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Musée de l’Artillerie
Quartier Bonaparte
Avenue de la Grande Armée
83300 Draguignan
Ouvert du dimanche au mercredi inclus
9h-12h et 13h30-17h30
Entrée gratuite
MUSÉE DE L’ARTILLERIE
Petit journal de l’exposition
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Exposition du 17 mai au 16 novembre 2014
Association des Amis du Musée de l’Artillerie de Draguignan Supplément au bulletin 52 Directeur de publication : René Gangloff Comité de rédaction : Ph. Guyot, R. Maisonnave
BP 400 83007 Draguignan Cedex ISSN : 1269-357 X Rédacteur en chef : Jean-Marie Parahy Th. Simon, G Léocard, L. Copeau
Rédacteur en chef délégué : Richard MAISONNAVE D. Baert, J.F. Botella, A. Rappolt
1871
VERSAILLES
L’Empire
Allemand est
proclamé. L’Alsace
et la Lorraine sont
annexées.
1905
PORT ARTHUR
Battue par les
Japonais, la Russie
est fragilisée.
Agitation
bolchévique.
1905-1911
MAROC
A Tanger (1905),
puis Agadir (1911),
l’Allemagne tente
de gêner l’avancée
française au Maroc.
1878
BERLIN
Le Congrès de
Berlin décide du
partage des
Balkans.
1912-1913
BALKANS
La Turquie est
sévèrement
vaincue, mais les
pays balkaniques se
battent entre eux.
EDITORIAL
Se souvenir, étudier, comprendre !
En mars 2008, la France a enterré son dernier Poilu, Lazare
Ponticelli, un gamin italien engagé volontaire à 16 ans en août
1914 et mort à plus de 110 ans, doyen des Français et dernier
des Poilus ! Etranger et engagé, il était, comme par un clin
d’œil du hasard, l’ultime représentant de l’immense armée de
soldats de la Grande Guerre, personnels de carrière, engagés,
mais surtout appelés ou réservistes rappelés sous les drapeaux.
Ses obsèques, en la Cathédrale Saint-Louis des Invalides,
l’église des soldats, ont été suivies d’un hommage national aux
Poilus, un hommage au-delà des grades, des classes et des
couleurs de peau, parce que là-bas au front, c’est ainsi qu’ils
avaient vécu dans la fraternité des armes, face au hasard
imparable de la mort au combat. Cet hommage était
indispensable pour signifier le respectueux regard que la Nation
porte sur ceux qui la défendent et notamment les combattants
des cinquante-deux mois de la Première Guerre Mondiale.
Six ans après les obsèques de Lazare Ponticelli, l’obligation de
ce respectueux regard reste intacte et se renforce même à
l’occasion du centenaire de la Grande Guerre dont notre
génération à la charge. Il ny a plus de témoin direct. Certes !
Mais est-ce une raison pour oublier et est-ce une raison pour ne
pas continuer à tirer des leçons de cette immense tuerie ? En
effet, que nous soyons simples citoyens, que nous soyons
militaires ou que nous soyons historiens, la Grande Guerre est,
pour nous tous, un sujet édifiant. Se rappeler est un devoir, il
porte même un nom aujourd’hui, c’est celui de la mémoire !
La Mémoire est l’affaire de tous, grands ou petits, savants ou
non. Elle est une combinaison des souvenirs, donc
naturellement elle est une question de sensibilité qu’il faut
savoir assumer, afin de ne pas céder à la colère rétrospective et
au ressentiment. La mémoire est notre héritage commun, notre
fondement actuel et la direction pour notre avenir. Le maréchal
Foch, un des grands généraux de la Bataille de la Marne
écrivait : Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir.
L’étude tactique et le culte des anciens sont les domaines de
prédilection des militaires pour ce centenaire ; l’étude tactique
parce qu’elle permet de continuer, aujourd’hui encore, de tirer
les leçons de ce conflit exceptionnel ; le culte des anciens, aussi
appelé respect de nos aînés, parce que ce que les Poilus méritent
l’hommage des soldats d’aujourd’hui, tant ils ont réalisé des
efforts, des sacrifices et des exploits comme ils en existent peu
dans notre passé militaire.
L’Histoire peut paraître le domaine de spécialistes. Ce n’est
pas faux, mais je souhaite nuancer : nous pouvons tous être des
historiens. Pour cela il faut trois ingrédients : des faits, des
analyses, de la mesure. Les faits sont l’ensemble des actions qui
se sont produites autrefois ; notre génération n’agit pas sur les
faits puisqu’ilssont finis, elle les constate. L’analyse est
précisément l’ensemble de nos constatations ; c’est notre
capacité à ordonner les faits (ordre chronologique), à les relier
(ordre de causes à effets), à les comprendre (ordre logique).
C’est vrai qu’il faut pour cela quelques connaissances en
histoire, mais ce sujet est tellement passionnant à apprendre !
La mesure est notre vertu commune, mais elle est surtout
indispensable à l’Histoire. Il faut bien se garder de juger
l’histoire trop vite, d’appliquer nos passions actuelles pour
évaluer les faits anciens, de refuser certains faits au nom de
tabous actuelsL’histoire est une belle fleur qui craint le vent
violent ! Lieutenant-colonel Philippe GUYOT
Conservateur du musée de l'Artillerie
Franz-Joseph 1er
de Habsbourg-
Lorraine,
Empereur
d’Autriche
Wilhelm II von
Hohenzollern,
Empereur
d’Allemagne
et Roi de Prusse
Albert 1er de
Saxe-Cobourg,
Roi des Belges
L’Europe en 1914, Empires et Alliances
Deux coalitions diplomatiques, politiques et militaires se font face : sur les deux
extrémités de l’Europe, la Triple entente qui réunit la Russie, la Grande-Bretagne et la
France ; au centre du continent, la Triple alliance composée de l’Allemagne,
l’Autriche-Hongrie et l’Italie.
