le trébuchet et le mangonneau

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Des armes du Moyen Age : mangonneau et trébuchet
Frédéric Élie, août 2007
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supérieures, est INTERDITE. Seuls sont autorisés les extraits, pour exemple ou illustration, à la seule condition de mentionner
clairement l’auteur et la référence de l’article.
« Si vous de dites rien à votre brouillon, votre brouillon ne vous dira rien ! »
Jacques Breuneval, mathématicien, professeur à l’université Aix-Marseille I, 1980
Parmi les armes de jet du Moyen Age, fort nombreuses, servant au siège et à l’attaque
des forteresses et des cités, le mangonneau et le trébuchet figuraient comme les plus
redoutables. Basés sur le principe du mouvement de rotation d’une poutre de bois, la
verge, imprimé par le basculement d’un contrepoids, ces armes ne doivent pas être
confondues avec les catapultes ou les balistes, lesquelles utilisaient l’énergie libérée
par la tension élastique de ce que l’on pourrait comparer à un arc ou une arbalète
géants. La verge entraîne une fronde libérant un projectile, un boulet, qui va parcourir
une trajectoire parabolique d’assez grande portée (plusieurs centaines de mètres). Le
mangonneau et le trébuchet sont de conception très voisine à ceci près que, pour le
mangonneau, le contrepoids est fixe et bascule en même temps que la verge, tandis
que dans le trébuchet, il est articulé à la verge de telle sorte que, lorsque celle-ci
bascule, il conserve une position verticale ; ce dernier dispositif permet au trébuchet
de projeter le boulet en minimisant les à-coups lors du mouvement de rotation de la
verge.
Le présent article n’a pas vocation de présenter ces armes dans le détail ni d’un point
de vue historique : à ces fins, je renvoie aux sites spécialisés, notamment celui
http://medieval.mrugala.net ainsi que les travaux de Renaud Beffeyte. Notre article
propose d’essayer de comprendre le fonctionnement de ces machines de guerre du
seul point de vue de la Mécanique du Solide, donc en recourant à la modélisation
mathématique du problème. A partir d’elle il est possible de prédire la portée de
maquettes de ces engins (non reproduites ici) pour les amateurs désireux de joindre
les plaisirs du calcul à ceux de l’art technique médiéval. D’ailleurs, on verra très vite
que les modélisations mécaniques de ces engins aboutissent à des formules assez
rebutantes et font appel à tous les principes fondamentaux de la Dynamique du
Solide, ce qui offre déjà en soi une belle révision dans ce domaine. Pourtant les
ingénieurs (« ensgeniors ») du Moyen-Age, période pas aussi obscure qu’on voudrait
le laisser croire, parvenaient à concevoir ces engins sans pratiquement aucun calcul
et à l’aide de la géométrie classique héritée des Grecs (Pythagore, Thalès…), et
©Frédéric Élie, août 2007 - http://fred.elie.free.fr - page 1/35
obtenaient des performances et des précisions qui nécessitent aujourd’hui l’aide de
l’ordinateur pour être retrouvées…
Présentation succincte du mangonneau et du trébuchet
(d’après Renaud Besseyte, « les machines de siège au moyen-âge » et le site
http://medieval.mrugala.net)
Mangonneau :
Le mangonneau est une machine de jet à contrepoids fixe formé d’une huche enfermant une
masse de terre ou de pierres (voir figure ci-dessous). Il fut utilisé du douzième au quinzième
siècles, et pouvait lancer des boulets de 100 kg avec une portée de 150 mètres.
Le contrepoids pouvait peser plusieurs tonnes, et comme il était fixe, cette masse énorme
rendait laborieux le réarmement de l’engin : plusieurs hommes (une douzaine) étaient
nécessaires pour ramener l’extrémité de la verge (ou flèche) au sol de façon à obtenir le
contrepoids en position haute. Très souvent, pour cela, les mangonneaux étaient équipés d’un
gigantesque treuil à roue, appelé « roue de carrier », actionné par les hommes. Avec ce
système, deux réarmements par heure seulement étaient possibles.
Lorsque le mât est libéré, le contrepoids bascule et trouve sa position d’équilibre au plus près
du sol. Sa vitesse de rotation, et donc celle de la verge, est élevée. A l’extrémité du mât, une
fronde terminée par une poche à projectiles, est attachée. La fronde est entraînée avec une
vitesse relativement élevée par la rotation de la verge, et communique une vitesse initiale au
projectile lui permettant des portées de 150 mètres.
Les mangonneaux manquaient de précision à cause du fait que le contrepoids était fixe : en
effet, la terre ou les pierres disposées dans la huche se déplacent au cours de la rotation,
provoquant un balourd à la fois néfaste pour le tir et pour la tenue mécanique de l’engin. C’est
pour remédier à cet inconvénient que l’on eut l’idée d’utiliser un contrepoids articulé, comme
c’est le cas du trébuchet : la masse de la huche ne se déplace plus puisque elle conserve une
orientation constante. En outre, comme je crois le déceler dans les calculs que je vais présenter
plus bas, il semblerait que l’utilisation d’un contrepoids articulé permet d’atteindre une vitesse
maximale de jet plus rapidement…
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Dessin issu de : http://medieval.mrugala.net
Trébuchet :
Le trébuchet obéit au même principe que le mangonneau, mais avec un contrepoids articule
(voir dessin ci-après), ce qui permet d’éviter les à-coups lors du tir. Il fut utilisé du douzième au
seizième siècle.
Sa portée moyenne était de 200 mètres pour des boulets d’une centaine de kilogrammes. La
longueur de la verge est de l’ordre de 10 à 12 mètres, et la masse du contrepoids est de 5 à 6
tonnes. La verge était faite en bois de sorbier pour ses propriétés de non déformabilité.
