Ah! tout ce que les amoureux auraient pu s`offrir sans les

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n°4 • 19 février 2016
APRÈS
LES ATTENTATS
BITUME
DANGEREUX
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AIDES
À L’EMPLOI
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■ Hebdomadaire 74 e année ■ Rédaction: Chaussée de Haecht , 579 • B-1030 Bruxelles ■ Éditrice responsable: M.-H. Ska ■
■ e-mail: [email protected] ■ http://www.csc-en-ligne.be ■ Bureau de dépôt: Charleroi ■ P 911984 ■ ISSN 0772/2427 ■
Triste Saint-Valentin
L’Info
Ah! tout ce que les amoureux auraient
pu s’offrir sans les mesures d’austérité
du gouvernement fédéral! Et pour
ceux qui croient encore aux belles
promesses de Charles Michel, la CSC
a mis en ligne un calculateur qui permet à chacun d’évaluer l’impact des
mesures sur son budget personnel.
Dans la rue, les militants de la CSC
sont allés réconforter les passants…
••• page 5
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© Rob Stevens
Se former tout en travaillant
Se former tout en travaillant, c’est le pari que propose la
Faculté ouverte de politique économique et sociale (Fopes)
de l’UCL depuis plus de quarante ans. Une faculté «ouverte»
car elle s’adresse à des adultes ayant des activités professionnelles ou un engagement social, et n’ayant pas eu
la possibilité d’entreprendre des études universitaires par
la voie traditionnelle. À ces adultes, la Fopes propose un
master de trois ans en horaire décalé, à raison d’une journée (le jeudi ou le samedi) et d’une soirée par semaine.
Trois groupes locaux de 20 à 30 étudiants sont constitués
par année d’études. Développement régional, politique
d’insertion, lutte contre les inégalités: pour comprendre les
enjeux économiques et sociaux qui se posent à la société
contemporaine, analyser les politiques mises en œuvre par
les acteurs économiques, politiques et sociaux, et élaborer, avec d’autres, des projets et des propositions dans un
cadre universitaire, la Fopes propose des outils utiles à la
réflexion et à l’innovation. Les besoins spécifiques d’étudiants adultes qui renouent avec un travail de réflexion et
d’étude sont largement pris en compte.
Des séances d’information seront prochainement organisées en vue de l’année académique 2016-2017:
•Arlon (CSC, rue Pietro Ferrero 1): le mardi 23 février à
18h.
•Charleroi (Maison Georges Lemaître, local A010/012,
boulevard Devreux 6): le mardi 1er mars à 18h.
•Liège (Moc, rue Saint-Gilles 29): le mardi 22 mars à 17h.
•Louvain-la-Neuve (Fopes, local D144, rue de la Lanterne
magique 32): le samedi 12 mars à 18h.
Renseignements? Chantal Grandmaire. Tél.: 010.47.39.07.
Courriel: [email protected]
Internet: www.uclouvain.be/opes
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Bruxelles: les femmes contre l’austérité
Dans le cadre de la Journée internationale des femmes, les
Femmes CSC, Vie féminine et les Femmes CNE de Bruxelles
organisent une soirée de débat intitulée «Les femmes luttent
contre l’austérité». Une syndicaliste basque (ELA) prendra
la parole pour expliquer la crise en Espagne, ses conséquences pour les femmes et les actions qu’elles mènent. Au
programme également: le témoignage d’une militante CNE
sur les conditions de travail dans le commerce en Belgique,
et les actions menées. Inscription avant le 26 février.
Quand? Le mercredi 2 mars de 17h30 à 20h30.
Où? CSC-Alimentation et services, rue des Chartreux 70, à
1000 Bruxelles.
Renseignements et inscription? Ana Rodriguez (CSC de
Bruxelles). Tél.: 02.557.85.36. Courriel: [email protected]
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Watermael-Boitsfort: «En quête de sens»
Dans le cadre du cycle «Biens communs et nous» («L’Info» n°1
du 8 janvier 2016), le centre culturel La Vénerie propose une
soirée de ciné-débat qui débutera par la projection du documentaire «En quête de sens» (France, 2015). Ce film raconte
le voyage de deux amis d’enfance sur trois continents, un
«voyage pour questionner le monde», le «road-movie d’une
génération désabusée à la recherche de sagesse et de bon
sens». Il y est question de rêves, de routine et de changement, de crise économique et d’inégalités, de consommation
et de rapport à la nature. En rapprochant les témoignages
2 l 19 février 2016 l l’info n°4
L’utopie sur grand écran
Depuis 2009, le festival du film social «Vivre debout» propose, dans l’est du Brabant wallon, un week-end axé sur
la réflexion et le débat autour de questions de société.
Cette année, «Vivre debout» veut nous redonner le goût
de l’utopie. «L’utopie, c’est ce qui n’a pas encore été
essayé, expliquent les organisateurs. En 1880, la protection sociale, on n’avait pas encore essayé. Aujourd’hui, elle
fait partie de notre paysage social comme si elle avait toujours existé. Sous d’autres cieux, c’est encore un objectif
à atteindre. Et demain, est-ce que ce sera une réalité pour
tous… ou un souvenir pour nous?» À l’affiche: treize films,
parmi lesquels «Demain» et «Pride», dont «L’Info» vous a
déjà parlé, mais aussi «Le tout nouveau Testament» de
Jaco Van Dormael, meilleure comédie au Prix du cinéma
européen 2015, et «Taxi Téhéran», qui brosse le portrait de
la société iranienne, Ours d’or au Festival de Berlin 2015.
Avec aussi des animations, des débats et un Photomaton
pour se faire tirer le portrait en héro ou héroïne de l’utopie!
Festival
du
Film
social
Du 11 au 13 mars 2016
Centre Culturel de Perwez le FOYer
Plus d’infos
0495/53 09 52
www.vivredebout.be
Quand? Du vendredi 11 au dimanche 13 mars.
Où? Centre culturel de Perwez «Le Foyer», Grand-Place 32, à
1360 Perwez.
Prix? Long métrage: 3 euros. Moyen métrage (moins de 60 minutes): 2 euros. Abonnement eppour les trois jours: 10 euros. Prix
réduit pour les enfants, étudiants, personnes à mobilité réduite (1,50 euro), demandeurs d’emploi et bénéficiaires du RIS (1,25 euro).
Renseignements et réservation? Tél.: 0495.53.09.52. Internet: www.vivredebout.be
ON
AIR
inform’action
ESPRIT>FORCE>ETHIQUE
ON
AIR
Organisateurs
Partenaires
inform’action
Webradio/Vidéo/Graphisme/Internet/Evénementiel
Avec l’aide de
ON
AIR
Equipes Populaires
Brabant Wallon
inform’action
Webradio/Vidéo/Graphisme/Internet/Evénementiel
ON
AIR
inform’action
ESPRIT>FORCE>ETHIQUE
d’un biologiste cellulaire, d’un jardinier urbain, d’un chaman
itinérant ou encore d’une cantatrice présidente d’ONG, les
réalisateurs Nathanaël Coste et Marc de la Ménardière interrogent nos visions du monde.
