Pharma-News

publicité
Pharma-News
Le journal de l'équipe officinale
Octobre 2003
Numéro 8
Sommaire
Nouveautés :
RENNIE POCKET PACK°
BLOPRESS°, ATACAND°
GLUCOPHAGE° 1000
à ne pas banaliser !
pour la prévention de la migraine ?
nouveau dosage qui n'apporte pas grand-chose
Pharmacovigilance : Accroissement gingival dû aux médicaments
La colchicine
Swissmedic :
Révision du groupe des analgésiques
Pour en savoir plus : La migraine
Protection anti-moustiques
En bref :
COSAAR° - ZOVIRAX° - HALIBUT°
Editorial
Substitution
Depuis notre dernier éditorial, qui évoquait la substitution générique (Pharma-News n°7), la
Fédération Romande des Consommateurs (FRC) a présenté une enquête intéressante sur la
substitution en pharmacie (cf. journal J'achète mieux de mois de septembre).
Voilà son contenu en deux mots : les enquêteurs ont présenté dans 100 pharmacies romandes
une ordonnance prescrivant de l'AUGMENTIN° et ont observé l'attitude de l'équipe :
- 19 ont proposé spontanément la substitution
- 71 ne l'ont fait qu'à la demande du client
- 10 on dit ne pas connaître de générique ou ne l'ont donné que sur insistance du client
Parmi les récalcitrants, certaines équipes ont en outre dit au client qu'il n'était pas possible de
donner de générique si le médecin ne l'avait pas spécifié ou même qu'il n'y avait pas de
générique pour les antibiotiques (ce qui est évidemment faux) ! Les enquêteurs ont également
relevé que 4 pharmacies leur avaient en fait vendu des génériques du CLAMOXYL° et non de
l'AUGMENTIN°…
© Pharma-News
page 1
Numéro 8, Octobre 2003
Que nous apprend cette étude ? Au-delà des chiffres, elle montre surtout que nous sommes
surveillés de près. Il est probable que ce genre d'enquête sera renouvelée à l'avenir, et peutêtre par des observateurs moins mesurés que la FRC (voir l'émission A bon entendeur du
23 septembre). Il est temps d'en prendre conscience et d'en tirer les conséquences qui
s'imposent en élevant encore plus la qualité de notre conseil à l'officine : le Pharma-News est
là pour vous y aider !
Bonne lecture !
Pierre Bossert
Marie-Thérèse Guanter
Caroline Mir
Christophe Rossier
Martine Ruggli
Marie-Laure Savoia Bossert
Nouveautés
RENNIE POCKET PACK°
Présenté sous forme de petits emballages de poche de
12 comprimés, RENNIE POCKET PACK°, un
antacide, arrive dès septembre sur le marché, à grands
renforts de publicité : "Le RENNIE° qui vous suit
partout" (sic !).
Rappelons que la fonction des antacides est de
neutraliser l’acide chlorhydrique (HCl) sécrété par les
cellules de la muqueuse gastrique 1. En diminuant
l’acidité gastrique, ils diminuent
Voir la rubrique
l’agressivité des reflux sans en diminuer la fréquence. Leur efficacité
Pour en savoir plus,
est modérée et ils ne sont pas suffisamment actifs pour permettre une
dans le PharmaNews n° 7
cicatrisation en cas d’oesophagite. Ils ne constituent donc qu’un
traitement d’appoint, au coup par coup, lors d’épisodes douloureux 2.
RENNIE° est un antacide composé de carbonate de calcium et de magnésium. Son action est
rapide mais de courte durée. Du fait de la forte élévation du pH gastrique due au carbonate de
calcium, la prise fréquente et régulière de comprimés de RENNIE° peut entraîner une
production accrue d’HCl par effet réflexe (« rebond »). De plus, la libération de CO2 (de gaz,
donc) pendant la réaction de neutralisation de l’acide peut provoquer des éructations et des
ballonnements par distension de l’estomac. L’effet constipant du carbonate de calcium est
contrebalancé par l'effet laxatif du carbonate de magnésium 3.
En modifiant le pH gastrique et urinaire, les antacides modifient également la
pharmacocinétique (absorption, dissolution, biodisponibilité, élimination) de nombreux
médicaments. Signalons entre autres des interactions avec les médicaments suivants :
NOROXIN°, CIPROXIN°, VIBRAMYCIN°, fer, NIZORAL°. La plupart des interactions
peuvent être évitées par la prise des antacides 2 heures avant ou après la prise d’autres
médicaments.
1
Les bases pharmacologiques de l’utilisation des médicaments, Goodman & Gilman, éd. franç., 1998, 916-918
Prescrire, 1993, 126, 89-92
3
Pharmactuel, 1992/93, IX/1
2
© Pharma-News
page 2
Numéro 8, Octobre 2003
Il est donc important de se rappeler que l’utilisation des antacides, relevant du conseil
pharmaceutique, doit être ponctuelle et de courte durée. L’essentiel est de ne pas passer à côté
d’une affection grave.
La plaquette promotionnelle distribuée par la maison Roche laisse entendre que RENNIE
POCKET PACK° est la solution à long terme en cas de brûlures d’estomac, ce qui est faux 2.
De plus, elle ne mentionne aucunement les symptômes d’alarme appelant à une consultation
médicale. On peut regretter qu'une telle plaquette promotionnelle, destinée aussi à rappeler
aux professionnel(le)s de santé les principaux points à retenir concernant la pathologie traitée,
n'ait pas été rédigée avec plus de rigueur. Elle en perd ainsi beaucoup d'intérêt pour l'équipe
de pharmacie.
RENNIE POCKET PACK° - A retenir pour le conseil :
ne pas négliger les mesures hygiéno-diététiques (Pharma-News n°7)
être attentif aux signaux d’alarme (Pharma-News n°7, p. 12)
doit être pris à distance d’autres médicaments
peut provoquer un effet "rebond"
préférer une version sans sucre (spearmint) pour les diabétiques
Candesartan (BLOPRESS°, ATACAND°) dans le traitement de la migraine
Le candesartan (BLOPRESS°, ATACAND°) est un A2A (antagoniste de
l'angiotensine II) communément utilisé pour le traitement de l'hypertension
(cf. Pharma-News 5, juillet 2003). Une étude publiée récemment dans le
journal de l’association de médecine américaine (JAMA) 4 démontre son
efficacité aussi dans une autre indication : le traitement préventif de la
migraine.
