Ces mots qui sont des maux

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SOCIETE
FORMATION CONTINUE
La moitié des
adultes a des
difficultés de
compréhension
avancée d’un texte
Une nouvelle offre
de programmes
accompagne
la refonte des
services de la FEP
Que l’on « réponde
aux besoins
de l’individu
avant ceux de
l’entreprise »
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THÉMATIQUE
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Les cégeps et les universités doivent composer avec une arrivée massive, depuis une dizaine d’années, d’étudiants avec des troubles d’apprentissage.
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FRED DUFOUR AGENCE FRANCE-PRESSE
Ces mots qui sont des maux
Dyslexie, dysorthographie et dyscalculie doivent être repérées afin d’être corrigées
Vous avez obtenu votre diplôme d’études secondaires de justesse, malgré des échecs dans plusieurs matières. La lecture
et l’écriture ont toujours été difficiles pour vous. À force d’entendre parler de troubles d’apprentissage, particulièrement
de dyslexie, vous pensez peut-être en être atteint, mais vous
n’avez jamais eu de diagnostic. Après une vingtaine d’années
à vous débrouiller sur le marché du travail, vous aimeriez aller chercher un diplôme pour pouvoir progresser dans votre
carrière. Mais arriverez-vous à enfin bien réussir en classe ?
«T
MAR TINE LETAR TE
ous les
établissements de
formation
doivent offrir des
accommodements raisonnables
aux étudiants atteints de troubles d’apprentissage ou en situation de handicap ; c’est une
obligation légale contre la discrimination », indique d’emblée Odette Raymond, conseillère pédagogique au cégep du
Vieux-Montréal et chercheuse
au Centre de recherche pour
l’inclusion scolaire et professionnelle des étudiants en situation de handicap.
Toutefois, les cégeps et les
universités doivent composer
avec une arrivée massive depuis une dizaine d’années
d’étudiants avec des troubles
d’apprentissage.
« C’est exponentiel, af firme
M me Raymond. Les établissements doivent s’adapter. Ils
ont commencé à of frir des services en 1982, mais c’était
sur tout pour les sourds et les
aveugles. Avec l’arrivée des
gens avec des troubles d’apprentissage, les services à offrir sont dif férents. »
Le trouble d’apprentissage le
plus connu est la dyslexie, une
difficulté marquée à identifier
les mots. On retrouve aussi la
dysorthographie, une difficulté
marquée à produire les mots.
Avec ces troubles, la personne
est portée à lire ou à écrire en
omettant des sons, ou en inversant des syllabes, explique-t-on
dans l’ouvrage paru la semaine
dernière dans la collection Performa de l’AQPC : Se former à
la pédagogie de l’enseignement
supérieur, auquel Odette Raymond a participé. La dyscalculie touche les habiletés de base
en dénombrement, en manipulation du langage mathématique et de ses opérations.
« Environ 10 % de la population québécoise est atteinte d’un
trouble d’apprentissage, et la recherche démontre que 40 % des
décrocheurs sont touchés », indique Jean-Louis Tousignant,
président de l’Association qué-
bécoise des troubles d’apprentissage (AQETA).
Outils disponibles
Que ce soit en classe ou au
travail, plusieurs outils informatiques peuvent aider les gens
atteints de troubles d’apprentissage à fonctionner à leur plein
potentiel. Il existe des logiciels
d’aide à la lecture, d’autres
pour la prédiction de mots, en
plus de logiciels de correction
comme Antidote.
« Un logiciel de correction
peut aider pratiquement tout le
monde, alors il peut être intéressant pour les employeurs d’en
faire l’acquisition sans attendre
de savoir si cer tains employés
ont un diagnostic de trouble
d’apprentissage », remarque
Jean-Louis Tousignant.
D’autant plus que l’employé
diagnostiqué n’en parle pas nécessairement à son employeur.
« Plusieurs ont peur d’être discriminés, d’être mis de côté, affir me M. Tousignant. Par
contre, pour obtenir les outils
pour pouvoir avancer, il faut
être capable de nommer ce
qu’on a. C’est pour cette raison
qu’il faut démystifier les troubles d’apprentissage, en parler
de plus en plus ouvertement. »
De plus, dans le marché du travail exigeant et compétitif d’aujourd’hui, il faut continuellement
maintenir ses compétences à jour.
