Albin Michel
Philippe Escande
Solveig Godeluck
Les pirates
du capitalisme
Comment les fonds d’investissement
bousculent les marchés
127768KYI_pirate_MEP.fm Page 3 Mercredi, 5. mars 2008 7:12 19
© Éditions Albin Michel, 2008
127768KYI_pirate_MEP.fm Page 4 Mercredi, 5. mars 2008 7:12 19
Pour Raphaël
À Annie pour sa patience
À Alice, Mylene, Simon, Julien
pour leur impatience
127768KYI_pirate_MEP.fm Page 5 Mercredi, 5. mars 2008 7:12 19
7
Introduction
«þLes affairesþ? C’est bien simple, c’est
l’argent des autres.þ»
Alexandre Dumas fils,
La Question de l’argent
La vidéo a fait un tabac sur Internet en 2007. Elle res-
semble à un clip de promotion immobilière. Travelling
sur un appartement de 26 pièces en triplex sur Park Ave-
nue, l’artère la plus chic de ManhattanÞ: salons, biblio-
thèques, une salle de réception de 20 mètres de long et
«Þdes cheminées dans chaque pièce, sauf dans les cuisi-
nesÞ», précise la voix off. Suivent d’autres résidences de
rêve survolées en hélico, à la mer, à la montagne, pisci-
nes géantes, golfs 18 trous, lacs, forêts, chevaux… Ces
propriétés ne sont pas à vendreÞ: elles appartiennent à
Henry Kravis, l’un des princes de l’argent des années
2000. Chaque heure de chaque jour que Dieu fait, ce
financier américain gagne 51Þ369Þdollars, calcule la
vidéo – un salaire que la plupart de ses compatriotes
aimeraient recevoir pour une année entière.
Que fait-il donc dans la vieÞ? Rien de bien extraordi-
naire en apparence. Kravis achète et vend des entrepri-
ses. Il y a une trentaine d’années, il a créé ce que l’on
127768KYI_pirate_MEP.fm Page 7 Mercredi, 5. mars 2008 7:12 19
LES PIRATES DU CAPITALISME
8
appelle un fonds d’investissement et grâce à ce coup de
génie il se retrouve aujourd’hui à la tête d’un empire.
Les sociétés qu’il possède pour quelques années
emploient plus de 450Þ000Þpersonnes, l’équivalent de la
ville de Lyon, et leurs ventes annuelles dépassent celles
cumulées de Microsoft, Coca-Cola et Disney.
Ils sont nombreux depuis le début des années 2000,
ces financiers enrichis à la vitesse de la lumière, et qu’on
montre du doigt, comme sur ce clip qui entend faire «Þla
guerre à la cupidité1Þ». Ils ont profité d’une ère excep-
tionnelle d’argent facile pour faire leurs emplettes.
Fabricants de matelas, de cigarettes, de prises électri-
ques, d’automobiles, compagnies aériennes ou produc-
teurs d’électricitéÞ: aucune industrie, aucun secteur,
aucun marché ne leur fait peur. Pourtant, ils demeurent
fondamentalement des capitalistes de l’ombre. Ils ne
sont jamais venus expliquer au public qui ils étaient et à
quoi ils servaient. Le commun des mortels découvre
donc leur existence sur le tard, quand un fonds fait
faillite et menace la stabilité mondiale, ou bien quand
un champion national est sur le point de tomber dans
leur escarcelle.
Les nouveaux princes de l’argent font peur. On les
accuse, en vrac, de licencier, de délocaliser, de fermer
des usines, de pousser à la faillite. On les traite de spé-
culateurs, de parasites qui sucent le sang des entreprises.
On les rend responsables des sautes d’humeur du mar-
ché et même de la crise financière de l’été 2007. Faut-il
les interdire, les surveiller, les réglementerÞ? Au plus
haut niveau de l’État, en France comme en Allemagne
et même aux États-Unis, la question est posée.
1. War on Greed (www.warongreed.com).
127768KYI_pirate_MEP.fm Page 8 Mercredi, 5. mars 2008 7:12 19
1 / 17 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !