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La Lettre du Gynécologue - n° 294 - septembre 2004
i e n que le cancer soit une maladie de l’ADN, les
formes héréditaires de cancer représentent une faible
proportion des cancers que l’on estime entre 5 et 10 %
des cas. L’oncogénétique, discipline récente, cherche à identifier
ces gènes de susceptibilité aux cancers et à prédire chez les appa-
rentés d’un sujet atteint de cancer le risque de développer une
maladie en identifiant, au sein de la famille, la mutation germinale
responsable. Un diagnostic génétique n’est éthique que s’il existe
des moyens efficaces de prévention ou de dépistage précoce de ce
c a n c e r .
La consultation se déroule en plusieurs étapes : la première
consiste à vérifier la réalité de la demande de conseil génétique, la
seconde permet de reconstituer l’histoire familiale du sujet au
moyen de questions précises :
•Quels sont les membres de la famille atteints par un cancer ?
• Quel est leur lien de parenté avec le sujet ?
• Quel âge avaient-ils au moment du diagnostic ?
Les réponses à ces quelques questions simples vont permettre de
déterminer la probabilité d’une liaison entre la survenue d’un can-
cer dans la famille et une anomalie génétique. Si cette probabilité
dépasse un certain seuil, une recherche de mutation est proposée.
Enfin, la dernière étape va décrire les différentes stratégies adap-
tées aux différents niveaux de risque.
La recherche d’une mutation germinale sur l’un des gènes suspec-
tés chez une personne atteinte de cancer dans la famille sera alors
entreprise. L’identification de cette mutation dans la famille per-
mettra sa recherche chez les apparentés sains ou atteints. En fonc-
tion des résultats du test, il convient soit de rassurer la personne, si
elle n’est pas porteuse de la mutation délétère familiale soit, dans
le cas contraire, de lui proposer une prise en charge spécifique.
Les indications d’une consultation d’oncogénétique sont les sui-
vantes :
– présence d’au moins trois cas de cancers dans la même branche
parentale ;
– présence de deux cas de cancers chez des personnes apparentées
entre elles au premier degré, associée à l’un au moins des critères
suivants : survenue précoce d’un des cas de cancers, par rapport à
l’âge habituel ;bilatéralité de l’atteinte (pour les organes pairs, le
sein par exemple), multifocalité de l’atteinte ;
– survenue de plusieurs cas de cancers chez la même personne.
Il s’agit d’indications théoriques qui doivent tenir compte de la
demande des patients. Pour un patient réticent, même s’il appar-
tient à une famille à très haut risque, cette indication doit être retar-
dée et parfois de manière indéfinie.
À cet égard, il est important de distinguer les deux finalités des
examens génétiques.
La première consiste à confirmer ou à infirmer le diagnostic de
maladie génétique chez un patient symptomatique. La seconde
consiste, chez une personne asymptomatique, à rechercher la
mutation identifiée dans sa famille. Dans ce cas, la prescription de
l’examen est encadrée par des mesures réglementaires strictes. Elle
doit être faite par un médecin œuvrant au sein d’une équipe pluri-
disciplinaire, rassemblant des compétences génétiques et cliniques,
le consentement écrit de la personne doit être recueilli après par
une information préalable.
LES PRINCIPALES FORMES HÉRÉDITAIRES DE CANCERS
En termes de fréquence, les formes familiales de cancer du sein, du
côlon et de la prostate représentent les trois grandes prédispositions
aux cancers. Les autres formes familiales sont très exceptionnelles
(neurofibromatose de types I et II, rétinoblastome, néoplasies
endocrines multiples, mélanomes).
En ce qui concerne les cancers gynécologiques, on retiendra l’exis-
tence de prédisposition pour les cancers du sein, des ovaires et de
l ’ u t é r u s .
Concernant ce dernier, le dépistage d’une forme familiale repose
plus sur la détection d’autres cancers, en particulier du côlon, asso-
ciés dans la famille dans le cadre d’un syndrome HNPCC (voir
article dans ce même numéro).
LES CANCERS HÉRÉDITAIRES DU SEIN ET DE L’OVAIRE
Concernant ces deux cancers, deux gènes majeurs de prédisposi-
tion ont été identifiés. En 1990, un gène de prédisposition au can-
cer du sein est localisé sur le bras long du chromosome 17. Il est
nommé BRCA1 (Breast Cancer 1). En 1994, un autre gène,
BRCA2, est localisé sur le bras long du chromosome 13.
Ces deux gènes codent pour des protéines qui participeraient à plu-
sieurs niveaux de la réponse cellulaire aux dommages de l’ADN.
Cependant, les fonctions exactes de ces deux protéines sont encore
mal connues. Elles seraient impliquées dans des mécanismes simi-
laires, mais auraient des rôles différents.
Une mutation de type délétère sur les gènes BRCA1 ou BRCA2
augmente le risque de développer un cancer du sein et/ou de
l’ovaire. Ce risque varie selon les familles étudiées. Pour le cancer
du sein, ce risque varie entre 40 et 85% et peut être 4 à 9 fois supé-
rieur à celui de la population générale. Pour le cancer de l’ovaire,
le risque est compris entre 10 et 63%, il peut donc être multiplié
jusqu’à 60 fois par rapport à celui de la population générale. Par
Organisation de la consultation d’oncogénétique :
quels risques dépister en gynécologie ?
P. Laurent-Puig*
Organisation of oncogenetique consultation: whats risks in gynecology?
* Hôpital européen Georges-Pompidou, 20, rue Leblanc, 75015 Paris.
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O S S I E R
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