Quand? Le samedi 27 février à 20h.
Où? La Vénerie, Espace Delvaux, rue Gratès 3 (place Keym), à
1170 Watermael-Boitsfort.
Prix? De 3,50 à 6 euros.
Renseignements? La Vénerie. Tél.: 02.663.85.50.
Courriel: [email protected]. Internet: www.lavenerie.be
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Charleroi: promouvoir le dialogue
interculturel
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Mons: le rôle de l’enseignement
après les événements de 2015
Accueil des réfugiés, attentats terroristes, montée
de l’extrême droite… Que faire après les événements
de 2015? Quel rôle pour l’enseignement, la culture,
l’éducation permanente? Tel sera le thème de la soirée
de ciné-débat que proposent l’ASBL Formation éducation
culture (Fec) et la CSC de Mons-la Louvière. À l’affiche:
le documentaire «Patience, patience, t’iras au paradis»
(2015) de la journaliste Hadja Lahbib. Ce film emmène le
spectateur dans l’univers rarement visité des femmes de
la première génération de l’immigration maghrébine. Dans
les années 1960, ces femmes ont accompagné les milliers
de Maghrébins venus travailler en Belgique. «Patience,
patience, t’iras au paradis!», c’est le refrain mille fois répété
pour qu’elles acceptent leur vie sans se plaindre. Cinquante
ans plus tard, Hadja Lahbib les invite à quitter leur quartier
et à partir en excursion dans leur pays d’adoption… Après
la projection, Eugène Ernst, secrétaire général de la CSCEnseignement, et Frédéric Ligot, secrétaire politique du
Moc, participeront au débat. Entrée libre.
Quand? Le mercredi 24 février à 18h30.
Où? Moc, auditoire, 1er étage, rue Marguerite Bervoets 10, à
7000 Mons.
Renseignements? Géraldine Garofalo (CSC de Mons-La
Louvière). Tél.: 065.37.25.56. Courriel: [email protected]
L’ASBL «SOS dépannage», active notamment dans l’accueil
des sans-papiers et des réfugiés, propose un atelier «Action»
aux jeunes issus de l’immigration. Cet atelier est ouvert aux
jeunes de moins de 25 ans, désireux de s’investir dans un
projet axé sur la lutte contre le racisme et la promotion du dialogue interculturel. Ils participeront à la création de saynètes
thématiques où se mêleront expression scénique, chant,
musique, danse… Au rythme d’une journée par semaine
(repas de midi offert), cet atelier réunit six à dix personnes.
Où? ASBL «SOS dépannage», antenne sociale de Charleroi, rue
Prunieau 3, à 6000 Charleroi.
Renseignements? Tél.: 071.23.08.00.
Courriel: [email protected]
Internet: www.sosdepannageasbl.be
Tél : 02 246.32.86 Fax : 02 246.30.10
E-mail [email protected] - http://www.csc-en-ligne.be
Pour obtenir votre correspondant,
faites le 02/246 suivi des quatre chiffres indiqués.
Tirage moyen : 225.000 exemplaires
Rédaction : chaussée de Haecht, 579
BP 10 – B-1031 Bruxelles (Belgique)
Secrétaire de rédaction : Daniel Dellisse (3287),
[email protected]
Abonnements et Poste: Marleen Verlee (3281)
(pas le mercredi), [email protected]
Rédaction :
Danièle Ernotte (3289), [email protected]
Anne-Marie Pirard (3290), [email protected]
Donatienne Coppieters (3283), [email protected]
Chef du service presse : Jochen Mettlen (3291),
[email protected]
MEP : Patricia Martin (3297)
[email protected] - [email protected]
Éditeur : Confédération des syndicats
chrétiens (CSC)
Imprimerie : Remy-Roto Beauraing
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Réflexion autour de la radicalisation
Après les attentats de Paris, que
pouvons-nous faire? Le multiculturalisme
a-t-il échoué? Que fait-on des personnes
revenues de Syrie? Des questions
auxquelles les Jeunes CSC ont tenté
de répondre.
«Djihad»
Cette journée a d’abord été l’occasion pour les jeunes de
découvrir la pièce «Djihad» d’Ismaël Saidi, réalisateur et
comédien bruxellois d’origine marocaine. Mêlant habilement la comédie et la tragédie, le spectacle relate l’aventure de trois jeunes Bruxellois radicalisés et crédules qui
décident de partir effectuer leur guerre sainte en Syrie. La
pièce entend répondre aux propos de Marine Le Pen, présidente du Front national (français). Interrogée en 2014,
cette dernière avait choqué Ismaël en décrétant que ce
n’était pas un problème que les jeunes partent en Syrie,
pour autant qu’ils ne reviennent pas. «Comme artiste, j’ai
voulu répondre à la vraie question: pourquoi partent-ils?»
Très vite, il rédige sa pièce en s’inspirant de sa vie, de
«La peur naît de l’ignorance»
L’Info
Ismaël Saidi, auteur de la pièce «Djihad»: «Il va falloir
ouvrir des portes, décloisonner les communautés. Pas
le choix. Aujourd’hui, il ne s’agit pas de vivre ensemble,
mais de faire ensemble. On peut vivre à côté de son
voisin sans jamais lui adresser la parole. On peut aussi
aller frapper chez lui quand il nous manque du sel. C’est
l’occasion de se rencontrer, de surmonter la peur de
l’autre. Et pourquoi pas, de lui apporter un morceau de
la quiche qu’on est en train de préparer. Ce peut être
le début d’une rencontre… C’est de l’ignorance, de la
méconnaissance de l’autre que naît la peur.» D.C.
Dépasser l’émotion collective: tel était l’objectif des Jeunes CSC réunis à Namur le 30 janvier.
la vie de son quartier schaerbeekois et de faits réels
partagés avec plusieurs de ses amis proches. Utilisant
l’humour pour adoucir le sujet, la pièce joue sur l’humanité
des personnages et la raison. «Les notions de comédie
et de drame sont très liées, le fil qui les sépare est très
mince», explique-t-il. Très vite, la salle est prise dans un
véritable ascenseur émotionnel, où le rire et le malaise se
succèdent régulièrement.
Ben, Reda, Ismaël, les trois personnages de la pièce,
vont peu à peu se révéler en racontant leur histoire, la
vraie raison qui les a amenés en Syrie. Un lien d’empathie
se tisse rapidement entre les personnages et le public,
ce qui permet à ce dernier de percevoir les jeunes djihadistes sous un nouvel angle. «Non, ce ne sont pas des
monstres.» L’auteur ne cautionne cependant en aucun cas
les actions et la cause des djihadistes et les condamne.
Il entend toutefois rappeler qu’il s’agit d’êtres humains.
