De nombreux bénéfices pour la société
A
u-delà de la santé des agriculteurs et des consommateurs,
. l'agriculture biologique dans son ensemble a de multiples
bénéfices environnementaux et sociaux. La bio est un
mode de production qui respecte les sols ut les cycles naturels et
qui préserve la biodiversité. Grâce à la bio, l'eau couterait moins
cher! La France est le 1er utilisateur européen de pesticides
et le 3e mondial, ce qui n'est pas sans conséquence sur
l'état des cours d'eau, dont 96
%
sont pollués. "Cette
dégradation est néfaste pour la biodiversité mais aussi
pour notre santé et nos dépenses. La mise en place
d'une agriculture biologique près des zones de
captage permet de réduire considérablement
ces pollutions, ce qui permet aux collectivités
locales de réaliser des économies non
négligeables. Le Conseil général au
développement durable (CGDO) estime que la
dégradation de la qualité des eaux liée aux
excédents d'engrais azotés et de pesticides
d'origine agricoles couterait plus d'un milliard
d'euros aux ménages français. Munich, qui a depuis
longtemps optée pour des mesures de préservation de ses zones
de captage par l'agriculture biologique, a aujourd'hui une eau qui
lui coûte 0,01 euro par mètre-cube, alors que le coût de la
dénitrification aurait été d'environ 0,27 euro par mètre-cube. En
France, la ville de Lons-le-Saunier fait figure de pionnière.
Aujourd'hui elle préserve son eau potable mais fournit également
plus de 5000 repas par jour à l'ensemble des écoles scolaires, au
centre hospitalier et aux personnes âgées de la collectivité avec
des produits bio et locaux, assurant ainsi une réelle dynamique
territoriale.
Vectrice de lien social, créatrice d'emploi, favorisant le
développement d'une économie locale, la bio est également un
levier important pour un développement durable des
territoires.
Une fiscalité écologique doit être mise 'en place
afin de stimuler la consommation de produits
• bio, locaux et de saison. Actuellement, ces
externalités positives ne sont pas
-intégrées dans le prix d'achat des produits
bio. Par exemple, la fiscalité actuelle donne
l'avantage à la mécanisation au détriment de
l'emploi salarié, ce qui pénalise une agriculture
pourvoyeuse de main-d'œuvre comme l'est
l'agriculture bio. Il serait donc nécessaire de
prendre en compte les bénéfices sanitaires et
environnementaux des produits biologiques pour
, RQJ~
permettre un accès équitable à tous.
La fonction publique de l'Etat. des collectivités territoriales et
hospitalières ont une responsabilité en matière de dépense
alimentaire, celle-ci ayant un impact sur d'autres politiques
publiques. En effet notre alimentation actuelle engendre un coût
humain et financier en matière de santé et d'environnement.
l'essence
même du service public est de répondre à un besoin de
société et d'intérêt général. Il est temps de redonner la priorité à
une alimentation de qualité accessible à tous.
Labio en restauration collective
S
i les engagements du Grenelle de l'envi-
ronnement et le plan {( développement
de l'agriculture bio : horizon 2012» pré-
voyaient l'introduction de 20
%
de produits
bio en restaur~tion èollective publique, les
résultats sont aujourd'hui très modestes : la
bio représente 2,4
%
des achats alimentaires
en restauration collective. 79
%
des établisse-
ments du secteur scolaire déclarent proposer
des produits bio (Agence BiojCSA 2014), ce
qui montre qu'il existe une réelle dynamique
au sein des restaurants scolaires. Mais le che-
min reste encore long
à
parcourir.
Le
«
Plan Ambition Bio 2017
»
a réaffirmé
les objectifs de 20
%
de produits bio dans
la restauration collective d'État, incluant
ainsi les restaurants administratifs et
inter-administratifs, la restauration hospi-
talière ou les restaurants universitaires.
Les personnes accueillies dans les établis-
sements de santé ont pourtant peu accès
à
une alimentation biologique. Les achats de
produit bio dans la restauration
à
caractère
social ne représentent que 2,4
%
bien loin
des objectifs assignés par la loi Grenelle
!
Or, ces produits ont des avantages non
négligeables pour ces populations plus fra-
giles. En effet, si 76
%
des français se
disent intéressés par des repas bio dans les
hôpitaux, seulement 27
%
de la restaura-
tion sociale et de santé proposent des
produits biologiques (Etude Agence
BiojCSA-2014).
Une restauration bien inhospitalière
!
Un
indicateur, I-SATIS, a récemment été mis
en place, permettant de mesurer la satis-
faction des patients hospitalisés. Le taux
de satisfaction en 2014, sur 877 établisse-
ments de santé évalués pour la restaura-
tion hospitalière, atteint 54,3
%.
Parmi les
sept composantes évaluées, celui-ci est le
moins bien noté. C'est bien de la responsa-
bilité de l'Etat de permettre. aux malades
un accès à une alimentation saine et de
qualité.
Les enjeux alimentaires n'ont jamais été
aussi importants, en témoignent le déve-
loppement de l'obésité et de la prévalence
de maladies comme le diabète, l'hyperten-
sion et certains cancers. Lintroduction de
produits bio en restauration collective
peut être le support d'une véritable éduca-
tion
à
l'environnement au travers d'outil de
sensibilisation auprès des différents
convives de tous âges et de différentes
catégories sociaux-professionnelles.
Eveiller le goût et la curiosité permet
à
long terme de changer les comportements
et les habitudes alimentaires, pour tendre
vers une alimentation durable.