DOSSIER SPECTACLE
J’avais un beau
ballon rouge
[EN PARTENARIAT AVEC L’ARC-SCÈNE NATIONALE LE CREUSOT]
ESPACE DES ARTS, SCÈNE NATIONALE - DIRECTION PHILIPPE BUQUET
 bis, avenue Nicéphore Niépce – BP  -  Chalon-sur-Saône Cedex - Tél :      – www.espace-des-arts.com
© MICHEL DIDYM
Avril 2015
Samedi  à h
> durée : 1h25
> lieu : L’arc - Scène nationale Le Creusot
> tarifs : 6 à 23 ¤
THÉÂTRE
Renseignements et réservations
Tél:  
billetterie@espace-des-arts.com - www.espace-des-arts.com
Texte Angela Dematté
Adaptation et mise en scène Michel Didym
> Renseignements et réservations auprès de la billetterie de l’Espace des Arts.
> Coût du trasport :  € par personne
L’ESPACE DES ARTS
VOUS EMMÈNE EN BUS
AU CREUSOT !
Javais un beau ballon rouge
Texte Angela Dematté
Adaptation et mise en scène Michel Didym
Traduction Caroline Michel et Julie Quenehen
Avec Romane Bohringer, Richard Bohringer
Scénographie Jacques Gabel
Lumières Paul Beaureilles
Musique Vassia Zagar
Vidéo Tommy Laszlo et Julien Goetz
Costumes Danik Hernandez
Assistante à la mise en scène Sophie Hébrard
Construction du décor Atelier du Théâtre de la Manufacture
Production Théâtre de la Manufacture, Centre dramatique national Nancy-Lorraine
Coproduction Le Volcan, Scène nationale Le Havre / Théâtre Anne de Bretagne de Vannes
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Synopsis
Depuis son enfance jusqu’à sa mort, c’est la trajectoire fulgurante de la vie de Margherita Cagol, alias Mara,
épouse de Renato Curcio, fondateur et idéologue des Brigades Rouges, que reparcourt l’auteure. Marghe-
rita est une enfant qui grandit et développe sa conscience politique pendant ses études à la faculté de so-
ciologie de Trente, où elle rencontre Renato Curcio. Le couple part à Milan, fonde la lutte armée, effectue
les premiers enlèvements, mais, le 6 juin 1975, Mara est tuée au cours d’un affrontement avec les forces de
l’ordre. Dans la pièce d’Angela Dematté, l’interlocuteur omniprésent de Margherita est son père. À partir
de leurs échanges, deux visions du monde entrent en collision : le bon sens commun, « petit bourgeois »,
du père et la vision idéologique, intransigeante, de Mara. Pour évoquer la vie et la mort de Mara Cagol, An-
gela Dematté s’appuie, en outre, sur des lettres de Mara à sa mère, des communiqués (successifs) des Bri-
gades Rouges, des extraits de journaux, photographiant ainsi un moment particulier de l’histoire italienne :
la naissance des Brigades Rouges, le passage à la lutte armée jusqu’à la disparition tragique de Mara. Lau-
teure oppose le quotidien à l’exceptionnel car elle choisit – et c’est là le plus intéressant – le point de vue
de l’intime : au centre, la relation entre le Père et la Fille, dans laquelle la raison « concrète » du père, celle
des affects, particulièrement touchante, déteint sur les raisons quelque peu abstraites et suicidaires de
Mara. À travers leurs dialogues, Angela Dematté raconte non seulement l’histoire d’une des fondatrices des
Brigades Rouges mais elle explore également le rapport concret entre un père et sa fille, fait de silences, de
non-dits et d’incompréhensions. Pour cela, elle a recours au dialecte de Trente, froid et poignant à la fois,
jusqu’au moment de la rupture finale entre Margherita et son père, marquée par un retour à l’italien ex-
primant l’aberration du langage idéologique. La pièce est un témoignage fidèle de cette période de l’his-
toire : outre sa valeur documentaire certaine, elle laisse la parole aux « communiqués » de Mara et de son
groupe, thématisant ainsi leur aveuglement et leur isolement, face à l’incompréhension de ce Père qui ne
lâche jamais prise dans sa tentative, sans cesse itérée, de ramener sa fille aux raisons de la vie et de sa pro-
pre humanité.