«Parmi les causes de radicalisation, il y a des facteurs
internes aux communautés d’origine. Certains de mes
personnages sont brisés par leur propre entourage, leur
propre famille, leur propre mère», confie Ismaël. Aux yeux
du comédien-réalisateur, le problème est davantage une
affaire de marginalisation que de radicalisation.
Exclusion sociale
L’exclusion sociale est-elle facteur de terrorisme? Pour
Ludovic Voet, responsable national des Jeunes CSC,
«c’est en tout cas un facteur de violence». Lors du débat,
de nombreuses réflexions portent sur l’origine de cette
radicalisation, sur le rôle de notre pays dans le départ des
combattants et leur éventuelle réinsertion. Il en émane
une volonté de ne pas tomber dans des dérives sécuritaires et racistes que prônent certains. Le processus
d’exclusion contribue à radicaliser les jeunes en perte de
repères. Trop peu d’initiatives sont mises en place pour
les guider et les empêcher de se perdre.
Les Jeunes CSC militent pour défendre solidairement
les jeunes et leur place dans la société, l’école et le travail. De meilleures conditions sociales, une meilleure prise
en charge des jeunes sont primordiales pour atténuer la
violence. Mais il faut aussi combattre l’ignorance et les
préjugés. «Quand on voit un musulman avec deux armes
et un Coran, c’est un terroriste. Lorsqu’on voit un Blanc
avec deux armes et une Bible, c’est un supporter de
Donald Trump», plaisante Ludovic Voet.
L’Info
B
eaucoup l’ont constaté après les attentats de
Paris: des flots de haine et d’indignation se sont
répandus sur les réseaux sociaux. Le gouvernement belge a dégagé un budget de 400 millions pour renforcer la «sécurité du pays», les militaires sont apparus
dans les rues, le niveau de menace terroriste a été relevé
en Région bruxelloise… Et, au niveau européen, les politiques parlent de fermer les frontières ou de renforcer le
contrôle des jeunes.
Justifiées ou non, ces mesures nous rappellent
que l’émotion collective ne doit pas prendre le pas sur
la réflexion constructive et citoyenne. C’est là l’objectif
que se sont donnés les Jeunes CSC par le biais de leur
«Green Trip» du 30 janvier dernier à Namur: une journée
de réflexion et de rencontre intitulée «Après les attentats,
on fait quoi?».
Revenus de Syrie
Tout au long de la journée, deux interrogations majeures
ont donné le ton des débats. Que faire pour empêcher
des jeunes de partir combattre en Syrie? Et que faire d’eux
lorsqu’ils reviennent? La Belgique est actuellement le troisième pays européen comptant le plus grand nombre de
ressortissants djihadistes. En réponse aux attentats, le
gouvernement n’a pris que des mesures sécuritaires à
court terme. Le Danemark, par exemple, essaye autre
chose. Du nom d’une ville danoise, la méthode Aarhus est
un programme d’accompagnement et d’aide à la réintégration des musulmans partis combattre au Moyen-Orient.
Le but de ce programme de réhabilitation est de les aider
à se réinsérer dans la société tout en gardant leur identité religieuse. Après la présentation, beaucoup de jeunes
déploraient le fait qu’un tel programme n’ait pas encore été
mis en place en Belgique. «La lutte contre le terrorisme
implique de prendre des dispositions adaptées. Or, certaines mesures prises par notre gouvernement touchent
tout le monde», reproche Johanna Mulumba, permanente
nationale des Jeunes CSC.
Un problème de société
Les langues se délient. Divers ateliers thématiques liés à
la radicalisation sont l’occasion de réfléchir ensemble, de
donner son point de vue tout en s’enrichissant de ceux
des autres. Les participants reconnaissent finalement que
tout cela est davantage un problème de société que de
religion.
De ces divers échanges ressort l’idée d’investir en
priorité dans l’éducation et la culture qui, à long terme,
feront plus d’effet que le sécuritaire. Et d’ouvrir des
espaces créatifs et des lieux d’échange et de réflexion. Si
cette journée n’avait pas la prétention d’apporter la panacée aux problèmes de radicalisation, elle a été l’occasion
de mettre en avant les facteurs sur lesquels il est possible d’agir. «Ce genre d’espace d’échange est important
pour qu’on puisse discuter ensemble des mesures que
l’on pourrait prendre au quotidien, plutôt que de laisser le
gouvernement appliquer ses décisions sans nous consulter, estime Johanna Mulumba. Il est important aussi de
recréer une culture du débat pour amener les jeunes à se
sentir concernés par les enjeux de société.» l
Maxime Kouhail (stagiaire)
l’info n°4 l 19 février 2016 l
3
Construction routière
Le bitume: un deuxième amiante?
Les travailleurs de la voirie font un métier lourd et dangereux. Aux risques liés au trafic
s’ajoutent des expositions moins connues, mais lourdes de conséquences pour la santé.
L
a CSC-Bâtiment industrie & énergie (CSC-BIE) met
en garde contre les risques liés à l’exposition au
bitume lors des travaux d’asphaltage. S’appuyant
sur sa propre enquête et sur une étude menée par Mensura, elle a récemment fait le point sur le sujet avec ses
délégués du secteur, à l’occasion d’un séminaire national
organisé le 26 janvier.
Vapeurs et contacts sur la peau
Aujourd’hui, les bitumes utilisés en technique routière
sont issus du pétrole et additionnés de divers composants et produits chimiques. En fonction du produit et du
procédé, les travailleurs de la voirie sont donc plus ou
moins exposés à l’inhalation de vapeurs de bitume et/ou
à des contacts prolongés sur la peau. À ces expositions
s’ajoutent le fait que les bitumes ont des propriétés photosensibilisantes qui augmentent les effets des rayons
ultraviolets sur la peau. Maladies de la peau, affections
broncho-pulmonaires et cancers liés à l’exposition au
bitume figurent d’ailleurs sur la liste des maladies professionnelles établie par l’Union européenne.
Mais ce n’est pas tout! Les ouvriers des routes sont
aussi quotidiennement exposés aux émissions liées au
trafic, ou encore aux solvants couramment utilisés pour
nettoyer le matériel…
Or, ils sont rarement informés des risques qu’ils
encourent, et les règles de sécurité et d’hygiène sur
les chantiers routiers ne sont pas toujours respectées.
Selon l’enquête menée par la CSC-BIE auprès de 231
entreprises, seuls 47% des travailleurs disposent d’une
protection respiratoire. Et seulement 6% des chantiers
disposent d’une douche, 10% de lavabos et 30% d’eau
courante. Se nettoyer régulièrement la peau est pourtant
la première action préventive individuelle conseillée par
Mensura…
Reconnaître les dangers
Pierre Cuppens, secrétaire général de la CSC-BIE, en
appelle donc à plus d’actions préventives et à une intensification des contrôles par les services d’inspection. La
centrale réclame aussi une meilleure information des travailleurs. Du côté des groupes pétroliers et de certains
employeurs, on note en effet toujours une certaine réticence à reconnaître les dangers du bitume. Une attitude
qui n’est pas sans rappeler le scandale de l’amiante,
observe la CSC-BIE, qui pointe une autre similarité avec
De l’amiante incorporé?