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Dessin issu de « les machines de siège au Moyen-Age » de Renaud Beffeyte
Malgré l’apparente simplicité du mouvement de la verge et de la fronde conduisant au tir du
projectile, le mangonneau et le trébuchet, dans leur fabrication, étaient des engins élaborés. La
fabrication devait tenir compte de certains problèmes pratiques comme, par exemple:
-
comment prévenir les vibrations, parfois destructrices, du contrepoids lorsqu’il
descend brusquement à son point le plus bas ? Un système de bielles était installé pour
cela (voir Wikipedia pour plus de détails).
-
Comment faire en sorte que la poche de fronde lâche le projectile dans la bonne
direction, c’est-à-dire vers l’ennemi, et non pas au-dessus des servants ou vers
l’arrière ? Voici quelques éléments de réponse succincts à ce problème (issus de
l’encyclopédie libre en ligne Wikipedia), ayant trait au mouvement de la fronde :
Mouvement de la fronde et libération du boulet (cf. Wikipedia):
Se reporter à la figure ci-après.
Après avoir été libérée, la verge, sous l’action du contrepoids, se redresse pour prendre la
position verticale, qui est la position d’équilibre mécanique du système. Au cours de ce
mouvement de rotation de la verge, le projectile contenu dans la poche de fronde, décrit la
courbe ABC. A un moment précis la fronde est parfaitement alignée avec la verge : la fronde est
perpendiculaire à l’arc de cercle parcouru par la verge. On démontre (voir mes calculs plus
loin), qu’à ce moment précis la vitesse de jet du boulet est maximale. Sous l’effet de la force
centrifuge, proportionnelle à la longueur totale de la verge et de la fronde, le projectile
s’échappera avec une vitesse élevée.
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Le point de l’arc de cercle où l’alignement verge-fronde sera obtenu est d’autant plus bas
(atteint plus tôt) que la longueur de la fronde est petite : en effet, dans ce cas, la fronde effectue
une rotation autour de son point d’attache plus rapide que celle de la verge, donc elle atteindre
le point de prolongement plus tôt que si elle est plus longue. Dans ce cas d’une fronde trop
courte, le boulet va donc s’échapper vers l’arrière, ce qui n’est pas vraiment ce qui est
recherché !
Le boulet doit partir vers l’avant lorsque l’alignement de la fronde et de la verge est obtenu
quand elles sont en position verticale. Pour obtenir ce résultat, il fallait donc calculer une
longueur suffisante de la fronde.
Malheureusement, la chose est un peu plus compliquée encore : dans cette position verticale,
l’orientation de la poche de fronde est tournée vers le haut, ce qui fait que, dans ce cas, le
boulet part non pas à l’horizontale mais à la verticale, montant puis retombant sur la tête des
servants ! Il fallait donc trouver un moyen pour imprimer à la poche de fronde un mouvement tel
que le projectile parte horizontalement vers l’avant.
Ce changement d’orientation de la poche de fronde était déclenché par une secousse
provoquée grâce à un sous-tendeur P (voir figure).
Lorsque le projectile est lâché au moment où le sous-tendeur se tend et arrête brusquement la
rotation de la fronde, il prend une trajectoire parabolique C’E. Or cet arc de parabole est moins
prononcé, donc proche d’une horizontale, lorsque le sous-tendeur, fixé en R à la verge, est fixé
sur la fronde en P’ le plus près possible du point d’attache de la fronde sur la verge. Ainsi, pour
assurer un tir horizontal vers l’avant, on a intérêt à raidir le sous-tendeur et à l’attacher sur la
fronde au plus près de son point d’attache à la verge ; une fixation trop proche de la poche
conduirait à obtenir un tir avant que l’on ait atteint la position verticale, et donc dirigé plutôt vers
l’arrière.
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dessin d’après Wikipedia
Avant de commencer : rappel des principes de la Dynamique du Solide !
La dynamique du mangonneau et du trébuchet offre un problème assez complet de dynamique
du solide, qui nécessite d’ailleurs de s’approprier la modélisation du pendule double (voir plus
loin). C’est donc une excellente occasion de faire quelques révisions des principes et
théorèmes de la mécanique du solide, ce qui est toujours un plaisir renouvelé !
Pour simplifier l’écriture dans le texte, les grandeurs vectorielles seront écrites en gras. Dans
les formules, elles seront écrites normalement (avec des flèches).
Champ de vitesse d’un solide (équiprojectivité) :
Soit un solide (S) et deux points M et M’ qui lui sont solidaires (voir figure ci-après). Connaissant
la vitesse de l’un d’entre eux, disons V(M) de M, on veut savoir quelle est la vitesse V(M’) de M’.
Par définition d’un solide, la distance de deux points M et M’ est constante lors du mouvement
du solide puisque un solide est indéformable. On a donc :
à
à
à
Il existe donc un vecteur W tel que :
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puisque, en effet, u.(v Ù u) = 0. Or : MM’ = OM’ – OM, et d/dt (MM’) = d/dt OM’ – d/dt OM =
V(M’) – V(M), d’où la relation fondamentale :
(1)
La relation (1) définit la propriété d’équiprojectivité : la projection des vecteurs vitesse V(M’) et
V(M) sur le vecteur W a même valeur :
Quantité de mouvement en un point M du solide (S) et moment cinétique par
rapport à un point A du point M dans le repère (R) :
La quantité de mouvement du point M est la quantité vectorielle :
où m est la masse en M et V(M) sa vitesse.
