Impacts environnementaux, indicateurs et durabilité écologique du

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Impacts environnementaux, indicateurs et durabilité écologique
du secteur bois énergie dans la ville de Yaoundé et sa périphérie
Antoinette Nadege KIBOUM KOH
Cadre d'appui PRECESSE en service à la Direction du développement des politiques environnementales,
Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP)
Cameroun
Jolien SCHURE
Antoinette Nadege KIBOUM KOH
La présente étude sur les impacts environnementaux et la durabilité écologique de la filière bois énergie dans
la ville de Yaoundé et sa périphérie a été réalisée par l’auteur, KIBOUM KOH Antoinette Nadège dans le cadre
d’une consultation pour le CIFOR-Cameroun. Cette étude a été coordonnée par Mrs Jolien SCHURE, chercheur
au CIFOR-Cameroun et responsable des recherches sur la filière bois énergie en Afrique Centrale, au sein du
programme « Livelihoods ».
Au terme de cette étude au CIFOR qui a duré 09 mois environ, l’auteur a regagné le Ministère de
l’Environnement et de la Protection de la nature du Cameroun (MINEP), où elle exerce actuellement comme
cadre au sein de la Direction du développement et des politiques (DDPE).
Doctorante à l’Université de Yaoundé I, titulaire d’un D.E.A en biotechnologies végétales et d’un Master
professionnel en étude d’impact environnemental, KIBOUM KOH Antoinette Nadège est une jeune
Camerounaise de 26 ans qui est appelée dans le cadre de ses fonctions à réaliser des évaluations
environnementales stratégiques, ce qui nécessite d’avoir une connaissance parallèle de tous les domaines
relatifs à l’environnement au Cameroun (santé, énergies propres, urbanisation...).
I. Contexte et justification
La problématique de la déforestation consécutive à la consommation de bois-énergie (récolte du bois pour le
chauffage domestique ou la fabrication de charbon de bois) se pose avec acuité dans les pays en
développement :
 La filière bois énergie serait responsable de plus de 90 % du total des prélèvements ligneux en Afrique
3
subsaharienne (FAO, 2009). Ici, la FAO révèle une consommation de bois de feu de 261 millions m en
3
1970, de 440 en l’an 2000 avec une projection de 544 Mm pour 2030 (Mallet et al., 2009).
 La consommation de charbon était quant à elle est évaluée à 8 millions de tonnes en 1970, à 23 MT en
2000 et devrait être de 46 MT en 2030.
Cette évolution dans la consommation du bois énergie serait liée à des politiques énergétiques inefficaces en
vigueur dans les pays Africains, ainsi qu’aux dynamiques démographiques des pays concernés, à l’urbanisation
croissante, et à la complexité économique, sociale, écologique de mettre en œuvre et diffuser des alternatives
viables (éolien, solaire, hydraulique, cultures bioénergétiques) (Mallet et al., 2009).
Le Cameroun, pays d’Afrique centrale de 475.442 km de superficie et ayant une population estimée en janvier
2010 à 19,4 millions d’habitants n’est pas en épargné par cette problématique du bois énergie. Il a été classé
e
par la FAO au 15 rang mondial des pays ayant subi le plus de déforestation entre 1990 et 2005 (FAO, 2005),
avec environ 400 000 ha de superficie forestière déboisée sur 23,9 millions d’hectares de forêt dense humide
disponible. L’Observatoire Mondial des forêts au Cameroun a révélé que la plupart de ce bois récolté à
l’intérieur des forêts et des savanes boisées camerounaises est utilisé pour satisfaire les besoins en énergie du
pays. En 1998, quatre fois plus de bois a été récolté comme combustible que la quantité vendue de bois
industriel rond. Les combustibles traditionnels, notamment le bois de feu et le charbon de bois, représentaient
à peu près 80 % de la consommation totale d’énergie du pays en 1995.
A cause d’une politique nationale inefficace visant à promouvoir des énergies alternatives telles que le gaz et le
3
pétrole, la quantité de bois énergie consommée au Cameroun est passée de 7 500.000 m en 1980 à
3
12 000.000 m en 1998 (WRI, 2000). En 2008, les estimations du SIE (Système d’Information Energétique) –
Cameroun ont révélé que la consommation d’énergie domestique était constituée à 82,3 % de bois de feu, à
30,6 % de charbon de bois et à 27 % de gaz sur l’ensemble du territoire national; le reste étant la sciure et les
déchets végétaux.
Ces chiffres en Afrique subsahariens et au Cameroun démontrent bien que la crise du bois énergie, annoncée il
y a près de 30 ans lors de la Conférence des Nations unies sur les sources d'énergie nouvelles et renouvelables
(Nairobi, 1981), bien que ne se s’étant pas finalement produite à grande échelle et ayant été largement oubliée
par les décideurs et la communauté internationale (Valeix, 2004; Marien, 2009; Schure, 2009), est pourtant une
réalité dans certaines régions Sahéliennes et se manifeste progressivement à proximité des grandes
métropoles d’Afrique centrale où il existe une consommation accrue de la ressource ligneuse.
En effet, des études récentes dans certaines grandes villes d’Afrique centrale montrent que du fait d’une
augmentation de la demande et par conséquent de l’offre, les forêts périurbaines déjà fragilisées par
l’urbanisation jouent un rôle important dans l’approvisionnement en bois et charbon de bois (Marien, 2009).
Approvisionnement matérialisé par une exploitation de la ressource sans un souci de gestion durable et une
dégradation des milieux naturels boisés (Mallet et al., 2009). La fourniture en bois de feu et en charbon de bois
est y est ainsi devenue associée à des problèmes écologiques tels que la déforestation, entraînant les cercles
vicieux de l’érosion des sols et des changements climatiques (Brown, Carbale et al., 1997; White, Cannell et
al.,1999 cités par Schure, 2009).
II. Problématique
Au Cameroun, les études sur le bois-énergie qui soulignent la nécessité d’une meilleure gestion de la filière en
réponse à une dégradation accrue des écosystèmes sont celles réalisées dans la zone septentrionale du pays.
Pendant longtemps, l’opinion publique a pensé que de tels problèmes ne sont récurrents que dans la zone
sahélienne du Pays, contrairement à la zone forestière.
Toutefois, dans les grandes villes du Cameroun telles que Yaoundé où une augmentation de la demande et par
conséquent de l’offre est notée, des phénomènes de dégradation et de déforestation sont susceptibles de se
produire sur les forêts périurbaines, comme c’est le cas dans d’autres villes d’Afrique Centrale telles que
Kinshasa et Kisangani en RDC.
Une telle consommation de la ressource présente un risque pour la durabilité des écosystèmes à court, moyen
ou long terme. Le principal facteur de risque étant celui de l'exploitation prédatrice des ressources, non
organisée dans l'espace et dans le temps, ne prenant pas en compte l'autécologie et la résilience ou
régénération naturelle des espèces forestières exploitées, s'affranchissant des modes d'organisation des
communautés locales et ignorant le cadre juridique réglant ce type d'activités (Valeix et al., 2004).
Il importait donc d’étudier l’ampleur du phénomène de dégradation des forêts périurbaines et l’impact
environnemental dû à la filière bois énergie à Yaoundé et sa périphérie, afin de proposer des stratégies de
gestion durable et ainsi assurer la pérennité des activités source de revenus développées autour du secteur
bois énergie dans cette cité-capitale du Cameroun.
Cette étude visait donc à répondre à trois principales questions de recherche :
1. Quels indicateurs, critère, ou vérificateurs sont relevés pour une étude de la durabilité écologique de la
filière bois énergie à Yaoundé et sa périphérie?
a) Quels sont les indicateurs décrits dans la littérature?
b) Quels indicateurs sont spécialement retenus et vérifiables dans le contexte de Yaoundé et ses
environs?
c) Quel est le contexte écologique des forêts approvisionnant la filière bois énergie aux alentours de la
ville de Yaoundé?
