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Les statines: un point sur les effets indésirables
Les statines sont des médicaments hypolipémiants dont la spécificité est d'inhiber
une enzyme clé de la synthèse du cholestérol: HMG-Co A réductase. Cinq molécules sont
actuellement commercialisées. Les plus anciennes sont les statines de première génération d'origine
naturelle extraite d'un pénicillium: la simvastatine (Lodalès
, Zocor
) et la pravastatine (Elisor
, Vasten
).
La fluvastatine (Fractal
, Lescol
) appartient à la deuxième génération. La troisième génération est
constituée de l'atorvastatine (Tahor
) et la rosuvastatine (Crestor
) d'origine purement synthétique Les
statines sont des médicaments bien tolérés, certains effets indésirables sont bénins et communs à toutes
les molécules, généralement transitoires: troubles gastrointestinaux, céphalées,
asthénie. D'autres sont plus graves et plus rares. Nous allons en faire ici une synthèse.
1. Effets indésirables musculaires:
L'incidence des effets musculaires au cours des essais cliniques, toute
symptomatologie et gravité confondues, se situent autours de 5% sans différence
significative versus placebo. Cette fréquence est également celle observée pour une élévation modérée
des CPK (Créatine Phospho Kinase). L'élévation conjointe des CPK et la présence d'une myalgie sont en
revanche plus rare. Les myalgies sous statines sont fréquentes, généralement réversibles en 2 à 3
semaines après arrêt du traitement. Les douleurs musculaires sont diffuses affectant le plus souvent les
muscles proximaux avec une sensation de faiblesse musculaire et de tension douloureuse. Ces myalgies
peuvent ne pas être associées à une élévation des CPK, alors que d'authentiques lésions musculaires
imputables aux statines sont présentes (anomalies histologiques avec dysfonctionnement de la fonction
mitochondriale réversibles à l'arrêt du traitement). Les myopathies associent les douleurs musculaires à
une élévation des CPK. Leur incidence est de l'ordre de 0.1 à 0.5% et est dose-dépendantes. Les myosites
associent myalgies et augmentation des CPK (<10N). La rhabdomyolyse correspond à un syndrome
consécutif à la destruction du muscle strié. Myalgie et élévation significative des CPK (>10N) sont
systématiquement présentes. La libération de quantité importante de myoglobine dans les urines peut être
dosée et colore celles-ci en brun. Les manifestations cliniques touchent préférentiellement les cuisses.
L'électromyogramme montre une atteinte myogène et la biopsie musculaire met en évidence une nécrose
des fibres musculaires associée à des zones de régénération. L'incidence des rhabdomyolyses observées
sous statines est très faible. Certains facteurs favorisants ont été évoqués parmi lesquels: l' âge (>80ans),
le sexe (féminin), un IMC bas, une polymédication, une insuffisance rénale, un diabète, une hypothyroïdie,
la consommation excessive d'alcool, une AEG, un traumatisme ou une chirurgie récente, une activité
physique intense.
Le mécanisme de toxicité musculaire des statines reste mal élucidé. Une des hypothèses fréquemment
citée est une diminution des concentrations mitochondriales d'ubiquinone intervenant dans la production
d'énergie cellulaire (ATP). Une diminution des réserves d'ATP altère le fonctionnement normal de la cellule
musculaire et peut en expliquer la destruction. Un déficit en ubiquinone est observé dans certaines
myopathies mitochondriales.
La toxicité musculaire étant souvent concentration-dépendante, attention aux doses élevées de
statine et aux situations où les concentrations peuvent s'élever (IR, interactions
médicamenteuses)