Il existe deux approches bien différentes pour traiter la migraine :
- traitement aigu des crises de migraine. Les médicaments utilisés sont les AINS, les
analgésiques (comme le paracétamol), les dérivés de l'ergot de seigle (comme dans
TONOPAN° ancienne version et CAFERGOT°) ainsi que les triptans (comme IMIGRAN°,
ZOMIG°, ...) 5. Environ 40 à 50% des patients sont soulagés par ces traitements mais pour
les autres, la migraine demeure très invalidante.
- action préventive 6. Les médicaments les plus fréquemment utilisés pour la prévention de
la migraine sont les bêta-bloquants (INDERAL° par exemple). D'autres essais ont été
effectués avec les antidépresseurs tricycliques comme
ANAFRANIL° ainsi que les antiépileptiques comme le
Voir la rubrique
Pour en savoir plus
DEPAKINE CHRONO° 3 . Ces médications aident environ 50 %
en page 12
des patients en diminuant leur nombre de migraines ainsi que leur
intensité.
4
JAMA (the Journal of the American Medical Association) January 2003; 1 (289): 65-69
Pharmacist's letter 2000; # 160609
6
Pharmacist's letter July 2002, #180703
5
© Pharma-News
page 3
Numéro 8, Octobre 2003
Des études ont aussi montré l'efficacité des IECA (RENITEN° et ZESTRIL°) dans la
prophylaxie de la migraine 4,6, ce qui a poussé les chercheurs à voir si cette action se retrouvait
aussi pour les A2A.
L'étude du JAMA faite avec le candesartan confirme
cette supposition. Environ 30 à 45% des patients de
l'étude qui recevaient 1 comprimé par jour de 16 mg
de candesartan ont vu l'intensité et la fréquence de
leurs migraines diminuer. Mais cette étude, de très
bonne qualité, n'a été effectuée que sur un petit
nombre de patients (environ 60) ce qui rend la place
réelle des A2A dans la prévention des migraines difficile à définir.
Les effets secondaires des A2A sont relativement peu fréquents : toux, troubles du goût et
risque d'angioedèmes (cf. Pharma-News 5 du mois de juillet). Ils sont contre-indiqués durant
la grossesse. Comme ce sont des médicaments relativement bien tolérés, c'est une thérapie à
envisager chez des patients ne répondant pas aux autres traitements de la migraine 3.
Cette étude a été effectuée avec le candesartan, mais
d'autres analyses montrent une efficacité similaire
pour les autres A2A 6 . Mais attention : aucun A2A
n'a encore officiellement cette indication! Il s'agit
donc d'une affaire à suivre !
Candesartan et prévention de la migraine - A retenir pour le conseil :
certains A2A peuvent servir au traitement préventif de la migraine
(indication non encore reconnue officiellement)
leur place en thérapie est encore très difficile à évaluer, mais ils sont
peut-être efficaces chez des patients ne répondant pas aux autres
antimigraineux
dose identique aux doses utilisées dans le traitement de l'hypertension
effets secondaires peu fréquents (toux, troubles du goût, angioedèmes)
contre-indiqués durant la grossesse
© Pharma-News
page 4
Numéro 8, Octobre 2003
GLUCOPHAGE° 1000 (metformine)
Le GLUCOPHAGE° est un antidiabétique oral
commercialisé aux dosages de 500 et 850 mg. Pour
mémoire, plusieurs génériques sont commercialisés
dans ces dosages : METFIN° et GLUCONORMIN°.
La firme Pfizer élargit sa palette en commercialisant
le dosage 1000 mg. 7
Le diabète en bref
Le diabète est une maladie du métabolisme du sucre caractérisée
par une hyperglycémie (augmentation de la concentration de
glucose dans le sang). Elle se divise en deux types principaux:
Le diabète de type I appelé aussi diabète jeune ou insulinodépendant. Comme son nom l'indique, il débute déjà très tôt
(parfois dans la petite enfance) et doit être impérativement traité
par l'insuline car le corps n'en fabrique pas assez. C'est un
traitement lourd, demandant beaucoup de rigueur pour éviter
toute complication (hyper ou hypoglycémie, atteinte des reins des
yeux, des vaisseaux sanguins, des nerfs...). De plus c'est un
traitement à vie.
Le diabète de type II, aussi appelé diabète non insulinodépendant, est une maladie touchant les personnes adultes plus
âgées (> 40 ans) souffrant le plus souvent de surpoids. La
production d'insuline est suffisante, même parfois augmentée,
mais elle n'est pas efficace (phénomène de résistance à
l'insuline). Dans ce type de diabète, l'hyperglycémie est souvent
modérée et peut donc passer inaperçue durant de nombreuses
années, mais à long terme elle entraîne les mêmes
dysfonctionnements et lésions que lors du diabète du type I.
Initialement, l’hyperglycémie peut être diminuée par une
modification des habitudes alimentaires et la pratique d’une
activité physique régulière, éventuellement associée aux
antidiabétiques oraux.
Il existe d'autres types de diabète plus rares dus à des défauts
génétiques, des maladies ou à la grossesse (diabète gravidique) 7.
Le GLUCOPHAGE° est le traitement
de référence du diabète de type II
chez les personnes ayant un surpoids
car sa prise, contrairement aux autres
antidiabétiques, n'entraîne pas un gain
de poids 8 et a prouvé son efficacité
chez ces patients 9. Il peut être utilisé
en monothérapie ou associé avec les
autres antidiabétiques et/ou l'insuline
dans le diabète de type II, ainsi qu'en
association avec l'insuline pour traiter
le diabète du type I 10.
La dose normale est de 1,5 grammes
(= p.ex. 3 cpr de GLUCOPHAGE°
MITE) à 2,5 grammes (= p.ex. 3 cpr
de GLUCOPHAGE° FORTE) par
jour répartis en 2 à 3 prises. Le
médicament doit être pris avec les
repas pour diminuer les effets
secondaires.
Ceux-ci sont nombreux et dépendants de la dose (goût métallique dans la bouche, nausées,
diarrhées, fatigue...) dont un potentiellement mortel : l'acidose lactique.
L'acidose lactique
Lorsqu'elle est encore bénigne, l'acidose lactique se manifeste par des troubles gastro-intestinaux, des
nausées violentes et de la fatigue. Si elle s'aggrave, des troubles de la pulsation et des problèmes
respiratoires (hyperventilation et augmentation de la fréquence respiratoire) vont apparaître nécessitant
l'arrêt du traitement et une prise en charge médicale rapide (plus de 40% des patients souffrant d'acidose
lactique grave vont décéder).
