télécharger cette page ein format pdf

publicité
Discours, interviews et articles
28.05.2013
Entretien de Wolfgang Schäuble avec le journal espagnol ABC
Interview réalisée par Andreu Jerez et José Pablo Jofré
ABC: De plus en plus d’économistes, de journalistes et d’institutions internationales telles que le FMI, pour ne citer
qu’une des plus importantes, doutent qu’une politique d’austérité stricte puisse ramener la croissance. Selon vous, quel
crédit faut-il accorder à ces avis ?
Schäuble: Franchement, j’ai entendu un certain nombre de déclarations du Fonds monétaire international et j’assiste en
outre à toutes les réunions du Fonds, où il est systématiquement répété que la réduction des déficits budgétaires
excessifs des pays industrialisés et celle des dettes publiques trop élevées sont indispensables pour assurer une
croissance durable. Il faut le faire tout en tenant compte de la conjoncture, c’est vrai, mais le raccourci que l’on trouve
dans de nombreux médias, qui consiste à opposer croissance et politique budgétaire responsable, ne reflète pas le point
de vue du FMI. Je dois défendre cette institution. Dans une interview récente, l’économiste en chef du Fonds monétaire
international a d’ailleurs dit expressément que l’Allemagne satisfaisait à toutes les exigences formulées dans le cadre du
G20 en matière de politique économique. L’OCDE a fait une déclaration allant dans le même sens, et la Commission
européenne également. Il existe un malentendu répandu, qui consiste à affirmer que l’Allemagne serait favorable à
l’« austérité » tandis que les autres seraient pour la croissance. Cela n’a pas de sens. En conduisant une politique
modérée, nous favorisons une croissance durable et, jusqu’à maintenant, personne en Europe n’a pu prouver qu’une
autre politique obtenait de meilleurs résultats que la politique allemande.
ABC: Certains responsables politiques allemands, comme Gerhard Schick, du parti des Verts, préconisent de ne pas
poursuivre une politique d’austérité qui n’imprime aucun élan à la croissance économique, et ce afin d’éviter que
l’Espagne ne subisse le même sort que la Grèce. Qu’en pensez-vous ?
Schäuble: Contrairement à M. Schick, je suis persuadé que dépenser l’argent que l’on n’a pas n’est pas un moyen de
générer une croissance durable. A long terme, au contraire, une telle politique a un coût et, en dernier ressort, ce sont
toujours les citoyens qui en font les frais. C’est le constat cruel que l’on peut faire actuellement dans certains pays
européens.
ABC: En Allemagne, beaucoup pensent que les pays de la périphérie (Espagne, Italie, Grèce, Irlande) ont vécu audessus de leurs moyens. Une majorité des créanciers des banques espagnoles, grecques ou italiennes sont des fonds
d’investissement et des banques allemandes. Croyez-vous que ces créanciers aient « prêté au-dessus de leurs
moyens » ?
Schäuble: Il est possible que des voix s’élèvent aussi en Allemagne pour affirmer que l’Espagne et l’Italie ont vécu audessus de leurs moyens. Et que les marchés n’ont pas correctement évalué les risques que cela induisait. Ce
raisonnement me semble toutefois un peu trop rapide. L’Espagne subit les contrecoups d’une bulle immobilière, dont
l’éclatement a entraîné des pertes pour le secteur bancaire espagnol. Ces dernières années, pendant le mandat du premier
ministre Rajoy, ce pays a fait des progrès considérables. Il s’y prend très bien et obtient des résultats. Du reste,
l’économie espagnole est solide, les coûts du travail ont été abaissés, les exportations ont notablement progressé et la
restructuration du secteur bancaire est conduite avec détermination, de l’avis même de la troïka.
L’Italie est quant à elle dans une toute autre situation. Elle affiche depuis longtemps une dette publique élevée, doublée
d’une épargne privée importante. La structure industrielle est solide, puisque l’Italie est le deuxième pays européen en
termes de production industrielle. L’Italie ne relèvera bientôt plus de la procédure de déficit excessif. Quand le premier
ministre Monti exerçait le pouvoir, toute une série de réformes extraordinairement efficaces ont été lancées.
