157
Les Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale, 2007, N°75-76, pp. 157-160
Résumé : Le démarrage d’une session de formation constitue générale-
ment un moment crucial dans la conduite d’un groupe et on sait que les
actes d’animation posés à ce moment sont susceptibles d’impacter fortement
la suite des travaux. Du point de vue de l’animatique des groupes, il s’agit
donc d’une question importante qui conditionne notamment le choix des
dispositifs avec lesquels le formateur va commencer son activité. Les sessions
de formations débutent généralement par deux types d’activités : des activités
de présentation des personnes et des activités centrées sur l’échange de repré-
sentations. Plus rarement, on trouve des activités qui combinent ces deux
dimensions. Dans cet article, nous montrons que ces activités reposent sur
des postures de formation. Nous décrivons, modélisons et comparons ces trois
postures pour déboucher sur l’introduction de propositions méthodologiques
centrées sur la troisième.
Mots-clés : animatique, formation, démarrage, exercice structuré.
Le démarrage, moment critique
Plusieurs ouvrages portant sur l’animation et la
formation en groupe insistent sur le fait que le dé-
marrage d’une session de formation constitue un
moment crucial et dont on peut estimer qu’il aura
un impact fort sur la suite du travail mené avec un
groupe.
Ainsi, pour Noyé et Piveteau (2002), le début d’une
session est un moment particulièrement délicat, et
si le démarrage se fait mal, c’est l’ensemble de la
formation qui va en souffrir. Selon Delhez (1999),
les premiers moments sont critiques en un double
sens : ils témoignent d’une crise et ils sont annon-
ciateurs de ce qu’il va se passer par la suite. De
même, Karolewicz (1998), dans son ouvrage consa-
cré à la pédagogie expérientielle, estime que la
prise de contact lors d’une formation constitue un
des moments les plus importants, et ajoute que si le
formateur n’accorde pas de temps à cette phase, il
connaît alors de nombreuses difcultés pour créer
la conance et mobiliser les participants sur une pé-
dagogie par l’action qui nécessite un véritable en-
gagement. L’enjeu pour le formateur est donc de
mettre en place les conditions adéquates pour créer
un climat psychosociologique favorable au bon dé-
marrage de la session (De Ketele, Chastrette, Cros, Mettelin et
Thomas, 1995). À défaut, les auteurs estiment généra-
lement qu’il n’est pas possible d’entamer un travail
formatif en groupe. Ainsi, si la connaissance et la
reconnaissance mutuelles ne sont pas sufsantes, il
est impossible de demander au groupe, par exem-
ple, de se prononcer sur une méthode ou de poser
des choix, l’animateur ne recueillant à ce moment
qu’une collection de choix individuels (Martin et Savary,
1998). En outre, la création d’un climat favorable est
utile pour les individus, d’une part en mettant les
participants à l’aise et en les réconfortant (Milenkowa
et Stojkovski, 2007), d’autre part en facilitant la prise de
risque (Pfeiffer et Jones, 1982). Ceci est d’autant plus cru-
cial que les recherches démontrent qu’une bonne
image de soi et une situation favorable à la prise de
risque sont deux éléments qui favorisent générale-
ment l’apprentissage (Undurraga, 1996).
Pourtant, malgré ces enjeux, la dimension techni-
que et méthodologique du démarrage d’une session,
c’est-à-dire nalement sa dimension animatique au
sens de science de l’animateur (De Visscher, 2001), a été peu
abordée dans la littérature1.
Ainsi, si l’on en croit De Ketele et al. (1995), pour dé-
marrer une session et instaurer un climat propice au
Démarrer une session de formation :
réexions et propositions dans une perspective
d’animatique des groupes
ulx
Unité d’Apprentissage et Formation continue des Adultes, Université de Liège, Liège, Belgique
Unité de Psychologie Sociale des Groupes et des Organisations, Université de Liège, Liège, Belgique
Pour toute correspondance relative à cet article, s’adresser à Daniel Faulx, Unité d’Apprentissage et Formation continue des Adultes, Département
Éducation et Formation, Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Éducation, Université de Liège, Boulevard du Rectorat 5, B32, 4000 Liège
Belgique ou par courriel <Daniel.Faulx@ulg.ac.be>.