2. Quel est l’impact environnemental de la filière bois-énergie à Yaoundé et sa périphérie?
d) Quels sont les impacts identifiés/observés?
e) Quelle est l’importance desdits impacts?
f) Quelles perspectives pour les différentes parties prenantes?
3. Quelles sont les propositions en terme de gestion/mitigation des impacts négatifs générés dans le secteur
Bois-énergie aux alentours de la ville de Yaoundé?
III. Objectifs
L’objectif principal de cette étude était d’étudier les impacts environnementaux et la durabilité écologique du
secteur bois énergie dans la ville de Yaoundé et sa périphérie.
Spécifiquement, les objectifs étaient de :
1
Os 1. Décrire le type de forêts où est prélevée la ressource pour l’approvisionnement du secteur bois énergie
de la ville de Yaoundé
Os 2. Déterminer les indicateurs de durabilité vérifiables dans le contexte local des forêts périurbaines de
Yaoundé
Os 3. Identifier et caractériser les impacts générés par les activités de la filière bois énergie à Yaoundé. À savoir
identifier et caractériser les impacts générés par les quatre activités suivantes :

la production du bois énergie

le transport du bois énergie

la commercialisation du bois énergie

la consommation du bois énergie
Os 4. Proposer des mesures d’atténuation des impacts négatifs identifiés
Os 5. Proposer des mesures de bonification des impacts positifs identifiés
Os 6. Proposer des stratégies pour une meilleure gestion environnementale de la filière bois énergie à Yaoundé
IV. Méthodologie
La collecte des données sur le terrain s’est faite en utilisant les méthodes suivantes :
1. Les enquêtes auprès des différents acteurs de la filière. Le but était d’obtenir des informations générales
sur le profil des acteurs, sur leur activité et sur les impacts découlant de ces activités.
Des questionnaires ont été administrés à : 30 consommateurs, 30 vendeurs de charbon, 30 vendeurs de
bois, 20 transporteurs, 30 des producteurs de charbon et 30 producteurs de bois.
2. L’utilisation des critères et indicateurs (C&I) choisis après revue de la littérature pour l’évaluation de la
durabilité de la gestion des forêts périphériques à Yaoundé. La méthode utilisée pour ce faire a été la
« méthode d’appui à l’évaluation de critères et indicateurs utilisés pour juger de la durabilité de la
gestion forestière » développée par le CIFOR en 1999. L’utilisation et l’évaluation de ces C&I a également
servi à voir si les indicateurs s’adaptent au contexte local. Plus précisément, la phase « travaux de terrain »
de cette méthode du CIFOR a été utilisée. Elle a consisté à :
o avoir des discussions de groupe avec les parties prenantes et les acteurs clefs de la gestion des forêts sur
le profil historique des forêts;
o conduire des entretiens avec des personnes ressources (guides locaux, agriculteurs, chasseurs...);
o réaliser les études de terrain : inventaire des espèces exploitées comme bois de chauffe ou pour la
fabrication du charbon; prise du diamètre de ces espèces afin d’estimer leur régénération; abondance
2
des espèces ; estimation du taux de prélèvement (dans les quadras mis en place);
o effectuer des recherches bibliographiques chaque fois que possible.
3. L’évaluation de l’impact environnemental et des mesures d’atténuation potentielles a été faite grâce à
l’observation directe, aux travaux de terrain, à la MARP et à la méthode des grilles d’évaluation impacts sur
les composantes du milieu.
o La Méthode Accélérée de Recherche Participative (MARP) a consisté aux entretiens semi structurés. Cet
outil de collecte de données socioéconomiques avait pour objectif de conduire à l’obtention des
renseignements en petits groupes, recourant à une série de questions consignées dans une fiche servant
de guide des conversations avec possibilité d’ajouter d’autres questions au cours de l’entretien.
L’entretien avec les communautés portait sur le profil historique des forêts, le fonctionnement de la
filière bois de feu dans le village, les effets de cette activité sur les revenus des ménages et l’état des
forêts, les solutions à mettre en place dans le cas où cette activité est source de problèmes
environnementaux.
1
2
Os = Objectif spécifique
Abondance = Nombre des espèces utilisées pour le bois énergie par quadra
o La méthode d’évaluation des impacts des différentes activités sur l’environnement a été faite comme
suit :
i. L’identification des impacts basée sur les données récoltées sur le terrain (inventaires, observation)
et après enquêtes a été faite à partir de la matrice de Léopold qui met en phase les activités liées à la
filière bois énergie et les composantes du milieu (composantes biophysique et socioéconomique) qui
sont affectées par celles-ci (tableau 7).
Tableau 1 : Matrice d’interrelation des impacts pour la filière bois énergie à Yaoundé et sa périphérie
Éléments valorisés de l’environnement
Conflits
Gouvernance
Sécurité/accidents
Hygiène et salubrité
Santé
Éducation
Qualité de vie
Revenus des ménages
Écosystème
Paysage
Biodiversité
Faune
Végétation
Eaux souterraines
Eaux de surface
Sol
Air
Activités
sources
d’impacts
emplois
Milieu humain
Milieu biophysique
ii. l’évaluation de l’importance des impacts identifiés, a reposé sur une méthodologie qui intègre les
paramètres de la durée, de l’étendue, de l’intensité de l’impact et de la valeur de la composante
affectée. Les trois premiers paramètres sont agrégés en un indicateur de synthèse pour définir
l’importance absolue de l’impact. Le quatrième paramètre vient s’ajouter à l’importance absolue de
l’impact pour donner l’importance relative de l’impact (tableaux 2 et 3).
Tableau 2 : Grille de détermination de l’importance absolue d’un impact
Intensité
Étendue
Régionale
Forte
Locale
Ponctuelle
Régionale
Moyenne
Locale
Ponctuelle
Régionale
Faible
Locale
Ponctuelle
Source : Martin Fecteau
Durée
Importance absolue
Longue
Majeure
Moyenne
Majeure
Courte
Majeure
Longue
Majeure
Moyenne
Moyenne
Courte
Moyenne
Longue
Majeure
Moyenne
Moyenne
Courte
Mineure
Longue
Majeure
Moyenne
Moyenne
Courte
Moyenne
Longue
Moyenne
Moyenne
Moyenne
Courte
Moyenne
Longue
Moyenne
Moyenne
Moyenne
Courte
Mineure
Longue
Majeure
Moyenne
Moyenne
Courte
Mineure
Longue
Moyenne
Moyenne
Moyenne
Courte
Mineure
Longue
Mineure
Moyenne
Mineure
Courte
Mineure
Tableau 3: Grille de détermination de l’importance relative d’un impact (Fecteau, 1997)
Importance absolue de
l’impact
Valeur relative de la composante
affectée
Forte
Majeure
Moyenne
Faible
Forte
Moyenne
Moyenne
Faible
Forte
Mineure
Moyenne
Faible
Source : Martin Fecteau
Importance relative de l’impact
Forte
Forte
Moyenne
Forte
Moyenne
Moyenne
Moyenne
Moyenne
Faible
V. Résultats
V.1. indicateurs spécialement retenus et vérifiables dans le contexte de Yaoundé et ses environs
Dix-sept (17) indicateurs et treize (13) vérificateurs ont été retenus pour servir de guide durant les études de
terrain (enquêtes, focus group, entretiens, profils historiques, inventaires forestiers). Les résultats obtenus sur
la base de leur utilisation nous ont permis au final de nous prononcer sur la durabilité de la filière bois énergie
dans la ville de Yaoundé et sa périphérie.