En Espagne et en Italie, ces changements étaient nécessaires pour redonner confiance aux investisseurs, pour assurer
une croissance suffisante, pour rembourser les dettes et ainsi réduire les coûts de refinancement de ces deux pays.
A cet égard, je me permets d’ailleurs de rappeler que la crise n’a pas démarré en Europe mais sur le marché immobilier
américain. La crise des « subprimes » a créé un climat de très grande incertitude sur les marchés financiers, qui a ensuite
gagné l’Europe lorsque la stabilisation indispensable des systèmes financiers de notre continent a entraîné une
augmentation substantielle des dettes publiques.
Dans ce contexte, la nature complexe de l’Union monétaire, que beaucoup d’acteurs du marché ne parviennent pas
toujours à comprendre, a accentué la crise. L’Espagne et l’Italie ont pâti de ce climat d’incertitude et ont dû verser des
intérêts sans cesse croissants à leurs créanciers, ce qui s’est aussi traduit par une hausse correspondante des coûts de
financement pour les entreprises.
Entre-temps, les doutes que les investisseurs, soudain très frileux face au risque, nourrissaient à l’égard de l’Espagne et
de l’Italie se sont dissipés. Dans le sillage des réformes, les taux d’intérêt sur les emprunts d’Etat espagnols et italiens
ont nettement chuté. Aujourd’hui, les marchés financiers rendent hommage à cette politique couronnée de succès.
Maintenant, nous devons agir tous ensemble pour lutter contre le chômage, et particulièrement le chômage des jeunes,
dont le niveau en Europe est inacceptable. Il faut fournir des efforts tant au niveau européen qu’au niveau bilatéral. Ma
collègue, la ministre allemande du Travail, et moi-même sommes en contact permanent avec nos partenaires espagnols
et portugais pour discuter de ce que nous pouvons faire à l’échelle européenne et dans le cadre des relations bilatérales
pour contribuer à remédier au problème. Nous pourrons bientôt prendre des mesures très concrètes en ce sens.
ABC: Dans une crise de la dette telle que celle qui frappe l’UE, ne croyez-vous pas que les torts sont partagés entre
créanciers et débiteurs ?
Schäuble: Pour enrayer la crise, la question n’est pas de savoir qui est coupable. Il s’agit avant tout de stabiliser notre
monnaie commune. Et nous nous y employons, ensemble et de manière solidaire. Un Etat entreprend les réformes qui
s’imposent et les autres l’aident, si besoin est. Et en ce qui concerne le crédit, l’Espagne refuserait avec indignation de
ne pas rembourser ce qu’elle a emprunté. La règle fondamentale est qu’il n’y a pas d’ordre économique stable sans
confiance et qu’il n’y a pas non plus de confiance possible sans la certitude que les contrats seront honorés et les crédits
remboursés. Sans cette certitude élémentaire, il ne pourrait pas y avoir de système financier et donc pas d’économie.
Pendant un certain temps, l’Espagne a été pénalisée par les taux élevés offerts sur les marchés financiers. Au moment où
l’Etat espagnol s’est trouvé contraint de restructurer une partie du secteur bancaire en raison de la crise immobilière, il
n’a pas pu bénéficier de conditions acceptables pour couvrir ses besoins de financement. C’est uniquement pour cette
raison que l’Espagne a sollicité un programme d’aide limité au titre du MES, pour recapitaliser ses banques. Sans cela,
elle n’aurait besoin d’aucun programme et n’aurait jamais eu besoin de ce programme-là.
ABC: Quelques économistes pensent que les Etats qui, comme l’Espagne et de nombreux autres pays européens,
assument les dettes de leurs banques font erreur. Puisque nous vivons dans une économie de marché libérale, pourquoi
ne pourrions-nous pas laisser tomber les banques ?
Schäuble: Je le répète : tous les intermédiaires financiers, les banques, l’ensemble du secteur financier et, au final,
l’économie toute entière ne peuvent exister sans la confiance. L’argent lui-même est une question de confiance. Vous
travaillez, vous obtenez un bout de papier et vous avez confiance dans le fait qu’il vous permettra d’acheter quelque
chose. Certaines banques, pas toutes, loin s’en faut, ont été sauvées par les contribuables à un moment où le climat de
confiance général entre les facteurs économiques était à ce point dégradé que l’on risquait un effondrement du système.