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Le moment cinétique en A du point M, dans le repère (R), est la quantité vectorielle :
On définit la quantité d’accélération de M par la grandeur vectorielle :
où G(M) = dV(M)/dt est l’accélération en M dans le repère (R).
Le moment dynamique par rapport au point A de la quantité d’accélération de M est la quantité
vectorielle :
Si le solide est un milieu continu de masse volumique r(M) variable d’un point à l’autre, les
quantités précédentes pour l’ensemble du solide sont données par les intégrales de volume :
Quantité de mouvement :
Quantité d’accélération :
Moment cinétique du solide en A :
Moment dynamique du solide en A :
dv (M) étant le volume élémentaire au point M et vaut dv = dxdydz, les coordonnées x, y, z du
point M n’étant pas indépendantes puisque le solide a une forme et un volume finis.
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Si les moments cinétique et dynamique sont ramenés à un point B différent de A, on a les
relations de passage :
On le démontre aisément en décomposant AM = AB + BM. Ces relations de passage restent
valable pour l’ensemble du solide, en remplaçant M par (S).
La donnée des grandeurs vectorielles ci-dessus définit deux torseurs, pour lesquels les
réductions sont calculées en un point A :
-
le torseur cinétique, de résultante la quantité de mouvement P et de moment le
moment cinétique en A, sA :
-
le torseur dynamique, de résultante la quantité d’accélération (ou résultante
dynamique) D et de moment le moment dynamique en A, dA :
Relation entre le torseur cinétique et le torseur dynamique :
Les éléments de réduction en A du torseur dynamique se déduisent des éléments de réduction
du torseur cinétique en A par les relations :
(2a)
(2b)
Remarque importante : dans la relation (2b) l’égalité du moment dynamique et de la dérivée par
rapport au temps du moment cinétique n’arrive que pour les cas particuliers suivants !
-
si A est un point fixe O, alors : dO (S) = dsO (S)/dt (évident car V(A) = 0)
si A se confond avec le centre d’inertie G du solide, alors : dG (S) = dsG (S)/dt. Cette
dernière conclusion résulte immédiatement des propriétés du centre d’inertie G :
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Démontrons l’égalité (2b) :
,
or on a :
Et d’autre part, on a :
Il vient donc :
Le premier terme n’est autre que dsA(S)/dt, le deuxième est identiquement nul par propriété du
produit vectoriel, le troisième est égal à la quantité V(A) Ù P(S). D’où le résultat.
Principe fondamental de la dynamique pour un solide :
Le solide est supposé soumis à des efforts extérieurs représentés, dans un référentiel donné,
par le torseur des efforts extérieurs dont les réductions en un point quelconque A sont :
-
la résultante des forces extérieures F(S)
-
le moment des efforts extérieurs MA (S) = AG Ù F(G), où G est le centre d’inertie.
Énoncé du principe fondamental de la dynamique (PFD) :
Il existe un référentiel galiléen (R) où les réductions en un point quelconque A du torseur des
efforts extérieurs à (S), sont égales à celles du torseur dynamique :
Résultante des efforts =
= résultante dynamique (3a)
Moment des efforts =
= moment
dynamique (3b)
Conséquence calculatoire : pour déterminer les équations du mouvement d’un solide (S), il faut
donc choisir un référentiel galiléen (R) dans lequel on écrit les éléments de réduction du torseur
dynamique. Toujours dans (R) on fait, par ailleurs, le bilan des efforts extérieurs pour obtenir les
éléments de réduction du torseur des efforts que l’on égalise au torseur dynamique par
application du PFD. Le calcul du moment dynamique dans (R) nécessite souvent l’emploi de
l’équation (2b) dans laquelle le moment cinétique est exprimé à l’aide des composantes du
moment d’inertie et des relations de passage afférentes, comme on va le voir plus loin.
Lorsque l’on veut calculer les quantités vectorielles, quelles qu’elles soient, dans un repère (R’)
mobile par rapport à un repère galiléen (R), on doit utiliser la formule de la base mobile donnée
ci-après.
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Formule de la base mobile :
La formule de la base mobile résulte du fait que la base (i, j, k) reste orthonormée lorsqu’elle se
déplace sous l’effet d’une rotation d’angle instantané W pour donner la nouvelle base (i’, j’, k’).
En effet :
i² = j² = k² = 1 ® i.di/dt = j.dj/dt = k.dk/dt = 0
il existe donc des nombres scalaires g, d, s, a, b, x tels que :
di/dt = gj + dk ; dj/dt = si + ak ; dk/dt = bi + xj.
les vecteurs de base étant orthogonaux i.j = 0, i.k = 0, j.k = 0, on en déduit les relations entre
composantes : x = -a, b = -d, g= -s.
Introduisant le vecteur rotation instantané de composantes dans (R) :
on obtient les relations de Poisson :
(4)
On montre alors facilement que si (R’) se déduit du repère (R) par une rotation de vitesse
angulaire instantanée W (R/R’), alors pour tout vecteur U, son taux de variation dans le repère
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(R’) se déduit du taux de variation dans (R) par :
(5)
Preuve :
La formule (5) s’applique par exemple lorsqu’on veut calculer la vitesse ou l’accélération d’un
mobile dans un référentiel tournant (comme un manège) lorsqu’on connaît sa vitesse ou son
accélération dans le référentiel qui lui est attaché.
