13
Tech Porc Novembre - Décembre 2014 - n° 20
© IFIP
Alimentation
La recherche en nutrition animale a per-
mis de réduire considérablement les
teneurs en phosphore des aliments por-
cins. Dans les années 80, il nétait pas rare
de formuler à plus de 6g/kg d’aliment!
Lévolution des recommandations en
phosphore du Corpen, parues en 1996
puis en 2003 (respectivement, 5,2 puis
4,8 g de phosphore par kg d’aliment
croissance, et 4,5 puis 4,4 g/kg en ni-
tion) accompagnée de la généralisation
de l’utilisation des phytases, ont incité la
profession à prendre en compte, au fur
et à mesure, les nouveaux acquis. Depuis
une dizaine d’années, il est possible de
formuler à l’aide du critère de digestibi-
lité du phosphore. Des recommandations
nutritionnelles d’apport ont été propo-
sées sur cette base, mais elles étaient
exprimées en g par kg d’aliment: 2,5g
de phosphore digestible par kg d’aliment
croissance, et 2,0g/kg en nition.
Or, comme pour les acides aminés, il
est plus précis de tenir compte de la
concentration énergétique de l’aliment,
et par conséquent de rapporter la teneur
en phosphore digestible à la quantité
d’énergie de l’aliment. Les nouveaux
essais menés dans ce sens par l’IFIP ont
permis de proposer des recommanda-
tions d’apport de phosphore digestible
exprimées par unité d’énergie nette
(MJ d’EN). Elles ont été établies en deux
étapes.
Quelle teneur en phosphore
pour les meilleures
performances ?
Dans un premier essai comprenant
160 porcs, les performances de quatre
régimes alimentaires d’engraissement,
dont la teneur en phosphore (P) diges-
tible varie, sont comparées (Tab. 1). Tous
Phosphore : satisfaire les besoins
pour maîtriser le coût alimentaire
La formulation des aliments porcins repose depuis une dizaine d’année sur la digestibi-
lité du phosphore. La prise en compte de la concentration énergétique de l’aliment, avec
0,22g de phosphore digestible par MJ d’énergie nette en croissance, et 0,18g en nition,
permet d’ajuster les apports aux besoins, sans diminuer les performances.
Recommandation établies
en deux étapes:
Les essais réalisés dans les stations
expérimentales de Romillé (35) et
Villefranche de Rouergue (12) per-
mettent de comparer les eets de dif-
férents régimes sur les performances
techniques, la qualité des carcasses,
mais aussi la minéralisation osseuse.
Essai 1: Teneurs décroissantes en
P digestible pour un même niveau
énergétique
contrôle de la déminéralisation par
dosage des cendres des métacarpes
Essai 2: Teneurs faible et forte en P
digestible pour 2 niveaux énergétiques
mesure de la minéralisation osseuse
à l’aide d’un scanner à rayons X
(densité des radius)
14
Tech Porc Novembre - Décembre 2014 - n° 20
Alimentation
les aliments contiennent 9,7 MJ d’énergie
nette (EN) par kg. Le plan d’alimentation
est libéral, jusqu’à atteindre un maxi-
mum de distribution diérent pour les
femelles et les mâles castrés. En pratique,
avec cette méthode, la consommation
moyenne journalière d’aliment au cours
de l’ensemble de l’engraissement est
identique pour tous les régimes (2,48kg
par jour).
Malgré la forte disparité des teneurs en P
digestible des régimes, les performances
zootechniques sont peu aectées et il
nexiste aucune diérence signicative
pour les caractéristiques de carcasse. Tout
au plus peut-on constater une réduction
des performances pour le régime le plus
faible en P digestible (régime 1). Mais les
écarts observés en vitesse de
croissance et pour l’indice de
consommation sont trop faibles
pour être signicatifs avec le dis-
positif expérimental de l’essai.
Notons que quatre porcs sont retirés de
l’essai en raison de très faible croissance
dont deux appartiennent au régime le
plus faiblement pourvu en P digestible.
Compte tenu de l’importance du P sur le
développement osseux, 40 métacarpes
(soit 25% de l’eectif mis en place) sont
prélevés à l’abattoir an de réaliser le
dosage des cendres de ces os. Il n’existe
pas de diérence signicative entre
régimes pour ce critère, ce qui permet
de penser qu’il n’y a pas eu une quel-
conque déminéralisation des porcs avec
les régimes les moins concentrées en P
digestible.