Tableau 4 : indicateurs vérifiables et spécialement retenus dans le contexte de Yaoundé et ses environs pour
mesurer la durabilité des forêts exploitées pour le BE
P
1
2
3
C
I
V
DESCRIPTION
Il existe des capacités légales et institutionnelles pour protéger les ressources utilisées pour le
bois énergie d’une gestion non durable
1.1
Existence d’un cadre légal, économique, capacités d’information et instruments financiers pour
encourager les populations désirant pratiquer une gestion durable des forêts
1.1.1
Moyens concrets, appropriés et efficients permettant d’inciter les différentes parties prenantes à
la protection de forêts :
1.1.2
Tenure foncière sécurisée
1.1.3
Marché légal du bois énergie existant
1.1.4
Procédure d’acquisition du permis d’exploitation du bois de chauffe simplifiée
1.1.5
Mesures efficientes de surveillance et de protection contre les coupes illégales de bois énergie :
1.1.6
Cas de répression effective par le Ministère des Forêts (éco gardes)
1.1.7
Marchandise (bois de chauffe, charbon de bois) saisie
1.1.8
Fourniture d’une source d’énergie fiable et adéquate aux communautés urbaines et rurales qui
consomment ou exploitent du bois énergie :
1.1.8.1 Petites plantations de bois énergie
1.1.8.2 Pratiques agro forestières vulgarisées dans la région concernée
1.1.8.3 Gaz domestique fourni et subventionné dans les villes et les villages
1.1.8.4 Électricité fournie et subventionnée dans les villes et les villages
Les capacités de régénération et de production des écosystèmes sont maintenues ou accrues
2.1
L’exploitation ne doit pas atteindre un taux critique au-delà duquel la forêt pourra être menée à
disparaître au fil du temps
2.1.2
Dégradation sensible du paysage évitée malgré l’exploitation du bois énergie
2.1.2.2 Abondance des arbres dans les forêts exploitées pour le bois énergie ne présentant pas de
changements significatifs par rapport aux forêts non perturbées
2.2
Les composantes de l’écosystème déterminant la productivité des sites (sol, eaux) ont la capacité
de retrouver des propriétés similaires ou supérieures à celles qu’ils possédaient avant la mise en
exploitation du site.
2.2.5
L’exploitation doit assurer la conservation ou l’augmentation des eaux souterraines et de surface
2.2.5.1 Approvisionnement en eau présentant ou non des difficultés sur les sites d’exploitation de bois/de
production de charbon de bois
2.2.5.2 Débits et circulation des cours d’eau ne présentant pas des changements significatifs en
comparaison des sites non exploités
La diversité biologique et écologique du couvert forestier est maintenue ou accrue
3.1
La résilience écologique du paysage est maintenue ou accrue
3.1.1
La diversité des groupes cibles est maintenue à travers :
3.1.2
La Richesse spécifique des groupes dominants
3.1.2.1 Composition variée des espèces dans la forêt périphérique
3.1.2.2 Abondance spécifique des différents groupes cibles effective
3.2
Les bénéfices environnementaux rendus par la forêt sont maintenus ou accrus
3.2.2
Lessivage des sols peu abondant et éléments nutritifs (nutriments) du sol conservés :
3.2.3
Sols fertiles
3.2.4
Jachère longue
3.2.6.
Quantité de gibier maintenue ou accrue
3.2.6.1 Chasse existante dans la zone
3.2.6.2 Rendement de chasse satisfaisant
3.2.7
Quantité de PFNL maintenue ou accrue dans les sites exploités
3.2.7.1 PFNL récoltés en forêt
3.2.7.2 Quantité de PFNL maintenue au fil du temps
PCI&V Basés sur les C&I génériques du CIFOR (1999) et de Lattimore et al., 2009
V.2. Contexte écologique et gestion des forets approvisionnant la filière bois énergie aux alentours de la ville
de Yaoundé
Taux de prélèvement par écosystème
Les taux de prélèvement permettent de se faire une opinion sur la quantité de bois effectivement prélevée
dans chaque écosystème utilisé par les producteurs de BE à Yaoundé et sa périphérie :
 dans les villages produisant du bois de chauffe, la quantité du bois prélevé par les producteurs se
répartit de la manière suivante : 4 % en moyenne dans les agroforêts, 16,5 % dans les anciennes
jachères, 36,4 % dans les champs et 42,6 % dans la forêt naturelle;
 par contre, dans les villages produisant le charbon, la quantité moyenne de bois prélevée par les
producteurs est de 4 % dans les agroforêts; 6 % dans les anciennes jachères; 11,2 % dans les champs
et 78,8 % dans la forêt naturelle.
Tableau 5 : Types d’écosystèmes en périphérie de Yaoundé où est prélevée la ressource bois énergie et taux de
prélèvement dans chaque type d’écosystème
Agroforêts / jardins de case
Champs
Anciennes jachères
Forêts secondaires
Source : Enquêtes 2010
Taux de prélèvement par écosystème (en %)
Villages « bois de feu »
4
16,5
36,4
42,6
Villages « charbon »
4
6
11,2
78,8
DISTANCE PAR
RAPPORT AU VILLAGE
Type d’écosystèmes
Ainsi contrairement à des études menées en 1996 qui révélaient que 80,02 % et 59 % respectivement de bois
et charbon vendus dans les blocs de Yaoundé provenaient des champs vivriers parce que la ressource y était
encore abondante, les observations de terrain tendent à montrer que la ressource est actuellement plus
prélevée en forêt que dans les champs vivriers. D'autre part, la ressource bois est prélevée à une distance de
plus en plus éloignée des villages.
Ceci traduit une non seulement une augmentation significative de la demande urbaine en bois énergie et une
raréfaction de la ressource bois dans les agroforêts et les champs vivriers et tend à démontrer que le charbon
et le bois de chauffage ne sont plus des sous-produits de l’agriculture à Yaoundé et sa périphérie.
Espèces utilisées pour le bois énergie
Au total, vingt-huit 28 espèces ont été recensées dans les massifs forestiers périurbains à la ville de Yaoundé
comme utilisées pour la production du bois de chauffage et trente (30) plantes et du charbon de bois. Certaines
de ces plantes sont aussi utilisées dans l’alimentation et/ou la pharmacopée traditionnelle.
Parmi ces plantes, cinq espèces sont préférées des producteurs et consommateurs de bois et charbon. Ce
sont : l’assas (Macaranga hurifolia); l’ebebeng (Phyllanthus discoideus), l’atui (Piptadeniastrum africanum),
l’angoa (Erismadelphus exsul) et le bongo (Fagara tessmanii).
Abondance par classe de diamètre
L’abondance des espèces utilisées comme bois énergie par classes de diamètre a été calculée dans les
différentes formations végétales inventoriées afin de cerner si l’exploitation des forêts pourra atteindre un taux
critique en deçà duquel la forêt pourra ou non être emmenée à disparaître au fil du temps, sachant que selon
les normes d’exploitation forestière le diamètre minimum d’exploitabilité (DME) des espèces rencontrées dans
un massif forestier doit être compris entre 50 et 100 cm (100 cm étant pour les espèces ayant une régénération
extrêmement lente), avec un pic entre 50 – 60 cm pour la plupart des espèces.
Trois types de formations végétales situées sur les cinq axes d’accès à la ville de Yaoundé détaillés plus haut ont
fait l’objet d’inventaire : 2 agroforêts (agroforêt de Zamakoe et de Yega-si) ; une ancienne jachère (ancienne
jachère d’Ongandi) et trois forêts secondaires (forêt d’Akak II, d’Ongandi et de Nkolening) (figure 1).
Figure 1 : Abondance des espèces par classe de diamètre dans les différents sites étudiés
Une comparaison entre les différents sites montre que :
- dans des sites étudiés, l’abondance des espèces de diamètre inférieur à 10 cm encore appelées
« plantes d’avenir » est très faible pour les plantes utilisées comme bois énergie, ce qui pose un
problème de régénération desdites essences et par ricochet des forêts. La forêt d’Akak II apparait
comme la moins perturbée avec une proportion de 18,8 % de plantes d’avenir, tandis que la forêt de
Nkolening semble fortement perturbée avec 0,00 % de plante d’avenir (figure 1);
- les plantes de diamètre compris entre 10 et 49 cm sont les plus nombreuses dans les différents sites
étudiés, contrairement à celles de diamètre compris entre 50 à 100 cm. Une explication à ce
phénomène serait que soit les plantes de gros diamètre font l’objet d’une exploitation normale et
conforme aux règles de bonne pratique forestière (photo 5) ; soit les plantes utilisées comme bois
énergie ont un développement lents et du fait de la forte demande seront exploitées entre 10 et 49
cm (photo 1 et 2), c’est-à-dire avant d’avoir atteint le diamètre minimum d’exploitabilité qui est
compris entre 50 à 60 cm pour la majorité des plantes, avec une extension à 100 cm pour les espèces
les plus rares. La faible proportion des plantes d’avenir montre que cette dernière assertion se vérifie.