7
Atlas de poche de physiologie, Silbernagl, 2001
Management of type 2 diabetes mellitus, National Guideline Clearinghouse USA
9
Lancet,The United Kingdom Prospective Diabetes Study (UKPDS) September 1998, 352:854-65
10
Pharmacist's letter, June 2002; # 180608
8
© Pharma-News
page 5
Numéro 8, Octobre 2003
Comme la fonction rénale des personnes âgées est souvent diminuée, le GLUCOPHAGE°
doit être administré avec beaucoup de prudence chez ces patients. Il est aussi contre-indiqué
durant la grossesse et l'allaitement 8,10,11. Il existe une interaction grave entre le
GLUCOPHAGE° et une consommation élevée d'alcool puisque le risque d'acidose lactique
est augmenté 8 .
Le nouveau dosage du GLUCOPHAGE° n'apporte pas de bénéfice clinique spécifique. Il peut
simplifier le traitement en permettant 2 prises quotidiennes. Mais la taille des comprimés et le
fait qu'ils soient difficilement sécables ne devraient pas rendre attractif ce nouveau dosage.
GLUCOPHAGE° 1000 - A retenir pour le conseil :
GLUCOPHAGE° est un antidiabétique oral existant en 3 dosages
la prise est de 1,5 à 2,5 grammes par jour répartis en 2 à 3 prises à
prendre aux repas
l'acidose lactique est l'effet indésirable le plus grave
à utiliser avec beacoup de prudence chez les personnes âgées
interaction grave avec l'alcool consommé en grande quantité
à notre avis, ce nouveau dosage n'apporte pas de bénéfice particulier
Pharmacovigilance
Accroissement gingival dû aux médicaments
Un accroissement gingival est une augmentation chronique du
volume des tissus de la gencive. Parmi les facteurs favorisant ce
développement, on note la plaque dentaire, l’âge, des facteurs
hormonaux, la grossesse, certains cancers et surtout quelques
médicaments 12,13.
Les principaux en cause sont 12,13 :
• Antiépileptiques : phénytoïne (EPANUTIN°, PHENYDAN°) essentiellement. Quelques
cas aussi dus au phénobarbital, à la DEPAKINE°, au SABRIL°
• Immunosuppresseur : ciclosporine (SANDIMMUN°, CICLOSOL°)
• Inhibiteurs calciques : nifédipine (ADALAT°, …) essentiellement, mais aussi DILZEM°,
NORVASC°, ISOPTIN°.
11
La Revue Prescrire, Novembre 2001; 222 (21):744
La Revue Prescrire 2003 ; 23(240) : 433-435
13
J Parodontol Implantol Oral 2000 ; 19(4) : 385-396 Abstract
12
© Pharma-News
page 6
Numéro 8, Octobre 2003
Cet accroissement gingival est progressif. Il atteint principalement la mâchoire supérieure,
semble indépendant de la dose ingérée (sauf pour la ciclosporine) et débute le plus souvent
dans les premiers mois suivant l’instauration d’un traitement. Le préjudice est non seulement
esthétique, mais il peut également entraîner des douleurs et des troubles de la mastication et
de l’élocution. Dans des cas extrêmes, la gencive recouvre presque toutes les dents 12,13,14,15.
La durée du traitement et la présence d’une plaque dentaire en relation avec une mauvaise
hygiène bucco-dentaire sont des facteurs de risque et accentuent la sévérité de la maladie.
Heureusement, le processus d’accroissement régresse totalement à l’arrêt du traitement en
cause 12.
En pratique : lors de la délivrance de tels médicaments, il peut être utile d’informer le patient
de cet effet secondaire, de lui conseiller une hygiène bucco-dentaire irréprochable et une
consultation pour contrôle de la plaque dentaire/détartrage très régulièrement. Une solution
bucco-dentaire à base de chlohexidine (CHLORHEXAMED°, CORSODYL°, PLAK OUT°)
peut être utilisée après le brossage qui doit être intensif pour éviter une coloration jaune des
dents due à l’utilisation prolongée de la chlorhexidine.12,15. De plus, il faut éviter d’associer
ADALAT° et SANDIMMUN° à cause d’une augmentation de la sévérité d’un accroissement
gingival 12,14,15. La mesure la plus efficace lors de la survenue d’un tel effet secondaire est
l’arrêt du médicament en cause et son remplacement éventuel
par une autre substance n’ayant pas cet effet secondaire.
Accroissement gingival dû aux médicaments - A retenir pour le conseil :
l’accroissement gingival est un effet secondaire dû essentiellement au
SANDIMMUN°, ADALAT°, PHENYDAN° et EPANUTIN°
l’accroissement gingival régressant à l’arrêt du traitement, le
changement de médication est la meilleure solution
une bonne hygiène buccale et la lutte contre la plaque dentaire
permettent d'atténuer cet effet secondaire désagréable
14
15
La Revue Prescrire 1997 ; 17(177) : 670-671
www.emedicine.com “Drug-induced Gingival Hyperplasia”
© Pharma-News
page 7
Numéro 8, Octobre 2003
La colchicine
Bien qu’elle ne soit plus commercialisée en Suisse depuis quelques
années, la colchicine (COLCHICINE HOUDÉ°) fait encore l’objet
de nombreuses prescriptions, notamment pour le traitement de la
crise de goutte. Nullement indispensable dans cette indication, la
colchicine peut être prescrite en cas de contre-indication aux AINS,
ceux-ci étant le traitement de premier choix (en dehors de
l’ASPIRINE° et autres salicylés). Un corticostéroïde par voie
générale peut également être utilisé si un AINS ou la colchicine
sont inefficaces ou contre-indiqués 16. Quelquefois, la colchicine est utilisée comme moyen
diagnostique en cas d’inflammation d’origine inconnue, puisque seule la crise de goutte
répond à son action.
Ayant une marge thérapeutique très faible (la dose toxique est rapidement atteinte), il est
indispensable d’en connaître les premiers signes de surdosage, les contre-indications et
d’indiquer clairement sa posologie lors de la délivrance.
La diarrhée, les nausées et vomissements sont les premiers symptômes d’intoxication.
Pour éviter une toxicité plus sévère (hématologique, neuromusculaire), son administration
doit être immédiatement interrompue. Remarquons encore que son temps d’élimination étant
très long, il peut y avoir une période de latence de plusieurs heures entre l’administration du
produit et le début des symptômes 17,18.
La prise concomitante de certains médicaments (macrolides : KLACID°, ketoconazole :
NIZORAL°, jus de grapefruit, etc…) est à éviter au maximum, ces médicaments augmentant
la toxicité de la colchicine 19. Celle-ci est également contre indiquée en cas d’insuffisance
rénale et/ou d’âge élevé 20.