« Un employé qui cache un
trouble d’apprentissage aura tendance à éviter les situations où
il serait mis en évidence, comme
des ateliers de perfectionnement, Mme Raymond. C’est souvent fait taire », explique Jacques Cosraconte M. Tousignant. Il s’iso- au privé et cela coûte environ sette, conseiller pédagogique,
lera et lorsque l’employeur re- 2000$.»
adaptation, formation générale
Ensuite, une analyse des be- des adultes et formation promarquera des erreurs d’or thographe, par exemple, il aura ten- soins de l’étudiant sera réalisée fessionnelle à la Commission
et il se fera offrir des scolaire de Montréal.
dance à penser qu’il est
accommodements.
incompétent. Cela peut « Environ 10 %
À l’AQETA, on s’inquiète
« Ça peut être la pro- que l’enseignant n’ait pas tous
se terminer en congédielongation du temps les outils pour jouer ce rôle.
ment. D’ailleurs, d’après de la
accordé pour complé- « De plus, souvent, en formation
le dernier recensement
ter un examen, l’accès professionnelle, l’enseignant
de Statistique Canada population
à un logiciel en classe, provient du milieu du travail,
en 2006, 34 % des gens québécoise est
du coaching pour ap- indique Jean-Louis Tousignant.
atteints d’un trouble
prendre à utiliser le Il ne peut pas tout savoir, il a
d’apprentissage étaient atteinte d’un
logiciel, énumère besoin de soutien. »
en emploi et 42 %
Odette Raymond. Le
é t a i e n t i n o c c u p é s . trouble
Jacques Cossette af firme
programme d’aide fi- que des ef for ts sont faits acC’est assez catastrod’apprentissage, nancière aux études tuellement pour assurer une
phique. »
et la recherche soutient aussi les étu- meilleure prise en charge des
Universités
diants dans l’achat élèves atteints d’un trouble
et cégeps
d’outils.»
d’apprentissage en formation
démontre que
« Nous souhaitons professionnelle.
Pour pouvoir utilique ces outils soient
ser des outils informa- 40 % des
« Le défi, c’est que l’inscription
a c c e s s i b l e s s a n s se fait électroniquement, et dès
tiques en classe dans
diagnostic obliga- que la personne a les cours préales cégeps et les uni- décrocheurs
toire parce que c’est lables, elle est acceptée dans le
versités, l’étudiant sont touchés »
un frein pour cer- programme sans rencontrer perdoit avoir obtenu un
diagnostic de trouble d’appren- tains étudiants », affirme le pré- sonne, indique-t-il. Ensuite, elle
tissage. « On envoie ceux qui sident de l’AQETA.
se présente en classe et l’enseisont passés à travers les mailles
gnant commence le premier modu filet se faire évaluer à l’ex- Formation des adultes et
dule. Ça va vite. On aimerait
terne », indique Odette Ray- professionnelle
pouvoir en savoir plus au momond, également vice-présiDans les centres de formation ment de l’inscription sur le pardente de l’AQETA.
des adultes et professionnelle, le cours scolaire de la personne,
Plusieurs professionnels peu- diagnostic n’est pas obligatoire savoir si elle a déjà eu un suivi
vent poser un diagnostic de trou- pour obtenir des services.
avec un orthopédagogue, un orbles d’apprentissage, comme
« Lorsqu’un enseignant ob- thophoniste ou un psychoéducales orthophonistes. « Toutefois, serve une dif ficulté chez un teur. Cela pourrait nous indil’évaluation faite par les neuropsy- élève, il prévient la direction quer dès le départ que cette perchologues est plus complète, adjointe du centre de formation sonne pourrait avoir besoin
puisqu’elle regarde aussi la mé- en précisant quelles stratégies il d’outils. »
moire et l’attention par exemple, a utilisées pour améliorer la sice qui peut permettre de décou- tuation et en mentionnant qu’il
Collaboratrice
vrir d’autres troubles, explique a besoin d’une aide supplémenLe Devoir
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SEMAINE QUÉBÉCOISE DES ADULTES EN FORMATION
« Travail et formation vont ensemble »
La moitié des adultes québécois a des difficultés de compréhension avancée d’un texte
S’il est urgent de lutter contre l’analphabétisme au Québec,
l’éducation aux adultes sous toutes ses formes, notamment
par la formation en milieu de travail, doit aussi être valorisée, estime l’Institut de coopération pour l’éducation des
adultes (ICEA).
cela fait en sor te que travail
et formation vont ensemble. »
SARAH
POULIN-CHAR TRAND
a formation en milieu de
«L
travail, c’est cr ucial !