- diversité spécifique dans les sites étudiés
Pour ce qui est de la richesse spécifiques dans les sites étudiés, le nombre d’espèces varie de 37 à 15 en
fonction du degré de perturbation des massifs forestiers (figure 2) :
- La moitié des sites inventoriés présentent une faible richesse spécifique, signe d’une perturbation de
la forêt. C’est le cas de la jachère d’Ongandi, et de la forêt de Nkolening, appartenant respectivement
à des villages situés à 18 et 17 km de Yaoundé. Bien que ces deux villages soient enclavés et peu
urbanisés, l’activité de production du charbon qui s’y réalise depuis une vingtaine d’années a conduit à
la dégradation des forêts et des anciennes jachères.
- Par contraste, l’agroforêt de Zamakoe (village de production du bois), possède une forte richesse
spécifique, preuve que l’activité de production du bois est moins dévastatrice pour les forêts que celle
de la production du charbon.
Concernant l’abondance intraspécifique, c’est-à-dire l’abondance au sein des différents groupes cibles (plantes
préférées) par rapport aux autres plantes utilisées dans la production du bois énergie (figure 3), l’on voit que :
- dans certains écosystèmes les espèces préférées que sont l’assas (Macaranga hurifolia) ; l’ebebeng
(Phyllanthus discoideus), l’atui (Piptadeniastrum africanum), l’angoa (Erismadelphus exsul) et le bongo
(Fagara tessmanii) sont aussi abondantes que les autres plantes utilisées comme bois énergie (forêts
secondaires d’Ongandi et d’Akak), contrairement à des sites où ces espèces sont minoritaires
(ancienne jachère d’Ongandi et agroforêt de Zamakoe) ou quasiment absentes pour les sites les plus
perturbés (agroforêt de Yega-si et forêt secondaire de Nkolening)
-
certaines espèces préférées semblent ubiquistes et relativement abondantes dans les formations
végétales, il s’agit de l’ébebeng (Phyllanthus discoideus) et de l’assas (Macaranga hurifolia). D’autres
plantes telles que l’angoa (Erismadelphus exsul) sont rares et ne se rencontrent que dans des forêts
anciennes et faiblement dégradées telles que celles d’Akak II et d’Ongandi. D’autres plantes enfin à
l’exemple de l’atui (Piptadeniastrum africanum) et du bongo (Fagara tessmanii) semblent en voie de
disparition car sont minoritaires dans la majorité des sites.
Bénéfices environnementaux rendus par les forêts périphériques à la ville de Yaoundé
Dans les villages étudiés, l’on note que les services rendus ou fonctions des forêts périurbaines aux alentours
de Yaoundé, loin d’être accrus au fil du temps ont subi une nette diminution :
- le rendement de la chasse a significativement diminué au fil du temps;
- le rendement de la pêche est insatisfaisant et a fortement diminué au fil du temps. Dans 7 villages sur
9 les eaux des cours d’eau ne sont plus potables et comestibles contrairement à ce qui était le cas
dans le temps;
- dans des villages charbon les populations ont constaté la disparition des PFNL par rapport au passé,
contre de villages bois. La moitié des villages charbon a reconnu que l’activité y est si intense que
même les PFNL sont coupés pour fabriquer le charbon;
- 86,2 % d’agriculteurs interrogés dans les villages de production de charbon estiment que la fertilité
des sols a diminué significativement au cours des cinq dernières années, contre 73,3 % d’agriculteurs
dans les villages « bois » qui sont de ce même avis.
VI. Identification et caractérisation des impacts générés par la filière bois énergie à Yaoundé et sa périphérie
et proposition des mesures d’atténuation
Tableau 6 : Matrice d’identification des impacts générés par la filière bois énergie à Yaoundé et sa périphérie
Éléments valorisés de l’environnement
Acquisition/Achat d’arbres
X
Coupe du bois
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
Transport du lieu de coupe au
X
X
X
X
X
X
X
four/village
Carbonisation/entretien des fours
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
Remise en état des sites par
X
X
X
X
X
X
X
l’agriculture
Transport des lieux de productions aux
X
X
X
X
X
X
marchés
Contrôles routiers et perception des
X
taxes
Commercialisation dans les marchés et
X
X
X
X
X
X
X
X
les quartiers
Consommation par les ménages
X
X
Consommation par les consommateurs
X
X
X
X
industriels
X = l’activité est susceptible de créer une incidence positive ou négative sur la composante valorisée de l’environnement
Conflits
Gouvernance
Sécurité/acciden
ts
Hygiène et
salubrité
Santé
Éducation
Qualité de vie
Revenus des
ménages
Paysage
Écosystèmes
Biodiversité
Faune
Végétation
Eaux
souterraines
Eaux de surface
Sol
Air
Activités sources d’impacts
emplois
Milieu humain
Milieu biophysique
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
QUALITÉ DE
L'AIR
Fonctionnement des véhicules de transport
Pollution localisée de l’air par les gaz d’échappement émis
par les véhicules de transport
PAYSAGE
COMPOSITION
DU SOL
STRUCTURE DU
SOL
STRUCTURE DU
SOL
EAUX DE
SURFACE
-coupe du bois
-Carbonisation
-Commercialisation dans les marchés et les
quartiers
-Coupe du bois et mise à nu des sols
-Érosion et lessivage des sols mis à nu
carbonisation
Transport du bois des lieux de coupe vers les
fours par roulement
-Coupe du bois
-Érosion et lessivage des sols
Enlaidissement et encombrement du paysage par les
carcasses d’arbres terrassées et les débris de charbon
Perte de la fertilité des sols par lessivage des nutriments
après leur mise à nue
Risque de destruction de la structure des sols par la
carbonisation
Risque de compaction et imperméabilisation du sol
Pollution de la qualité des eaux de surface par les
sédiments érodés et les eaux usées lessivées vers les cours
d’eau
Baisse de la turbidité des eaux de surface par le lessivage et
le dépôt des débris de charbon et des sédiments érodés
EAUX
SOUTERRAINES
-Carbonisation
-Érosion et lessivage des sols
Prélèvement d’eau dans les puits et cours
d’eau pour l’entretien des fours
FAUNE
AQUATIQUE
-Baisse de la qualité des eaux
-Baisse de la turbidité des cours d’eau
Disparition de la faune aquatique
FAUNE
Coupe du bois et perte des habitats
Fragmentation des habitats et perturbation des
Risque diminution de la nappe phréatique
1. b
1. c
2
3. a
3. b
3. c
Importance
relative
Pollution aérienne générée par le dégagement des fumées
toxiques et augmentation de l’effet de serre
Valeur
-Carbonisation
-Utilisation du bois énergie par les ménages
et les consommateurs industriels
1. a
Importance
absolue
Pollution aérienne provoquée par l’envol de la poussière et
des débris de végétaux terrassés.