Dirigée par le Tsar Nicolas II, la Sainte Russie dispose d’une armée nombreuse, mais
encore mal équipée, qui essaye de se moderniser après la défaite de 1905 contre le
Japon. L’Empire britannique, avec ses vastes possessions coloniales, veut garder sa
prédominance sur l’Europe du Nord et se méfie de l’industrie de guerre allemande. Il
s’est porgarant de la neutralité Belge, proclamée en 1839. La République française,
touchée dans son orgueil depuis la défaite de 1871, garde les yeux et les urs tournés
vers l’Alsace et la Lorraine, provinces perdues. Mais mise en confiance par la
composition d’un nouvel empire colonial depuis 1881, elle espère prendre sa Revanche.
L’Empire allemand, doté d’une industrie florissante, aligne une formidable armée ainsi
qu’une marine modernisée qui concurrence celle des britanniques. L’Empire Austro-
Hongrois s’étend face aux Turcs, mais fragilisé par la question des nationalités, peine à
s’imposer face à la Serbie, alliée des Russes.Le Royaume d’Italie, unifié depuis 1861,
reste faible et désireux d’éviter la guerre. Son entrée dans l’Alliance n’a été motivée que
par sa volonté d’expansion en Tunisie, où les Français l’ont devancé.
Bien que la plupart des souverains dirigeants soit cousins par la reine Victoria leur
grand’mère, les tensions internationales sont fortes. Les historiens estiment que dès
1912, il ne manque qu’une étincelle, un prétexte, pour que l’Europe s’embrase.
Major Richard MAISONNAVE
Adjoint du Conservateur du musée de l’Artillerie
RUSSIE
Moscou
FRANCE
SUISSE
BELGIQUE
Paris
GRANDE-
BRETAGNE
Londres
2
Affiche proclamant la mobilisation générale des armées françaises
LA GUERRE !
28 juin 1914
SARAJEVO
Assassinat de
l’Archiduc
François-
Ferdinand, héritier
d’Autriche-Hongrie
1er août 1914
RUSSIE
Déclaration de la
guerre par
l’Allemagne à la
Russie.
2 août 1914
BELGIQUE
Ultimatum
Allemand contre la
Belgique, pays
neutre. Invasion du
Luxembourg.
3 août 1914
FRANCE
A 18h00,
déclaration de la
guerre par
l’Allemagne à la
France.
28 juillet 1914
SERBIE
Déclaration de la
guerre par
l’Autriche-Hongrie
à la Serbie.
Régiments d’aujourd’hui dans la tourmente d’hier
40eRégiment d’artillerie de campagne
Parti de sa garnison de Saint-Mihiel le 31 juillet 1914, le 40e
RA de campagne tient une position de couverture à Flirey,
avant de former l’artillerie de la 40eDivision d’infanterie (6e
Corps). Entrant en Moselle occupée le 21 août, il est au contact
de l’ennemi à Joppecourt près de Longuyon où il subit les tirs
de l’artillerie lourde allemande. Engagé dans le mouvement de
repli, il ralentit l’avancée ennemie à Montfaucon d’Argonne, le
2 septembre, puis à Courcelles-sur-Aire qu’il défend âprement
pendant toute la Bataille de la Marne, avant de poursuivre
l’ennemi jusqu’aux Jumelles d’Ornes, à l’ouest de Verdun.
Mais très vite, une nouvelle offensive menace cette place forte
par le Sud et la 40eDI doit se battre dos à la rivière dans la
région de Lacroix-sur-Meuse près de Saint-Mihiel. C’est là
que le régiment passe le premier hiver de guerre. L’étendard
du 40eRA garde la mémoire de ces combats avec l’inscription
LA MARNE 1914.
54eRA stationné à Hyères
40eRA stationné à Suippes
54eRégiment d’artillerie de campagne
Parti de sa garnison de Lyon dès le 31 juillet 1914, le 54eRA
de campagne, sous les ordres du chef d’escadron Pacand,
débarque en gare de Thaon-les-Vosges le 2 août. Il forme
l’artillerie de la 6eDivision de cavalerie (21eCorps).en
couverture de Baccarat. Combattant sur la ligne de crêtes des
Vosges, ses canons de 75mm font merveille dans cette région
l’artillerie lourde progresse difficilement. Les actions sont
très fractionnées et se résument souvent à des duels entre
batteries comme le 20 août à la Bruche ou le 28 au sud de ce
village où la 9eBatterie doit charger l’ennemi pour se dégager.
Engagé dans les dernières opérations de la Course à la mer, le
régiment tient le front à compter du 25 septembre vers
Herleville-sur-Framerville, entre Chaulnes et la Somme. Ses
trois groupes se signaleront notamment le 29 septembre à
Dompierre et les 3 et 4 décembre, lors de l’attaque du Bois de
Fay, avant de tenir le secteur jusqu’à l’été 1915.
tillerie de campagne
L’Italie, alliée inattendue !
Héritière d’un passé romain plus que millénaire,
l’Italie a vécu divisée en nombreux royaumes,
principautés, duchés et républiques pendant toute
l’époque moderne. A compter de 1848, un mouvement
tant politique que populaire, souvent contrarié par
l’Autriche-Hongrie, tente de réaliser l’unité de l’Italie.
Après la belle campagne de 1859 et les victoires de
Magenta et Solferino, le royaume d’Italie est recréé.
Sa capitale est fixée à Florence, puis Rome après la
victoire sur le Pape en 1870.
Au début des années 1880, se heurtant aux
Britanniques et aux Français, l’Italie peine à se doter
dun empire colonial et ne parvient que très
tardivement à imposer sa tutelle sur la région de la
Tripolitaine, actuellement Lybie. Ces difficultés
expliquent son alliance presque contre-nature avec
l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie, son ancien
oppresseur.
Le caractère artificiel de cette alliance est mis en
exergue dès les premiers temps de la crise du début de
l’été 1914, Face à la guerre, l’Italie quitte la Triple
Alliance et choisit la neutralité… avant de rejoindre le
camp des Alliés en mars 1915 !