lance Ronald Cameron, le di-
Des chiffres révélateurs
Les chiffres du dernier rapport du Conseil supérieur de
recteur général de l’ICEA, en l’éducation, qui analyse notamposte depuis 2011. Un plus ment les données de 2003 de
grand effort doit être fait de la l’Enquête internationale sur
par t des entreprises,
l’alphabétisation et la
afin d’inciter à la forcompétence des
mation continue dans Le passage
adultes, lui donnent
les milieux de tra- aux études
raison quant à l’imvail. Nous essayons de
por tance de maintemettre en avant, du- supérieures
nir les adultes, même
rant la Semaine qués’ils sont diplômés,
bécoise des adultes en ne garantit
dans un mode d’apformation, l’idée que
prentissage continu.
l ’ é d u c a t i o n a u x pas des
On peut lire dans ce
adultes, ce n’est pas niveaux de
rapport paru en sepseulement une questembre 2013 que
tion de pauvreté et compétence
« parmi les personnes
d’analphabétisme ! »
titulaires d’un diAvec l’évolution satisfaisants
plôme universitaire,
du marché du travail
entre 26 % et 28 %, setelle qu’on la connaît en littératie,
lon le domaine de
aujour d’hui, mon- pour
compétence, n’atteisieur Cameron rapgnent pas le niveau
pelle que les salariés les années
suf fisant [de compéne passent plus
tence souhaitée pour
toute leur vie dans actives sur
fonctionner en soun même emploi ou
ciété] ». Dans le
au sein d’une même le marché
même ordre d’idée,
e n t r e p r i s e . « L e s du travail
le rappor t note que
tâches sont plus com« les scores moyens de
plexes : les technologies numé- compétence, peu importe le doriques sont implantées par- maine, diminuent avec l’âge, et
tout dans la production, et les de façon plus notable chez les
changements de générations adultes de 46 à 65 ans ».
de technologies sont contiIl faut donc en conclur e
nuels dans les bureaux. Tout que le passage aux études su-
KENZO TRIBOUILLARD AGENCE FRANCE-PRESSE
Il est préférable de motiver les travailleurs par un climat d’apprentissage constant, même quand ils détiennent un diplôme universitaire.
périeures ne garantit pas des
niveaux de compétence satisfaisants en littératie, pour les
années actives sur le marché
du travail. « On s’aperçoit,
dans l’étude du Conseil supérieur de l’éducation, qu’au
Québec, parmi les gens qui ont
des dif ficultés, 18 % ont des
études postsecondaires, explique Ronald Cameron. Cela
veut donc dire que même avec
une scolarisation, avec le
temps, les capacités s’étiolent,
les habiletés se perdent. »
Cela vient aussi embrouiller l’image typique qu’on se
fait par fois d’une personne
ayant des lacunes en lecture
et en écriture. « Le por trait
type d’un analphabète, c’est
une personne qui est très pré-
caire, dans des situations de
pauvreté, qui a une confiance
en soi très faible. Mais ce n’est
pas seulement cela ; ce n’est
pas réser vé strictement aux
personnes en situation de pauvreté, ajoute le directeur général de l’ICEA. L’idée de la
formation continue, de l’éducation permanente, c’est-à-dire
d’être en mode d’apprentissage
La FAE, fière
è partenaire de la
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ADULTES
DES
EN FORMATION
Du 29 mars au
D
u 6 avril
il 20
2014
Découvrez les visages de la persévérance scolaire
des adultes en formation dès le 29 mars 2014
www lafae qc ca
www.lafae.qc.ca
continu, devient donc extrêmement importante. »
L’urgence : combattre
l’analphabétisme
L’importance d’une formation
aux adultes bien implantée dans
les milieux de travail ne devrait
toutefois pas occulter une réelle
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FACULTÉ DE L’ÉDUCATION PERMANENTE DE L’UDEM
« L’année 2014 sera l’année des lancements »
La refonte des services s’accompagne d’une nouvelle offre de programmes
Accueillant chaque année plus de 10 000 étudiants, la Faculté de l’éducation permanente de
l’Université de Montréal (FEP) renouvelle son offre, aussi bien du côté de la formation continue que de l’offre créditée.