Intensité
coupe du bois
Étendue
Intitulé de l’impact
Durée
Source de l’impact
Index
Aspect
Nature
Tableau 7 : Matrice de caractérisation et évaluation des impacts générés par la filière bois énergie (BE) à Yaoundé et sa périphérie
-
C
P
f
Mi
Nv
Mi
-
L
L
F
Ma
V
Ma
-
L
L
F
Ma
V
Ma
-
L
P
M
Mo
V
Mo
-
L
L
F
Ma
Hv
Ma
-
L
P
f
Mi
Hv
Mo
-
C
P
f
Mi
Nv
Mi
-
L
L
F
Ma
V
Ma
-
L
L
M
Mo
V
Mo
-
L
L
M
Mo
V
Mo
-
L
L
M
Mo
V
Mo
-
L
L
M
Mo
V
Mo
4. a
4. b
5
6
7. a
TERRESTRE
VEGETATION
ECOSYSTEMES
BIODIVERSITE
SAINTE
HYGIÈNE ET
SALUBRITÉ
EDUCATION
GOUVERNANCE
Importance
relative
Valeur
Importance
absolue
Intensité
Étendue
mouvements de la faune terrestre
Coupe du bois et perte des habitats
Coupe du bois
Coupe du bois
Carbonisation
Coupe du bois et perte des habitats pour la
faune
Coupe du bois
SÉCURITÉ/ACCI
DENTS
Durée
Intitulé de l’impact
Nature
Source de l’impact
Index
Aspect
-Coupe de bois
-Carbonisation
-Défournement et mise en sac
-Fente du bois avant la vente
Transport des lieux de productions aux
marchés
-Carbonisation
-Commercialisation dans les marchés et les
quartiers
-Consommation par les ménages et les
consommateurs industriels
-Transport du lieu de coupe au four/village
-Carbonisation/entretien des fours
-Fente du bois pour la Commercialisation
-Coupe du bois
-Transport du lieu de coupe au four/village
-Carbonisation/entretien des fours
-Commercialisation dans les marchés et les
quartiers
-Coupe du bois
-Contrôles routiers et perception des taxes
Augmentation du braconnage
Destruction du couvert végétal et déforestation
Dégradation des écosystèmes et baisse significative des
services rendus par les forêts périurbaines
Disparition de la faune terrestre et perte de la biodiversité
faunique
Disparition d’espèces floristiques rares ou endémiques et
perte de la biodiversité floristique
7. b
8
9
10. a
10. b
-
L
L
L
L
f
M
Mo
Mo
Hv
V
Ma
Mo
-
L
L
F
Ma
Hv
Ma
-
L
L
M
Mo
V
Mo
-
L
L
F
Ma
V
Ma
-
M
P
M
Mo
Hv
Mo
-
L
P
M
Mo
V
Mo
-
L/M
R
f
Ma/
Mo
V
Ma/M
o
-
M
P
M
Mo
V
Mo
-
L
P
f
Mi
Hv
Mo
-
L
R
F
Ma
Hv
Ma
11. a
Accidents de travail, blessures et brûlures
Accidents de circulation
11. b
12. a
Impacts sur la santé de la population exposée aux fumées
toxiques et aux poussières de charbon
Impacts sur la santé des producteurs et vendeurs générés
par les travaux pénibles nécessaires pour la production et la
vente du BE
12. b
13
Abandon des classes pour la production et la vente du BE
Impact sur la gouvernance
14
Contrôles routiers et perception des taxes
REVENUS DES
MÉNAGES
EMPLOI
QUALITÉ DE
VIE
Impact négatif majeur
Nature
+ (impact positif)
- (impact négatif)
-Acquisition des arbres
-Coupe du bois
-Transport du lieu de coupe au four/village
-Carbonisation/entretien des fours
-Commercialisation dans les marchés et les
quartiers
-Coupe du bois
-Transport du lieu de coupe au four/village
-Carbonisation/entretien des fours
-Commercialisation dans les marchés et les
quartiers
-Acquisition des arbres
-Coupe du bois
-Transport du lieu de coupe au four/village
-Carbonisation/entretien des fours
-Commercialisation dans les marchés et les
quartiers
Étendue
R (Régionale)
L (Locale)
P (Ponctuelle)
Importance
relative
Valeur
Importance
absolue
Intensité
15. a
Conflits entre les charbonniers
Conflits entre les transporteurs/producteurs et les agents
de contrôle routier (police, gendarmerie ou eaux et forêts)
15. b
-
C
P
f
Mi
Nv
Mi
-
L
L
M
Mo
V
Mo
+
M
L
F
Mo
Hv
Ma
+
L
L
F
Ma
Hv
Ma
+
M
L
F
Mo
Hv
Ma
16
Augmentation du revenu des ménages
17
Création d’emplois
18
Amélioration de la qualité de vie par l’accès aux produits de
première nécessité, aux soins de santé et à l’éducation
Impact positif majeur
Durée
L (Longue)
M(Moyenne)
C (Courte)
Étendue
CONFLITS
-Commercialisation dans les marchés et les
quartiers
-Acquisition des arbres
-Transport du lieu de coupe au four/village
-Carbonisation/entretien des fours
Durée
Intitulé de l’impact
Nature
Source de l’impact
Index
Aspect
Intensité
F (Forte)
M (Moyenne)
f (Faible)
Valeur
Hv (Hautement valorisé)
V (Valorisé)
Nv (Non valorisé)
Importance
Ma (Majeure)
Mo (Moyenne)
Mi (Mineure)
QUALITÉ DE
L'AIR
PAYSAGE
Intitulé de l’impact
Description et manifestation de l’impact
Mesures d’atténuation/de bonification
1. a
Pollution aérienne
provoquée par l’envol de la
poussière et des débris de
végétaux terrassés.
Lors de l’abattage des arbres par les tronçonneuses, il se produit un
dégagement de poussière et de particules susceptibles d’altérer la qualité
de l’air. Ce dégagement n’est toutefois pas assez important et est de
courte durée, car se dépose sur la végétation avoisinante
Mi
- Impact d’importance mineure ne nécessitant
pas de mesures d’atténuation
1. b
Pollution aérienne générée
par le dégagement des
fumées toxiques
Altération de la qualité de l’air par les activités de carbonisation et de
combustion du BE qui émettent des particules et des gaz à effet de serre
(CO2) dans l’atmosphère rurale et urbaine (photo 8)
Ma
- diffusion des fours à carbonisation modernes
et améliorés auprès des charbonniers
- sensibilisation des ménages de la ville de
Yaoundé à l’utilisation des fours améliorés
Mo
- systématiser les visites techniques des
véhicules transportant le BE pour la révision
des moteurs défaillants
- vulgariser l’utilisation de l’essence auprès des
transporteurs de BE
Mo
- sensibiliser les charbonniers au nettoyage
quotidien du sol
- favoriser la création des circuits d’irrigation
dans les charbonneries industrielles
Index
Aspect
Importance
relative
Tableau 8 : Description et manifestation des impacts générés par la filière bois énergie (BE) à Yaoundé et mesures d’atténuation/ de bonification
1. c
Pollution localisée de l’air
par les gaz d’échappement
émis par les véhicules de
transport
2
Enlaidissement et
encombrement du paysage
par les carcasses d’arbres
terrassées et les débris de
charbon
COMPOSITION
DU SOL
- 80 % de transporteurs de BE utilisent le gasoil comme carburant et
consomment en moyenne 25,4 litres (st. dev : 21,5) par semaines pour le
transport des lieux de productions aux marchés de Yaoundé.
- Ceci entraîne l’émission d’une quantité importante de gaz fossiles
s’échappant des véhicules, contribuant ainsi à l’augmentation de l’effet
de serre
Le paysage des charbonneries industrielles telle que celle de Mfou ou
artisanales dans les villages est enlaidi et noirci par les débris de charbon
et les flaques d’eau stagnantes sur le sol résultant des activités de
carbonisation, ce qui pose également un problème d’hygiène et de
salubrité (photo 9)
3. a
Perte de la fertilité des sols
par lessivage des nutriments
après leur mise à nue
Le déboisement incontrôlé qui a été noté dans les forêts périphériques de
Yaoundé pour la production du BE entraîne une mise à nu des sols, ce qui
les expose lors des pluies à l’érosion et au lessivage des nutriments qu’ils
contiennent. La conséquence ici est une baisse de la fertilité de ces sols
Ma
3. b
Risque de destruction de la
composition des sols par la
La chaleur dégagée par les fours de carbonisation détruit la composition
des sols en nutriments et microorganismes et les fragilise (photo 10)
Mo
- sensibiliser les producteurs sur l’importance
de la forêt et de la ressource bois
- sensibiliser les producteurs à l’exploitation de
la ressource selon les normes de bonne
pratique forestière (respect du DME)
- promouvoir le reboisement dans les
écosystèmes exploités pour le BE
- vulgariser les fours à carbonisation modernes
et améliorés auprès des charbonniers
Description et manifestation de l’impact
Importance
relative
Mesures d’atténuation/de bonification
Risque de compaction et
imperméabilisation du sol
La technique de transport du bois vers les fours qui consiste à rouler les
billes de bois à même le sol est susceptible de générer la compaction du
sol. Cependant, les distances parcourues ici sont faibles étant donné que
les lieux de coupe/ débitage du bois et les emplacements des fours sont
sur les mêmes sites
Mi
- Impact d’importance mineure ne nécessitant
pas de mesures d’atténuation
4. a
Pollution de la qualité des
eaux de surface par les
sédiments érodés et les
eaux usées lessivées vers les
cours d’eau
- Les eaux usées stagnantes et les débris de charbon et de bois sur les
sites exploités, ainsi que les sédiments des sols mis à nu sont lessivés par
les eaux de ruissellement vers les cours d’eaux, altérants ainsi la qualité
de ces cours d’eaux.