Vu du français, ce choix politique des Italiens a
été la vraie bonne surprise du début de la guerre. Il
évite d’avoir à conduire une campagne sur les Alpes et
en Tunisie, avec tout le poids de deux autres fronts. Il
inaugure aussi la longue liste des entrées en guerre
dans le camp Franco-Britannique : la Roumanie, le
Portugal, le Brésil, les Etats-Unis, la Grèce…
Lieutenant-colonel Philippe GUYOT
Conservateur du musée de l’Artillerie
Le képi de Jules Peugeot
Premier soldat tué au combat
Cette coiffure exceptionnelle est aimablement prêtée au Musée
de l’artillerie de Draguignan, par la municipalité de Joncherey
pour une durée limitée du 17 au 31 mai 2014. Elle sera ensuite
visible à l’exposition organisée à l’hôtel de ville de Joncherey
pendant tout l’été 2014.
(Renseignements : Mairie de Joncherey 03.84.36.01.46)
Jules Peugeot, premier soldat
Mort Pour La France, en 1914
Un conflit qui éclate entraine
inexorablement son cortège de
malheurs et de misères. Hommes et
bêtes meurent en masse et l’histoire
nous désigne le caporal Jules
André Peugeot comme étant le
premier soldat français mort pour la
Patrie, le dimanche 2 Août 1914,
jour de la mobilisation générale.
Originaire du Doubs, Jules Peugeot
naît le 11 juin 1893 à Etupes. Jeune employé dans l’horlogerie,
il convoite un poste d’instituteur qu’il obtient en 1912 à l’école
du Pissou, à quelques kilomètres du Saut du Doubs. Il est
incorporé en 1913 à la 6ème Compagnie du 2ème Bataillon du
44ème Régiment d’Infanterie et promu caporal, le 1er avril
1914. Très vite à cause des tensions qui règnent avec le voisin
allemand, il se retrouve chef d’un poste avancé près de
Joncherey (90). Accompagné de quatre hommes, le caporal
implante son dispositif et place une sentinelle en direction de
Faverois, environ 15 kms au sud-est de Belfort.
Le 2 août vers 10 heures du matin, une patrouille allemande est
repérée par une jeune fille du village proche. Paniquée, elle
alerte la sentinelle qui n’a que le temps d’appeler « Aux
Armes ! » Un des cavaliers allemands, le sous-lieutenant
Albert Mayer (1892-1914) du 5ème giment de chasseurs à
cheval.(1) galope seul à l’attaque du poste français en faisant
feu de son revolver. Le caporal Peugeot riposte, tire sur
l’assaillant et le blesse mortellement. Durant le bref échange de
coups de feu, le caporal est mortellement touc à son tour. Le
reste de la patrouille allemande fuit.
Des renforts français alertés par les tirs arrivent et constatent la
mort des deux soldats ennemis. L’officier allemand est inhumé
au cimetière de Joncherey. Plus tard il sera transféré en
Allemagne à Illfurth. La dépouille de Jules Peugeot est inhumée
à Etupes.
Le Maire de l’époque, monsieur Charbonnier récupère le képi
modèle 1884 du Caporal à Joncherey, qui est toujours visible de
nos jours protégé dans une vitrine. Cette coiffure du premier
des soldats tués, devient aussi la première relique de cette
Grande Guerre qui ne sera déclarée par l’Allemagne à la France
que dans trente heures, le 3 août 1914 à 18 heures 45. Le
caporal Peugeot avait alors juste 21 ans (2).
(1) Jäger Regiment zu Pferde N° 5
(2) Le Caporal PEUGEOT est cité à
l’ordre du 44ème R.I. en 1915,
reçoit la croix de guerre avec
étoile de bronze et en 1920, le
Président de la République Paul
DESCHANEL lui confère la
médaille militaire à titre
posthume.
Major MAISONNAVE
Adjoint du Conservateur du musée de l’Artillerie
La marche à la guerre
En juin 1914, l’Archiduc François-Ferdinand d’Autriche, chef de l’armée et héritier du trône austro-hongrois, est en
Bosnie il inspecte les manœuvres d’été d’une partie de son armée. Le 28 juin, il est assassiné devant l’hôpital de
Sarajevo. Son épouse meurt avec lui, sous les balles de Gavrilo Princip, un étudiant Serbe. Tant par esprit de famille que
par calcul politique, l’Autriche-Hongrie adresse alors un ultimatum d’un mois à la Serbie. A son échéance, le 28 juillet, la
guerre est déclarée. Les alliances se mettent alors en action. La Russie protège la Serbie. La France alliée de la Russie, fait
de même. L’Allemagne, alliée de l’Autriche-Hongrie, s’en mêle, tout en cherchant à gagner la neutralité de l’Angleterre…
Le 1er août, l’Empire d’Allemagne mobilise son armée et déclare la guerre à la Russie. Le lendemain, la France mobilise à
son tour son armée pour éviter une attaque surprise, comme celle qui guette la Belgique, pourtant neutre sous la garantie de
la Prusse depuis 1839 ! Bien lui en prend, puisque le 3 août à 16h45, le Baron de Schoen, ambassadeur d’Allemagne à Paris,
dépose une déclaration de guerre en bonne et due forme.
Le 3 août dans la soirée, les avant-gardes allemandes entrent en Belgique. Elles visent la forteresse de Liège et la vallée de
la Meuse autour de Namur. Cette agression emporte la décision à Londres : le 5 août, la Grande-Bretagne est fidèle à
l’Entente et déclare la guerre à l’Allemagne. L’Europe vient de s’embraser… pour plus de quatre années !
Major Richard MAISONNAVE
Adjoint du Conservateur du musée de l’Artillerie
3
Les exactions allemandes de 1914, entre mythe et réalité
Dès le début de l’invasion de la Belgique, les troupes du Kaiser perpétrèrent de nombreuses exactions sur les populations
civiles. Au total, 6 427 civils furent tués, majoritairement en Belgique et dans le Nord-Est de la France, entre août et octobre
1914. Villes et villages vont être détruits et pillés, de nombreux viols commis, les hommes, femmes et/ou enfants tués ou
déportés sans motif, ni jugement. Ces exactions, aux raisons multiples, semblent n’avoir été que très rarement planifiées.