risque de fraude. Aujourd’hui, les organisations
doivent faire preuve d’une vigilance extrême. »
e virage s’est amorcé il y a 2 ans. À
Citons également une of fre renouvelée du
l’automne 2012, une nouvelle direc- côté de la communication écrite, lancée ce printrice, Florence Bordage, prenait les temps. « Un courriel n’est pas une lettre, les farênes de la formation continue au çons de correspondre ont changé et les règles ne
sein de la FEP. Après une année de sont plus les mêmes », avance Florence Bordage.
réflexion, de préparation et d’essais, le départe- Et pour outiller les entreprises, le département
ment fait aujourd’hui peau neuve. « L’année propose des cours en ligne visant à améliorer
2014 sera l’année des lancements », annonce Flo- les techniques de rédaction autant en français
rence Bordage, avant d’ajouter que « la lancée qu’en anglais, abordant entre autres la nouvelle
va se poursuivre. Chaque année, nous aurons orthographe, les anglicismes ou la question de
désormais des nouveautés. »
la féminisation des mots au Québec.
Au moment de son ar rivée en poste, FloPour les clientèles plus ciblées, on notera
rence Bordage avait en effet déploré une « offre une formation intensive en Gestion et conforqui ne reflétait pas ce dont le public et les
mité douanière, débutant en avril. Desorganisations ont besoin aujourd’hui ».
tiné aux gestionnaires, comptables ou
Souhaitant redonner de la vigueur au
avocats d’une entreprise qui doit gérer
dépar tement, c’est vers le ter rain
de l’impor t-expor t et des processus
qu’elle a concentré ses ef for ts, for te
douaniers, le programme aborde les
d’un bagage de 25 ans d’expérience en
types de contrats, la fiscalité, les procesentreprise, dont 15 en tant que formasus douaniers ou encore les plans de
JACQUES GRENIER ARCHIVES LE DEVOIR
trice et conceptrice de formations.
conformité.
La FEP de l’Université de Montréal of fre des programmes en formation continue depuis 1990.
Du côté de la gestion philanthroCriminalité
Florence
pique, une formation en ligne intitulée au travail, la gestion des services sociaux et de connaissance des acquis joue comme facteur
Parmi les nouveautés figure un pro- Bordage
Dons majeurs et planifiés s’adresse aux santé, et la gestion philanthropique, où l’appren- motivant, incitant à retourner aux études ou à figramme sur la criminalité éconoorganismes de charité ou culturels, tissage sur le terrain est monnaie courante. « Le nir son parcours. « Pour nous, c’est un outil de remique, qui verra le jour l’automne prochain. comme des musées, qui mettent sur pied des critère de base est d’avoir travaillé au moins trois crutement important, puisqu’il représente pour les
On y aborde tout ce qui peut ser vir à une en- plans d’affaires ou des stratégies de communi- ans et d’être admis à un de nos programmes. 90% étudiants un gain de temps et d’argent. »
tr eprise confr ontée à des pr oblèmes de cation pour attirer les donateurs, ou encore aux des programmes de la FEP peuvent bénéficier de ce
Un besoin croissant, car aujourd’hui, « la mocrimes économiques sous l’angle de « la pré- planificateurs financiers qui encadrent et service, sauf les certificats en droit, en relations in- bilité professionnelle est plus importante et les
vention, de la détection et du contrôle ». conseillent les donateurs.
dustrielles et les cours de langues.»
gens veulent atteindre leurs objectifs de carrière
S’adressant aux cadres d’entreprise ainsi
Citons enfin la méthode d’amélioration de
Le processus existait dans les règlements de plus rapidement ». Mais aussi parce « la clientèle
qu’aux enquêteurs sur le terrain, aux comp- processus Lean Six Sigma, dispensée sur me- l’Université depuis plusieurs années, mais a beaucoup évolué dans les dix dernières antables et aux avocats, les cours couvrent des sure depuis la rentrée 2014.
« manquait de rigueur dans les évaluations et nées », ajoute-t-il. En effet, « 50 à 60 % de la clienaspects juridiques, financiers, éthiques et dél’encadrement, poursuit-il. Nous avons donc créé tèle de la FEP sont issus de l’immigration récisionnels, comme les détour nements de Reconnaissance des acquis
une démarche méthodologique et des outils pour cente », et ce type de service pourrait apporter
fonds, le blanchiment d’argent, l’évasion fisDu côté des programmes crédités, la FEP a évaluer les savoirs et les habiletés. »
une réponse, parmi d’autres, au problème de la
cale, les stratagèmes de fraude, les contrats également lancé début janvier sa toute nouvelle
Après s’être laissée désirer pendant plus de reconnaissance des compétences professioncachés, la corruption, la collusion, la gestion politique de reconnaissance des acquis de l’expé- 35 ans — le souhait de voir naître une telle poli- nelles des travailleurs immigrants. En assoude crise, les protocoles d’investigation et la rience. Adoptée après un projet pilote mené en tique figurait déjà dans les procès-verbaux du plissant les façons de faire, il vient en effet « récybercriminalité.