Parce que toute l’économie menaçait ruine, l’Etat devait intervenir pour protéger l’infrastructure financière, qui met la
monnaie, les capitaux et les liquidités à la disposition de l’économie. En dernier ressort, c’est l’Etat qui est responsable
de l’infrastructure. Il n’a pas sauvé les banques aux dépens du contribuable mais a préservé la capacité de
fonctionnement de cette infrastructure importante pour toute économie fondée sur la division du travail. En temps
normal, bien sûr, tous les investisseurs – parmi lesquels les créanciers des banques – doivent eux aussi assumer les
risques qu’ils prennent et pour lesquels ils sont rémunérés. C’est pourquoi les ministres des Finances de l’UE travaillent
plus particulièrement à améliorer la réglementation, à durcir les critères relatifs aux capitaux pour que les banques
soient mieux armées face aux crises et à moduler les systèmes d’incitations pour que les banques ne prennent pas des
risques excessifs afin de maximiser leurs bénéfices à court terme. Et nous nous efforçons aussi d’élaborer des règles
claires garantissant que les actionnaires et les créanciers des banques participeront aux prochaines opérations de
renflouement et restructurations, avant que les contribuables ne soient sollicités. Laisser les banques tout simplement
faire faillite aurait été une erreur, mais nous n’étions pas dans un contexte normal. Comme vous le savez, à l’heure
actuelle, les créanciers participent déjà plus à la recapitalisation des banques espagnoles que cela n’aurait été possible
juste après la faillite de Lehman.
ABC: Mais n’est-ce pas contradictoire ? Nous vivons dans une économie de marché mais nous devons tout de même
soutenir certaines banques en difficulté. En revanche, d’autres entreprises disparaissent, peut-être moins importantes
pour le système. N’est-ce pas contradictoire ? Je trouve que si.
Schäuble: Effectivement, ce n’est qu’un pis-aller. La meilleure solution, celle à laquelle nous voulons parvenir, est
d’éviter qu’une telle situation ne se reproduise, en faisant en sorte que les banques, y compris espagnoles, conservent un
volant suffisant de capitaux par rapport aux crédits qu’elles accordent. Dans le même temps, nous cherchons à définir
des règles particulières de restructuration et de liquidation qui s’appliqueront à l’avenir dans l’Union européenne et
auxquelles les créanciers bancaires peuvent se préparer. Nous y travaillons d’arrache-pied.
ABC: Que pensez-vous des réformes entreprises par le gouvernement de Mariano Rajoy ? Estimez-vous qu’elles
permettront à l’Espagne de renouer avec la croissance économique en 2014 ?
Schäuble: Effectivement, ce que le gouvernement et le Parlement espagnols ont entrepris m’inspire un grand respect.
Les chiffres et les résultats sont très impressionnants et je suis donc persuadé qu’ils ont fait les bons choix.
ABC: Mais vous ne voulez pas dire pour autant que la croissance sera de retour en Espagne dès 2014 ?
Schäuble: Je suis toujours un peu prudent avant de citer des chiffres précis, mais les institutions internationales sont
unanimes : l’Espagne est en passe de surmonter ses difficultés économiques. L’amélioration sensible de ses
fondamentaux – compétitivité et exportations en hausse, réduction du déficit, recapitalisation des banques, flexibilité
accrue des marchés du travail, des services et des produits – jette les bases d’une croissance plus vigoureuse et surtout
plus durable.
ABC: Selon vous, la réforme financière espagnole est-elle terminée ou doit-elle être poursuivie ?
Schäuble: Il ne m’appartient pas de donner de conseils à mon collègue et ami Luis de Guindos. Il sait bien mieux que
moi ce qu’il doit faire. Je crois que l’Espagne prend les bonnes mesures. Je suis très confiant dans les capacités du
gouvernement espagnol.
ABC: Pourquoi l’Allemagne s’oppose-t-elle avec autant de véhémence à l’union bancaire ? Certains affirment qu’il
règne une vraie peur de la transparence, ce qui signifie que les banques allemandes, en particulier les établissements
régionaux, ont de nombreuses choses à cacher. Est-ce le cas ?