- Il a de ce fait été observé que 7 villages sur les 9 étudiés au cours de
cette étude ont des cours d’eau pollués et impropres à la consommation.
Ma
- sensibiliser les charbonniers au nettoyage
quotidien du sol
- favoriser la création des circuits d’irrigation
dans les charbonneries industrielles
- promouvoir le reboisement dans les sites
après exploitation et production du bois
énergie
- reboiser les abords des cours d’eaux
4. b
Baisse de la turbidité des
eaux de surface par le
lessivage et le dépôt des
débris de charbon et des
sédiments érodés
Les débris de charbon et de bois sur les sites exploités, ainsi que les
sédiments des sols mis à nu sont lessivés par les eaux de pluie et se
déposent dans le lit des cours d’eau, entraînant leur comblement et une
baisse du débit d’écoulement (photos 11 et 12)
Mo
- promouvoir le reboisement dans les sites
après exploitation et production du bois
énergie
- reboiser les abords des cours d’eaux
Mo
Mo
Index
Aspect
STRUCTURE DU
SOL
Intitulé de l’impact
carbonisation
3. c
EAUX DE
SURFACE
EAUX
SOUTERRAINES
5
Risque diminution de la
nappe phréatique
- Pour la production des fours, les producteurs de charbon interrogés ont
déclaré utiliser 10 à 20 fûts pour des fours de 60 sacs. Sachant que la
production moyenne par producteur dans la zone de Yaoundé est de 73,0
sacs de charbon par mois (st. dev : 17,1), chaque charbonnier utilise
mensuellement environ 18, 2 fûts d’eau.
- Cette quantité est importante et pourrait aboutir à long ou moyen
terme à une diminution de la nappe phréatique dans certaines localités
(en fonction du nombre de producteurs). Étant en zone forestière, ce
risque certain n’est cependant pas élevé en raison de la pluviométrie
FAUNE
AQUATIQUE
6
Disparition de la faune
aquatique
La pollution et l’altération du débit des cours d’eaux par les sédiments du
sol, les débris de bois et les eaux usées est susceptible d’entraîner la
disparition de la faune aquatique.
- vulgariser des fours à carbonisation
modernes et améliorés auprès des
charbonniers et nécessitant une
consommation minimale d’eau
- afin de favoriser l’augmentation de la
pluviosité dans les localités à forte activité
d’exploitation du BE, promouvoir le
reboisement dans les sites après exploitation
pour le BE
- sensibiliser les charbonniers au nettoyage
quotidien du sol
- favoriser la création des circuits d’irrigation
Intitulé de l’impact
Description et manifestation de l’impact
Importance
relative
Index
Aspect
C’est ainsi que dans 7 villages sur les 9 étudiés, le rendement de la pêche
est insatisfaisant et a fortement diminué au fil du temps. Sachant que la
production du charbon se fait aux abords des cours d’eau, la disparition
de la faune dans ces cours d’eau peut être directement imputée à cette
activité. À cette cause s’ajoute la déforestation et la mise à nu des sols
pour l’agriculture
7. a
FAUNE
TERRESTRE
7. b
Fragmentation des habitats
et perturbation des
mouvements de la faune
terrestre
Le déboisement et la déforestation des forêts périurbaines de Yaoundé
pour le BE entraînent la destruction et la fragmentation des habitats. Ceci
conduit à la perturbation et la migration de la petite faune encore
existante dans ces forêts.
C’est ainsi que dans tous les villages étudiés hormis Akak II, les
populations ont reconnu que le rendement de la chasse a
significativement diminué au fil du temps
dans les charbonneries industrielles
- promouvoir le reboisement dans les sites
après exploitation et production du bois
énergie
- reboiser les abords des cours d’eaux
Mo
Augmentation du
braconnage
Les animaux ayant perdu leur habitat après déforestation pour le BE sont
à découvert et constituent une proie facile pour les braconniers et
surtout les producteurs
Ma
Mo
Ma
VEGETATION
8
Destruction du couvert
végétal et déforestation
La production du BE entraîne la destruction des arbres (déboisement) qui
constituent la matière première pour l’activité. Dans la zone de Yaoundé,
cette production n’est plus un sous-produit de l’agriculture et 60,7 % de
bois en moyenne est prélevé des forêts pour produire le bois énergie.
Pour ce faire, des carrés entiers de végétation sont progressivement
éclaircis en pleine forêt pour la mise en place des fours, ce qui constitue
avec l’agriculture une cause de la déforestation des forêts périurbaines.
ECOSYSTEMES
9
Dégradation des
Le déboisement et la déforestation pour la production de BE et les
Mesures d’atténuation/de bonification
- éviter le déboisement dans des sites isolés et
servant de refuge à la faune
- promouvoir le reboisement dans les sites
après exploitation et production du bois
énergie
- sensibiliser les producteurs sur l’importance
de la préservation de la faune
- éviter le déboisement dans des sites isolés et
servant de refuge à la faune
- promouvoir le reboisement dans les
écosystèmes exploités pour le BE
- sensibiliser les producteurs à l’utilisation du
bois coupé dans les champs
- sensibiliser les vendeurs à l’utilisation du
charbon issu des scieries
- promouvoir la production du charbon à partir
des déchets des scieries
- sensibiliser les producteurs sur l’importance
de la forêt et de la ressource bois
10.
a
Intitulé de l’impact
Description et manifestation de l’impact
écosystèmes et baisse
significative des services
rendus par les forêts
activités de carbonisation entraînent l’érosion des sols, la pollution des
eaux, la perte d’habitat pour la faune, sans oublier le réchauffement du
microclimat et la perturbation de la phénologie des plantes en forêt (y
compris les PFNL). Tout ceci concoure à la baisse de la fonction et des
services rendus par les écosystèmes forestiers (pêche, chasse, fertilité des
sols, production des PFNL) : c’est la dégradation des écosystèmes
Disparition de la faune
terrestre et perte de la
biodiversité faunique
BIODIVERSITE
10.
b
Disparition d’espèces
floristiques rares ou
endémiques et perte de la
biodiversité floristique
Les écosystèmes exploités pour le BE et dégradés constituent des refuges
uniquement pour une catégorie d’animaux : les petits rongeurs. Ceci
représente une perte de la biodiversité faunique dans les forêts
périurbaines
-La présente étude a révélé que certaines plantes préférées des acheteurs
et de producteurs de BE à l’exemple de l’atui (Piptadeniastrum
africanum) et du bongo (Fagara tessmanii) semblent en voie de
disparition, car sont minoritaires dans la majorité des sites.
-D’autre part dans les différents types d’écosystèmes où est prélevé le
bois énergie, il a été noté une faible proportion de plante d’avenir et une
croissance lente des espèces utilisées comme bois énergie, ce qui
suppose leur disparition à long ou moyen terme si rien n’est fait.