Dominique Guimonet est conducteur d’engins pour
travaux routiers et délégué de la CGT France. Au
séminaire de la CSC-Bâtiment industrie & énergie, il
a mis en garde ses collègues belges: «Vous devriez
porter davantage votre attention sur les travaux de
raclage des routes. Nous avons la preuve qu’entre
1970 et 1995, en France, 1 à 3% d’amiante chrysotile a parfois été ajouté au bitume pour le renforcer
et éviter les fissures. Cela a été interdit en 1997.
C’est pourquoi des échantillonnages de carottages
sont à présent effectués et des protections spécifiques du chantier sont installées lorsqu’on détecte
cet amiante dans le bitume qui doit être raclé. À
l’époque, des entreprises françaises utilisant ce procédé effectuaient des travaux routiers en Belgique.»
l’amiante: les symptômes peuvent mettre des années à se
manifester, ce qui rend moins évidente la prise en compte
du facteur «bitume» dans le diagnostic. l D.E.
Et entendre siffler les cailloux…
Pascal Cherain est ouvrier dans le secteur de la construction routière. Il témoigne: «En Belgique, on commence
seulement à s’inquiéter des effets du bitume. Mais nous,
sur le terrain, nous ne sommes que très peu informés.
Pour l’employeur, le bitume est un produit comme un
autre, qui ne présente aucun danger particulier. On nous
fournit tout de même des équipements de protection:
des masques et des gants.
On travaille pourtant énormément avec du bitume.
Dans notre société, ceux qui posent le bitume sont exposés en moyenne pendant six heures par jour; ceux qui
font de l’excavation, trois heures.
Cela dit, ceux qui enlèvent le bitume prennent autant
de risques, comme ceux qui effectuent les raclages,
et même ceux qui cassent les tarmacs pour faire des
fouilles.
Les ouvriers qui réparent des fuites ou des câbles,
ou qui refont des égouts, sont eux aussi exposés, car ils
doivent scier le tarmac. Sans parler de ceux qui habitent
à proximité…
En été, particulièrement, notre job est très contraignant. Il faut endurer la chaleur du bitume, mais lorsqu’on
doit en plus supporter le soleil, c’est parfois très difficile
de respirer.
J’insiste aussi sur le fait que, quand on travaille sur
autoroute, le sentiment d’insécurité est fort. Le nombre
d’accidents a été faramineux l’année dernière. Et encore,
il ne s’agit que de ce qui a été déclaré. Beaucoup de
conducteurs ne respectent pas les limitations de vitesse.
À 90 km/h, un petit caillou qui passe sur le pneu, ça
correspond à une balle dans la tête pour le travailleur.
On en a déjà entendu siffler…» l M.K.
Intérim
Michael De Lausnay
Prendre la voix des travailleurs intérimaires en compte
La CSC a manifesté devant les quartiers généraux du MR, de l’Open VLD et de Federgon, à Bruxelles.
A
près le rejet de sa proposition de permettre aux intérimaires de voter aux élections sociales dans l’entreprise utilisatrice («L’Info» n°24 du 25 décembre 2015), la
CSC a organisé des actions de protestation. Le 8 février,
veille de l’affichage, dans les entreprises, des premières
listes électorales, des militants ont manifesté devant les
quartiers généraux du MR, de l’Open VLD et de Federgon,
4 l 19 février 2016 l l’info n°4
la fédération des entreprises de recrutement, d’intérim et
de titres-services, à Bruxelles.
La CSC avait demandé que le droit de vote soit
octroyé aux travailleurs intérimaires occupés depuis plus
de trois mois dans une entreprise utilisatrice. À l’automne
dernier, des délégations de la CSC ont rendu visite à
des parlementaires pour leur demander d’appuyer cette
proposition et de la mettre en œuvre avant les élections
sociales de mai prochain. Techniquement, il aurait été
simple d’ajouter un paragraphe à l’article 16 de la loi sur
les élections sociales. Presque tous les politiques rencontrés ont accepté de soutenir cette initiative. Mais le MR et
l’Open VLD ont enterré la proposition. Le projet n’a pas non
plus réjoui Federgon.
Les politiques ont également rejeté une proposition
remaniée: la décision d’accorder le droit de vote aux intérimaires aurait pu être prise dans les organes de concertation de l’entreprise (conseil d’entreprise ou comité pour la
prévention et la protection au travail). «Ce rejet est incompréhensible, estime la CSC. Il est injuste de considérer
les intérimaires comme des travailleurs de seconde zone,
incapables de se prononcer sur les conditions salariales
et de travail imposées par l’entreprise utilisatrice, surtout
quand on sait que les travailleurs occupés pendant une
période de trois mois dans le cadre d’un contrat à durée
déterminée ont, eux, le droit de vote.»
Les intérimaires ont certes le droit de voter dans leur
agence d’intérim. «Mais cela n’a aucun sens, juge la CSC.
Leurs salaire et conditions de travail dépendent des règles
en vigueur au sein de l’entreprise utilisatrice, et non dans
leur agence d’intérim.» l
Austérité
Qui en profite?
Pas les amoureux!
Calculez ce que vous perdez
La CSC a mis en ligne un calculateur qui permet à chacun d’évaluer l’impact des mesures
prises par le gouvernement Michel, selon sa
situation. Le résultat est malheureusement très
souvent négatif.
Sur les marchés, dans les centres commerciaux, les militants de la CSC sont allés à la
rencontre des passants pour démonter les fausses promesses du gouvernement.
L
es nombreuses mesures d’austérité mises en place
par le gouvernement Michel touchent durement les
jeunes, les ménages, les travailleurs, les pensionnés, les malades, les invalides, les chômeurs. Les militants
de la CSC l’ont rappelé aux passants, aux quatre coins de
la Wallonie.
Mons-La Louvière
www.calculezcequevousperdez.be
l’électricité, indexation des loyers et du précompte immobilier, accises sur le diesel, etc.
Quelques jours plus tôt, le 3 février, les militants carolos s’étaient également rassemblés sur la place de la Digue
pour un action en front commun sur la thématique des pensions et fins de carrière. À travers une symbolique «mise
aux enchères de pensionnés», ils ont redit leur opposition
aux mesures prises par le gouvernement. Un calendrier
d’actions a été dressé pour les prochaines semaines.
«Le gouvernement ne vous aime pas.» C’est avec ce slogan que les militants de la CSC de Mons-la Louvière ont
approché les clients de plusieurs centres commerciaux de
la région, à Hornu et La Louvière. Saint-Valentin oblige, ils
ont distribué aux clients et au personnel des magasins des
bonbons en forme de cœur, ainsi que des tracts les invitant
à surfer sur le site internet de la CSC. Objectif: calculer ce
qu’ils auraient pu offrir à leur amoureux ou amoureuse sans
les mesures prises par le gouvernement Michel!