La posologie en cas de crise de goutte est de 1 comprimé de 1 mg matin, midi et soir le
premier jour, 1 comprimé matin et soir les deuxième et troisième jour puis de 1 comprimé le
soir les jours suivants. Elle peut également être prescrite à titre prophylactique à raison de
1 comprimé le soir 21.
Rappelons que la colchicine peut être responsable de perturbations gustatives.
Colchicine - A retenir pour le conseil :
intoxications parfois mortelles même à faible dose
diarrhées, nausées et vomissements sont les premiers signes de
surdosage
interactions avec les inhibiteurs enzymatiques (KLACID°,
NIZORAL°, etc…)
contre-indiquée en cas d’insuffisance rénale et chez les personnes
âgées
perturbations du goût possibles
16
Prescrire, 2000, 212, 877
Ann. Med. Interne, 1996, 147, no3, p. 185
18
Les bases pharmacologiques de l’utilisation des médicaments, Goodman & Gilman, éd. française, 1998, p. 655
19
Seminars in Arthritis and Rheumatism, vol 28, No 1, 1998, p.51
20
Prescrire, 2000, 204, 2005
21
Vidal 2000
17
© Pharma-News
page 8
Numéro 8, Octobre 2003
Swissmedic
Révision du groupe des analgésiques 22
L'OICM (aujourd'hui Swissmedic) a entamé en 1994 une révision du grand groupe des
analgésiques afin d'adapter à l'état des connaissances la composition de spécialités parfois
autorisées depuis des décennies; l'accent a été mis sur les points suivants:
•
Vérification de l'activité, de la sécurité et de la qualité
•
Vérification de la justification et de l'avantage des associations fixes
•
Etablissement de critères d'examen des analgésiques
•
Actualisation de l'information sur les médicaments
Les spécialités concernées font parties des groupes thérapeutiques des analgésiques
antipyrétiques simples et composés et relèvent surtout du secteur OTC avec comme
indication : traitement à court terme de douleurs légères à modérées. Les médicaments contre
la grippe et les refroidissements et les antimigraineux n'entrent pas dans cette révision. De
même, les analgésiques du groupe des AINS contenant du diclofénac, de l'ibuprofène et du
naproxène n'ont pas été pris en compte, car ils faisaient partie de la liste B avant d'être admis
en liste C et sont par conséquent mieux documentés.
Cette révision a été conduite par étapes et sera définitivement close par Swissmedic à
fin 2003. En conséquence, de nombreuses associations de principes actifs ne seront plus
autorisées dès le 1er janvier 2004.
Pour résumer, les principes actifs et associations qui resteront disponibles au-delà du
1er janvier 2004, pour les médicaments non soumis à ordonnance, sont l’aspirine, le
paracétamol, le bénorilate (prodrogue de l’aspirine), l’ibuprofène, le diclofénac, le naproxène
(ALEVE°) et les combinaisons paracétamol + caféine et aspirine + caféine.
Les principes actifs suivants seront donc éliminés:
- Propyphénazone (par ex. dans KAFA°, SARIDON°, TONOPAN°,…)
- Phénazone (dans SERANEX°, SPEDRALGIN°)
- Ethenzamide (dans SERANEX°)
En outre, l'association aspirine + paracétamol n'est plus autorisée. Par contre les associations
aspirine + caféine et paracétamol + caféine, avec au maximum 65 mg de caféine, restent
autorisées. Rappelons que la caféine n'a pas d'effet analgésique propre mais qu'elle est censée
potentialiser l'action de certains analgésiques.
Les maisons fabriquant les spécialités concernées (cf. tableau aux pages suivantes) ont eu par
conséquent deux choix possibles : soit renoncer à poursuivre la commercialisation, soit faire
une demande de changement de composition. C'est le cas pour TONOPAN° nouvelle formule
(diclofénac) dont on a parlé dans le Pharma-News n°7, du SARIDON° N (ibuprofène), du
CONTRE-DOULEURS PLUS° (aspirine + caféine), du
CONTRE-DOULEURS
P°
(paracétamol),
etc.
Certaines de ces procédures d’autorisation sont
actuellement en cours, c’est pourquoi nous ne pouvons
pas encore compléter le tableau ci-dessous. Dès janvier
2004 une liste des spécialités abandonnées et de celles
remplacées pourra être établie.
22
Swissmedic Journal, 5/2003
© Pharma-News
page 9
Numéro 8, Octobre 2003
Le délai de liquidation des stocks des médicaments supprimés échoit le 31.12.2003. Donc
théoriquement, nous n’avons plus le droit de les vendre dès le 1.1.2004.
Les spécialités contre la grippe et les refroidissements n’étant pas concernées par cette
révision, certains médicaments resteront sur le marché en 2004 bien qu’ils contiennent des
principes actifs ou des associations théoriquement plus autorisées après la révision. C’est le
cas par exemple de CONTRE-DOULEURS° C (aspirine, paracétamol, caféine, acide
ascorbique), de TREUPEL SIMPLEX° (aspirine, paracétamol, acide ascorbique), ou de
ESCOGRIPP° sans codéine (propyphénazone, salicylamide, caféine, acide ascorbique,
maléate de mépyramine). Ceci s’explique par le fait que la révision a été limitée au groupe des
analgésiques qui est déjà très large, mais on peut quand même s'interroger sur la cohérence de
cette (demi-)mesure !
Le tableau ci-après regroupe les spécialités concernées par la révision, mais nous ne pouvons
pas en garantir l’exhaustivité 23.
Spécialités plus autorisées dès le 1er janvier 2004
Spécialité
ACIDE ACETYLSALICYLIQUE COMP.
« RADIX »
BARBAMIN /-MITE
CAPOSAN
CEREBROL
COMPRIMES
ANALGESIQUES "S"
CONTRE-DOULEURS
DISTALGESIC
DIALGINE FORTE
DOLOPYRINE
DOLOSTOP
ESCALGIN sans codéine
23
Composition
paracétamol
aspirine
codéine
lidocaïne
propyphénazone
diphénydramine
paracétamol
propyphénazone
caféine
paracétamol
propyphénazone
caféine
codéine
paracétamol
propyphénazone
caféine
paracétamol
aspirine
caféine
Catégorie
Remplacé par
Composition
liste B
?
?
liste B/C
?
?
liste C
?
?
liste B/C
?
?
liste C
?
?