Moment d’inertie du solide par rapport à un point, et expression du moment
cinétique avec lui :
On appelle moment d’inertie du solide (S) par rapport à un point O quelconque l’application
linéaire symétrique, représentée par une matrice 3x3 symétrique, qui à un vecteur W (le vecteur
rotation instantanée) fait correspondre le vecteur [J O (S)]W tel que :
(6)
On démontre alors facilement que les composantes de la matrice moment d’inertie sont
données comme suit :
(6bis)
avec:
(6ter)
On démontre le théorème d’Huygens :
le moment d’inertie par rapport à un point A quelconque est obtenu à partir du moment d’inertie
par rapport au centre d’inertie G du solide par la relation de passage :
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(7)
où m est la masse totale du solide.
Attention ! on voit trop souvent le moment d’inertie introduit directement par la relation du
moment cinétique :
Cette relation n’est vraie que pour certains cas particuliers (quoique fréquents) car en général le
moment cinétique en un point quelconque A est égal à :
à cause de la
relation (1).
Comme on a :
,
par définition du centre d’inertie G, l’expression ci-dessus devient, compte tenu de la définition
du moment d’inertie en A :
(8)
Le second terme de (8) disparaît seulement pour les deux cas suivants :
-
A = G (moment cinétique par rapport au centre d’inertie G) : sG (S) = [JG (S)] W (S)
-
A = O (point fixe) : sO (S) = [JO (S)] W (S)
La relation (8) s’écrit aussi :
(8bis)
Expression du moment dynamique à l’aide du moment d’inertie :
Des relations (2b) et (8) on déduit :
Or :
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Mais :
D’où finalement :
(9)
Il est utile d’abord de comprendre le fonctionnement du pendule double
Le pendule double est constitué de deux bras rigides rectilignes OA et AB. Le bras OA est fixé
en O qui est un point fixe, mais peut se déplacer uniquement dans le plan Oxy. Le bras AB est
articulé en A au bras OA et peut également uniquement se déplacer dans le plan Oxy. Les
repères sont indiqués comme sur la figure suivante, les vecteurs orthonormés u et v sont
rattachés au repère lié à OA, et les vecteurs orthonormés u’ et v’ sont rattachés au repère lié à
AB. Le repère galiléen est (Oxy) avec sa base orthonormée i et j. Le vecteur unitaire u est porté
sur OA, tandis que u’ est porté sur AB. Les angles que font OA et AB avec la verticale Ox sont
respectivement a et b. Les bras OA et AB ont même longueur 2L et même masse m (pour
simplifier un peu les calculs, qui sont déjà gratinés !). Leurs centres d’inertie sont
respectivement G1 et G2.
Pour établir les équations de la dynamique, il est commode d’écrire dans le repère galiléen les
moments par rapport aux points fixes relatifs aux repères liés aux bras et au repère galiléen. Or,
dans le repère galiléen le point fixe est O, et dans le repère lié à AB le point fixe est A
(attention ! il ne l’est pas dans le repère galiléen Oxy). L’application du PFD dans le repère
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galiléen fournira alors les équations différentielles sur les positions angulaires a et b.
On détermine alors les torseurs des efforts dans le repère galiléen, dont les éléments de
réduction sont ramenés aux points fixes O et A, sachant que les seules forces extérieures sont
les poids de chaque branche :
-
moment des efforts par rapport au point A considéré fixe dans le repère lié à la
branche AB:
(10)
-
moment des efforts par rapport au point O, fixe dans le repère galiléen Oxy, de
l’ensemble des deux branches (OA)U(AB) :
(11)
Développement des moments des efforts (10) et (11) :
Développement de (10) :
Les vecteurs de base du repère lié à AB sont :
Le centre d’inertie de AB est donné dans ce repère par :
Le moment des efforts devient donc :
Soit:
(10bis)
où le vecteur unitaire k complète dans l’espace R3 le repère galiléen et est orthogonal en O aux
vecteurs de base du plan Oxy avec qui il forme une base orientée dans le sens direct.
Développement de (11) :
Les vecteurs de base du repère lié à OA sont :
Centres d’inertie :
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(11) devient alors :
(11bis)
D’après le PFD, dans le repère galiléen, les moments (10bis) et (11bis) sont respectivement
égaux aux moments dynamiques de AB par rapport à A et de OAB par rapport à O. Il nous faut
donc connaître ces moments dynamiques.
Moment dynamique en A de AB dans le repère galiléen:
Dans le repère lié à AB, le point A est un point fixe, par contre il ne l’est pas dans le repère
galiléen. Pour calculer dans ce dernier le moment cinétique de AB en A il faut donc utiliser (8) :
où
est le module du vecteur vitesse instantanée de rotation de AB autour de l’axe Ak
passant par l’articulation A. Le moment dynamique est alors donné par (2b) :
Explicitons chaque terme :
Vitesse du centre d’inertie G2 de (AB) dans le référentiel lié (Au’v’) :
Vitesse de A dans le référentiel galiléen :
Terme :
Terme :
Moment d’inertie en A de AB : dm = rdr avec dr élément de longueur de la tige et r² = x² + y²,
d’où
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D’où le moment cinétique en A de (AB) dans le référentiel galiléen :
(12)
Dérivée par rapport au temps du moment cinétique :
Moment dynamique :
(13)
Application du PFD pour AB dans le référentiel galiléen :
Par application du PFD, l’égalité de (13) et de (10bis) donne comme première équation du
mouvement :
(14)
Moment dynamique en O de OAB dans le repère galiléen :
Le moment cinétique du solide composé OAB est la somme des moments cinétiques de ses
composants mobiles, c’est-à-dire de la branche OA et de la branche AB :
Calcul du moment cinétique en O de OA : le point O étant fixe, la relation (8) donne
, où
est le module du vecteur vitesse angulaire instantanée de
OA autour de l’axe Ok.