2013 auprès d’une soixantaine de candidats, celle- conseil de la faculté en 1978 —, la mise en place pondre à la pression du manque de main-d’œuQuant à savoir ce qui a motivé la création de ci permet aux étudiants inscrits d’être exemptés du service permet à l’UdeM de s’aligner sur ce vre. Un professionnel de la santé d’origine tunicette nouvelle offre, « ce serait mentir de dire d’un ou de plusieurs cours s’ils font preuve d’une qui existe déjà au niveau collégial, dans les com- sienne, par exemple, peut se voir, avec son expéque la commission Charbonneau ne nous a pas expérience pertinente. «Le candidat doit démon- missions scolaires et dans plusieurs universités rience, reconnaître cer tains cours. C’est un
influencés, confie Florence Bordage. Mais il est trer ses acquis d’apprentissage, que ce soit dans son anglophones, notamment l’Université Athabasca, incitatif pour aller décrocher un diplôme et avoir
clair, et ce n’est pas seulement au Québec, que la expérience de travail, sa vie, son implication so- à Calgary, chef de file en la matière au Canada.
un meilleur emploi que chauf feur de taxi. Il
criminalité économique est de plus en plus ingé- ciale ou communautaire», indique Jean-Pierre LeCe faisant, la FEP entend répondre aux be- s’agit d’un moteur d’intégration sociale. »
nieuse et peut toucher tout le monde. N’importe febvre, qui a été engagé à la FEP il y a un an et soins de « parcours non linéaires, atypiques », qui
quel entrepreneur qui utilise un site Web pour demi pour contribuer à monter le service.
sont, estime Jean-Pierre Lefebvre, de plus en
Collaboratrice
vendre un service ou un produit s’expose à un
Les secteurs privilégiés: la santé et la sécurité plus nombreux. En accélérant la formation, la reLe Devoir
ASSÏA KETTANI
L
TRAVAIL
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que l’éducation aux adultes
peut jouer un rôle très important de ce point de vue là.
L’éducation aux adultes, ce
n’est pas seulement une question d’adéquation entre la formation et l’emploi, c’est une
question de citoyenneté. »
urgence au Québec : 20 % des
adultes sont analphabètes et
en sont lourdement handicapés socialement. Et non pas
50 %, comme le veut la statis- Un institut en réseau
tique qui refait surface régulièL’Institut de coopération
rement, ce que déplore Ronald d’éducation aux adultes, fondé
Cameron : « Les gens avec un en 1946, est un carrefour de
grand handicap, qui sont consi- réseaux qui œuvrent en éducadérés comme réellement anal- tion populaire, dont le mandat
phabètes, sont de l’ordre d’un est de promouvoir le droit aux
adulte sur cinq. Les chiffres du adultes à une éducation tout
Conseil supérieur de l’éduca- au long de leur vie.
tion sont très clairs là-dessus. »
Les membres de l’ICEA
Le directeur général de sont des établissements d’enl’ICEA ne nie par contre pas seignement, des organisations
que près de la moitié
syndicales, des
des adultes québé- 20 % des
groupes d’action socois ont des dif ficulciale, notamment.
tés de compréhen- adultes sont
L’ICEA profitera
sion avancée d’un analphabètes
de la semaine quétexte, ce qui leur nuit
bécoise des adultes
dans un monde de et en sont
en formation, du
plus en plus tour né
29 mars au 6 avril,
lourdement
vers l’information.
pour développer une
Mais l’urgence, secampagne de mobililon l’ICEA, se situe au handicapés
sation et de valorisaniveau de l’analphabé- socialement
tion de l’éducation
tisme complet.
aux adultes, par tout
« I l faut faire un effort collectif au Québec. Une série d’activipour arracher ce 20 % à sa tés dans toutes les régions de
condition léthargique au niveau la province est prévue, et plus
de ses capacités. Il faut permet- de 300 organismes vont metre aux exclus d’être des citoyens ner des activités de reconnaisde manière pleine et entière. sance et de valorisation : reC’est une question sociale », es- mise de bourses, galas, etc.
time Ronald Cameron.