Les résultats de ce premier essai
conduisent à proposer une recomman-
dation d’apport en P digestible comprise,
entre 0,21 et 0,23g par kg d’aliment en
croissance, et, entre 0,17 et 0,19 g par
kg en nition. Le niveau d’apport en P
digestible du régime 1 nest pas retenu
pour plusieurs raisons. D’une part, l’ef-
fectif animal mis en place dans cet essai
est peut-être insusant pour statuer
sur l’écart de performances observé
avec ce régime. D’autre part, le niveau
de consommation journalière d’aliment
est élevé pour tous les régimes. L’apport
quotidien en P digestible est alors aug-
menté et tend peut-être à pouvoir satis-
faire, dans ces conditions, une partie
des besoins des animaux, contribuant
de ce fait à gommer les écarts entre les
régimes. Enn, les recommandations
proposées permettent déjà de
réduire largement les teneurs
en P digestibles des aliments,
par rapport aux teneurs précé-
demment retenues: de 2,05 à
2,25g par kg d’aliment croissance, et de
1,65 à 1,85 g par kg d’aliment nition,
contre des recommandations initiales de
2,5 et 2,0g de P digestible par kg d’ali-
ment croissance et nition (soit une dimi-
nution comprise entre 9 et 18%).
Meilleure minéralisation
osseuse pour le régime
concentré en énergie et en
P digestible
An de conrmer ces recommandations,
un second essai est réalisé s’appuyant sur
une mesure de la minéralisation osseuse
à l’aide d’un scanner à rayons X. 160 porcs
sont utilisés pour comparer l’eet de
quatre régimes combinant deux concen-
trations énergétiques des aliments (9,2
et 9,8 MJ EN par kg d’aliment) et deux
niveaux d’apport en P digestible (0,25 et
0,22g de P digestible par MJ EN en crois-
sance, puis 0,20 et 0,18g/MJ EN en ni-
tion). Dans cet essai, le niveau d’apport
en P digestible le plus faible correspond à
la valeur moyenne des recommandations
issues de l’essai 1.
Les aliments sont distribués à volonté
depuis l’entrée en engraissement
jusqu’à l’abattage (soit de 27 à 113 kg
en moyenne) sous forme de farine humi-
diée à l’auge. A l’abattage, les carac-
téristiques de carcasse (poids, taux de
muscle, épaisseurs de lard et de maigre)
sont enregistrées et les radius de la patte
avant gauche sont prélevés.
Tableau 1: Teneurs en phosphore digestible par MJ d’énergie nette
des régimes et performances de l’essai 1
Régime 1 2 3 4
P digestible par unités d’EN, g/MJ
Croissance/Finition 0,19/0,15 0,21/0,17 0,23/0,19 0,27/0,21
Performances en engraissement et taux de muscle des carcasses
GMQ, g/j 893 921 906 903
IC, kg/kg 2,81 2,71 2,75 2,75
TMP, % 58,4 58,3 58,5 58,4
Tableau 2: Comparaison des performances d’engraissement, des caractéris-
tiques de carcasse et de celles du radius des porcs selon les régimes
EN, MJ/kg 9,2 9,8
P digestible, g/MJ 0,22/0,18 0,25/0,20 0,22/0,18 0,25/0,20
Performances d’engraissement
GMQ, g/j 946 965 993 1014
IC, kg/kg 2,70 2,65 2,59 2,58
Caractéristiques de carcasse
Rendement, % 78,6 78,8 78,7 78,8
TMP, % 60,0 60,0 58,9 58,6
Densité osseuse du radius
Signal>1500HU, mm² 1328 1336 1343 1503
Pas de diérence signicative observée entre les diérentes
teneurs en P digestibles.
Une densité osseuse plus élevée avec le régime
le plus concentré en énergie et en phosphore.
“Importance du P
sur le développe-
ment osseux.
15
Tech Porc Novembre - Décembre 2014 - n° 20
Alimentation
Le niveau de consommation alimentaire
des porcs est élevé (supérieur à 2,5kg/j)
mais ne dière pas selon les régimes.