J’avais un beau ballon rouge (Avevo un bel pallone rosso), pièce inédite (en français) de la jeune dramaturge ita-
lienne Angela Dematté, est une fiction qui repose sur le socle d’une lourde réalité. Obéissant à des conven-
tions théâtrales non réalistes (déroulement chronologique fragmenté, décor non illusionniste, etc.), ce
texte a plus que des accents de véri. Tout en exposant, de manière humaine et tendre, les rapports intimes
de deux personnages rattachés par les liens du sang (un père et sa fille), il convoque sur scène un moment
particulièrement grave de l’histoire récente, lorsque, dans les années dites « de plomb », le combat politique
d’extrême-gauche a soudainement viré, en Italie, à lextrémisme de la lutte armée. La fille dont il est ques-
tion nest autre que Margherita Cagol, la compagne de Renato Curcio, fondateur du mouvement Brigades
Rouges dont la pièce, par un enchaînement de scènes qui s’étalent sur une décennie (de 1965 à 1975), relate
indirectement la naissance et la montée en puissance. Dans le double espace d’une cuisine et d’une cham-
bre, on assiste à la transformation de la relation père-fille et, surtout, à la maturation physique et intel-
lectuelle de Margherita, personnage que travaille, dès l’enfance, le sentiment de l’injustice. Adolescente
studieuse, brillante étudiante, titulaire d’un doctorat en sociologie, elle en arrive, sous l’influence de son
compagnon Renato, à la solution d’un engagement politique radical. Terrain sur lequel son père, repré-
sentant d’une génération respectueuse des valeurs traditionnelles et de l’autorité cléricale, a bien du mal
à la suivre, malgré l’évidence d’une ascension sociale qui lui échappe et l’admiration qu’il porte à sa fille.
La petite histoire familiale s’apprête, ainsi, à faire les frais de la grande Histoire l’Histoire avec sa grande
hache », comme dit Georges Perec...). Le dialogue père-fille glisse progressivement dans la langue de bois
Javais un beau ballon rouge Angela Dematté - Michel Didym
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de la propagande, et la relation filiale se laisse broyer dans l’engrenage du terrorisme émergeant. Autrement
dit, le public contemporain auquel la pièce s’adresse (et dont une partie se souvient avoir vécu ce dont on
lui parle, tandis que l’autre découvre sans doute ces événements...) assiste à ce moment de bascule histo-
rique à travers le regard et les points de vue de deux personnages engagés dans une relation qui, de proche
et sereine (au début de la pièce) devient de plus en plus distante et problématique, pour finir de manière
irrémédiable. Car ce drame psychologique et familial est aussi une véritable tragédie, dans la mesure où la
pièce s’achève, en 1975, conformément à la vérité historique, avec la mort de Margherita, tombée sous les
balles des carabiniers.... Le père perd sa fille en même temps que la gauche européenne perd ses illusions.
Le terrorisme armé, tel qu’il s’est développé alors en Italie et en Allemagne, peut être considéré comme
une tentative ultime et désespérée de résoudre l’injustice sociale qui bouleversait, dans la scène d’exposi-
tion, la petite Margherita. Du fait de sa violence inadmissible et de son échec impitoyable, il coïncide, plus
d’une décennie avant l’effondrement du régime soviétique, avec la fin des utopies progressistes et le re-
noncement généralisé aux « idéologies ». Pour Michel Didym, le choix de Richard et Romane Bohringer
comme interprètes des deux personnages, ressortissait à une évidence. Encore fallait-il avoir, à portée de
main, ces deux monstres-sacrés, et avoir connaissance du fait que, nayant jamais encore partagé ensem-
ble la scène d’un théâtre, le désir de jouer ensemble les travaillait sourdement, au point qu’un projet de cette
nature nobtiendrait pas seulement leur consentement, mais répondrait à leur vœu le plus cher. Outre les
qualités intrinsèques d’un texte juste, c’est le miracle de cette distribution idéale (un père et une fille au
théâtre comme à la ville) qui enflamme lenthousiasme des spectateurs, et ce jeu de la vérité et du théâtre
qui saute aux yeux et aux oreilles, dès le début de la pièce, lorsque Romane Bohringer lance le premier mot
de la pièce, celui de la petite Mara : « Papa ! ».
Olivier Goetz
Entretien avec Michel Didym
Comment sest faite la rencontre entre la pièce et les deux interprètes, Richard et Romane Bohringer ?
C’est dans le cadre du Festival Ring de la Manufacture de Nancy, dans un partenariat de Face à face, qui dif-
fusait des écritures contemporaines italiennes en France et desécritures françaises en Italie, que j’ai dé-
couvert ce texte d’Angela Dematté. Il émergeait, il ma frappé par ses qualités dramaturgiques, historiques.