CONTRE-DOULEURS PLUS
liste B/D
CONTRE-DOULEURS P
paracétamol
dextropropoxyphène
paracétamol
propyphénazone
caféine
propyphénazone
diphénhydramine
codéine
méthylatropine
papavérine
paracétamol
propyphénazone
caféine
propyphénazone
salicylamide
caféine
liste B
liste D
?
DIALGINE FORTE nouvelle
formule
aspirine
caféine
paracétamol
?
?
liste B
?
?
liste D
?
?
liste B/C
?
?
Swissmedic Journal, 6/2003 & 7/2003
© Pharma-News
page 10
Numéro 8, Octobre 2003
Spécialité
Composition
paracétamol
propyphénazone
caféine
paracétamol
MELABON N
aspirine
caféine
paracétamol
SARIDON
propyphénazone
caféine
propyphénazone
phénazone
SERANEX sans codéine
ethenzamide
benzylmandélate
caféine
paracétamol
SINEDAL
propyphénazone
caféine
propyphénazone
SINIPHEN
salicylamide
caféine
paracétamol
propyphénazone
SONOTRYL
caféine
adiphénine
propyphénazone
SPASMO-BARBAMIN
adiphénine
COMP.
diphénhydramine
codéine
propyphénazone
SPASMO-CIBALGIN
drofénine
propyphénazone
SPASMO-CIBALGIN
drofénine
COMP.
codéine
paracétamol
propyphénazone
SPEDRALGIN sans codéine
phénazone
caféine
Paracétamol
THOMAPYRINE
aspirine
caféine
propyphénazone
TONOPAN
dihydroergotamine
caféine
Paracétamol
TREUPEL sans codéine
aspirine
KAFA
© Pharma-News
Catégorie
Remplacé par
Composition
liste D
?
liste D
?
paracétamol
?
liste D
SARIDON N
ibuprofène
sodique
liste D
SERANEX N
paracétamol
liste D
?
?
liste D
?
?
liste C
SONOTRYL nouvelle formule
liste B
?
?
liste B/C
?
?
liste B
?
?
liste D
?
?
liste D
liste B/C
liste C
page 11
THOMAPYRINE MONO
TONOPAN nouvelle formule
?
ibuprofène
?
diclofénac
?
Numéro 8, Octobre 2003
Spécialités analgésiques composées restant autorisées en
2004
CEREBROL sans codéine
GRIPPALGINE FORTE N
SANALGIN N
paracétamol
caféine
paracétamol
salicylamide
caféine
paracétamol
caféine
liste D
liste D
liste D
Révision des analgésiques - A retenir pour le conseil :
certains principes actifs (p.ex. dextropropoxyphène, propyphénazone) et
associations (paracétamol + aspirine) ne seront plus autorisés dès le 1er janvier 2004
=> nombreuses spécialités radiées au 31.12.2003
certaines seront remplacées - parfois par des substances très différentes
(p.ex. TONOPAN° nouvelle formule, SARIDON° N), d’autres abandonnées
la liste exhaustive sera disponible seulement en janvier 2004
les médicaments contre les refroidissement et les antimigraineux ne sont pas
concernés par la révision !
Pour en savoir plus…
La migraine
• Définition : C'est une affection caractérisée par des
accès répétitifs de maux de tête de type pulsatiles et
survenant d’un seul côté de la tête, en alternance. La
migraine touche entre 12 et 15% de la population
avec une prédominance chez la femme (3 femmes
pour 1 homme) ; elle débute souvent à la puberté et
en général avant l’âge de 30 ans 24,25,26.
24
Guide pratique de l’antalgie 2000, 2e édition, éd. Sauramps medical, Dr P.Giniès, J. Sirot, p.76-81 et 290-308
Atlas de la douleur 1999, Ed. Len Medical, Dr P.Giniès, p.163-166
26
Médecine &Hygiène 2000 ; 58 : 788-796
25
© Pharma-News
page 12
Numéro 8, Octobre 2003
• Symptômes 25,27,28,29 :
1. Migraine sans aura ou migraine commune (la plus fréquente) : Crises de céphalées
d’intensité modérée à sévère (limitant ou empêchant les activités quotidiennes),
d’apparition progressive et durant de 4 heures à 3 jours. La douleur est pulsatile et
localisée d’un seul côté de la tête et elle est augmentée par l’activité physique. Cette
migraine s’accompagne souvent de nausées et/ou de vomissements et d’une gêne à la
lumière et/ou au bruit.
2. Migraine avec aura ou migraine
accompagnée : Les maux de tête sont
précédés de signes neurologiques visuels se
développant progressivement en 5 à 20
minutes tels que points lumineux, image
étoilée, présence d’une zone de vision floue
ou d’une zone aveugle; il peut également y
avoir des troubles du langage. Les
symptômes de l’aura sont régressifs et
durent moins d’une heure. Les symptômes
de la migraine commune suivent moins
d’une heure après l’aura, mais peuvent aussi
commencer avant ou pendant celle-ci.
•
Ne pas confondre maux de tête et migraine !
Le terme de "migraine" est parfois utilisé
abusivement par des patients qui souffrent en
fait de maux de tête bénins (tels que ceux qui
accompagnent la fièvre, les infections, la
"gueule de bois", etc…).
En cas de plainte de ce type, il est donc
important de contrôler qu'on a bien affaire à une
migraine (douleurs pulsatiles, d'un seul côté de
la tête, signes annonciateurs (aura), etc…), car
si les migraines nécessitent souvent un
traitement spécifique, les maux de tête
"simples" répondent en général bien aux
analgésiques classiques (paracétamol, AINS).
Causes et facteurs déclenchant des crises
L’origine de la migraine est inconnue mais on suppose l’existence d’un facteur génétique.
Les céphalées sont liées à une stimulation de fibres sensitives qui entourent les vaisseaux
du cerveau, ce qui provoque une vasodilatation et une inflammation locale. Les récepteurs
à la sérotonine (5-HT1) jouent un rôle important : ceux qui sont localisés sur les vaisseaux
du cerveau provoquent une vasoconstriction lorsqu’on les stimule 25,27. Le stress, la
fatigue, un manque ou un excès de sommeil, certains aliments, des repas irréguliers et des
variations hormonales (règles, pilule) peuvent déclencher une nouvelle crise de
migraine 26.
• Traitement de la crise :
Règles générales 24,26:
- le traitement de la crise de migraine doit être instauré dès les premiers symptômes
- traiter en monothérapie (un seul principe actif à la fois)
- adopter une certaine hygiène de vie : repas et sommeil réguliers, exercice physique
régulier, arrêt du tabac, éviter le stress et les facteurs déclenchant.
- lorsqu'une patiente a trouvé un médicament qui lui convient, s'en tenir à celui-ci et
l'utiliser dès les premiers symptômes de crise migraineuse
27
Médecine &Hygiène 2001 ; 59 : 1123-1126
Institute for Clinical Systems Improvement (www.icsi.org)
29
Docteur, j’ai…1996, Ed. Médecine et Hygiène, p.155-167
28
© Pharma-News
page 13
Numéro 8, Octobre 2003
Les crises peuvent être classées en 3 niveaux de sévérité selon l’intensité de la douleur, la
durée des symptômes et les répercussions sur les activités journalières 28 :
1. Formes légères : Les maux de tête n’affectent pas les activités quotidiennes. Ils sont
souvent traités en automédication, mais comme peu de crises migraineuses restent
légères (2-12%), les antalgiques et AINS ne sont efficaces que peu de temps 28.
2. Formes modérées : Les maux de tête sont suffisamment importants pour interférer
avec les activités quotidiennes.
3. Formes sévères : Les maux de tête limitent ou empêchent toute activité.
• Médicaments 28 :
ANTALGIQUES SIMPLES : Pour les formes légères
aspirine 500-1000 mg
paracétamol : certaines sources affirment que l’efficacité du paracétamol en
monothérapie n'est pas prouvée 28,30, alors que d'autres l'incluent dans leurs
recommandations 31,32,33. Selon nous, vu la très bonne tolérance de ce médicament,
il vaut la peine de l'essayer tout de même.
Il est parfois conseillé de prendre en plus un antiémétique modifiant la motilité
gastrique (MOTILIUM°, PRIMPERAN° en liste B), 10-15 minutes avant l’antalgique
afin d’améliorer son absorption et pour soulager les nausées et vomissements souvent
présents lors de migraine.26,29.
MIGPRIV° (liste B) associe 1000mg d’aspirine à l’équivalent d’un comprimé de
PRIMPERAN°.
AINS : Pour les formes légères et modérées
ibuprofène (ALGIFOR°, DOLO-SPEDIFEN°, BRUFEN° en liste B, ...)
naproxène sodique (ALEVE°, APRANAX° en liste B)
TRIPTANS : Pour les formes légères, modérées et sévères
Ce sont des agonistes de la sérotonine (5-HT1) qui vont provoquer une
vasoconstriction des artères cérébrales qui sont dilatées lors de la crise migraineuse. Ils
sont utilisés pour les formes légères lorsque les antalgiques simples et les AINS ne
sont pas assez efficaces 30. Ils ne sont pas efficaces pendant l’aura (donc à prendre
plus tard) 26,30.
IMIGRAN°, le premier de cette classe, pour
lequel on dispose du plus de recul, est le
traitement de référence. Il existe sous
différentes formes d’administration : orale,
rectale, nasale et sous-cutanée, ce qui peut être
très utile lors de nausées et/ou vomissements.
ZOMIG°
NARAMIG°
MAXALT°
RELPAX°
30
Pharmacist’s letter 2000; # 160609
Manuel pratique du pharmacien 2002/2003, Medon Verlag/SSPh, p. 155
32
Martindale, 33th ed (2002), Pharmaceutical Press, Oxon, 2002, p. 449.
33
Prescrire n°189 (novembre 1998), p. 724.
31
© Pharma-News
page 14
Numéro 8, Octobre 2003
Leur efficacité est comparable mais ils ont quelques différences, certains agissent
peut-être plus rapidement (MAXALT°, RELPAX°), d’autres peut-être plus longtemps
(NARAMIG°, RELPAX°), d’autres ont moins de contre-indications (NARAMIG°),
etc… De plus leur efficacité peut varier d’un individu à l’autre 27.
Interactions : Un triptan ne devrait pas être utilisé dans les 12-24 heures suivant
l'administration d'un autre triptan et tout médicament contenant de l'ergotamine, parce
que l'effet vasoconstricteur peut être additif. Les patients devraient être avertis de ne
pas prendre de dérivés de l'ergot jusqu'à 24 heures après la prise d'un triptan. De
manière générale, les triptans ne doivent pas être associés à des antidépresseurs du
type ISRS (FLUCTINE°, SEROPRAM°, DEROXAT°, ZOLOFT°) et IMAO
(AURORIX°) 24,35.
Leurs effets secondaires sont nombreux et souvent liés à la dose : on note entre autres
un sentiment d’oppression thoracique fréquent mais généralement bénin, des vertiges
et de la somnolence 34,35.
ERGOTAMINE : Pour les formes modérées
Ce n’est pas un traitement de choix. Elle est souvent associée à la caféine qui semble
augmenter son absorption 36. Plus elles sont prises tôt dès le début de la crise, plus elles
sont efficaces.
Précautions : Une prise excessive peut entraîner des céphalées chroniques par abus
d’ergotamine et de caféine. Il est donc préférable de limiter l’utilisation de cette substance
et de ne pas dépasser les doses de 6mg/24h ou 10mg/semaine et de ne pas l’utiliser plus de
deux jours par semaine 24,36. Ne pas utiliser pendant la grossesse et l’allaitement, ni en
même temps qu’un triptan (délai de 24h) 35.
CAFERGOT°, ERGOSANOL°, MIGREXA°
DIHYDROERGOTAMINE : Pour les formes modérées et sévères
Est plus efficace pour traiter la crise sous forme de spray nasal (pour les formes modérées)
et en injection (pour les formes sévères) que sous forme de comprimés. De plus, plus elle
est prise tôt dès le début de la crise, plus elle est efficace. Comme l’ergotamine, la
dihydroergotamine ne doit pas être utilisée pendant la grossesse et l’allaitement, ni en
même temps qu’un triptan (délai de 24h) 35.
DIHYDERGOT°
TONOPAN° pour le conseil. Mais sa composition change prochainement pour ne
contenir que du diclofénac qui est moins spécifique de la crise migraineuse !
(cf. Pharma-News n°7, septembre 2003)
• Prophylaxie de la migraine :
Les patients souffrant de céphalées migraineuses fréquentes (plus de 2 ou 3 crises par
mois) sévères, de longue durée et répondant mal au traitement des crises, nécessitent un
traitement prophylactique de la migraine. Le but de la prévention est de diminuer la
fréquence des crises d’au moins 50% et de diminuer la sévérité des symptômes. En cas de
succès, qui nécessite 3-6 semaines de traitement continu, celui-ci doit être maintenu
pendant 6 mois au minimum 27,28.
34
La revue Prescrire 2002 ; 22 (234) : p.808-811
Compendium suisse des médicaments 2003 ; Documed SA
36
Pharmactuel 1992/93 ; IX/4 ; Maux de tête
35
© Pharma-News
page 15
Numéro 8, Octobre 2003
On recommande une monothérapie dont le dosage est augmenté progressivement jusqu’à
une efficacité suffisante et des effets secondaires acceptables. Mais certaines associations
(en particulier un béta-bloquant et un antidépresseur tricyclique) peuvent parfois être plus
efficaces qu’un médicament seul à des doses élevées. L’échec thérapeutique d’un
médicament n’exclut pas l’efficacité d’une autre substance de la même classe 28.
•
Médicaments 28,30:
BETA-BLOQUANTS :
INDERAL°, LOPRESOR°, CORGARD°,
BLOCADREN°,
et
éventuellement
TENORMIN°
ANTICONVULSIVANTS :
DEPAKINE°, éventuellement NEURONTIN°, TOPAMAX°
ANTIDEPRESSEURS TRICYCLIQUES :
SAROTEN RETARD°, TRYPTIZOL°, éventuellement SINQUAN°, TOFRANIL°
ANTAGONISTES DU CALCIUM :
SIBELIUM°, ISOPTIN°
Lorsque les traitements courants ne sont pas suffisamment efficaces, on peut avoir recours
à d’autres médicaments dont l’indication de traitement de la migraine n’est pas spécifié :
ATACAND°, BLOPRESS°, ZESTRIL° 37.
•
La migraine menstruelle
Près de 60% des femmes souffrant de migraine ont des crises liées aux règles, mais moins
de 10% ont une migraine menstruelle "vraie" qui est définie par des crises débutant plus
ou moins deux jours avant le début des règles et ne survenant jamais pendant le reste du
cycle 28,38. Les migraines menstruelles n’ont pas d’aura, elles sont sévères, de longue
durée et de traitement difficile 38.
Le traitement des crises est le même que celui de la migraine commune, les AINS et les
triptans étant les médicaments de choix 38.
Mais le traitement est avant tout prophylactique, avec des AINS, en particulier
l’APRANAX°, 2-3 jours avant le début supposé des céphalées et pendant les règles 28,38.
Les triptans (IMIGRAN° et NARAMIG°) utilisés pendant 5 jours sont aussi efficaces 38.
La migraine menstruelle survenant en même temps que la chute du taux d’œstrogènes qui
précède les règles, un traitement préventif à base d’oestogènes avant les règles peut aussi
être utilisé : OESTROGEL° ou des patchs d’œstrogènes (un dosage à 100 µg est plus
efficace qu’à 50 µg) appliqués deux jours avant le début présumé de la migraine et
pendant une semaine 28,30,38.
A noter que pendant la grossesse, les accès migraineux diminuent ou disparaissent chez
60%-70% des femmes. Toutefois si ceux-ci perdurent, le paracétamol est le traitement de
choix, de même lors de l’allaitement. Si un traitement de fond s’avère nécessaire pendant
cette période, l’INDERAL° ou le LOPRESOR° sont les traitements de référence 38.
37
38
Pharma-News 2003, N°5 :p.14
Médecine & hygiène 2002 ;60 :899-990
© Pharma-News
page 16
Numéro 8, Octobre 2003
La migraine - A retenir pour le conseil :
migraine = maux de tête pulsatiles, unilatéraux, durant 4-72 h et accompagnés de
nausées, vomissements, intolérance au bruit ou à la lumière
à ne pas confondre avec les maux de tête "simples" dont le traitement est plus
facile !
traitement de la crise : paracétamol, aspirine, AINS, triptans, dérivés de l'ergot de
seigle
traitements de fond : si plus de 2-3 crises par mois, invalidantes : beta-bloquants,
antagonistes du calcium, anticonvulsivants, antidépresseurs tricycliques
Protection anti-moustiques
Les voyageurs des pays tropicaux doivent se protéger
des piqûres de moustiques car ceux-ci peuvent
transmettre de graves maladies telles que la malaria,
la dengue, la fièvre jaune ou certaines encéphalites.
Les risques pour les voyageurs varient d’un pays à
l’autre et selon les zones visitées (ville ou arrièrepays). L’OMS publie une brochure régulièrement
mise à jour sur les risques de malaria 39. L'OFSP fait
de même dans son bulletin, qui est envoyé à toutes
les pharmacies.
La plupart des moustiques sont nocturnes et piquent
entre le coucher et le lever du soleil, mais attention,
les moustiques transmettant la dengue sont
essentiellement diurnes.
Les répulsifs
Appelés aussi insectifuges, ils ont pour effet de repousser les insectes (effet répulsif). Ils
ont globalement une bonne efficacité. Les parties du corps les plus exposées sont les
pieds, les chevilles et les coudes, mais les moustiques piquant aussi à travers les
vêtements, les répulsifs peuvent être pulvérisés sur ceux-ci. L’effet protecteur est tout
aussi efficace et même de plus longue durée que sur la peau.
Il est conseillé d’appliquer les répulsifs dès le coucher du soleil et de renouveler
l’application avant de dormir 39.
39
Médecine & Hygiène 2000 ; 58 : p.1099-1104
© Pharma-News
page 17
Numéro 8, Octobre 2003
Produits naturels :
A base d’essences de plantes telles que citronnelle (GEL DAPIS°), eucalyptus
citriodora (ANTI-BRUMM NATUREL°), géranium,…39. Ils sont peu efficaces :
moins d’une heure pour les produits à base de citronnelle 44 et jusqu’à 8 heures
(5 heures seulement contre le moustique vecteur de la malaria) pour ANTI-BRUMM
NATUREL° (son efficacité peut être renforcée par vaporisation sur les textiles) 40.
A noter qu’ils sont inefficaces contre les tiques 40,44. Leur utilisation est
essentiellement conseillée aux enfants dès 1 an 41.
Contrairement à certaines croyances, la vitamine B1 (ou thiamine) BENERVA° par
voie orale ou locale est totalement inefficace comme insectifuge 42.
Produits synthétiques :
Ils sont plus efficaces (jusqu’à 12 heures) et certains protègent même des piqûres de
tiques. Par contre aucun répulsif topique n’est efficace contre les piqûres
d’hyménoptères (abeilles, guêpes) 44. Ils sont toutefois potentiellement toxiques et ne
doivent donc pas être utilisés massivement ni de façon répétée sur de longues périodes,
ni être appliqués sur les muqueuses. Sur le visage, l’application doit être faite à la
main en évitant les lèvres et les yeux 39.