Réactions spontanées des troupes allemandes, elles étaient liées aux combats (65% des incidents) ou à la panique qui en
résultait (22% des pertes civiles). Nous sommes hélas bien loin de l’image d’une armée allemande disciplinée et toute
puissante.
Certes, la peur, à l’instar de l’ivresse, a mené à certaines méprises. Mais surtout la guerre de 1870-71 avait vu pour le soldat
allemand la création d’une nouvelle menace : le franc-tireur caché parmi la population. De ce personnage devenu un
véritable mythe, découle une loi martiale allemande tout particulièrement sévère qui permet la condamnation sur le champ et
sans procès, de toute personne considérée comme Franc-tireur. Le suspect est immédiatement abattu sans procès. Face à tant
de facilités dans la procédure, cette loi martiale devient rapidement un prétexte utilisé pour justifier toutes les représailles. De
plus, les témoins rapportent que les Allemands utilisaient les populations civiles pour se protéger pendant les attaques,
comme boucliers humains, sans que l’on sache s’il s’agissait de mesures punitives ou d’une véritable tactique.
L’armée allemande souhaitait créer un environnement de terreur, répondant à trois objectifs : la sécurité, la punition et la
dissuasion. Cette violence, liée au plan de guerre-éclair de Schlieffen, devait permettre d’accélérer le rythme de la conquête
allemande. La résistance inattendue des Belges va donc à contrario encourager la rancœur des conquérants envers les civils.
Avec le recul d’un siècle, il est certain que de réelles exactions eurent lieu dès août 1914, mais leur dénonciation fit l’objet
d’une propagande très forte dans les deux camps : la barbarie des massacres allemands vues par les gazettes de Paris le
disputait aux attaques sournoises des francs-tireurs dans les Zeitung de Berlin. Parfois simples légendes, comme celle des
enfants du Nord aux bras coupés par les Bavarois, leur exagération ne permet que difficilement de déceler le vrai du faux. De
plus, il ne faut pas généraliser ces actes à l’ensemble des troupes allemandes ou d’autres nations : une bonne part des soldats
allemands, imperméables au mythe des francs-tireurs, ne se laissèrent pas entraîner dans un tourbillon de brutalité.
Laëtitia COPEAU
Contractuelle Armée-Jeunesse au musée de l’Artillerie
LA GUERRE !
4 août 1914
BELGIQUE
Invasion de la
Belgique. La
Grande-Bretagne
déclare la guerre à
l’Allemagne, le 5.
7-24 août
MULHOUSE
L’aile droite
française libère la
Haute Alsace, mais
butte devant
Colmar et se replie.
15 août 1914
DINANT
(BELGIQUE)
Premier contact sur
la Meuse entre les
armées françaises
et allemandes.
7 16 août 1914
LIEGE
L’offensive
allemande peine
pendant neuf jours
pour vaincre les
forts de Liège.
20-25 août 1914
LORRAINE
L’aile droite
française est battue
à Morhange et à
Sarrebourg. Elle
recule vers Nancy
Début de guerre et récompenses
Légion d’honneur et Médaille militaire
Convaincues de partir pour quelques
semaines et d’être de retour pour les
vendanges, c’est sans avoir envisagé de
système de récompense sous forme de
médaille que nos armées partent en
guerre. On fait avec la Légion
d’Honneur et la Médaille Militaire, car
entre août et décembre 1914, il n’y a
que cinq mois et d’ici la guerre sera
gagnée.
Durant ces premières semaines de
bataille, les actions d’éclats et les faits
d’armes font que la Légion d’Honneur
est attribuée à des drapeaux, des soldats
mais également à des femmes qui se
distinguent par leur héroïsme.
Le 3 décembre 1914, madame Marcelle Semmer du village de
l’Eclusier dans la Somme est faite chevalier de la Légion
d’Honneur pour son dévouement envers les blessés qu’elle
soigne et sauve sur le champ de bataille. C’est une des
premières femmes à être décorée.
« L’ordre national de la Légion d’Honneur récompense dans le
domaine militaire, en temps de guerre, une aptitude
exceptionnelle dans le commandement ou un fait d’armes hors
norme ».
Le 13 août 1914 un décret porte
création d’un tableau spécial
d’attribution de la médaille
militaire sous réserve de
ratification par la loi. La daille
Militaire est attribuée, pour la
première fois du conflit, le 15 août
1914 au 1er Bataillon de chasseurs
à pieds, après que le sergent
Foulfon à Saint-Blaise (Alsace) a
pris le drapeau allemand du 132ème
Régiment de landwehr. Ce premier
trophée est exposé au balcon du
Ministère de la Guerre à Paris.
Grâce à ce fait d’armes, le drapeau
des chasseurs est solennellement
décoré le 20 octobre 1914 à Gouy-
en-Gohelle (62).
Cette médaille récompense aussi les soldats et les sous-
officiers, exceptionnellement les officiers néraux ayant
commandé en chef. Le premier général à en être décoré est le
Général de division Joffre, commandant en chef des armées
du Nord-Est le 2 décembre 1914. C’est alors toute la France
combattante qui est honorée par cette attribution.
Major R. Maisonnave
Adjoint du Conservateur du musée de l’Artillerie
Début de guerre et récompenses
Croix de fer
(Des origines à la première guerre mondiale)
Institué en 1813 par le roi de Prusse
Frédéric Guillaume pour récompenser
les actes de courage de ses soldats dans
les guerres contre Napoléon 1er, l’ordre
de la croix de fer se décline en 4 classes.
La décoration, dessinée par Schinkler,
est constituée d’un centre en fer peint en
noir, en forme de croix pattée, enchâssé
dans un cadre en argent. Un anneau de
bélière retient le ruban aux couleurs de
la Prusse (noir, blanc) pour les classes 1
et 3. Les classes 2 et 4 n’en comportent
pas ; une épingle étant fixée au revers de
la médaille pour l’accrocher sur la
poitrine.
