Ados : reconnaître les comportements à risque
L'adolescence est souvent une période difficile pour les jeunes... et pour leurs parents ! Les ados
d'aujourd'hui ont-ils changé ? Quels sont les risques qu'ils prennent ? Comment les accompagner
au mieux ? Quels sont les signes d'un mal-être ? Les réponses du Dr Marie-France Le Heuzey,
pédopsychiatre à l'hôpital Robert Debré (Paris)
Entre la crise d'adolescence et la recherche d'identité, difficile parfois de comprendre les ados.
Si ces comportements sont normaux, ils inquiètent souvent les parents.
L'adolescence, ce n'est pas une maladie ! Certes, il existe des troubles psychopathologiques, comme
à d'autres âges de la vie. Mais il ne faut pas confondre l'espèce de blues qu'ont certains adolescents
et d'authentiques problèmes graves qui peuvent conduire à des maladies graves voire au suicide.
Pourtant, il est vrai que les adolescents d'aujourd'hui ont changé. Leurs comportements ont
évolué, pas forcément dans le bon sens.
Ce qui est nouveau, qui prend de l'ampleur, ce sont les conduites à risques, que ce soient les
conduites sexuelles, sportives, les conduites en véhicules motorisés à risques, ou encore le fameux
binge-drinking c'est-à-dire de boire jusqu'à tomber dans le coma ...
Ce sont des comportements plus ponctuels autrefois, et qui prennent de l'ampleur actuellement, de
la même façon que les "attaques" contre le corps, les piercings, les scarifications, tous ces
comportements à risques.
Comment expliquer ces comportements à risque et notamment la consommation de drogues
ou d'alcool ? On peut distinguer plusieurs phénomènes.
Dans certain cas, ces consommations reflètent une véritable souffrance et on se "soigne" comme ça.
Mais il y a aussi chez les adolescents des comportements à risques, qui sont des "pour faire comme
les autres", pour appartenir à un groupe.
Face à cette prise de risque des adolescents, la réponse des parents n'est pas toujours adaptée.
Beaucoup de parents se disent ce n'est pas grave, c'est la crise d'adolescence. C'est comme ça que
l'on passe à côté des choses graves, qu'on peut ne pas voir qu'un jeune est vraiment dépressif. Or la
dépression c'est un vrai trouble, qui peut conduire au suicide. Dire devant une fille qui commence
un régime "c'est un petit caprice" alors qu'elle perd 10 kilos, 15 kilos, et flirte avec la mort.
Certes, il ne faut pas dramatiser, la plupart des adolescents vont bien, mais que si un adolescent
montre des signes de mal-être, il faut s'interroger sur ce que cela cache.
Difficile de distinguer une crise d'adolescence normale de troubles plus graves. Certains
signes sont toutefois évocateurs.
Le jeune qui ne s'intéresse plus à rien, dont les résultats scolaires baissent, le jeune qui fume du
cannabis... Bon, un jeune qui fume du cannabis une fois de temps en temps ce n'est peut-être pas si
grave. Mais s'il reste enfermé dans sa chambre, qu'il ne va plus à l'école, qu'il n'a plus de vie sociale,
ou qu'il est anorexique, qu'il ne mange plus, qu'il ne voit plus de copines... Il faut aussi s'inquiéter
quand il y a un retentissement sur le fonctionnement scolaire, social, et familial. Donc dire "c'est la
crise d'adolescence, c'est normal", ce n'est pas normal !
Etre présent et toujours à l'écoute, c'est le principal conseil que l'on peut donner aux parents
pour accompagner leur enfant au travers de l'adolescence, et l'aider à devenir un adulte
responsable
Reportage Jessica Xavier et Florence Lemaire
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