Le 14 février, les militants Travailleurs sans emploi
(TSE) étaient également présents sur le marché aux fleurs
de Mons. Ils ont souhaité une joyeuse Saint-Valentin aux
passants et distribué leurs tracts «Cœurs brisés» pour casser les préjugés: non, les chômeurs ne sont pas des paresseux, payés à ne rien faire et qui profitent de la vie! Des
recherches menées par des mutuelles ont montré que le
chômage produit de multiples maux: désocialisation, malêtre, culpabilisation, augmentation des troubles physiques
et psychiques,…
Charleroi-Sambre et Meuse
Le 13 février, dans la galerie commerciale Ville 2, les militants de la CSC de Charleroi-Sambre et Meuse, équipés
d’ordinateurs, ont démontré, exemples à l’appui, les pertes
de pouvoir d’achat qui vont toucher de nombreux citoyens,
en raison du blocage salarial et des diverses mesures
prises pour compenser le «tax shift»: hausse de la TVA sur
Pour leur part, les militants de la CSC de Liège-HuyWaremme se sont rendus sur la Batte le dimanche de la
Saint-Valentin. Ils sont allés à la rencontre des Liégeois
pour leur expliquer que, ce que le gouvernement leur donne
d’une main, il le reprend de l’autre: d’une part, le salaire est
un peu augmenté, mais d’autre part ils subissent un saut
d’index, des coupes sombres dans la sécurité sociale, des
restrictions sévères dans l’accès aux allocations sociales…
Les militants ont invité les passants à le vérifier en utilisant
le calculateur de la CSC. Ils leur ont également remis un
(faux) billet de 100 euros avec l’adresse du calculateur.
Namur-Dinant
L’Info
L’Info
Liège-Huy-Waremme
La veille de la Saint-Valentin, la CSC de Namur-Dinant
est allée au marché de Namur et a offert des fleurs aux
couples et aux passants, pour leur rappeler que la politique
du gouvernement ne profite pas aux amoureux… surtout
s’ils ont la malchance d’être jeunes, d’être en recherche
d’emploi, de travailler à temps partiel, d’avoir un «flexi-job».
Mais aussi s’ils sont plus âgés et qu’ils espéraient pouvoir
profiter prochainement d’un crédit-temps ou d’une prépension… C’est ainsi que, entre 10h et midi, les militants ont
distribué plus de mille pensées.
L’Info
Luxembourg
La CSC du Luxembourg a pris une part active à la campagne «Qui en profite?». Le 13 février dernier, elle était
présente au marché de Bastogne et à l’Hydrion d’Arlon
pour proposer aux passants de tester le calculateur de la
CSC et d’évaluer ainsi ce que le gouvernement leur donne
ou, dans la plupart des cas, leur reprend. De nombreux
citoyens ont pu constater ainsi que, lorsque le gouvernement leur promet 100 euros en plus, il ne leur dit pas
tout et que, finalement, la perte de pouvoir d’achat peut
atteindre plusieurs centaines d’euros. l
Sidérurgie
Non à l’afflux massif
d’acier chinois
L
’ACV-CSC-Metea mène le combat avec la CNE et la
LBC pour préserver les emplois belges et européens
du secteur de l’acier. Depuis plus d’un an, les trois centrales de la CSC ont agi… sans attendre d’autres. Elles
ont écrit de très nombreux courriers à tous les ministres
concernés et à tous les parlementaires européens, et elles
les ont rencontrés. Il y a urgence. Les emplois belges et
européens sont menacés par l’afflux massif d’acier chinois
à «prix dumping» en Belgique et en Europe.
Les importations d’acier chinois en Europe ont doublé
en deux ans. Les sidérurgistes britanniques subissent déjà
les conséquences de cette concurrence déloyale: 4.400
pertes d’emploi fin 2015. Et pratiquement tous les autres
sidérurgistes européens tirent la sonnette d’alarme. Or,
cela va s’aggraver si la Chine obtient de l’Europe le statut d’économie de marché. Dans ce cas, les sidérurgistes
européens n’auront plus aucun moyen pour freiner les surcapacités chinoises en Europe. L’ACV-CSC-Metea, la CNE
et la LBC protestent vivement contre ce risque majeur qui
pèse sur les 25.000 emplois directs et indirects du secteur en Belgique (350.000 en Europe).
Le 15 février dernier, les patrons ont manifesté à
Bruxelles avec des travailleurs du secteur. Ils ont eu raison,
même si les centrales de la CSC ne partagent pas tous
les objectifs financiers patronaux. Elles appellent donc
les confédérations européennes Eurofer (sidérurgistes) et
Industriall (syndicats) à élaborer conjointement un plan global d’actions. Tous doivent s’unir face à la menace qui pèse
sur les emplois. l
Marche pour les réfugiés
le 27 février à Bruxelles
En septembre 2015,
les images du corps
d’Alan Kurdi, 3 ans, ont
bouleversé l’opinion
publique. Depuis,
ce sont plus de 300
enfants qui se sont
noyés en silence. Selon
l’ONU, les mineurs représentent plus d’un tiers des
réfugiés. Lancé par le mouvement citoyen «Refugees
Welcome Espagne», un appel à manifester le samedi
27 février s’est diffusé à travers toute l’Europe.
Pour des voies d’accès légales et sûres pour toutes
les personnes fuyant leur pays, une marche partira
de la gare du Nord, à Bruxelles, à 14h. Plus d’infos
sur Facebook: «European March for Refugee Rights
Brussels» (#safepassage).
l’info n°4 l 19 février 2016 l 5
Les candidats CSC
veilleront sur votre santé
En mai prochain, vous élirez peut-être vos nouveaux représentants syndicaux. Dans
son programme pour ces élections sociales, la CSC met en avant cette priorité:
veiller à ce que chacun puisse travailler dans un environnement sain et sûr.
C
ette mission incombe plus particulièrement à celles
et ceux que vous élirez au comité pour la prévention et la protection au travail (CPPT). De manière
générale, les représentants syndicaux au CPPT ont pour
mission de veiller à ce que la législation et les normes en
matière de sécurité soient respectées scrupuleusement.
Vos délégués sont là aussi pour rassembler les plaintes
des travailleurs en matière de sécurité au travail, et en
discuter au comité.
Ils doivent également faire en sorte que les travailleurs disposent tous d’instructions et de formations de
qualité en matière de sécurité, y compris les nouveaux
collaborateurs, les intérimaires et les sous-traitants. Ils
doivent tenir à l’œil la sécurité contre l’incendie, analyser
les accidents de travail et réfléchir à la manière de les
éviter dans le futur.