Les attributions ont été les suivantes :
16.000 croix de 2nde classe,
670 croix de 1re classe,
5 grand-croix,
1 étoile de la grand-croix (Blücher
Stern).
En juillet 1870, dans le cadre de la guerre franco
prussienne, l’Empereur d’Allemagne et roi de Prusse
Guillaume 1er rétablit l’ordre de la croix de fer. Le
millésime « 1870 », inscrit au centre de la décoration est le
seul indice qui la différencie du type de 1813. La
coration, bien que déclinée en quatre classes, ne sera
attribuée que dans les trois premières:
41.702 croix de 2nde classe,
1307 croix de 1re classe,
9 grand-croix,
Déclaré empereur en juin 1888,
Guillaume II poursuit la
tradition de ses aïeuls en
réinstaurant, le 5 août 1914,
deux jours après la déclaration
de guerre, cette décoration
prestigieuse.
Elle est recréée dans les quatre grades initiaux, et seul le
millésime « 1914 », inscrit en son centre la différencie des
types précédents.
Au cours du premier conflit mondial, la croix de fer sera
décernée comme suit :
5 millions de croix de 2nde
classe,
250.000 croix de 1re classe,
5 grand-croix,
1 étoile de la grand-croix
Adjudant-chef T. Simon
Expert armement munitions du musée de l’Artillerie
Deux armes,
pas si blanches que ça
Au cours de la 1ère guerre, français et
allemands ont équipé leur fusil (Lebel
pour les uns, Mauser pour les autres) de
baïonnette à lame longue. Les allemands
en ont utilisé différents modèles, mais
un type particulier a suscité, à l’époque,
une polémique : la baïonnette à dents
de scie !!
Baptisée « Modèle 1898/05 », cette
arme blanche était initialement prévue
pour équiper 6% des fantassins et la
totalité des bataillons du génie en tant
que couteau-scie destiné à tronçonner du
bois pour réaliser des abattages et des
parements de tranchées (fascines, claies)
Rapidement, cette arme
massive munie d’une
double rangée de dents a été
diabolisée, et une légende
s’est tissée autour d’elle.
En effet, les français
l’entachèrent d’un le
offensif des plus sordides
en l’affublant du surnom de
« couteau de boucher », tout
en précisant que les
allemands étripaient nos
poilus avec cette arme de
sauvage.
Les soldats ennemis, pris
avec ce type d’arme, étaient
passés par les armes sans
autre forme de procès. Afin
d’éviter ce désagrément à
ses troupes, le Kaiser fit
publier en janvier 1918 un
décret impérial stipulant
que les dents de ces armes
devaient être meulées.
La légende a détourné le côté utilitaire de la
baïonnette à dents de scie, alors que nos
poilus montaient à l’assaut avec leur fusil
Lebel au bout duquel était fixée la fameuse
baïonnette Rosalie, adoptée en 1886, dont
la lame cruciforme était tout aussi sauvage.
En effet, la forme en croix de la lame
provoquait des hémorragies internes dont
l’issue était fatale.
Mais aucun décret, aucune directive n’a
jamais été publiée visant à interdire cette arme blanche
tout aussi « sauvage » que celle de « ceux d’en face »
Adjudant-chef T. Simon
Expert armement munitions du musée de l’Artillerie
La Rosalie
et sa lame
en croix
La
baïonnette
Mauser
modèle
98/05 et sa
lame à dents
de scie
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PLAN XVII contre PLAN SCHLIEFFEN
Des Frontières à la Marne
La Théorie
Chaque camp part en guerre avec un plan de bataille bien
préparé, dès le temps de paix, dont le but est de vaincre le plus
vite possible, par un conflit rapide et bien mené.
Celui des Allemands date de 1905, il constitue la dernière
évolution du Plan Schlieffen, conçu vers 1890. Ce plan
consiste à vaincre les armées françaises en moins de six
semaines, avant de se retourner contre la Russie : sept armées
allemandes sont impliquées à l’Ouest, deux en Alsace-Lorraine
et cinq face au Luxembourg et la Belgique, pays neutres qu’il
faudra envahir et traverser en moins d’une semaine… Cette
masse de cinq armées aura pour but d’entrer en France par le
Nord et les Ardennes, avec un seul objectif : Paris ! Ensuite, le
gros des armées rejoindra la région de Pologne pour combattre
l’armée Russe.
Côté Français, le Plan XVII date de 1913. Le nouveau chef
d’état-major général, Joseph Joffre, l’a imposé non sans
difficultés contre celui du néral Michel, son prédécesseur, qui
souhaitait intervenir plus au Nord, en liaison avec l’armée
Belge. Estimant que les Allemands attaqueraient dans les
Ardennes, Joffre veut les surprendre par une attaque encore plus
rapide, de part et d’autre de la place forte de Metz. Il se réserve
une armée pour déplacer son dispositif vers la Belgique en cas
de coup dur…
Pour ces deux plans, les états-majors ont besoin de quelques
délais pour mobiliser les réservistes : 19 jours exactement pour
l’armée française, ce qui fixe le début de l’offensive en Lorraine
à la date du 21 août 1914 (mobilisation + 19 jours). Entre le 3 et
le 21 août, les opérations sont donc limitées, sauf en Haute-
Alsace où la région de Mulhouse est libérée.
La Pratique
Le 21 août, l’armée française attaque en Lorraine et dans le sud
de la Belgique. Le contact est immédiat et sanglant, depuis
Charleroi au Nord-Ouest jusqu’à Sarrebourg au Sud-Est. Le 22
août est la journée noirede l’armée française : près de 27.000
soldats aux pantalons garance et képi rouge sont tués. Face aux
700.000 allemands présents en Belgique, les 350.000 franco-
britanniques de l’aile droite ne doivent leur salut que dans le
repli. L’Allemand von Moltke a pris le Français Joffre à contre-
pied, la route de Paris s’ouvre à lui ! Le ministre de la guerre
Messimy est remplacé.