Schäuble: Non, absolument pas. C’est totalement faux. Le gouvernement fédéral a été le premier à proposer une
surveillance commune du secteur bancaire, c’était il y a un an environ. Nous sommes favorables à une concrétisation
rapide de l’union bancaire. En revanche, nous voulons impérativement que les fondements conventionnels, c’est-à-dire
juridiques, d’une telle union soient incontestables. Notre droit constitutionnel et notre Cour constitutionnelle exigent
que nous soyons très attentifs au respect des fondements juridiques. Cela vaut pour tout Etat de droit. C’est la raison
pour laquelle nous avons dit que l’union bancaire, dans sa forme définitive, n’est réalisable qu’à condition de modifier –
de façon limitée – les traités de l’Union européenne. Mais nous sommes également prêts à faire tout ce que permettent
les traités de l’Union en vigueur actuellement. Dans un article récent, j’ai expliqué brièvement de quelle manière nous
pourrions concevoir très vite une première union bancaire très ambitieuse.
ABC: A votre avis, combien de temps un pays comme l’Espagne peut-il supporter un taux de chômage tel que le taux
actuel, qui est de 26 % et tend à augmenter ?
Schäuble: Nous devons tout faire et nous mettons d’ailleurs tout en œuvre pour le faire baisser le plus vite possible.
Une telle situation n’est pas acceptable mais il faut utiliser les bons instruments pour y mettre fin.
ABC: En Allemagne, les élites politiques, économiques et universitaires se félicitent de l’arrivée sur le marché du
travail allemand d’une main-d’œuvre jeune et qualifiée originaire des pays de la périphérie. L’année dernière, le
nombre de migrants espagnols a augmenté de 40 %. Ces entrées apportent une solution à court terme au problème
démographique sérieux que rencontre l’Allemagne. Ne croyez-vous pas que cette immigration soit une solution pour le
modèle économique et social allemand mais devienne un problème pour la compétitivité des pays de la périphérie de
l’Europe, qui perdent une partie de leur main-d’œuvre qualifiée ?
Schäuble: C’est une lecture très négative de la situation qui, en l’occurrence, constitue un progrès. Vous êtes vousmême un jeune Européen qui travaille en Europe. Si l’occasion se présentait, que vous ayez à l’étranger des
perspectives plus intéressantes qu’en Allemagne, vous pourriez la saisir. Vous pourriez aller à Paris ou à Londres ou
même retourner en Espagne. Cela n’a pas grand-chose à voir avec le concept d’immigration tel que la plupart des gens
l’entendent. La mobilité n’est pas une menace. En Allemagne, après la réunification, nous avons connu de graves
problèmes économiques dans l’ancienne RDA. A l’époque, nombre de jeunes gens ont quitté le Mecklembourg, le
Brandebourg ou la Saxe-Anhalt pour travailler dans l’Ouest ou le Sud de l’Allemagne. Aujourd’hui, de nombreux autres
quittent l’Ouest et le Sud du pays pour s’inscrire dans des établissements d’enseignement supérieur ou d’autres
établissements du Mecklembourg ou de Saxe-Anhalt. C’est cela la mobilité et c’est une véritable chance.
ABC: Selon vous, quelles ont été les principales erreurs commises lors de l’introduction de la monnaie unique et de la
création de la zone euro ?
Schäuble: Je ne pense pas que des erreurs majeures aient été commises. Naturellement, de nombreux économistes ont
dit à l’époque qu’une monnaie avec une politique monétaire et une série d’Etats demeurant encore largement souverains
et conduisant leurs propres politiques économiques et budgétaires ne pourrait jamais fonctionner. Or, elle a fonctionné et
l’euro reste une monnaie très stable. La crise de la dette qui sévit dans certains pays de la zone n’y change rien.
C’était une bonne décision parce qu’il n’y avait qu’une seule autre possibilité, à savoir faire une croix sur la monnaie
européenne. Si nous n’avions pas la monnaie européenne, nous subirions encore bien plus la domination du dollar, du
yen japonais et du renminbi chinois. Au plus fort de la crise financière, l’euro a été un facteur de stabilisation. En outre,
les mécanismes de solidarité que nous avons introduits en Europe en raison de la crise de la dette ne sont ouverts qu’aux
pays membres de la zone euro. L’euro est une monnaie européenne forte mais les processus européens sont complexes
et ne sont pas toujours bien compris par les investisseurs et les marchés internationaux. C’est pour cela que nous avons
rencontré des problèmes, auxquels que nous sommes en train d’apporter des solutions plus efficaces.