Calcul du moment cinétique en O de AB : comme O n’appartient pas à (AB), le moment
cinétique en O de AB est la somme du moment cinétique de AB par rapport à son centre
d’inertie G2 et du moment cinétique de celui-ci par rapport à O, ce qu’exprime la relation (8bis).
Le moment cinétique de AB par rapport à G 2 fait intervenir le moment d’inertie [J G2 (AB)] =
1/3.mL² :
Or :
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D’où le moment cinétique en O de (OAB) :
(15)
Le point O étant fixe, le moment dynamique de (OAB) en O s’obtient, à partir de (2b), en
dérivant (15) par rapport au temps :
(16)
Application du PFD à OAB dans le référentiel galiléen :
Par application du PFD, l’égalité de (16) avec (11bis) fournit une deuxième équation du
mouvement :
Pour faire apparaître une symétrie du même type que celle de (14), on exprime
terme de l’expression ci-dessus en fonction de (14). On obtient en définitive :
du deuxième
(17)
qui fait bien jouer à a et b des rôles symétriques par rapport à l’équation (14).
Les équations (14) et (17) sont les équations du mouvement du pendule double composé de
deux branches articulées identiques. Non linéaires, elles ne sont pas facilement intégrables.
Elles présentent des termes de couplage entre l’évolution de l’angle a et celle de l’angle b.
Le mangonneau en tant que pendule à contrepoids fixe
Modèle du mangonneau sans la fronde :
La figure ci-après donne les repères et les paramètres pour la modélisation simplifiée du
mangonneau sans sa fronde :
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L’appareil est assimilé à une tige AOB pouvant pivoter en O dans le plan Oxy. Cette tige est
terminée en B par une masse supposée ponctuelle M et le tronçon AO est assimilé à une barre
homogène de longueur L et de masse m. Le tronçon OB de longueur l est supposé de masse
négligeable. La position initiale est celle représentée sur le dessin : A est maintenu près du sol
(par des cordes non représentées) de telle sorte que le contrepoids B est en position haute.
Nous allons voir que, lorsque A est lâché, le contrepoids B bascule vers le sol moyennant une
certaine condition sur la position du centre d’inertie.
La position de G est donnée par :
avec:
et :
d’où :
Comme
, on a en définitive :
(18)
Remarque : suivant les valeurs des masses et des longueurs, le centre d’inertie peut se trouver
ou non en position instable. Ce qui est recherché est l’obtention d’une position instable au
©Frédéric Élie, août 2007 - http://fred.elie.free.fr - page 19/35
commencement afin que le mouvement spontané du contrepoids soit une recherche d’équilibre
au plus près du sol (minimisation de l’énergie potentielle). Si l’altitude de G est inférieure à celle
de l’axe O, l’ensemble est dans une position proche de la stabilité : G va spontanément se
positionner sur l’axe O’Oy et A, au lieu de s’élever, va encore plus s’abaisser. En revanche, si
l’altitude de G est plus grande que celle de O, donc si G se trouve dans le quart supérieur droit
yOx (ses coordonnées sont toutes deux positives dans le repère Oij ), alors l’ensemble est
instable et pour que G se ramène spontanément sur la verticale O’Oy, le contrepoids B va se
diriger vers le sol et A va s’élever. La condition d’instabilité se traduit donc par :
(18bis)
Puisque la longueur L = OA de la verge doit être suffisamment grande pour imprimer à A une
vitesse élevée, la condition (18 bis) montre que B doit avoir une masse très grande devant celle
m de OA.
Les équations du mouvement qui vont suivre vont confirmer cela.
Pour déterminer la vitesse maximale de jet en A, on a besoin d’exprimer la vitesse angulaire
da/dt en fonction de la position angulaire a. Pour cela on utilise le théorème de l’énergie
mécanique :
-
énergie potentielle de G par rapport à O :
puisque g = -gj
-
énergie cinétique :
puisque O est un point fixe
Dans les expressions de la matrice d’inertie (6) et (6ter), compte tenu des symétries le seul
terme non nul de cette matrice est :
Il s’ensuit que l’énergie mécanique totale est :
La constante (énergie) est déterminée par les conditions initiales : a = a0 et Ec = 0, donc :
Constante =
La vitesse angulaire est donc reliée à la position angulaire par :
(19)
©Frédéric Élie, août 2007 - http://fred.elie.free.fr - page 20/35
Remarque : si l’on veut tenir compte de la forme du contrepoids (huche) il suffit de remplacer
dans les équations le moment d’inertie Ml² par son moment d’inertie réel J’O.
L’équation du mouvement est obtenue en dérivant (19), on trouve :
(20)
Si on choisit comme position initiale a0 Î [0, p/2] (altitude de A inférieure à l’altitude de O), pour
que B puisse basculer vers le sol, donc si on a a > a0 , la relation (19) n’est possible que si Ml >
mL, comme déjà dit dans la remarque plus haut.
Pour de faibles écarts angulaires par rapport à la verticale, avec B vers le bas, l’équation (20)
devient celle du pendule composé :
En effet, dans ce cas, a est proche de p, a = e + p avec e petit, on a sin a = -sin e » -e, donc
de solution, compte tenu des conditions initiales : a(t) = p + e0 cos Wt.
Revenons au cas général (19) et cherchons pour quels angles le système trouve une
configuration de stabilité.
Il y a équilibre si :
®
® a = 0 (B en haut) ou a = p (B en bas)
Cet équilibre est stable si :
®
® Ml > mL pour a = p, ou bien Ml < mL pour a = 0.
Ce qui est recherché ici est que la position d’arrivée de B soit stable pour B en bas c’est-à-dire
a = p, on doit donc avoir la condition (18bis) : contrepoids B très lourd avec petit bras de levier
OB = l.