Du 22 au 30 août, l’avancée allemande semble inexorable,
malgré la brillante résistance de la Ve Armée du général
Lanrezac. Mais le 30, l’état-major allemand perd de vue
l’objectif de Paris. Il cherche à encercler et détruite toute
l’armée française dans la vallée de la Marne entre Meaux et
l’Argonne. La capitale est sauvée, mais c’est désormais l’heure
du grand face-à-face : deux armées de près de 1,5 million
d’hommes chacune vont se rencontrer dans une bataille rangée
sur plus de 200 kilomètres.
Epuisées par trois semaines de marches et de combats, les deux
armées puisent dans des ressources inexpliquées : les soldats
Allemands espèrent dans la victoire et la troupe française qui se
bat à proximité immédiate du cœur du pays, est galvanisée par
le mot d’ordre du général Joffre : « L’offensive sera prise par
les armées le 6 septembre, dès le matin. »
A l’aube du 6 septembre 1914, alors que les armées allemandes
resserrent leur étreinte sur le Pays de Brie et la Champagne, les
soldats français font demi-tour et repartent à l’assaut. La
Bataille de la Marne débute…
Lieutenant-colonel Philippe GUYOT
Conservateur du musée de l’Artillerie
21-24 août 1914
CHARLEROI
L’aile gauche
franco-britannique
est débordée et se
replie pour éviter
l’encerclement.
25 août 1914
FRANCE
Joffre signe l’ordre
de repli général ; sa
limite Sud est fixée
sur l’Aisne, puis
l’Aube.
29 août 1914
GUISE
L’aile droite
française freine les
Allemands. Les
Anglais sont sauvés,
le repli continue.
30 août 1914
PARIS
Les Allemands
cherchent à
encercler les
armées françaises ;
Paris est sauvée !
3-4 septembre 1914
PARIS
Gallieni prépare
une nouvelle armée
contre le flanc
Ouest des
Allemands
Symbole du soldat Allemand,
son casque à pointe
Le 23 octobre 1842, Frédéric Guillaume IV de Prusse fait
adopter par tous les états allemands (Wurtemberg, Bade,
Saxe, Oldenburg, etc…), une nouvelle coiffure militaire.
Ce couvre-chef, fait de cuir bouilli, porte en son sommet
une pointe, dont le rôle premier est de dévier les coups de
sabre donnés par l’ennemi. Un jonc en laiton, placé à
l’arrière, va de la pointe à la nuquière pour remplir le
même office de glissement de la lame.
La bombe du casque est en acier pour les cuirassiers, ces
derniers étant les combattants les plus exposés aux coups
lors des charges lancées à cheval.
La pointe du casque a joué son rôle protecteur jusqu’aux
dernières années du XIXesiècle. Sa présence deviendra une
tradition purement décorative lors de l’adoption du modèle
1895, qui coiffera le soldat allemand à l’entrée en guerre en
1914. Le casque à pointe sera abandonné en 1915 au profit
du casque d’acier.
Les casques des artilleurs étaient ornés, non pas d’une
pointe, mais d’une boule. Son utilité visait à éviter que les
servantsdes pièces d’artillerie ne se blessent entre eux
lorsqu’ils procédaient aux opérations de mise en œuvre de
leurs canons Adjudant chef Thierry Simon
Expert armement-munitions du musée de l’artillerie
Symbole du soldat Français,
son pantalon rouge
Le 26 juillet 1829, le pantalon rouge fait son
apparition dans l’infanterie française par décret
royal. Fortement influencé par la pression des
producteurs de garance (Rubia-Tinctorum).du
département du Vaucluse, le ministère adopte cette
couleur issue d’une plante cultivée pour sa racine
qui fournit la teinture rouge, l’alizarine.
Afin de remplacer le pantalon blanc jugé trop
salissant, cette culotte rouge fait son apparition le 14
juin 1830 à Sidi-Ferruch lors du débarquement en
Algérie. Puis les cuirassiers, les carabiniers, le train
des équipages, les néraux…..adoptent cette
couleur. Cela permet de se repérer sur le champ de
bataille parmi la fumée épaisse des poudres. Chaque
belligérant adopte tacitement une couleur dominante
afin de différencier les troupes (les Anglais portent
une veste rouge, les Prussiens, bleue foncée…).
On invoque aussi que le sang est moins visible que
sur le blanc, de quoi rassurer le soldat blessé et
éviter de moraliser les autres…. Puis c’est la
guerre de 1870-1871 et malgré de nombreuses
recherches sur le camouflage, le pantalon garance
s’impose comme étant le symbole du soldat français.
Alors que lÉtat-major des armées travaille depuis
des années sur une tenue de couleur Réséda
(mélange de marron et de gris clair), la pression
politique et journalistique est telle que rien n’y fait.
Les projets d’uniformes moins voyants sont rejetés
par les députés.
Mais le plus incroyable réside dans le fait que la
production française de garance est arrêtée depuis la
fin du XIXème siècle, jugée non rentable ! Depuis
1868, la couleur rouge est obtenue par un colorant
chimique… préparé par une firme allemande qui
approvisionne les teinturiers !!!
Aussi, le 2 août 1914, les fantassins français partent
au combat comme des coquelicots au milieu des
champs,vêtus de culottes de couleur rouge made in
Allemagne. Ces cibles faciles à repérer vont subir
des pertes cruelles, évaluées à plus de 310.000 morts
entre le 6 août et le 13 septembre 1914.
Major Richard Maisonnave
Adjoint du Conservateur du musée de l’Artillerie
Régiments d’aujourdhui dans la tourmente d’hier
1er Régiment d’artillerie de campagne
Parti de sa garnison de Bourges le 7 août 1914, le 1er RA de
campagne, sous les ordres du colonel Lequime, débarque en
gare de Charmes en Moselle, le 9. Il forme l’artillerie de la
16eDivision d’infanterie (8eCorps) et entre en Moselle
occupée dans la nuit du 11 au 12. Au contact de l’ennemi
deux jours plus tard, dans la région de Domèvre, il participe
à l’avancée française jusqu’à Sarrebourg qui est libérée le
18. Mais face aux canons allemands de 21 cm, la portée des
canons de 75 ne permet pas de riposter et Sarrebourg est
perdue. La contre-attaque allemande subit elle-me un
coup d’arrêt lors de la Bataille de la trouée de Charmes, où
le succès initial de l’infanterie est renforcé par un usage
concentré de l’artillerie que le général de Castelnau emploie
de façon groupée. Le front du 1er RAC se stabilise sur la
Mortagne face à Saint-Pierremont, le 25 août. L’étendard du
1er RA garde la mémoire de ces combats avec l’inscription
LORRAINE 1914.