Importance
relative
Index
Aspect
Mo
Ma
La biodiversité floristique est donc compromise par la production de BE
SÉCURITÉ/
ACCIDENTS
11.
a
Accidents de travail,
blessures et brûlures
L’utilisation de la tronçonneuse pour la coupe du bois, la carbonisation, le
défournement du charbon, sa mise en sac et la fente du bois de chauffe
avant la vente sont autant d’activités de la filière BE représentant un
Ma
Mesures d’atténuation/de bonification
- sensibiliser les producteurs sur l’importance
de la forêt et de la ressource bois
- sensibiliser les producteurs à l’exploitation de
la ressource selon les normes de bonne
pratique forestière (respect du DME)
- promouvoir le reboisement dans les
écosystèmes exploités pour le BE
- éviter le déboisement dans des sites isolés et
servant de refuge à la faune
- promouvoir le reboisement dans les sites
après exploitation et production du bois
énergie
- sensibiliser les producteurs sur l’importance
de la forêt et de la ressource bois
- sensibiliser les producteurs à l’exploitation de
la ressource selon les normes de bonne
pratique forestière (respect du DME)
- promouvoir le reboisement dans les
écosystèmes exploités pour le BE
- favoriser le reboisement des espèces
préférées à faible vitesse de regénération
- sensibiliser les producteurs et les vendeurs
pour l’utilisation des espèces préférées
ubiquistes et relativement abondantes telles
que l’ébebeng (Phyllanthus discoideus) et
l’assas (Macaranga hurifolia)
- sensibilisation des producteurs et vendeurs
au port de équipements de protection (gants,
bottes, tenue appropriée)
- diffusion d’un matériel moderne et à faible
Intitulé de l’impact
Description et manifestation de l’impact
Importance
relative
Index
Aspect
danger pour les acteurs impliqués (producteurs, vendeurs,
consommateurs).
Dans la présente étude 16,6 % de producteurs ont déclaré rencontrer
comme difficultés liées l’activité les blessures; 81,5 % de vendeurs de bois
de chauffe estiment que les risques liés à cette activité sont les accidents
de travail tandis que 18,5 ont déjà été victimes de blessures
SÉCURITÉ/
ACCIDENTS
Mesures d’atténuation/de bonification
risque auprès des producteurs et vendeurs
(charbonnières, tronçonneuses, etc.)
-Les accidents de circulations peuvent avoir cours lors du transport du BE
des lieux de productions aux marchés.
11.
b
Accidents de circulation
-Ces risques sont d’autant plus probables au vu du trafic intense effectué
par transporteurs (en moyenne 4 chargements par semaine pour chaque
transporteur de BE ; st dev=2,8) et au vu de la surcharge de certains
véhicules de transport (photo 13).
Mo
- éviter la surcharge lors du transport du BE
- réduire les excès de vitesse lors du
transporteur de BE
- éviter le transport du BE aux heures tardives
Ma/
Mo
- diffusion des fours à carbonisation modernes
et améliorés auprès des charbonniers
- sensibilisation des ménages de la ville de
Yaoundé à l’utilisation des fours améliorés
- sensibilisation des consommateurs
industriels (vendeurs de beignets, braiseurs
de porc, restaurants) de la ville de Yaoundé à
l’utilisation des fours améliorés
- vulgarisation auprès des ménages,
consommateurs industriels, vendeurs et
producteurs de charbon l’application de
-95 % de transporteurs ont ainsi reconnu que le risque d’accident est réel
dans le transport du BE et 20 % ont déclaré en avoir déjà été victimes
(selon ces derniers, il s’agit d’une difficulté rencontrée dans l’activité de
transport du BE)
SAINTE
HYGIÈNE ET
SALUBRITÉ
12.
a
Impacts sur la santé de la
population exposée aux
fumées toxiques et aux
poussières de charbon
Les fumées toxiques et les poussières de charbon émises par les activités
de carbonisation et de combustion du BE sont susceptibles de causer des
maladies telles que le mal des yeux, les maladies respiratoires et les
maladies pulmonaires.
C’est ainsi que 37 % de producteurs de charbon et 36 % de vendeurs ont
déclaré avoir déjà été victimes de maladies pulmonaires et respiratoires
du fait de ces inhalations. Cependant, des études médicales approfondies
doivent être menées pour démontrer ce lien de causalité.
Intitulé de l’impact
Description et manifestation de l’impact
Importance
relative
Index
Aspect
Mesures d’atténuation/de bonification
mesures simples de prévention telle que la
prise régulière de lait
SANTE
12.
b
Impacts sur la santé des
producteurs et vendeurs
générés par les travaux
pénibles liés à la production
et la vente du BE
EDUCATION
13
Abandon des classes pour la
production et la vente du BE
Le transport du lieu de coupe au four/village sur la tête, la
carbonisation/entretien des fours et la fente du bois pour la
Commercialisation sont des activités liées à la filière BE qui sont
extrêmement éprouvantes pour les producteurs en particulier.
67 % de producteurs de charbon déclarent ainsi être victimes au
quotidien de douleurs musculaires, fatigues et anémies
60 % de producteurs de bois de chauffe au cours des enquêtes se sont
plaint de courbatures, douleurs musculaires et articulaires
La production du charbon et du bois est source de revenus rapides. De
plus en plus dans les villages, cette activité est l’apanage des jeunes qui la
préfèrent aux activités pénibles comme l’agriculture et il est à craindre
que certains d’entre eux ne délaissent les études au profit d’un gain
rapide.
Dans les villages étudiés, cet impact ne se produit pas encore, car les
producteurs ont en moyenne 36 ans
Mo
- vulgarisation du matériel moderne auprès
des producteurs (charbonnières améliorées,
portes-tout, etc.)
Mo
Sensibilisation des élèves et étudiants sur les
bienfaits de l’éducation
-Les exploitants de bois pour le BE dans les forêts périphériques de
Yaoundé ne remplissent pas aux exigences légales imposées par la
législation en vigueur, car aucun d’eux ne possède un permis
d’exploitation du bois ou du charbon de bois.
GOUVERNANCE
14
Impact sur la gouvernance
CONFLITS
15.
a
Conflits entre les
producteurs de BE
-La production et le transport de BE en direction des marchés de la ville
n’en sont pas moins intenses, et l’on note juste que des taxes sont
prélevées sur chaque convoi/véhicule transportant du BE. Il s’agit
vraisemblablement d’une parafiscalité qui se développe en marge de la
législation en vigueur
Les conflits entre les producteurs peuvent avoir cours en cas de
raréfaction de la ressource dans certaines localités.
Ma
Mi
- cartographier le potentiel de production du
BE dans la zone de Yaoundé
- donner une base légale à la taxe prélevée sur
le BE par les différents postes de contrôle
- simplifier la procédure d’obtention des
permis de coupe pour le transport du bois
énergie
- favoriser un allègement des taxes routières
pour les transporteurs possédant un permis
de transport du BE
- recenser les producteurs de BE et créer des
marchés ruraux
- promouvoir le reboisement dans les
écosystèmes exploités pour le BE
Intitulé de l’impact
Description et manifestation de l’impact
Importance
relative
Index
Aspect
Mesures d’atténuation/de bonification
Mo
- donner une base légale à la taxe prélevée sur
le BE par les différents postes de contrôle
- simplifier la procédure d’obtention des
permis de coupe pour le transport du bois
énergie
- favoriser un allègement des taxes routières
pour les transporteurs possédant un permis
de transport du BE
Ma
- réguler l’inflation des prix du bois énergie
notée par les ménages au cours des cinq
dernières années
Dans la présente étude, il a été noté que seulement 27 % de producteurs
de bois ont eu des conflits pour vol d’arbres dans leur parcelle, la majorité
ayant accès à la ressource par héritage sans titre foncier (93,3 %), avec
titre foncier (6,7 %) et par achat d’arbres (50 %).