Ils assurent le suivi des remarques des services de
prévention, élaborent un plan d’action annuel sur la sécurité et la santé au travail, et participent au choix des
experts du service externe de prévention qui doivent se
rendre dans l’entreprise dans le courant de l’année: un
médecin du travail, un ergonome, un psychologue ou un
expert en risques chimiques. l
Céramique et produits
réfractaires
Prime syndicale
Tous les travailleurs occupés dans une entreprise
relevant de la commission paritaire (CP) 113 ont droit
à une prime syndicale. Les cartes sont actuellement
distribuées par les employeurs et seront remises aux
travailleurs.
Pour avoir droit à cette prime, vous devez être affilié
à la CSC et avoir été occupé par une entreprise pendant la période du 1er janvier 2015 au 31 décembre
2015. Si vous avez travaillé pendant la période complète, vous recevrez 135 euros (ou 11,25 euros par
mois d’occupation).
Veuillez inscrire votre numéro de compte sur la
carte et veillez à être en ordre de cotisations.
Si vous ne recevez pas de carte et si vous croyez
avoir droit à cette prime syndicale, prenez contact
avec votre délégué syndical, un centre de services de
la CSC ou la fédération professionnelle de la CSC-Bâtiment industrie & énergie.
Production de papier
Prime syndicale
© Klaarke Meert
Tous les travailleurs occupés dans une entreprise
relevant de la commission paritaire (CP) 129 ont droit
à une prime syndicale. Les employeurs distribuent
actuellement les cartes aux travailleurs.
Pour avoir droit à cette prime, vous devez être affilié
à la CSC et avoir été occupé par une entreprise pendant la période du 1er janvier 2015 au 31 décembre
2015. Si vous avez travaillé pendant la période complète, vous recevrez 135 euros (ou 11,25 euros par
mois d’occupation).
Veuillez inscrire votre numéro de compte sur la
carte et veillez à être en ordre de cotisations. Le premier paiement sera effectué le 5 avril.
Si vous ne recevez pas de carte alors que vous pensez avoir droit à cette prime syndicale, prenez contact
avec votre délégué syndical, un centre de services de
la CSC ou la fédération professionnelle de la CSC-Bâtiment industrie & énergie.
Les images de la campagne de la CSC pour les élections
sociales ont été réalisées avec le concours de militants.
Ils sont tous rentrés sains et saufs de cette périlleuse mise
en scène devant le secrétariat national de la CSC à Schaerbeek.
Encore trop d’accidents de travail
«C’est la fatalité!» On entend parfois dire cela quand survient un accident de travail. Faux! Sur le plan technique,
la plupart des risques liés au travail peuvent être évités
pour autant que l’on consacre suffisamment de moyens
et de temps à la sécurité. C’est malheureusement loin
d’être le cas partout…
Le nombre d’accidents du travail mortels a été réduit
de moitié en Belgique depuis les années 1980, mais le
nombre d’accidents à l’origine d’un handicap permanent
n’a pas diminué.
Les accidents du travail sont nettement plus fréquents dans certains groupes et secteurs: accidents
parmi les intérimaires et les sous-traitants, chutes dans
la construction, accidents avec des engins de levage,
accidents impliquant les nouveaux travailleurs dans l’entreprise…
Autre évolution inquiétante: les compagnies d’assurances font de plus en plus de difficultés pour reconnaître les accidents de travail. Certaines refusent déjà
de reconnaître un accident déclaré sur cinq. Il est fréquent aussi que des accidents ne soient pas indemnisés,
surtout lorsqu’il n’y a pas eu de témoin ou lorsque la
6 l 19 février 2016 l l’info n°4
victime ne réagit pas face à l’assureur par le biais de
son syndicat.
De nombreux problèmes subsistent aussi au niveau
du respect de la législation en matière de sécurité. Lors
d’inspections inopinées, le service de surveillance du
bien-être au travail enregistre dans un cas sur deux des
infractions importantes à la législation sur la sécurité,
qui peuvent entrainer des blessures graves: utilisation de
substances dangereuses, risque de chute, sécurité des
machines, prévention contre l’incendie ou sécurité électrique. Avec le peu de personnel dont ils disposent, les
services d’inspection peuvent visiter chaque entreprise
tous les 21 ans en moyenne…
Quant aux services de prévention auxquels les
employeurs sont tenus de s’affilier, ils rendent eux aussi
des services très utiles, mais ils sont, eux aussi, trop
peu présents dans les entreprises, et en particulier dans
les petites entreprises.
Le rôle des délégués sur le terrain reste donc très
important. Il est d’ailleurs prouvé que la fréquence des
accidents de travail est sensiblement moins importante
dans les entreprises avec représentation syndicale.
«Rentrer en bonne santé
à la maison»
• Ivica, délégué dans le secteur de la collecte des
déchets: «Nous faisons un métier dangereux et peu
valorisé. En tant que délégué syndical, j’essaie de faire
comprendre aux travailleurs que leur premier devoir,
c’est de rentrer en bonne santé à la maison. Nous expliquons comment prendre le moins de risques possible,
même si on ne peut jamais prévoir ce qu’on va trouver
dans les conteneurs. À côté des accidents, il y a également tout le problème des maladies professionnelles
que l’on doit essayer de prévenir: troubles musculosquelettiques, exposition aux risques chimiques allant
de la simple allergie au cancer.»
• Vanessa, déléguée dans l’industrie alimentaire: «Nos
ouvriers de production travaillent dans un environnement particulièrement rude. Plus de 34°C à certains
postes de travail en été, et des températures en-dessous de zéro en hiver. En tant que représentants syndicaux, nous avons bataillé pour améliorer le confort de
nos collègues. Il a fallu faire preuve de beaucoup de
persévérance pour que ce point soit placé comme une
priorité à l’ordre du jour.»
Envie de rejoindre l’équipe syndicale de la CSC? Il
reste moins d’un mois! Selon la date des élections dans
votre entreprise, la date limite pour l’introduction des
listes de candidats auprès de l’employeur se situe entre
le 15 et le 28 mars.
www.devenezcandidatcsc.be
Favoriser l’emploi grâce
à des aides simplifiées
Les nouvelles aides à l’emploi wallonnes simplifiées ciblent prioritairement les
jeunes, les demandeurs d’emploi, les travailleurs de plus de 55 ans et les PME.
Jeunes non qualifiés
La première mesure cible les jeunes âgés de moins de 25
ans qui ne disposent pas d’un diplôme de l’enseignement
secondaire (le CESS). L’employeur qui engage un de ces
jeunes pourra bénéficier d’une activation à concurrence
de 500 euros par mois pendant un an. Après cela, le jeune
travailleur devient demandeur d’emploi de longue durée
et son patron peut encore bénéficier d’un soutien durant
deux ans: 500 euros mensuels pendant une année, puis
250 euros durant six mois, enfin 125 euros durant six
mois encore. Avec l’espoir qu’au terme de ces trois ans,
l’employeur sera convaincu de continuer à miser sur ce
jeune.