Détermination de la vitesse angulaire maximale :
La vitesse angulaire est maximale si sa dérivée par rapport au temps est nulle, donc, d’après
(20) si :
ce qui n’arrive que pour a = 0 ou bien p. Compte tenu des conditions initiales choisies et de la
condition (18 bis), seule convient :
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am = p (la vitesse maximale est atteinte lorsque A est à l’apogée : O’OA vertical)
Pour cette position, la relation (19) donne la valeur de la vitesse maximale angulaire :
(21)
La vitesse de jet du projectile en A est donc :
En introduisant les paramètres de forme et de masse :
la vitesse initiale de jet du projectile se réécrit :
(22)
La vitesse maximale de A dépend de la position angulaire initiale a0, ce qui est normal puisque
si A n’est pas suffisamment abaissé au départ il prendra une accélération plus faible. La valeur
maximale de v0 est obtenue, d’après (22), pour cos a0 = 1 donc pour a0 = 0, c’est à dire A le
plus proche du sol possible, qui est la position initiale la plus instable.
Mais la vitesse de jet en A est aussi maximale, à L fixée, pour :
Comme m = m/M <<1 on doit avoir l <<1 c’est-à-dire :
Autrement dit le bras de levier OA doit être très grand devant celui OB : c’est pourquoi le
contrepoids B devra être placé au plus près de l’axe de rotation O.
Connaissant la vitesse et la position initiales du projectile, il est possible d’en calculer la portée.
Au moment du tir, la position du projectile est donnée par son altitude et son abscisse dans le
repère O’xy.
Sachant que l’axe de rotation O est à une distance OO’ = H du sol et que, au moment du tir, le
projectile en A est sur l’axe vertical O’OA et à une distance L de O, son altitude initiale est H + L.
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Le vecteur vitesse initiale est considéré horizontal (angle de tir nul).
L’équation de la trajectoire du boulet est donc un arc de parabole d’équation (voir l’article
« balistique extérieure » pour s’en convaincre) :
La portée est donnée par y = 0 (le boulet rencontre le sol supposé horizontal), soit avec les
paramètres :
(23)
Les conditions précédentes étant adoptées (conditions initiales, rapports de forme et de
masse), la portée est maximale lorsque H est grande, c’est-à-dire lorsque l’axe de rotation est
haut au-dessus du sol.
(les dimensions ne sont pas à l’échelle)
Modèle du mangonneau avec la fronde :
Qu’apporte l’emploi d’une fronde F, de masse m’, reliée à A par une corde de masse
négligeable et de longueur R ?
Cela améliore-t-il la portée par rapport à la situation précédente où le projectile est directement
lancé depuis A ? et si oui, de quel rapport ?
Hypothèses adoptées :
-
1/ la corde AF est suffisamment longue pour que, à l’instant initial où la tige AOB est
libérée, lorsque a = a0 et A au plus près du sol, la fronde F repose sur le sol. Lorsque la
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verge AOB se met en rotation autour de O, la fronde glisse sur le sol avec une vitesse
V(F) , puis quitte le sol pour un angle a = a’. Il s’ensuit que la vitesse de glissement de F
au sol est supposée égale au module de la vitesse de A : V(F) = V(A) tant que a’ n’est
pas atteint.
-
2/ au moment du « décollage » de la fronde pour a = a’ et lors de sa course
entraînée par la verge AOB, on suppose la corde AF toujours tendue. Cela suppose que
la force centrifuge de la fronde F soit suffisante pour contrebalancer la tension de la
corde T.
D’après l’hypothèse (1) :
-
il faut :
(24)
-
comme V(F) = V(A) tant que a < a’, on a :
vitesse de glissement au sol de la fronde :
(25)
Angle de la tige lorsque la fronde décolle du sol : on voit immédiatement sur la figure que
(26)
avec la contrainte (24).
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Équations du mouvement du mangonneau avec fronde :
Établissons l’équation du mouvement de la fronde dans le repère galiléen Oijk :
Reportons-nous à la figure ci-dessous pour les notations géométriques, et appliquons le PFD
pour le torseur des efforts extérieurs exercés sur le centre d’inertie G’ = F de cette fronde :
Le centre d’inertie G’ de la fronde est supposé confondu avec F, de masse m’. Les efforts
extérieurs sur G’ = F sont représentés par son poids m’ g et la tension de la corde AF : T = -T u’
(attention au choix d’orientation des vecteurs de base liés à BOA et AF cette fois, ainsi qu’à
l’orientation des angles !), et par le moment de ces forces par rapport au point d’attache A
autour duquel la fronde tourne lorsque la tige BOA bascule. En écrivant l’égalité du moment des
efforts avec le moment dynamique dans le repère Oxyz, on obtiendra l’équation du mouvement
sur l’angle q.
Remarque préliminaire : attention aux orientations des axes et des angles dans le cas de la
figure ci-dessus!
En effet, pour les vecteurs de base u’ et v’ : u’ = -sinqi - cosqj ; v’ = du’/dq = -cosqi + sinqj ;
dv’/q = sinqi + cosqj = -u’ ;
u = -sina i - cosa j ; du/da = -cosa i + sina j = v ; dv/da = sina i + cosa j = -u.
OA = Lu ; AG’ = AF = Ru’ ; tension de la corde : T = -Tu’, son moment par rapport à A est donc
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nul : AFÙT = 0.