Chez les producteurs de charbon, le principal conflit noté est lié au travail
en groupe, il s’agit notamment du refus de rendre un service dont on a
bénéficié (18 %). Seulement 10,7 % de producteurs ont dit avoir été
victimes de destruction de leur production due à la jalousie des vendeurs
de terrains ne possédant plus de parcelles de terre. La majorité des
producteurs ayant accès à la ressource par héritage sans titre foncier
(79,4 %), avec titre foncier (8,8 %) et par achat d’arbres (79,4 %).
15.
b
REVENUS DES
MÉNAGES
16
Conflits entre les
transporteurs/producteurs
et les agents de contrôle
routier (police, gendarmerie
ou eaux et forêts)
Augmentation du revenu
des ménages
Sans être ouvertement déclaré, un conflit latent existe entre les
transporteurs/producteurs de bois énergie et les agents de police,
gendarmerie ou eaux et forêts.
En effet, 33% de producteurs de bois de chauffage, 14,2% de producteurs
de charbon et 50% de transporteurs ont souligné comme difficulté
rencontrée dans la production l’excès de contrôles routiers et de
tracasseries policières.
En moyenne 9,3% de sachets sont achetés par mois par les ménages
enquêtés dans la ville de Yaoundé (st. dev : 9,88), correspondant à une
dépense moyenne de 3000 FCFA dans les ménages utilisant le charbon
(51,4%). Quant au bois de chauffe, environ 20,5 fagots sont achetés par
mois, correspondant à 3949,1 FCFA dépensé chaque mois par les
ménages utilisant le bois de chauffe (45,5%)
Pour 70 % de ménages enquêtés, le bois énergie supplée à l’énergie
principale qui est le gaz
43,3 % et 23,3 % de ménages estiment que le bois de chauffe et le
charbon de bois permettent respectivement de diminuer les dépenses
effectuées par mois pour l’approvisionnement en énergie de cuisson et
QUALITÉ DE
VIE
Intitulé de l’impact
17
Création d’emplois
18
Amélioration de la qualité
de vie par l’accès aux
produits de première
nécessité, aux soins de
santé et à l’éducation
Description et manifestation de l’impact
contribuent à l’augmentation des revenus du ménage
La filière bois énergie génère de nombreux emplois dans les différents
maillons que sont l’exploitation, le transport, la commercialisation et la
consommation du bois énergie. 200 personnes exerçant à l’intérieur de
ces quatre maillons ont par exemple été abordés seulement dans le cadre
de cette étude préliminaire.
Pour les vendeurs, les transporteurs et les producteurs de bois énergie
enquêtés, la vente/production du bois énergie est source de revenus et
leur permet de subvenir aux besoins de la famille (accès aux produits de
première nécessité, aux soins de santé et à l’éducation)
Importance
relative
EMPLOI
Index
Aspect
Mesures d’atténuation/de bonification
Ma
- formaliser la filière et diminuer la répression
observée lors du transport et de la vente du
bois énergie
Ma
- favoriser un allègement des taxes routières
pour les transporteurs possédant un permis
de transport du BE
- recenser les producteurs de BE et créer des
marchés ruraux pour un meilleur équilibre
des revenus entre les producteurs et les
vendeurs
IMPACTS GÉNÉRES PAR LA FILIÈRE BOIS ÉNERGIE EN IMAGES
Photo 8 : Pollution aérienne générée par les activités
de carbonisation et de combustion du BE qui
émettent des particules et des gaz à effet de serre
(CO2) dans l’atmosphère (scierie Mfou)
Photo 9 : Enlaidissement et encombrement du paysage
par les carcasses d’arbres et les débris de charbon
(scierie Mfou)
Photo 10 : Chablis à proximité d’un ancien site de carbonisation, preuve de la perturbation et
de la fragilité du sol (Yega-Si, agroforêt)
Photo 11 : Cours d’eau s’écoulant à l’amont et présentant un débit normal
Photo 12 : Plus bas, même cours d’eau en aval de plusieurs sites de carbonisation
groupés (un sceau a d’ailleurs été installé par le charbonnier pour
s’approvisionner en eau). L’on note que le lit du cours d’eau dégagé en amont ici
est presque entièrement comblé par les sédiments et le débit d’écoulement des
eaux est très faible (eaux stagnantes)
Photo 13 : Surcharge des véhicules assurant le transport du bois énergie dans la zone de
Yaoundé et précarité du transport
CONCLUSION
Que dire de la durabilité écologique et des impacts environnementaux générés par la filière bois énergie à
Yaoundé et sa périphérie?
En définitive, malgré des impacts positifs certains sur la création des emplois et l’amélioration des conditions de vie
des acteurs, la filière bois énergie génère plus d’impacts environnementaux négatifs dans la zone de Yaoundé et sa
périphérie. Cet état des choses est en grande partie dû à une mauvaise gestion des massifs forestiers à la base de la
production.
Une analyse de la durabilité écologique de ces massifs forestiers révèle donc que celle-ci est grandement
compromise par une exploitation pour le bois énergie (BE) génératrice d’impacts environnementaux majeurs,
n’obéissant pas aux normes de bonne pratique forestière et caractérisée par :
- l’extrême rareté des essences de diamètre compris entre 50 et 100 cm dans les écosystèmes inventoriés,
ce qui suppose une exploitation abusive des espèces de gros diamètre ayant abouti à leur disparition, mais
surtout une croissance et un développement lent des espèces en présence;
- le faible taux des plantes d’avenir (Ø <10 cm) dont l’abondance maximale est de 18,8 % dans la forêt
secondaire la moins perturbée parmi les écosystèmes inventoriés, ce qui compromettra à moyen ou long
terme la régénération des massifs forestiers et confirme si besoin est la lente croissance des espèces
utilisées comme bois énergie dans les forêts périurbaines de Yaoundé;
- une abondance d’espèces de diamètre compris entre 10 et 50 cm, qui du fait de la forte demande sont
exploitées avant d’atteindre le diamètre minimum d’exploitabilité (DME), c’est-à-dire le diamètre pour
lequel les espèces possèdent la maturité nécessaire pour assurer la régénération de la forêt. En général, le
DME est compris entre 50 et 60 cm en fonction des caractéristiques de régénération des espèces, avec un
maximum à 100 cm pour les espèces les plus rares;
- une dégradation des massifs forestiers mise en exergue par une forte diminution des services rendus par
ces forêts du fait de l’exploitation du BE (pêche, chasse, fertilité des sols, potabilité des cours d’eau, etc.);
- des impacts négatifs majeurs sur la gouvernance, sur la santé des producteurs, des vendeurs et des
consommateurs intervenant dans la filière bois énergie.
Perspectives pour les différents acteurs
La mise en œuvre des mesures d’atténuation/bonification proposées pourra contribuer à la mitigation des impacts
négatifs et à l’amélioration des impacts positifs identifiés.
Nous préconisons comme recommandation forte le reboisement des forêts périurbaines de Yaoundé dégradées
pour la plupart, la sensibilisation à l’usage des foyers améliorés ainsi que l’assistance des charbonniers pour
l’amélioration des conditions de production et la bonne gestion des massifs forestiers.
Nous recommandons enfin la régularisation de la filière par l’État et la création des marchés ruraux pour une
meilleure gouvernance et une équité dans les bénéfices en fonction de l’effort fourni. La régularisation de la filière
pourra se faire à travers :
- la cartographie du potentiel de production du BE dans la zone de Yaoundé;
- une quantification fine de la demande en bois énergie dans la ville de Yaoundé;
- une quantification exacte du prélèvement de bois dans les forêts;
- l’institutionnalisation de la taxe prélevée sur le BE par les différents postes de contrôle;
- la simplification de la procédure d’obtention des permis de coupe pour le transport du bois énergie
- l’allègement des taxes routières pour les transporteurs possédant un permis de transport du BE
- le recensement des producteurs de BE et leur suivi pour une bonne gestion des forêts.
Pour aider le gouvernement dans cette fonction régalienne de régularisation et de formalisation de la filière bois
énergie à Yaoundé et sa périphérie, des Organisations de recherche ou des ONG nationales comme internationales
pourraient réaliser certains des objectifs globaux ci-dessus.
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