« Nous voulons célébrer les
« Compte tenu de l’état des adultes dans des programmes
lieux de l’action citoyenne et dé- d’apprentissage, dans dif fémocratique, ajoute-t-il, je pense rentes sphères de la vie »,
qu’il est impor tant de donner conclut Ronald Cameron.
un coup de barre pour que la
citoyenneté puisse s’exercer de
Collaboratrice
façon plus complète. Je pense
Le Devoir
La formation continue,
une préoccupation syndicale
On y voit !
csn.qc.ca
facebook.com/lacsn
twitter.com/lacsn
vimeo.com/lacsn
Accélérez votre parcours universitaire.
Faculté de l’éducation
permanente
Faites reconnaître votre expérience.
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FORMATION CONTINUE
FORMATION CONTINUE
Pas que le rôle de l’employeur
Le Québec doit demeurer maître d’œuvre sur son territoire
Il y a belle lurette que la formation continue des travailleurs
est dans la mire de la Confédération des syndicats nationaux
(CSN). Et aujourd’hui, elle demeure une priorité, et à certains
égards, toujours un défi à relever.
PIERRE VALLÉE
ous étions parmi les par«N
tenaires québécois qui
réclamaient au début des an-
JACQUES NADEAU LE DEVOIR
Les entreprises sont responsables de la compétence de leur main-d’œuvre et doivent respecter
diverses exigences ou obligations visant leurs employés.
TRAVAIL ET ÉDUCATION
Le savoir avant le savoir-faire
« On aimerait que la formation continue commence par
répondre aux besoins des individus avant de répondre
à ceux de l’entreprise ! »
Fondée en 2006, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) représente quelque 32 000
enseignants québécois francophones. Persuadée que le Québec doit miser sur une formation
scolaire solide visant davantage l’épanouissement de citoyens que le développement de travailleurs, elle estime que sous prétexte de satisfaire aux impératifs du marché du travail, la formation continue actuellement dispensée ne répond que trop peu aux besoins des personnes.
ÉMILIE CORRIVEAU
ouvant se définir comme les apprentisP
sages réalisés par un individu une fois
qu’il est sorti de son parcours initial au sein
gens pour accomplir une tâche particulière, peu
impor tent leurs compétences. Pour nous, ça
constitue une dérive, et ça ne correspond pas du
tout à notre vision de l’éducation et de la formation continue », explique Mme Morel.
du système scolaire, la formation continue, vu
les mutations importantes que connaît le mar- Jumelages souhaités
ché du travail, constitue un impératif des soDans le même esprit, la FAE estime que le
ciétés modernes.
MELS devrait être plus impliqué dans la gesProdiguée en milieu scolaire ou en milieu de tion des personnes qui dispensent la formatravail, au Québec, elle relève principalement du tion continue. Elle croit que ce dernier aurait
ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport tout intérêt à explorer davantage les possibi(MELS), du ministère de l’Emploi et de la Solida- lités de jumelage entre l’entreprise, les comrité sociale (MESS) et de la Commission des par- missions scolaires, les centres d’éducation
tenaires du marché du travail.
aux adultes et les centr e s de for m ation
Pour leur part, les entreprises sont responsa- professionnelle.
bles de la compétence de leur main« Prenons par exemple les centres
d’œuvre et doivent respecter diverses
d’éducation aux adultes, indique
exigences ou obligations visant leurs Un problème
Mme Morel. On y trouve des gens déjà
employés. Cer taines d’entre elles, que note
formés, des enseignants légalement quacelles versant annuellement plus d’un
lifiés, qui pourraient contribuer davanmillion de dollars en salaires, sont assu- la FAE
tage à la formation continue. Il y a déjà
jetties à la Loi favorisant le développecertaines ententes qui existent entre ces
ment et la reconnaissance des compé- relativement
centres et les entreprises, mais dans plutences de la main-d’œuvre. Elles doisieurs cas, les formateurs en entreprise
vent par conséquent investir l’équiva- aux dispositifs
n’ont pas de qualifications légales. On
lent d’au moins 1 % de leur masse sala- d’enseignement pense que le MELS devrait s’assurer de
riale dans la réalisation d’activités de
la qualification des formateurs pour
formation qui touchent le développe- de la formation qu’elle soit de qualité. »
ment des compétences de son personUn autre problème que note la FAE
nel. Si elles ne le font pas, elles doivent continue est
relativement aux dispositifs d’enseigneverser la somme non investie au Fonds
ment de la formation continue est celui
de développement et de reconnais- celui de
de leur rigidité. Conçus dans nombre
sance des compétences de la main- leur rigidité
de cas pour une fréquentation à temps
d’œuvre, lequel sert à subventionner
plein, ils s’avèrent souvent trop rigides
des projets liés à la formation de la main-d’œuvre. à plusieurs égards. Aussi, les individus désireux
d’étudier à temps partiel, selon des horaires atyDiverses lacunes
piques pour compléter une formation manquante,
Bien qu’elle soit tout à fait pour la formation se butent bien souvent à ces rigidités.
