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Hémophilie 185 • Mars 2009
Science et médecine
douloureuse. Son but doit être le maintien de
l’organe de la marche dans la meilleure
configuration axiale possible pour réduire au
maximum les autres retentissements articu-
laires.
Physiologie de la cheville
La complexité de la physiologie de la cheville
est en rapport avec la fonction exercée.
Cardan de transmission entre membre infé-
rieur et pied, la cheville assure des mouve-
ments de flexion-extension, d’enroulement
et de rotation sur l'axe. Sur un plan frontal,
on peut imaginer, en simplifiant, un système
tenon-mortaise1entre les trois pièces
osseuses : l'astragale ou talus (os très solide
et mal vascularisé) au centre, encadré par le
pilon tibial en haut et les deux malléoles
latéralement. Le jeu articulaire s'effectue en
réalité autour d'un axe fictif oblique et
quelque peu complexe associant flexion-
extension, rotation et enroulement. Il impose
une position oblique par rapport au plan
frontal aussi bien à la pince bimalléolaire
qu'aux tendons musculaires.
La stabilité de ce montage articulaire est
assurée par un système ligamentaire interne
très solide, garant de la stabilité, et externe à
trois faisceaux, antérieur, moyen et posté-
rieur, gérant la mobilité. Un parfait équilibre
ligamentaire et musculaire est nécessaire
pour que l'articulation fonctionne normale-
ment, associée au jeu des autres articu-
lations. Toute anomalie entraîne à plus ou
moins brève échéance une arthrose2secon-
daire.
L'instabilité ou laxité antéro-externe est plus
connue sous le nom d’entorse simple de la
cheville. L'entorse grave ou complexe,
intéressant aussi le faisceau postérieur ou
ligament péronéo-calcanéen, moins connue
et surtout non réparée, entraîne très souvent
des dégâts articulaires progressifs au fil du
temps, avec une bascule en varus3de
l'arrière-pied et une pince bimalléolaire
décalée. Elle génère progressivement une
arthrose dégénérative.
Sommairement, au niveau de la cheville, tout
tourne autour d'une poulie avec un axe diffi-
cile à imaginer dans un plan totalement
oblique.
Prise en charge médicale de la cheville
Examiner un patient en décubitus4, articula-
tion par articulation, est certes nécessaire au
niveau des deux membres inférieurs, mais
pour évaluer et comprendre la pathologie de
ces différents aspects et leur interdépen-
dance, il est indispensable d'examiner ce
patient debout, sur un pied, sur deux pieds,
de le faire marcher pour regarder et écouter
ses pas et comprendre éventuellement où
siège le problème et sa répercussion sus,
sous-jacente et controlatérale5.
La cheville n'est pas suspendue dans l'air par
une ficelle, elle fait partie d'un ensemble et
dépend du membre inférieur au-dessus du
pied et au-dessous.
Anatomiquement, on décrit deux pieds, l'un
positionné sur l'autre (Pr Pisani) :
• le pied talien, comprenant les os : le talus,
le scaphoïde, les trois cunéiformes, les
trois métatarsiens internes,
• le pied calcanéen avec, d'arrière en avant,
les os : le calcanéum, le cuboïde et les
deux métatarsiens externes.
Leur association en superposition assure la
morphologie du pied normal.
Si l'axe mécanique du membre inférieur a
une importante responsabilité sur la position
et la fonction de la cheville, toutes les articu-
lations du pied, ont de la même façon, une
importante responsabilité sur la morphologie
et la stabilité des différentes arches indis-
pensables pour se tenir debout, marcher,
courir. Leur étude clinique, radiologique et
autre est très importante pour comprendre la
pathologie et pour proposer une solution
thérapeutique.
On en déduit donc que les explorations
complémentaires radiographiques doivent
être effectuées non seulement en position
couchée, mais aussi debout en charge,
étudiant les axes mécaniques du membre
Schéma 3 - La marche du bipède
1• Le tenon est une partie
saillante, à l’extrémité
d’une pièce, destinée à
s’ajuster dans une partie
creuse correspondante, la
mortaise.
2• L’arthrose est une
dégénérescence du carti-
lage des articulations.
3• Varus : pied tourné en
dedans – Valgus : pied
tourné en dehors.
4• Position du corps
reposant sur le plan
horizontal.
5• Qui se situe du côté
opposé à celui où est
localisée l’atteinte.