ABC: Le gouvernement allemand considère que les politiques d’assainissement des finances publiques conduites par
les Etats membres ont permis de sauver l’euro. Cela n’a pas empêché l’émergence d’un parti, l’Alternative pour
l’Allemagne (Alternative für Deutschland), qui prône la sortie de la zone euro et le retour au deutsche mark. Que
pensez-vous de ce point de vue, qui semble gagner du terrain en Allemagne ?
Schäuble: Non, ce point de vue ne progresse justement pas. Ceci me paraît également faux. Les partisans de cette
alternative ne sont même pas d’accord entre eux sur l’opportunité du retour au deutsche mark. Aprésent, ils disent
vouloir conserver l’euro et que d’autres pays devraient en sortir. Or les Allemands ne peuvent se prononcer que sur la
sortie de l’Allemagne. Si un autre pays doit sortir de la zone euro, c’est à ses électeurs de le dire et non aux électeurs
allemands. Qui plus est, les traités ne prévoient absolument pas la sortie de l’euro. Bref, cette initiative est pleine de
contradictions, incohérente et ne constitue donc une alternative pour personne.
ABC: L’année dernière, vous avez reçu le prix Charlemagne. Ne pensez-vous pas que l’Union européenne s’écarte
chaque jour davantage de ses principes fondateurs (solidarité, unité politique et économique, abandon des clichés
nationaux et nationalistes) ? Avec la crise, l’Europe semble avoir retrouvé ses vieux démons.
Schäuble: Non, vraiment pas. C’est une impression superficielle, un jugement à courte vue, qui ne reflète pas la réalité.
Voyez-vous, les Européens ont bien plus de choses en commun qu’auparavant. Nous avons de très nombreuses règles
communes, certains se plaignent même du trop grand nombre de prescriptions européennes. Nous avons des
mécanismes de sauvetage européens qui garantissent une grande solidarité. Nous coopérons davantage ensemble que
nous ne l’avons jamais fait. Nous nous connaissons mieux les uns les autres. Tout le monde parle de l’Europe et
l’Europe n’a jamais reçu autant d’attention des médias et des citoyens qu’au cours des trois dernières années. Tout ne
fonctionne pas à la perfection, mais dire que l’Europe va à vau-l’eau est contraire à la réalité. Sur le plan historique,
l’histoire de l’Europe est celle d’un succès incroyable. L’unification européenne a été décisive pour la résolution
pacifique de la Guerre froide. Le vœu le plus cher des pays européens qui étaient situés derrière le Rideau de fer était de
faire partie de l’Europe. Même dans le cas du conflit violent qui a divisé des siècles durant les Serbes et les Bosniaques
au Kosovo, il semble que la perspective de devenir membre de l’Union européenne incite à tirer un trait sur les vieilles
querelles. L’Europe est vivante, l’Europe est forte, l’Europe fonctionne.
ABC: Le contribuable devrait-il savoir précisément quels sont les investisseurs ou les fonds qui récupèrent son argent ?
Schäuble: Là n’est pas l’essentiel. Nous devons veiller à ce que les contribuables ne soient plus mis à contribution pour
sauver les banques. C’est justement pour cette raison que nous faisons en sorte de rendre les banques plus résistantes
aux risques.
ABC: Ne pensez-vous pas que l’économie allemande présente déjà des symptômes très alarmants (baisse des
exportations, ralentissement de la croissance, etc.) ? Êtes-vous optimiste ?
Schäuble: Il serait tout de même étonnant que les évolutions économiques chez nos voisins et dans de nombreux autres
pays du monde n’aient aucun effet sur une économie ouverte telle que la nôtre. Et nous ne sommes pas non plus à l’abri
de commettre des erreurs. C’est pourquoi je suis réticent quand il s’agit de conseiller d’autres pays. Bon nombre
d’indicateurs montrent cependant que la croissance va s’accélérer dans les prochains mois.
Tous droits réservés à ABC
© Ministère fédéral des Finances
Téléchargement