Un dispositif analogue vise aussi les jeunes qui n’ont
que le diplôme du secondaire. Mais ils devront attendre
six mois avant de bénéficier de l’activation de 500 euros
par mois.
Jeunes demandeurs d’emploi
La grande nouveauté de la réforme, c’est le contrat d’insertion pour les jeunes demandeurs d’emploi. La mesure
veut offrir une première expérience professionnelle à tout
jeune qui, dix-huit mois après sa sortie de l’école et malgré sa détermination (recherche active d’emploi, stage,
formation…), n’a pas pu s’insérer sur le marché du travail. Le montant de l’aide sera de 700 euros par mois
durant un an. La mesure est d’application dans tous les
secteurs. Dans ce cadre, le jeune bénéficiera également
Don de congés: pourquoi la CSC
n’y est pas favorable
L
’histoire du petit Mathis a fait beaucoup parler d’elle
en France. Il souffrait d’une leucémie et sa maman est
vite arrivée au bout de ses jours de congé pour s’en occuper. Même si cela n’est pas prévu par le droit français,
ses collègues ont décidé de lui donner une partie de leurs
vacances. La maman de Mathis a pu alors consacrer plus
de temps à son fils.
La vie privée prend parfois le pas sur le travail. Il arrive
qu’un proche soit très malade et nécessite un accompagnement attentif. Que dire lorsqu’il s’agit d’un parent en
fin de vie ou d’un enfant! Ces grands évènements de la
vie privée ont été discutés dans les médias récemment.
La question qui se pose est surtout de savoir comment le
monde du travail peut y répondre au mieux.
Deux propositions de loi, une du MR, l’autre du CDH,
ont pour but de rendre possible le don de congés en
Belgique. L’objectif de ces textes est de permettre une
solidarité entre les travailleurs d’une entreprise. «Ces
propositions de loi, même si elles partent (officiellement)
d’une bonne intention, ne sont pas la réponse que la CSC
souhaite apporter à ces problèmes, explique le syndicat
chrétien. La solidarité est en effet plus efficace lorsqu’elle
est organisée à un niveau plus large, au niveau de la sécurité sociale par exemple.»
Il existe déjà actuellement le système du congé pour
soins. Il dure un mois et peut être renouvelé une fois. Il
peut être obtenu très vite par le travailleur. Si la situation
continue, le travailleur peut aussi faire appel au crédittemps. Un crédit-temps pour motif de soins permet au
travailleur de s’absenter trois ans. «Au total, cela fait
trois ans et deux mois! Avant le gouvernement Michel,
on pouvait aussi y ajouter le crédit-temps sans motif d’un
an. On ne peut donc pas dire que les travailleurs belges
sont démunis face à ce genre de situation», observe la
CSC.
«Les avantages d’organiser la solidarité par la sécurité sociale sont nombreux. Il est possible de prévoir des
allocations, une protection contre le licenciement (un
employeur n’est pas souvent content de voir un travailleur
s’absenter longtemps), une assimilation pour le calcul de
la pension. Tout cela est plus difficile s’il s’agit uniquement d’un système facultatif entre les travailleurs d’une
même entreprise. Et finalement, c’est la même idée quand
il s’agit d’une personne qui tombe malade, qui est en burn
out ou qui a subi un accident du travail. Ce ne sont pas
les collègues qui doivent s’y coller!»
Un raison supplémentaire pousse à refuser ce genre
de proposition, note la CSC: «Le droit du travail a pour
but d’empêcher certains comportements, même si le
travailleur est d’accord. Par exemple, personne ne peut
autoriser son employeur à ne lui payer que la moitié de
son salaire réglementaire. Quand bien même il s’agit de le
reverser à un collègue qui suit un traitement médical très
coûteux… La législation permet ainsi d’éviter des pressions trop fortes de l’employeur sur le travailleur, dont
on sait qu’elles se terminent souvent en défaveur du travailleur. Rentabilité, productivité, menace de licenciement:
dans le monde d’aujourd’hui, les conditions de travail
mettent déjà énormément les travailleurs sous pression.
Pas besoin de créer une nouvelle possibilité de pression
en permettant au travailleur de rendre ses congés à son
employeur!» l J.-B. M.
Parmi les publics visés par les partenaires sociaux
wallons: les jeunes peu ou moyennement qualifiés.
© Guy Puttemans
L
e gouvernement wallon a approuvé la réforme des
aides à l’emploi préparée par les syndicats et les
patrons (1) au sein du Groupe des partenaires sociaux
wallons (GPSW). Cette réforme était urgente. La Wallonie
compte en effet 253.952 demandeurs d’emploi, soit 15%
de la population active. Et, devenues trop nombreuses et
trop complexes, les aides qui existaient jusqu’ici étaient
devenues incompréhensibles, donc peu accessibles aux
utilisateurs potentiels.
La Région maintient le budget de 16 milliards affectés jusqu’ici à ces aides multiples, mais elle les simplifie
et rend le dispositif plus clair et efficace. Cette réforme
entrera en vigueur en 2017. Voici le détail de ces mesures.
d’un accompagnement durant tout son contrat de travail.
D’après les estimations, la mesure bénéficierait chaque
année à environ 7.000 jeunes.
Travailleurs de plus de 55 ans
La réforme cible aussi les travailleurs de plus de 55 ans,
qu’ils aient un emploi ou non. L’aide vise donc l’insertion
et le maintien à l’emploi. En effet, à l’heure où le gouvernement décide d’allonger la carrière jusqu’à l’âge de 67 ans,
de nombreux employeurs cherchent à se débarrasser des
travailleurs de plus de 55 ans. La Région wallonne a décidé d’accorder une réduction des cotisations patronales:
400 euros par trimestre pour les personnes âgées de 55
à 57 ans, 1.000 euros pour les 58-62 ans et 1.500 euros
pour les 63-67 ans. Avec un plafond fixé actuellement à
13.401,07 euros brut par trimestre.
PME et TPE
La réforme entend enfin encourager les petites et
moyennes entreprises (PME) et les très petites entreprises (TPE). La réforme maintient le dispositif Sesam
qui leur permet de se développer. Pour chaque engagement, l’employeur peut bénéficier d’une aide dégressive:
10.000 euros la première année, 7.500 la deuxième et
enfin 5.000 euros la dernière année. La Région wallonne
entend étendre cette aide aux sociétés du secteur de la
recherche et développement, des nouvelles technologies,
du numérique et aux sociétés actives dans les pôles de
compétitivité de la Région.
