
35
Réserves naturelles
et
évolution de la conservation
Depuis la création de la Réserve naturelle nationale des Vallées de la Grand-Pierre et de Vitain (1979), les
connaissances scientifiques concernant la biologie des petites populations d‟animaux et de plantes ont connu un
développement considérable ; les avancées conceptuelles, théoriques et pratiques se sont multipliées dans les
domaines écologique, démographique et
génétique, et se sont constituées en une
discipline nouvelle, la biologie de la
conservation, qui dispose aujourd‟hui de
revues scientifiques particulières
consacrées uniquement à ces questions,
comme “Biological Conservation”,
“Conservation Biology” ou “Conservation
Genetics”. Quant aux grandes revues
internationales, généralistes comme
“Nature” ou “Sciences”, ou consacrées
depuis fort longtemps à l‟écologie, elles
proposent régulièrement des rubriques
dédiées à la conservation. Je vais donner
quelques indications sur des idées et des
observations qui ont apporté depuis trente
ans des nouveautés directement utiles
aux responsables des réserves naturelles.
1- La protection des milieux n’empêche pas l’extinction des petites populations
Dans les années 1910, l‟île de Barro
Colorado fut formée par la création du lac Gatun
lors de la mise en eau du canal de Panama.
Cette colline d‟un peu plus de 15 km2, couverte
de forêt tropicale, devint une réserve naturelle
en 1923 ; elle fut ainsi soustraite aux pressions
systématiques, telles que l‟exploitation du bois,
la mise en culture, la construction
d‟infrastructures lourdes, la chasse etc. qui
conduisent généralement ailleurs au déclin ou à
l‟extinction locale de nombreuses espèces.
Depuis 1923, des études scientifiques
permettent d‟y observer l‟évolution spontanée
de la faune et de la flore. En ce qui concerne les
passereaux forestiers, elles montrent que l‟île a
perdu presque la moitié de ses espèces en une
soixantaine d‟années (78 espèces présentes sur
l‟île, contre 149 dans le même milieu, sur les
rives du lac Gatun distantes seulement d‟une
dizaine de km).
D‟après: http://ctfs.si.edu/datasets/bci/
Claude HENRY
Maître de conférences honoraire,
zoologie et biologie des populations,
Université d‟Orléans.
Membre du conseil scientifique de la
réserve naturelle nationale des vallées
de la Grand-Pierre et de Vitain