Son actualité. J’étais bouleversé par cette pièce, émotionnellement et politiquement, et il fallait que je
trouve des acteurs à la dimension de cette dramaturgie. Il ma un jour semblé évident, pour une lecture
spectacle, que Romane et Richard Bohringer pouvaient s’emparer de la pièce. Pour des raisons humaines
et artistiques... On a fait un essai, ils ont été exceptionnels ! On a aussitôt décidé dentamer une procédure
de création autour de ce texte.
La pièce raconte l’affrontement entre une fille engagée, violente, et un père presque trop sage... C’est
l’opposition entre un engagement forcené et un raisonnement raisonnable. Qui l’emporte ?
Le destin et la mort l’emportent. Sur l’un et l’autre. Ce sont toutes les illusions politiques d’une génération
qui sont exposées à travers ces deux destins. Le père, malgré toutes ses bonnes intentions, meurt d’un can-
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cer. La fille meurt vraisemblablement exécutée par les carabiniers dans des circonstances tragiques. Elle se
rend, mais les brigades rouges étaient devenues évidemment la cible première des carabiniers. Mais, des
deux, qui l’emporte ? Cest difficile à dire. Historiquement, on peut penser que la fille se perd, s’égare, parce
qu’elle prend la Chine comme un modèle exemplaire de progrès, d’humani, alors que Mao Tsé-Toung pro-
gramme sciemment la mort des gens par la faim... Tout cela est difficile à concevoir aujourd’hui. Mais dans
les années soixante-dix, le bonheur était dans la révolution. Lempathie était importante autour de l’aile
gauche du parti communiste, qui apparaissait en Europe comme un parti embourgeoisé. La prise de pou-
voir, pour lextrême gauche, ne pouvait que passer par les armes et la violence. Il fallait en passer par là. Les
actions des brigades rouges ont été de plus en plus politiques, médiatiques, et violentes, c’était des élec-
trochocs terribles. Elle, la fille engagée, va entrer dans l’histoire en mourant exécutée, et le père, lui, perd
sa fille.
Qu’est-ce qui vous a poussé à faire entendre ces voix ? En quoi cette dialectique entre le père et la fille
s’est-elle imposée à vous ?
C’est le dialogue entre eux, leur opposition, et le drame humain qui sont intéressants. Ce qui se passe entre
le père et la fille. Comment naît le sentiment de révolte. C’est la jeunesse qui s’insurge, contre les parents
et les schémas établis, comment la jeunesse aspire à la liberté, comment elle veut s’émanciper. Par rapport
à la misère aussi, ces drames humains qui opposent les générations, mais aussi le Nord et le Sud en Italie,
cette tradition héritéede la résistance qui pousse une nouvelle génération à prendre les armes. Ce sont
d’anciens résistants qui fournissent les armes aux jeunes des brigades rouges. Ceux qui ont résistéau fas-
cisme en 1945 donnent les armes à ceux qui s’opposent au capitalisme sauvage. Cest une sorte de relève
aussi. La famille dépeinte ici vit assez confortablement, catholique et classique, avec un père humaniste,
impliqué dans la vie des autres. Mais elle, la fille, incarne une humanité brûlante... Elle veut obliger ces
congénères à se battre, à prendre conscience, grandit et se révolte, elle dénonce les conditions que ses pa-
rents acceptent. Elle ne soccupe plus d’elle même, ni de son couple, ni de sa san, ni de sa famille. Elle est
ailleurs, dans l’internationalisme, la soif de justice, l’idée haute d’un destin meilleur... Comment les grandes
aspirations, les hautes idées du bonheur, en Chine, en Russie, ont débouché sur les pires régimes, comment
les révolutions conduisent encore à Cuba, en Corée, à des empires qui nont plus grand chose à voir avec la
démocratie.
Comment se déroule le travail avec Richard et Romane Bohringer ?
Tout se passe très sereinement comme lors de toute création. Dès que l’on travaille avec des artistes qui ont
des idées, des visions, il y a des discussions, du respect, du dialogue. Ils ont rejoint le projet parce qu’ils ont
confiance dans notre texte, ils savent que nous avons un projet très cadré. Ils s’y intègrent, et à l’intérieur
d’une partition précise, d’une direction donnée, ils trouvent leurs marques et leur liberté. C’est un travail
ambitieux et réaliste. Il y a une part importante d’eux-mêmes qui va influencer ce travail et le nourrir car
l’un comme l’autre engagent toute leur humanité dans cette oeuvre. Il y a beaucoup démotion aussi dans
le fait qu’ils travaillent ensemble, le père et la fille, pour la première fois dans le cadre d’une création théâ-
trale.
Propos recueillis par Pierre Notte pour le Théâtre du Rond-Point
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