Dans le secteur non marchand, la réforme maintient
le système des aides à la promotion de l’emploi (APE),
mais en le simplifiant: la réduction fiscale et les subsides
seront additionnés pour arriver à une subvention globale
annuelle. Les systèmes Articles 60 et 61 (revenu d’intégration sociale) sont maintenus et simplifiés. Dans le monde
associatif, les APE vont être forfaitisées. Les aides à trois
sous-secteurs spécifiques (la petite enfance, les artistes
et l’économie sociale) sont maintenues. l
(1) Voir «L’Info» n°3 du 5 février dernier.
l’info n°4 l 19 février 2016 l 7
En 2016, le patrimoine cumulé des 1% de personnes les plus riches du monde dépassera
celui des autres 99% de la population. Seule solution: réussir à freiner l’augmentation
actuelle des inégalités, soutenue par un lobbying intense des plus fortunés.
Ils n’en ont jamais assez
A
«I
nsatiable richesse: toujours plus pour ceux qui ont
déjà tout» (1). Le titre du dernier rapport d’Oxfam est
on ne peut plus clair. Il montre que la part du patrimoine mondial détenu par les 1% de personnes les plus
riches est passée de 44% en 2009 à 48% en 2014. Et
si rien n’est fait pour freiner cette hausse vertigineuse des
inégalités, cette part dépassera 50% au cours de 2016. Ce
n’est pas tout. Des 52% du patrimoine mondial restant, 46%
se trouvait entre les mains du reste du cinquième le plus
riche de la population mondiale. Les autres 80% de cette
population ne se partagent que 5,5% du patrimoine mondial.
Le rapport d’Oxfam est le dernier d’une longue liste
d’études qui démontrent que les inégalités ont atteint des
extrêmes scandaleux, et qu’elles continuent de croître. Le
rapport d’Oxfam montre en effet que les 80 personnes les
plus riches possèdent autant que 3,5 milliards de personnes,
soit la moitié la plus pauvre de la population mondiale.
© Laurent Caro/Belpress.com
Un lobbying intense
Dans une étude précédente («A égalité»), Oxfam avait montré que l’extrême richesse se transmet de génération en
génération (2): plus d’un tiers des 1.645 milliardaires recensés par le magazine «Forbes» (3) ont hérité d’une partie ou
de l’ensemble de leur fortune. De plus, cette petite minorité de personnes les plus fortunées mobilisent leurs très
considérables ressources pour s’assurer que les règles
internationales favorisent leurs intérêts. Pour 20% des milliardaires, ceux-ci se trouvent dans le secteur de la finance
et de l’assurance. Entre mars 2013 et mars 2014, le
patrimoine nominal de ce groupe a augmenté de 11%. Et,
durant l’année 2013, ces deux secteurs ont dépensé 550
millions de dollars pour faire pression sur les responsables
politiques à Washington et à Bruxelles…
Autres secteurs prisés par les très grosses fortunes: le
secteur pharmaceutique et celui de la santé. L’ensemble du
patrimoine net des milliardaires qui possèdent des intérêts
dans ces secteurs a augmenté de 47% de 2013 à 2014.
Et durant la même période, ils ont dépensé eux aussi 500
millions de dollars pour faire du lobbying auprès des responsables politiques à Washington et à Bruxelles. Selon
Oxfam, «on peut craindre que la force de lobbying de ces
secteurs ne soit un obstacle majeur à la réforme du système fiscal international et n’impose des règles de propriété intellectuelle qui empêchent les plus pauvres d’accéder
à des médicaments vitaux».
Justice fiscale
Les données du Fonds monétaire international (FMI) établissent d’ailleurs de plus en plus clairement que les inégalités extrêmes sont préjudiciables non seulement aux
personnes qui se trouvent au bas de l’échelle économique
et sociale, mais aussi à la croissance économique. C’est
ce qui explique d’ailleurs que Christine Lagarde, présidente de ce même FMI, ait à plusieurs reprises évoqué
le besoin de réduire ces inégalités extrêmes… Il reste
évidemment à passer des paroles
à l’action.
Oxfam souligne que cela
passe par la nécessité impérieuse de mettre un frein à
l’évasion fiscale des grandes
entreprises et des grosses
fortunes, et par une répartition
équitable de la charge fiscale.
Cela passe aussi par l’instaura-
8 l 19 février 2016 l l’info n°4
© L'Info
© Guy Puttemans
L’économie mondiale
au service des super-riches
lors que les inégalités se creusent, alors que les
plus riches sont insatiables et n’ont de cesse
de devenir plus riches encore, la lutte contre la
spirale vertigineuse des inégalités est absolument
indispensable (1). Car «si les inégalités de revenus
s’aggravent pendant les périodes difficiles, elles ne
se corrigent pas forcément lorsque cela va mieux»
ainsi que le souligne un économiste… de la banque
ING (2). Il précise aussi que «les systèmes sociaux
moins généreux ont favorisé la montée des inégalités
(…) et qu’une reprise classique n’est pas suffisante
pour inverser la tendance au creusement des inégalités». Face à ces défis, l’action syndicale, l’éducation
permanente et les concertations à tous niveaux sont
plus que jamais nécessaires.
Mais celles-ci s’avèrent parfois extrêmement compliquées. Ainsi, après des semaines de discussions
difficiles mais où la volonté d’avancer semblait réelle,
le Groupe des dix a dû constater la difficulté d’actualiser l’accord de 2002 portant sur le règlement des
conflits collectifs. Quelques aspects étaient particulièrement imbuvables, comme le fait d’interdire à des
travailleurs intérimaires ou à des travailleurs d’autres
entreprises de se joindre à des actions de solidarité.
Comment, dans ce cadre, pouvoir encore envisager
des actions dans des secteurs où la sous-traitance
est importante, où beaucoup d’entreprises sont des
PME?
Il est impossible pour les employeurs de condamner une entreprise qui propose un GSM et un jour de
congé à ses travailleurs s’ils s’engagent, tous, à ne
pas se porter candidats aux élections sociales.
Il est impossible pour nous de renoncer à notre
rôle de contre-pouvoir et de mobilisation des travailleurs. Notre boulot, c’est de défendre les conditions
de travail, les droits des travailleurs, pas d’enterrer
l’action collective. l
Marie-Hélène Ska secrétaire générale de la CSC Marc Leemans
président de la CSC
(1) Lire l’article ci-contre.
(2) «Une crise inégale» par Julien Manceaux, «senior
economist» au bureau Economic Research d’ING,
15 février 2016.
tion d’un salaire minimum décent pour chaque travailleur,
chaque travailleuse. Il faut pour cela mettre en place une
législation en faveur de l’égalité salariale. Il faut aussi
mettre en œuvre une protection sociale suffisante pour
les plus pauvres.
Toutes ces revendications sont défendues par la
CSC en Belgique, mais aussi au niveau européen avec
la Confédération européenne des syndicats, et au niveau
mondial à l’Organisation internationale du travail et avec
la Confédération syndicale internationale. l
(1) Cette étude a été publiée en janvier 2016.
(2) Etude publiée en octobre 2015. Ces deux études sont
accessibles sur le site internet d’Oxfam International
(www.oxfam.org/fr, rubrique «Publications»).
(3) Ce magazine établit chaque année un classement des plus
grandes fortunes du monde.
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