*Chez la femme enceinte
Chez la femme enceinte, l’infection passe souvent inaperçue.
L’infection fœtale peut survenir à n’importe quel stade de la
grossesse. Le virus peut être à l’origine d’avortement (1
er
trimestre)
ou de mort fœtale (surtout au 2
ème
trimestre et plus rarement au
3
ème
trimestre) mais il ne semble pas posséder de pouvoir
tératogène (donc pas de recommandations d’avortement
thérapeutique).
Chez le fœtus infecté, le virus entraîne une anémie en provoquant
la lyse des érythroblastes (situés dans le foie), ainsi qu’une
myocardite. Celle-ci est aggravée par une insuffisance cardiaque
fonctionnelle due à l’anémie et induit des épanchements au niveau
des séreuses (anasarque).
A l’échographie, l’anasarque foeto-placentaire est définie par des
épanchements liquidiens intéressant au moins 2 espaces du fœtus :
œdème plus ou moins localisé aux parties molles, épanchement
des séreuses (péritoine, plèvre, péricarde). On retient aussi comme
élément du diagnostic, l’augmentation de l’épaisseur du placenta et
l’hydramnios. Dans l’étiologie parvovirale notamment, le foie est
hypertrophié et une couleur jaune paille du liquide amniotique
traduit une élévation de la bilirubine.
*Chez les sujets immuno-déficients
Chez les sujets immuno-déficients, l’infection est chronique
entraînant souvent une anémie chronique, due à la persistance du
virus B19 dans la moelle. Une thrombopénie et une neutropénie
peuvent également être associées. Les signes articulaires et/ou
cutanés peuvent aussi être observés.
Les principaux diagnostics différentiels à évoquer sont les suivants :
rubéole, scarlatine, roséole, mononucléose infectieuse (EBV),
échovirus, connectivite (Lupus érythémateux disséminé), réaction
médicamenteuse.
DIAGNOSTIC
Le diagnostic d’infection à Parvovirus B19 repose principalement
sur la sérologie. Elle consiste en la recherche d’IgM (d’apparition
précoce, vers le 12ème jour après la contamination, elles persistent
2 à 3 mois) et d’IgG (qui apparaissent presque simultanément et
persistent de nombreuses années).
Dans les premiers jours d’une crise aiguë de déglobulinisation et au
cours des infections chroniques de l’immuno-déprimé, il est
fréquent de ne pas mettre en évidence les IgM spécifiques et une
sérologie négative n’exclut pas l’infection.
Il est alors licite de pratiquer une recherche du génome viral par
PCR dans le sang ou éventuellement dans la moelle osseuse. Pour
les érythroblastopénies aiguës, une alternative consiste à pratiquer
une deuxième sérologie 8 à 10 jours plus tard pour révéler la
séroconversion.
La détection du génome viral par PCR est la seule technique de
diagnostic direct. Les autres techniques de diagnostic direct
(culture, microscopie électronique, hybridation) ne sont pas utilisées
en routine diagnostique.
Deux situations pratiques chez la femme enceinte vis-à-vis de
l’infection par le parvovirus B19 :
-Une femme enceinte présente une éruption non identifiée :
->demander en urgence une sérologie du parvovirus B19
Cette sérologie est négative en IgG et en IgM spécifiques
->répéter la sérologie 15 jours après
La sérologie est positive en IgG mais négative en IgM spécifiques
->Une infection récente par le parvovirus B19 est a priori
éliminée
La sérologie est positive en IgM spécifiques
->surveillance échographique du fœtus
-Une femme enceinte a eu un contact à risque avec un sujet
présentant des manifestations cliniques évocatrices d’infection par
le parvovirus B19 :
->tenter d’identifier l’infection chez le sujet contact
(recherche d’IgM spécifiques)
->prélever un échantillon chez la femme enceinte pour
une sérologie parvovirus B19 afin de connaître son statut
immunitaire
->sans attendre le résultat de cette sérologie, proposer
l’injection immédiate d’immunoglobulines polyvalentes
intra-veineuses.
TRAITEMENT
A l’heure actuelle, il n’existe pas de traitement ni de vaccin.
CONCLUSION
Chez les enfants, le parvovirus B19 est responsable d’une maladie
virale bénigne caractérisée par une éruption maculopapuleuse
d’intensité variable.
Chez la femme enceinte l’infection à parvovirus B19 semble être
plus embryocide que tératogène. La détermination du statut
sérologique vis-à-vis du parvovirus B19 chez la femme enceinte
permettrait de repérer les femmes à risque de développer une
primo-infection au cours de la grossesse.
Chez une femme enceinte développant les symptômes d’érythème
infectieux avec ou sans arthropathie, une infection à Parvovirus B19
doit systématiquement être suspectée.
Chez tout patient présentant une crise aiguë de déglobulinisation, il
faut suspecter une pathologie sous jacente du globule rouge et si le
patient n’est pas connu pour une telle pathologie, prescrire au
minimum une électrophorèse de l’hémoglobine à distance de la
crise.
Jean-Pierre BOUILLOUX – Sandrine LUANS
Prochain sujet : Syndrome de Goujerot-Sjögren et Biologie