« Par exemple, pensons à une mère de famille
continue, Mme Nathalie Morel, vice-présidente
de la vie professionnelle de la FAE, constate plu- qui désire suivre une formation. Dans bien des
sieurs lacunes dans les façons de la gérer et de cas, il n’est pas rare qu’elle doive continuer à
la dispenser au Québec. Elle signale notamment travailler en même temps, mais que l’entreprise
l’implication croissante du MESS au détriment qui l’emploie n’of fre aucune plage de travail
qui lui permette de concilier ses études et sa vie
de celle du MELS.
« Ce qu’on observe, dit-elle, c’est que le MESS familiale. Si on était dans une dynamique de
prend beaucoup de place sur le plan de la forma- réponse aux besoins des personnes, on s’ajustetion continue. D’après nous, puisqu’on parle rait à leurs conditions de vie, pas le contraire. »
Si elle considère que la formation continue ded’éducation, le MELS devrait en être le principal
maître d’œuvre. Or, il n’est pas rare que le MESS vrait davantage répondre aux aspirations personprenne toute la place. C’est quelque chose qui nelles des individus et leur permettre d’assurer
une progression constante de leurs acquis, la
nous trouble beaucoup. »
Si la FAE s’inquiète de l’implication du MESS FAE ne juge pas pour autant qu’elle devrait être
dans l’orchestration de l’of fre de formation dissociée des impératifs du marché du travail.
« C’est impor tant de faire la nuance, note
continue, c’est surtout qu’elle remarque que
celle-ci s’articule de plus en plus autour de be- Mme Morel. On ne dit pas que la formation contisoins spécifiques d’entreprises données.
nue ne devrait pas être liée à l’emploi, ce serait
« L’objectif de la formation continue, c’est le re- une aberration. Il faut prendre en considération
haussement des compétences après l’obtention les transformations qui s’opèrent aujourd’hui sur
d’une solide formation de base. Elle devrait per- le marché du travail. Il est certain que la formamettre à une personne de combler certaines aspi- tion initiale, même si elle est de grande qualité,
rations personnelles, de se mettre à jour et d’assu- ne peut assurer à elle seule la capacité d’une perrer sa mobilité sur le marché du travail. Or, elle sonne à répondre aux exigences du marché du
répond de plus en plus à des besoins utilitaires. travail tout au long de sa vie active. Mais on aiPour nous, le problème, c’est que le besoin utili- merait que la formation continue commence par
taire est celui de l’entreprise et pas celui de la per- répondre aux besoins des individus avant de résonne. Dans certains cas, les employés n’ont droit pondre à ceux de l’entreprise !
qu’à des formations à l’acte. On fait fi de la mobilité des travailleurs et de leur besoin de dévelopCollaboratrice
per leurs capacités. On ne fait que former des
Le Devoir
nées 90 que le gouvernement
du Québec soit le seul maître
d’œuvre sur son territoire de la
formation des travailleurs, ce
que nous avons obtenu », souligne Denise Boucher, 3e viceprésidente à la CSN. Et c’est la
raison pour laquelle la CSN
voit d’un mauvais œil la récente intention du gouvernement Harper de vouloir modifier les règles du jeu.
« Nous avons mis en place ici
un modèle québécois qui fonctionne et qui répond bien à nos
besoins. Le gouvernement fédéral
n’a pas à s’en mêler, poursuitelle. Nous pouvons compter sur
la Commission des partenaires
du marché du travail, à laquelle
siègent les syndicats, les organismes communautaires, les
commissions scolaires, le patronat ; bref, tous les acteurs sont
présents pour bien connaître nos
besoins et cibler nos actions. De
plus, nous travaillons en étroite
collaboration avec Emploi-Québec, ce qui nous permet de rejoindre l’ensemble des travailleurs,
syndiqués ou non, sur le marché
du travail ou en chômage.»
Une culture à développer
L’idée de confier davantage
aux entreprises la formation
des travailleurs, comme le propose le gouvernement conservateur, ne trouve évidemment
pas grâce à ses yeux. « Si ce
sont les entreprises qui sont responsables, qui va en profiter ?
Ce sont les grandes entreprises,
car ce sont elles qui ont des directions des ressources humaines capables de mettre en
place des programmes de formation. D’ailleurs, la plupar t le
font déjà. Le problème, ce ne
sont pas les grandes entreprises,
ce sont les PME. Auront-elles
les moyens et les outils pour
mettre en place ces formations ?
Je n’en suis pas convaincue.
pétences parce qu’il perd son emploi et n’a pas en poche le diplôme requis pour trouver un
autre travail. Il faut mettre en
place une formation pour ce travailleur qui reconnaîtra ses acquis et l’amènera à se qualifier. »
La formation continue des travailleurs n’a pas uniquement
pour mission la mise à jour des
connaissances et des compétences des travailleurs. « Nous
avons au Québec un problème de
littératie, et la formation continue
doit aussi se préoccuper d’alphabétisation. À cela s’ajoute, surtout
dans la grande région de Montréal, la question de la francisation
des travailleurs immigrés. Ça
aussi, ça fait partie de la formation continue. D’ailleurs, c’est l’approche que nous avons à la Commission des partenaires du marché du travail.»
Tandis que présentement, elles
le peuvent. »
Bien qu’il se soit fait des progrès notables en matière de formation des travailleurs depuis
une quinzaine d’années, cela demeure toujours un défi, croit
Denise Boucher, surtout en ce
a trait à la création d’une véritable culture de la formation
continue au sein des entreprises québécoises.
« Trop souvent, dans les entreprises, sur tout les PME, tant
que le travail est bien fait et
que les profits sont aux rendezvous, la question de la formation continue ne se pose pas
beaucoup. C’est lorsqu’il y a un
changement dans la façon de Le fameux 1 %
faire, par exemple, l’arrivée
Actuellement, au Québec,
d’une nouvelle machine ou de toute entreprise ayant une
l’informatique dans l’entreprise, masse salariale d’un million de
que le problème surgit et que dollars ou plus doit investir 1 %
l’on doit alors agir. »
de cette masse salariale dans
Ainsi, les entreprises agissent des projets de formation contisouvent sur le tard. «Elles font les nue pour ses employés. Ces
changements nécessaires afin entreprises sont donc assujetd’éviter la fermeture et n’ont d’au- ties à ce que l’on appelle comtre choix que d’offrir une forma- munément la loi du 1 %.
C’est le gouvernement Chation à leurs employés. Il faudrait
être en mesure d’agir beaucoup rest qui a modifié cette loi en
plus tôt.» C’est la raison pour la- 2003; auparavant, la masse salaquelle elle croit que la formation riale assujettie était de 250000$.
continue des travailleurs devrait Devrions-nous y r evenir ?
faire partie des négociations me- « Toutes les entreprises québénant à la signature d’une conven- coises, peu importe leur masse sation collective. Et la même règle lariale, devraient être assujetties
devrait s’appliquer aux entre- à la loi du 1 %. Même si l’entreprises non syndiquées. «La for- prise a une petite masse salamation continue ne doit pas être riale, et qu’elle ne peut par conséuniquement dictée par l’em- quent que consacrer une petite
ployeur. Là où il y a un partena- somme à la formation continue,
riat entre l’employeur et les em- l’obligation de le faire constitue
ployés, il y a une meilleure adhé- un début et favorise ainsi la créasion au projet de formation conti- tion d’une culture de la formanue et, par conséquent, plus de tion continue au sein de cette entreprise. Et les employeurs qui aschances de réussite.»
Dans certains cas, la ferme- similent ce 1 % à une taxe se
ture d’une entreprise est inévi- trompent et envoient un bien
table, et la formation continue mauvais message quant à l’imde travailleurs sert ici à les re- portance de la formation contiqualifier pour le marché du tra- nue des travailleurs. Parce qu’en
vail. « C’est pourquoi la recon- fin de compte, des travailleurs
naissance des acquis est si im- bien formés sont toujours un béportante. Il n’est pas vrai qu’un néfice pour une entreprise.»
travailleur qui occupe le même
emploi depuis plusieurs années
Collaborateur
devient soudainement sans comLe Devoir
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