35eRAP stationné à Tarbes
1er RA stationné à Bourogne
(Belfort)
35eRégiment d’artillerie de campagne
Parti de sa garnison de Vannes le 7 août 1914, le 35eRA de
campagne, sous les ordres du colonel Ely, débarque à
Grandpré et se regroupe à Sedan. Il forme l’artillerie de la
22eDivision d’infanterie (11eCorps) et franchit la frontière
belge. Lors de la Bataille de Charleroi, le 22 août, il
participe à la prise du village de Maissin et gagne plusieurs
duels contre l’artillerie allemande. Les canons de 75 arrêtent
ensuite l’avancée de l’ennemi sur la Meuse du 25 au 27 août.
Puis, sous les ordres du général Foch, son ancien chef de
corps, le 35eRAC se bat lors de la Bataille de la Marne, à
Lenharrée où les combats finissent au corps à corps au milieu
des pièces et à Gourgançon le 9. Par la suite, le régiment
participe à la Course à la mer et notamment le 29 septembre
à la Bataille d’Albert, dans la Somme, il combattra
jusqu’en août 1915. L’étendard du 35eRAP garde la
mémoire de ces combats avec l’inscription SAINT-GOND
1914.
Casque à pointe Badois
modèle 1895
Casque d’artilleur Prussien
modèle 1895
5
.
Qui a gagné la bataille de la Marne ?
Dans une bataille d’une ampleur aussi forte -250 kms de front -, d’une
durée aussi longue -5 jours -et mettant aux prises autant d’hommes -1,5
million environ -, il n’est pas possible de désigner un responsable unique
pour la victoire de la Marne.
Aussi quand un journaliste interrogea le général Joffre en lui demandant
qui avait gagné la bataille de la Marne, celui-ci répondit avec humour : « Je
ne sais pas qui l’a gagnée, mais je sais qui l’aurait perdue !» En effet,
désigner un fautif est toujours plus facile, le général von Moltke, vaincu de
la Marne et remplacé rapidement, le découvrira très vite à ses dépens.
Ce qui reste sûr, c’est que l’énergie des soldats Français provoqua
l’admiration de tous, à commencer par celle des généraux Allemands.
5 septembre 1914
OURCQ
L’aile gauche
française, renforcée
par taxis, autocars
et trains, attaque de
l’Ourcq à la Marne.
5-10 septembre 1914, six jours qui
changent le cours de la Guerre !
Dès le 5 septembre, le général Gallieni qui manqua être
nommé à la tête des armées françaises en 1912, prend
l’initiative de faire sortir, vers le Nord-Est, une partie de troupes
de la garnison de Paris qu’il commande. Faisant usage des
trains et des autocars, il renforce ainsi la VIeArmée française
(Général Maunoury) qui menace désormais le flanc allemand
dans la vallée de l’Ourcq. Il sait que les Anglais du Maréchal
French et la VeArmée française (Général Franchet d’Esperey)
sont prêts à attaquer avec lui.
Le 6 septembre, premier jour de la bataille de la Marne, quatre
armées allemandes se heurtent à la contre-offensive française.
Sur l’Ourcq, l’attaque de la VIeArmée (Maunoury) attire contre
elle toute l’aile gauche allemande (1re Armée von Kluck). Au
centre, les Armées Franchet d’Esperey (Ve), Foch (IXe)et de
Langle de Cary (IVe) se battent sur le cours de deux petites
rivières, le Grand et le Petit Morin, et en Champagne contre les
2e, 3eet 4eArmées allemandes (Von Bulow, von Hausen, von
Wurtemberg). A l’Est, l’Are Sarrail (IIIe) peine autour de
Verdun contre la 5eArmée (Kronprinz) et l’Armée de Castelnau
(IIe) défend Nancy.
Le 7 septembre est la journée la plus critique de la campagne.
Sur l’Ourcq, Maunoury est malmené par von Kluck. Au centre,
Foch tient ses positions avec difficultés face à von Bulow et
von Hausen qui convergent contre lui. A l’Est, Sarrail manque
être rejeté dans Verdun. Mais dans la soirée, la première bonne
nouvelle pour Joffre arrive : un trou de plus de 30 kilomètres a
été décelé entre l’aile droite sur l’Ourcq et le centre allemand
sur le Petit Morin. Les Anglais du Marechal French et la Ve
Armée de Franchet d’Esperey se préparent à s’y engouffrer.
Le 8 septembre, les Armées Maunoury, Foch, de Langle de
Carry et Sarrail sont toujours au plus mal : Celle de Maunoury
ne doit son salut qu’à l’arrivée de 10.000 hommes de renfort,
venus de Paris en autocars et même en Taxis ! Celle de Foch
réduite à la moitié de son effectif de départ a été rejetée des
marais de Saint-Gond et se bat pour tenir Fère Chamepenoise.
Celles de Langle de Carry et de Sarrail sont épuisées par trois
jours d’attaques ennemies incessantes. Mais dans la Brie, deux
armées progressent : les Anglais depuis Coulommiers et la Ve
Armée deFranchet d’Esperey depuis La Ferté-Gaucher
exploitent la brèche entrevue la veille. Celle-ci devient un trou
béant de plus de 40 kilomètres dans la soirée du 8 septembre.