Il s’ensuit que le moment des efforts extérieurs en A, dans le repère galiléen Oxyz, se réduit à
celui du poids de la fronde :
Donc :
(27)
Calcul du moment cinétique, qui permettra ensuite de déduire le moment dynamique :
La relation (8) donne ici :
(le signe ‘’-‘’ devant le second terme vient de ce que q est
compté dans le sens inverse du sens trigonométrique)
Avec F = G’ et JA(AF) qui se réduit à m’R², et compte tenu de ce que :
le développement du moment cinétique donne :
avec la remarque préliminaire sur les vecteurs de base, on obtient finalement :
(28)
Par application de (2b), nous obtenons le moment dynamique :
Et avec la dérivée de (28), on obtient finalement :
(29)
Du PFD, dA (AF) = MA (AF), compte tenu de (27) et (29) on tire l’équation de mouvement :
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(30)
Remarque : si A est fixe (a constante) ou bien pour L = 0, l’équation (30) se réduit à celle du
pendule simple AF, ce qui est cohérent :
A elle seule l’équation (30) ne fournit pas complètement l’équation du mouvement de
l’ensemble du mangonneau. Pour fermer le problème il nous faut une seconde équation du
mouvement. Or l’ensemble constitué de la verge BOA et de la fronde AF peut être assimilé à un
pendule double pivotant autour du point fixe O, dans la mesure où l’hypothèse (2) ci-dessus est
adoptée (corde tendue). Nous procédons alors comme pour le problème du pendule double vu
précédemment en appliquant le PFD à l’ensemble BOAF par rapport au point O :
Il nous faut donc connaître les moments des efforts et calculer les moments dynamiques à partir
des moments cinétiques au même point O :
Moments cinétiques :
-
moment cinétique en O du solide (OAB, mangonneau sans fronde) :
-
moment cinétique en O du solide (AF, fronde) :
sA(AF) est donné par (28), et avec OA = Lu, et :
D’où :
(31)
Remarque : pour da/dt = 0 (BOA fixe), le moment cinétique sO(BOAF) se réduit à :
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-m’R²(dq/dt)k, comme il se doit.
Réécrivons (31) :
(31 bis)
Moment des efforts sur l’ensemble (BOAF) en O :
Le centre d’inertie G du mangonneau sans fronde est donné par (18) :
Centre d’inertie G’ de la fronde :
Le moment des efforts est donc :
(32)
Calcul du moment dynamique à partir de (31bis), puisque O est un point fixe, on a :
Par le PFD, l’égalisation de cette dernière expression avec (32) fournit :
Remarque : pour a = 0, on retrouve bien en F l’équation du pendule simple : R²d²q/dt² + Rgsinq
= 0.
Dans l’équation différentielle ci-dessus on remplace d²q/dt² par (30) :
Ce qui donne la deuxième équation du mouvement :
(33)
à laquelle il faut adjoindre les équations (30) et (19) :
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(30)
(19)
Remarque : (33) se réduit à (19) et (20) pour m’ = 0 comme il se doit.
Conditions de vitesse de jet maximale du projectile :
L’évolution de l’angle de la verge a et celle de l’angle de la fronde q sont couplées par les
équations (30) et (33). Les vitesses angulaires sont déterminées chaque fois que ces angles le
sont, et par conséquent la vitesse de la fronde F. On se demande alors pour quel angle a de la
verge la vitesse V(F) de la fronde est maximale ? Cette vitesse sera la vitesse de jet du
projectile contenu dans le sac de fronde.
Calculons le module de la vitesse V(F) : V(F). Dans le référentiel galiléen Oxyz, le vecteur
vitesse de F est :
Le module est donc donné par :
(34)
Le module est maximal lorsque dV(F)/dt = 0, ce qui, à partir de (34), conduit à la condition :
(35)
Remarque : pour R = 0 (pas de fronde), on retrouve la condition de vitesse maximale d²a/dt² = 0
du mangonneau sans fronde, comme il se doit.
Le but est d’obtenir une condition reliant les vitesses angulaires et les angles, donc où les
accélérations angulaires ont été éliminées. Pour cela, réécrivons les équations du mouvement
(30) et (33) à l’aide des paramètres ci-dessous :
(36)
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En remplaçant d²a/dt² par son expression de la première équation ci-dessus, dans celle de
d²q/dt², on obtient :
(37)
Et en remplaçant ces expressions de d²a/dt² et d²q/dt² dans la condition (35) on obtient une
relation entre (a, da/dt, q, dq/dt) pour avoir une vitesse V(F) maximale. Cette relation est
compliquée et, pour la résoudre, il nous faut adopter des hypothèses réalistes.
On suppose donc, de plus, que la vitesse V(F) est maximale lorsque l’on a simultanément les
vitesses angulaires da/dt et dq/dt maximales. Par conséquent, dans la condition (35) on fait
d²a/dt² = 0 et d²q/dt² = 0, d’où la condition supplémentaire remplaçant (35):
(38)
qui est satisfaite lorsque :
(38a) (coïncidence des vitesses angulaires)
ou lorsque :
a = q (38b) (coïncidence des angles)
Ces deux conditions doivent évidemment rester compatibles avec les relations (37) lorsque
d²a/dt² et d²q/dt² sont rendues nulles :
(37bis)
1/ condition de coïncidence des angles (38b) compte tenu de (37bis) : elle donne sina = 0 et
sinq = 0 donc
(39)
Ainsi, la vitesse de jet est maximale lorsque la fronde est à l’apogée, dans le prolongement de
la verge et du contrepoids. Cette condition est assez conforme à ce qui est observé.
