tout. Des 52% du patrimoine mondial restant, 46% se trouvait entre les mains du reste du cinquième le plus riche de la population mondiale. Les autres 80% de cette population ne se partagent que 5,5% du patrimoine mondial. Le rapport d’Oxfam est le dernier d’une longue liste d’études qui démontrent que les inégalités ont atteint des extrêmes scandaleux, et qu’elles continuent de croître. Le rapport d’Oxfam montre en effet que les 80 personnes les plus riches possèdent autant que 3,5 milliards de personnes, soit la moitié la plus pauvre de la population mondiale. © Laurent Caro/Belpress.com Un lobbying intense Dans une étude précédente («A égalité»), Oxfam avait montré que l’extrême richesse se transmet de génération en génération (2): plus d’un tiers des 1.645 milliardaires recensés par le magazine «Forbes» (3) ont hérité d’une partie ou de l’ensemble de leur fortune. De plus, cette petite minorité de personnes les plus fortunées mobilisent leurs très considérables ressources pour s’assurer que les règles internationales favorisent leurs intérêts. Pour 20% des milliardaires, ceux-ci se trouvent dans le secteur de la finance et de l’assurance. Entre mars 2013 et mars 2014, le patrimoine nominal de ce groupe a augmenté de 11%. Et, durant l’année 2013, ces deux secteurs ont dépensé 550 millions de dollars pour faire pression sur les responsables politiques à Washington et à Bruxelles… Autres secteurs prisés par les très grosses fortunes: le secteur pharmaceutique et celui de la santé. L’ensemble du patrimoine net des milliardaires qui possèdent des intérêts dans ces secteurs a augmenté de 47% de 2013 à 2014. Et durant la même période, ils ont dépensé eux aussi 500 millions de dollars pour faire du lobbying auprès des responsables politiques à Washington et à Bruxelles. Selon Oxfam, «on peut craindre que la force de lobbying de ces secteurs ne soit un obstacle majeur à la réforme du système fiscal international et n’impose des règles de propriété intellectuelle qui empêchent les plus pauvres d’accéder à des médicaments vitaux». Justice fiscale Les données du Fonds monétaire international (FMI) établissent d’ailleurs de plus en plus clairement que les inégalités extrêmes sont préjudiciables non seulement aux personnes qui se trouvent au bas de l’échelle économique et sociale, mais aussi à la croissance économique. C’est ce qui explique d’ailleurs que Christine Lagarde, présidente de ce même FMI, ait à plusieurs reprises évoqué le besoin de réduire ces inégalités extrêmes… Il reste évidemment à passer des paroles à l’action. Oxfam souligne que cela passe par la nécessité impérieuse de mettre un frein à l’évasion fiscale des grandes entreprises et des grosses fortunes, et par une répartition équitable de la charge fiscale. Cela passe aussi par l’instaura- 8 l 19 février 2016 l l’info n°4 © L'Info © Guy Puttemans L’économie mondiale au service des super-riches lors que les inégalités se creusent, alors que les plus riches sont insatiables et n’ont de cesse de devenir plus riches encore, la lutte contre la spirale vertigineuse des inégalités est absolument indispensable (1). Car «si les inégalités de revenus s’aggravent pendant les périodes difficiles, elles ne se corrigent pas forcément lorsque cela va mieux» ainsi que le souligne un économiste… de la banque ING (2). Il précise aussi que «les systèmes sociaux moins généreux ont favorisé la montée des inégalités (…) et qu’une reprise classique n’est pas suffisante pour inverser la tendance au creusement des inégalités». Face à ces défis, l’action syndicale, l’éducation permanente et les concertations à tous niveaux sont plus que jamais nécessaires. Mais celles-ci s’avèrent parfois extrêmement compliquées. Ainsi, après des semaines de discussions difficiles mais où la volonté d’avancer semblait réelle, le Groupe des dix a dû constater la difficulté d’actualiser l’accord de 2002 portant sur le règlement des conflits collectifs. Quelques aspects étaient particulièrement imbuvables, comme le fait d’interdire à des travailleurs intérimaires ou à des travailleurs d’autres entreprises de se joindre à des actions de solidarité. Comment, dans ce cadre, pouvoir encore envisager des actions dans des secteurs où la sous-traitance est importante, où beaucoup d’entreprises sont des PME? Il est impossible pour les employeurs de condamner une entreprise qui propose un GSM et un jour de congé à ses travailleurs s’ils s’engagent, tous, à ne pas se porter candidats aux élections sociales. Il est impossible pour nous de renoncer à notre rôle de contre-pouvoir et de mobilisation des travailleurs. Notre boulot, c’est de défendre les conditions de travail, les droits des travailleurs, pas d’enterrer l’action collective. l Marie-Hélène Ska secrétaire générale de la CSC Marc Leemans président de la CSC (1) Lire l’article ci-contre. (2) «Une crise inégale» par Julien Manceaux, «senior economist» au bureau Economic Research d’ING, 15 février 2016. tion d’un salaire minimum décent pour chaque travailleur, chaque travailleuse. Il faut pour cela mettre en place une législation en faveur de l’égalité salariale. Il faut aussi mettre en œuvre une protection sociale suffisante pour les plus pauvres. Toutes ces revendications sont défendues par la CSC en Belgique, mais aussi au niveau européen avec la Confédération européenne des syndicats, et au niveau mondial à l’Organisation internationale du travail et avec la Confédération syndicale internationale. l (1) Cette étude a été publiée en janvier 2016. (2) Etude publiée en octobre 2015. Ces deux études sont accessibles sur le site internet d’Oxfam International (www.oxfam.org/fr, rubrique «Publications»). (3) Ce magazine établit chaque année un classement des plus grandes fortunes du monde.