Le 9 septembre, sur l’Ourcq, von Kluck (1re Armée) considère qu’il a
vaincu Maunoury (VIeArmée) et que l’entrée dans Paris est de nouveau à
l’ordre du jour. En plaine de Champagne, Foch (IXe)et de Langle de Carry
(IVe)sont au plus mal. Fère-Champenoise n’a pu être conservée et le camp
de Mailly est traversé par la cavalerie allemande.Au sud de l’Argonne,
Sarrail (IIIe)tente de sauver Bar-le-Duc, ultime route encore libre pour aller
à Verdun. Le Grand Quartier Général allemand à Luxembourg ordonne
une attaque générale en Champagne pour le lendemain. Mais l’épuisement
gagne aussi les armées allemandes : face à Nancy, les attaques contre le
plateau du Grand Courroné prennent fin et surtout, autour de Château-
Thierry, c’est le sauve-qui-peut ! Face aux Anglais de French et à Franchet
d’Esperey (Ve)qui avancent vers le Nord-Est, il n’y a plus qu’un rideau de
cavaliers ennemis qui refluent. Les colonnes de ravitaillement de la 2e
Armée de von Bullow sont bousculées et son aile droite est menacée
d’encerclement. En milieu de journée, de La Ferté-sous-Jouarre à
Champaubert, le repli Allemand se fait dans l’urgence et le désordre.
Le 10 septembre, la bataille est coupée en deux : à l’Ouest les armées
allemandes (1re 2eet 3e) reculent face aux hommes de Maunoury (VIe),
French (Anglais), Franchet d’Esperey (Ve) et Foch (IXe). En revanche à
l’Est, von Wurtemberg (4e) attaque encore contre de Langle de Carry (IVe)
à Maurupt et le Kronprinz (5e) fait de même contre Sarrail (IIIe) dans la
vallée de l’Aire. Mais galvanisées par le succès obtenu plus à l’Ouest, ces
deux armées françaises résistent victorieusement et, à 17h45, von Moltke
le général en chef allemand,commande le repli général.
Du 11 au 13 septembre, les armées alliées progressent au rythme de la
retraite des Allemands. Mais le 14 septembre matin, le repli cesse et les
combats reprennent de Verberie sur l’Oise à Avocourt, près de Verdun. La
bataille a quitté le cours de la Marne et des deux Morins pour s’installer
dans la vallée de l’Aisne.
6 septembre 1914
MARNE
L’aile gauche
franco-britannique
prend l’avantage.
Le centre peine à
arrêter l’ennemi.
7 septembre 1914
MARNE
Le centre français
défend le plateau de
Sézanne et les
marais de Saint-
Gonds.
8 septembre 1914
MEAUX
L’aile gauche
française repasse la
Marne. Le centre
est bousculé à Fère
Champenoise.
9 septembre 1914
FERE
CHAMPENOISE
Le centre français
en grande difficulté
se sacrifie et arrête
les Allemands.
LA MARNE, MIRACLE, DRAME et OPPORTUNITE
Un document historique
L’ordre du jour du commandant en chef
des armées le 6 septembre 1914
Ayant décidé d’arrêter le mouvement de
retraite de ses armées pour passer à
l’offensive, le général Joffre fait connaître
aux troupes, le 6 septembre, que le moment
est venu de vaincre ou de mourir. Au cours
de toute l’épopée révolutionnaire et
napoléonienne, aucune proclamation n’a
dépassé celle-là en grandeur et en simplicité.
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A la vue de ce texte, tous nos lecteurs,
étrangers aussi bien que français, pourront
mesurer avec émotion comment la pensée
du chef a pu être transmise en peu de temps
jusqu’aux plus humbles des héros de la
Marne : Et, presque au même instant, sur ce
front immense qui s’étend des bords de
l’Ourcq jusqu’à Belfort, chacun de nos
hommes a fait sienne la volonté du chef :
nous vaincrons !
Régiments d’aujourdhui dans la tourmente d’hier
28eRégiment d’artillerie de campagne
Parti de sa garnison de Vannes le 6 août 1914, le 28eRA de
campagne, sous les ordres du colonel Darde se concentre dans
la région de Vouziers - Ardennes. Artillerie du 11eCorps
d’armée, il franchit la frontière belge et participe à la Bataille
de Charleroi. Dès lors, au coude à coude avec leurs camarades
du 35eRAC, les artilleurs du 28eRAC harcèlent l’ennemi et le
ralentissent comme ils peuvent, chaque jour, du 24 aout à
Sedan jusqu’à Laffincourt le 1er septembre. En plein cœur des
combats autour de Fère Champenoise durant la Bataille de la
Marne, les artilleurs du 28eRAC font partie de la IXeArmée
du général Foch qui, au prix de pertes importantes, arrête la
pointe de l’avancée allemande en plaine de Champagne.
Plusieurs batteries arrêtent l’infanterie ennemie à moins de 100
mètres de distance. Par la suite, le régiment participe à la
Course à la mer et notamment le 25 septembre à la Bataille
d’Albert, dans la Somme, département il combattra
jusqu’en avril 1915.
61eRA stationné à Chaumont
28eGG stationné à Haguenau
61eRégiment d’artillerie de campagne
Parti de sa garnison de Verdun dès le 1er aout pour occuper une
position de couverture, le 61eRA de campagne, sous les ordres
du colonel Boichut, forme ensuite l’artillerie de la 42eDivision
d’infanterie. Engagé en Moselle occupée, il participe au
combat de Pierrepont le 22 et y gagne le surnom de « Diables
noirs » que lui donne l’ennemi. Sous les ordres du général
Grossetti, cette division organique de la IXe Armée du général
Foch pendant la Bataille de la Marne, intervient sur tout le
plateau de Sézanne et sauve la situation face au marais de
Saint-Gond les 6 et 7 septembre, à Mondement le 8 et Fère-
Champenoise le 9. A chaque fois, les tirs du 61eRAC sont
décisifs pour arrêter l’ennemi ou appuyer l’infanterie. La
même situation se répète fin octobre 1914 lors de la Bataille de
l’Yser vers Dixmude, où les canons de 75mm du 61eRAC font
encore la décision.
L’étendard du 61eRA garde la mémoire de ces combats avec
les inscriptions SAINT-GOND 1914 et L’YSER 1914.
Régiment d’artillerie
de campagne
jusqu’en avril 1915.
28
e
GG stationné à Haguenau
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