DEET : ANTI-BRUMM FORTE°, EXOPIC 8
LOTION°, EXOPIC 12 FORTE°, KIK°. Produit
le plus utilisé, le plus efficace et le mieux
documenté. Les répulsifs à base de DEET sont
ceux qui sont conseillés lors de voyage dans des
régions à risque. Lors d’utilisation correcte, le
DEET est peu toxique, et malgré son utilisation
sans danger selon le Médical Letter pendant les
2èmes et 3èmes trimestres de la grossesse44, il est
préférable de ne pas l’appliquer chez la femme
enceinte et allaitante 43 et chez l’enfant en bas âge
(moins de 5 ans) 39. Les produits contenant moins
de 20% de DEET offrent une protection pendant 1-3 heures, des concentrations
plus élevées protègent des piqûres de moustiques pendant 12 heures et même
pendant 4 heures contre les tiques 44. L’inconvénient majeur de cette substance
est qu’il peut endommager les matières plastiques (montres, montures de
lunettes,..) et les vêtements en fibres synthétiques 44.
EBAAP : ANTI-BRUMM UNIVERSEL°, ANTI-BRUMM SENSITIVE°,
PARAPIC SPRAY°, EXOPIC 8 SPRAY°. Moins efficace que le DEET, il
convient aux régions tempérées 43.
Bayrepel° : AUTAN°, AUTAN ACTIVE°. Selon les études, son efficacité
devrait être comparable à celle du DEET 44,43. Il semble moins toxique et
contrairement au DEET, il n’attaque pas les matières plastiques.
40
Documentation Adropharm pour ANTI-BRUMM
Pharmavista 07.2002 « Répulsifs anti-moustiques chez les enfants et pendant la grossesse »
42
Pharmavista 09.2002 « Vitamine B1 : inefficace contre les moustiques »
43
Pharmavista 09.2002 « Repellents »
44
The Medical Letter 2003 ; 25 (13)
41
© Pharma-News
page 18
Numéro 8, Octobre 2003
Tableau récapitulatif des produits anti-moustiques
(recommandations selon les fabricants) :
COMPOSITION ET SPECIALITES
Produits naturels :
ANTI-BRUMM NATUREL°
GEL DAPIS°
DEET :
NOBITE°-PEAU
ANTI-BRUMM FORTE°
EXOPIC 12 FORTE°
KIK°
EXOPIC 8 LOTION°
Bayrepel° :
AUTAN ACTIVE°
AUTAN LAIT°
EBAAP :
ANTI-BRUMM UNIVERSEL°
ANTI-BRUMM SENSITIVE°
PARAPIC SPRAY°
EXOPIC 8 SPRAY°
CONCENTRATION
100% naturel
100% naturel
UTILISATION CHEZ DUREE D’EFFICACITE
L’ENFANT
MOUSTIQUES
Dès 1 an
Nourrisson
5-8h
<1h
Déconseillé <1an39
50%
28%
20%
18%
12%
Dès 3 ans
*
*
Dès 1-3 ans
20%
10%
*
Dès 2 ans
8h
4h
18%
15%
15%
12%
Dès 1 an
Dès 1 an
Dès 1 an
Dès 1 an
12h
12h
*
8h
12h
12h
12h (?!)
8h
*pas de données
Attention aux gammes de produits avec le même nom (ANTI-BRUMM°, EXOPIC°), car les
compositions et les concentrations varient à l'intérieur des gammes !
Les insecticides
Ils agissent en détruisant les insectes. On les trouve sous différentes formes d’application :
Solutions pour imprégnation d’habits et de moustiquaires :
On utilise principalement la perméthrine qui est très peu toxique pour l’homme et
très efficace contre les moustiques et même plus que le DEET contre les tiques 39,44.
On trouve en Suisse un nouveau produit NOBITE°-vêtements qui est un spray
contenant 4% de perméthrine, à appliquer sur les textiles 45. La perméthrine reste
efficace pendant 2 mois et résiste à plusieurs lavages (plus de 20 selon le Medical
Letter) 39,44. Une moustiquaire imprégnée d’insecticide double sa protection, il existe
même des moustiquaires déjà traitées à la perméthrine qui sont efficaces pendant 3-5
ans et résistent à plusieurs lavages 39.
Diffuseurs d’insecticides : Efficaces pour utilisation à l’intérieur. On s’en sert surtout
dans les chambres à coucher où ils doivent rester branchés toute la nuit 39.
Serpentins fumigènes : Indiqués en extérieur, ils complètent l’action des répulsifs
appliqués sur la peau ou les vêtements 39.
Générateurs d’ultrasons : Ils sont inefficaces sur les moustiques 39!
En conclusion, la meilleure protection contre les piqûres de moustiques est de porter des
habits imprégnés de perméthrine et d’utiliser du DEET sur la peau exposée 44.
45
Information Pro Vaccine, juillet 2003
© Pharma-News
page 19
Numéro 8, Octobre 2003
Protection anti-moustique - A retenir pour le conseil :
Pour se protéger des piqûres de moustiques, potentiellement graves car ils peuvent
nous transmettre des maladies telles que la malaria ou la fièvre jaune, il est conseillé :
de se protéger le corps par des vêtements (manches longues)
d’appliquer un répulsif dès le coucher du soleil, sur la peau et/ou les vêtements,
les plus efficaces étant ceux à base de DEET
l’utilisation de vêtements ou de moustiquaires imprégnés avec un insecticide à
base de perméthrine en plus de l’utilisation de DEET sur la peau exposée confère
une excellente protection contre les insectes (moustiques et tiques)
attention aux différences de composition à l'intérieur d'une même gamme !
En bref…
COSAAR°
Une étude a prouvé que le COSAAR° avait un effet protecteur sur le rein, en particulier chez
les diabétiques de type 2, c’est pourquoi il a été rajouté dans ses indications officielles
"néphropathie diabétique chez les diabétiques de type 2".
ZOVIRAX°
L’uniformisation au niveau international des comprimés de ZOVIRAX° pourrait surprendre
certains clients, puisque la forme (tous ronds) et la couleur (tous blancs) vont changer dans
pratiquement tous les dosages. Autant le savoir…
HALIBUT°
Les emballages et les noms des produits HALIBUT° vont changer : HALIBUT° devient
HALIBUT° CLASSIC (jaune) et HALIBUT° MULTIVIT devient HALIBUT° PLUS (vert).
Note de l'éditeur
Les avis exprimés dans le Pharma-News reflètent l'opinion de leurs auteurs en fonction des
données disponibles au moment de la rédaction et n'engagent en aucune manière le CAP.
© Pharma-News
page 20
Numéro 8, Octobre 2003
Téléchargement