
Bulletin d’Information - Hiver 2014-2015
Les avis sont donc globalement positifs, sans être
tranchés. Comme la question se référait explicitement
au moment du diagnostic de la maladie, vous êtes
nombreux à souligner la difculté de la situation et
l’utilité qu’il y a à bénécier d’un soutien dans un
contexte difcile. Par exemple :
« Je pense que c’est utile : lors du diagnostic, on
arrive pas à penser à toutes les questions (cela
vient après la consultation) la liste peut donner
un l conducteur. »
« Je pense que cela serait nécessaire, nous
sommes tellement sous le choc et dans
l’ignorance de cette maladie, qu’il est impossible
de penser à toutes ces questions. »
« La maladie est un sujet encore un peu tabou :
il y a déjà le choc de l’annonce du diagnostic et
puis lors des consultations on se dit toujours que
le médecin est pressé, qu’il a surement mieux à
faire que de répondre aux interrogations. »
Mais déjà, ce dernier enquêté élargit le propos :
Une liste n’est pas seulement utile au moment de
l’annonce du diagnostic, mais plus généralement
dans le cadre contraint de la consultation médicale,
souvent trop rapide, où l’échange a du mal à
s’établir. Par exemple, ces autres patients :
« Nous avons besoin de plus d’information sur
notre maladie…mais les médecins ne veulent
sans doute pas trop s’engager, car le SMD
n’agit sans doute pas de la même façon d’un
malade à un autre. »
« Demander le pronostic est difcile ; bien souvent
le médecin, on le sent, ne peut répondre. »
« Je n’ai pas pu aborder les difcultés
concernant ma vie professionnelle et me faire
aider – pas d’écoute, pas de conseil. »
« La difculté n’est peut-être pas tant dans le
fait de poser la question mais dans la réponse
qui peut paraître incomplète ou un peu lapidaire
parfois. »
… pour ceux qui le souhaitent
Quand le questionnaire traite des relations patients-
médecins, parfois difciles à établir, les réponses
sont souvent hésitantes. Seuls trois patients sur
dix disent avoir déjà eu des difcultés à poser des
questions à leur médecin, mais ils sont sept sur
dix qui auraient préféré plus d’information sur le
pronostic de leur myélodysplasie, un point clé sur
lequel nous reviendrons.
Et parmi ceux qui ont eu ces difcultés, 45 %
s’en attribuent la responsabilité contre 15 %
qui l’attribuent au médecin et 40 % qui laissent
prudemment les torts partagés. Timidité verbale ?
Ambiguïté du désir de savoir ? Dans tous les cas,
certains préfèrent limiter leurs questions et d’autres
comprennent ceux qui le font. Par exemple :
« Concernant le patient il y a ceux qui veulent
savoir ce qui leur arrive (c’est mon cas) et
ceux qui ne le souhaitent pas. Me concernant,
mon mari et mes enfants souhaitaient savoir et
comprendre. »
« Certaines questions amènent des réponses qui
peuvent faire peur ; parfois je préfère ne pas
trop savoir (politique de l’autruche). Certaines
questions sont adaptées à des cas bien précis.
Pour ma part, je ne prends aucun traitement
pour le moment, il m’est difcile de savoir
comment je réagirai lorsque cela m’arrivera... »
Un des buts majeurs de CCM a toujours été
d’apporter l’information la plus able sur la
maladie à ceux qui souhaitent la recevoir. Nous
sommes conscients que nous ne sommes pas tous
désireux de « tout savoir » sur notre maladie et ses
traitements. Aussi peut-il être utile à l’action de
notre association de savoir qui sont les uns et qui
sont les autres, pour mieux connaître les besoins
des uns et ceux des autres. Dans une enquête menée
en 2008, auprès du petit nombre d’adhérents de
l’époque des premiers temps de CCM, il nous était
apparu que la recherche d’échanges sur leur maladie
était surtout le fait des personnes les plus anxieuses,
que ce soit auprès de leur famille et leurs proches
ou avec leurs médecins ou d’autres malades. « Les
échanges sont clairement associés au moral des
enquêtés, les plus inquiets recherchant avec intensité
le dialogue avec leurs proches aussi bien qu’avec
les partenaires techniques que sont les médecins et
les autres malades. Recherche affective d’un côté,
d’information de l’autre, nourrie dans les deux cas
par la préoccupation née de la maladie. Ceux qui ont
une attitude plus détachée à l’égard de leur maladie
en parlent moins autour d’eux. »1 Il sera intéressant
de vérier plus scientiquement aujourd’hui cette
impression d’hier.
1 Vivre avec la myélodysplasie. Une enquête auprès
des adhérents, début 2008, document disponible sur
le site de CCM, www.myelodysplasies.org (pour les
adhérents ayant un identiant et un mot de passe)
Au sommaire : Questions à nos médecins, p. 1 ; Intérêt d’une liste, p. 1 ; Pour ceux qui le souhaitent, p. 2 ;
Les questions essentielles, p. 3 ; Celles qui le sont moins, p. 4 ; Patients français et australiens, p. 4