2/ condition de coïncidence des vitesses angulaires (38a) compte tenu de (37bis) : elle donne la
condition sur les angles
(40)
et donc impose comme vitesse angulaire de la fronde AF :
(41) où a et q sont reliés par (40)
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Cette valeur donnée par (41) interdit d’avoir la coïncidence des angles pour laquelle on aurait
une valeur infinie de la vitesse angulaire de la fronde. Elle impose donc que la vitesse maximale
est atteinte non seulement avant l’apogée de la fronde mais encore avec un angle de celle-ci tel
que sin (a - q) > 0. Comme les angles évoluent entre 0 et p, cette condition entraîne :
-
soit que, pour a et q < p/2 : dans ce cas q < a, l’angle de la fronde AF avec la
verticale est plus fermé que l’angle de la tige BOA avec la verticale
-
soit que, pour a et q > p/2 : dans ce cas q > a, l’angle de la fronde AF avec la
verticale est plus ouvert que l’angle de la tige BOA avec la verticale
Par ailleurs, comme sin (a - q) = cosq sina - sinq cosa, la relation (40) sur la position des angles
et la condition sin (a - q) > 0 entraînent la condition sur les données géométriques et de masses
de l’ensemble mangonneau :
B/AL > 1
Explicitant les valeurs de B et A données en (36), cette dernière condition se réécrit :
(41)
que l’on peut encore écrire : m’(R + L) > Ml – mL. On a vu par ailleurs que l’on doit avoir Ml >>
mL. La condition requise est donc d’avoir une longueur de fronde suffisante :
(41 bis)
Remarque : bien que la condition (41 bis) soit facilement satisfaite avec les géométries utilisées
pour la conception des mangonneaux, la condition (40) sur les angles reste tout de même trop
restrictive. La condition de coïncidence des angles (39) pour déterminer la vitesse maximale de
jet reste donc la moins contraignante et physiquement plus acceptable : on s’attend à ce que
lorsque l’énergie potentielle de l’ensemble est rendue minimale (lorsque le contrepoids B est au
plus bas), l’énergie cinétique est maximale, en raison de la conservation de l’énergie
mécanique. Par conséquent, on s’attend à ce que cela se passe aux environs des angles
identiques et proches de p.
Aussi, revenons donc au cas pour lequel on a (39), et déterminons la portée de tir obtenue en
présence de fronde, et comparons-la avec le cas où celle-ci est absente (mangonneau sans
fronde.
Reprenant (37 bis) :
on fait le rapport membre à membre des égalités, d’où :
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Or sina et sinq sont du même ordre et leur rapport tend vers l’unité, on a finalement :
Par conséquent la vitesse de F (34) devient avec ces valeurs :
(42)
Admettant que la fronde ait peu d’influence sur le mouvement de la verge BOA, en première
approximation on peut considérer que la vitesse angulaire de celle-ci, da/dt, reste donnée par
(21) et que l’on a (da/dt)m » v0/L, où v0 est la vitesse de jet pour un mangonneau sans fronde,
donnée par (22).
Il s’ensuit que (42) permet de comparer les vitesses de jet avec fronde V(F) et sans fronde v 0 :
(43)
La portée avec fronde est :
(23) :
et la portée sans fronde est donnée par
.
D’où le résultat final :
La fronde, jointe au mangonneau, a pour effet d’amplifier la vitesse de tir d’un facteur égal à (1
+ AR/B) et la portée d’un facteur:
(44)
Ces gains en vitesse de tir et en portée augmentent avec la longueur de la fronde R. En
utilisant (36), (44) se réécrit :
(44 bis)
Exemple numérique : OB = l = 1m ; L = OA = 11m ; M = 4000 kg ; m’ = 100 kg ; m = 100 kg ; H
= 3m ; R = 10m ; d’où : G = 2,14.
Modèle du trébuchet
Dans le modèle du trébuchet, le segment CB (voir figure ci-après), articulé en C à OC, reste
parallèle à g.
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L’équation (30) reste valable pour AF :
(30)
Mais pour l’ensemble on a besoin du moment des efforts en O (point fixe), et donc d’abord du
moment cinétique de l’ensemble du trébuchet en O :
On a déjà vu que :
Reste à calculer le moment cinétique en O de la partie AOCB, or celui-ci se décompose en :
avec, immédiatement :
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où l’on a posé m’’ masse du tronçon OC. D’où le moment cinétique en O total :
(45)
Le point O étant fixe, on déduit le moment dynamique comme suit :
(46)
Moment en O des efforts externes, ceux-ci se réduisant aux poids :
avec G centre d’inertie de la poutre AOC :
Comme on a : u = -(sina i + cosa j) et u’ = -(sinq i + cosq j), et que OF = OA + AF = Lu + Ru’,
ainsi que OB = OC + CB = -l u –h j, il vient :
(47)
Par application du PFD, en égalisant (46) et (47), et en remplaçant d²q/dt² à l’aide de (30), on
arrive aux équations du mouvement de l’ensemble :
(48)
(30)
La condition de maximalité de V(F) est toujours donnée par (35), ce qui, avec l’hypothèse
comme ci-dessus qu’elle est satisfaite lorsque les accélérations angulaires sont simultanément
nulles, donne la condition (35). Comme dans le cas du mangonneau, on a les deux possibilités :
(38a) (coïncidence des vitesses angulaires)
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a = q (38b) (coïncidence des angles)
Le cas (38b) conduit aux mêmes conclusions que pour le mangonneau.
Pour le cas (38a), l’injection dans (48) et (30) conduit aux conditions sur les angles :
(49)
du même type que (40), et à une vitesse angulaire correspondante de la fronde inchangée par
rapport au cas du mangonneau :
(50) où a et q sont reliés par (49)
Pour cette valeur de la vitesse angulaire de la fronde, la vitesse de jet de cette-ci a pour
module :
D’où :
(51)
où q et a sont reliées par (49).
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