La teneur en P digestible n’a pas d’inci-
dence signicative sur les performances
d’engraissement, ni sur les caractéris-
tiques de carcasse. Il est constaté un eet
logique et attendu de l’augmentation
de la concentration énergétique de l’ali-
ment sur la vitesse de croissance, l’indice
de consommation et le taux de muscle
des carcasses. Le régime haut en énergie
améliore la vitesse de croissance et l’in-
dice de consommation, mais il détériore
le TMP en raison d’une augmentation de
l’épaisseur de lard des carcasses.
Les mesures de densité osseuse réali-
sées avec le scanner nindiquent aucun
eet signicatif de la teneur en P diges-
tible dans le cas du régime à 9,2MJ EN/
kg. Par contre, dans le cas des aliments à
9,8 MJ EN/kg, la minéralisation osseuse
augmente signicativement avec le
régime à teneur plus élevée en P diges-
tible. Il apparaît donc que, parmi les
quatre régimes comparés, celui associant
apports élevés en P digestible et en éner-
gie entraîne un accroissement de la den-
sité osseuse du radius.
0,22 g de P digestible en
croissance, et de 0,18 g en
finition par MJ d’énergie
nette
L’absence de diérence signicative des
performances zootechniques et des
caractéristiques de carcasses constatée
dans ces deux essais permet de justier
d’une recommandation en P digestible
de 0,22 g/MJ EN en croissance, et de
0,18 g/MJ EN en nition. Les mesures
au scanner à rayons X visualisent plus
nement les éventuelles diérences de
minéralisation osseuse. Dans le second
essai, le régime concentré en énergie et
en P digestible entraîne une augmenta-
tion de la minéralisation des radius, mais
sans que les porcs des autres régimes
présentent des signes cliniques de
déminéralisation. Le fait que la minéra-
lisation osseuse maximale soit obtenue
avec des apports en calcium et P supé-
rieurs à ceux maximisant les perfor-
mances, pourrait permettre d’expliquer
ce résultat.
Ces recommandations d’apport en P
digestible sont néanmoins obtenues à
partir de conditions d’alimentation plu-
tôt libérales. Dans le cas d’une alimenta-
tion plus restreinte, il est souhaitable de
tenir compte du niveau moyen d’alimen-
tation.
Didier GAUDRE,
Ifip – Institut du Porc
didier.gaudre@ifip.asso.fr
Mesure de la densité osseuse
Le scanner à rayons X permet d’observer dans le détail la structure et la densité de l’os.
Les radius sont nettoyés (cuisson à la vapeur), puis pesés après leur passage à
l’étuve. Le scanner réalise des images espacées de trois mm représentant des
coupes transversales du radius. Ces images sont composées de pixels de 0,59mm².
Chaque pixel est caractérisé par la valeur d’un signal (exprimé en unités hounseld
ou HU) représentatif du degré d’absorption des rayons X, et donc, de la densité
osseuse. A partir des images de chacun des os, la surface (exprimée en mm²) de
pixels ayant un signal supérieur à 1500HU est déterminée.
Porfal, le logiciel de formulation sous windows
pour optimiser des rations alimentaires pour les porcs
Contacts techniques : Didier Gaudré,
didier.gaudre@ifip.asso.fr - Tél : 02 99 60 98 20
Laurent Alibert,
laurent.alibert@ifip.asso.fr - Tél : 05 62 16 61 70
Contact commercial : Claude Montariol,
claude.montariol@ifip.asso.fr - Tél : 01 58 39 39 56
C’est l’outil d’aide à la décision pour l’achat des matières premières
et la formulation destiné aux techniciens et
éleveurs qui fabriquent leur aliment à la ferme
Simple
Il suffit de sélectionner les matières premières disponibles et de choisir dans
une liste les besoins alimentaires correspondant aux stades des animaux.
La formule calculée instantanément.
Interactif
Toutes les matières premières, nutriments et formules sont organisés de telle sorte que
les recherches sont simplifiées. Il est facile de les enrichir ou les adapter selon le contexte.
Convivial et ergonomique
A lécran, lutilisateur visualise les nutriments et a accès aux calculs.
Il peut stocker les formules et les fichiers matières premières,
contraintes, besoins.
1 / 3 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !