Télécharger au format pdf

publicité
la lettre de l’Institut Danone
TRIBUNE
Nutrition et
polyhandicap
Pr. Frédéric Gottrand
DOSSIER
Sommeil et
régulation du poids
Pr. Karine Spiegel
N°96 – Juin 2010
TRIBUNE
On estime actuellement à 15 000 le nombre de
patients polyhandicapés âgés de moins de 20 ans
dans notre pays. Les progrès dans leur prise en
charge globale ont permis une augmentation de
l’espérance de vie, mais souvent au prix d’une
dénutrition (entre 14 et 78%).
(installation, orthophonie), symptomatiques
(traitement du reflux gastro-œsophagien, de la
spasticité..), et des adaptations de l’alimentation
(eau gélifiée, épaississants, compléments
nutritionnels) rend nécessaire une nutrition
entérale, le plus souvent par gastrostomie. Les
faibles besoins caloriques de ces patients, du fait
de la limitation de l’activité physique, créent un
risque de surpoids si la nutrition entérale n’est
pas rapidement adaptée après la phase
de rattrapage pondéral initial.
Les causes en sont multiples : problèmes
digestifs (reflux gastro-œsophagien, constipation),
ORL (grosse langue, malocclusion dentaire,
hyper-salivation, troubles de la
déglutition), douleur (spasticité,
luxation de hanche), atteinte
Les
déficits
nutritionnels
neurologique centrale (troubles
qualitatifs en micronutriments,
Nutrition et
cognitifs, inappétence, lenteur
vitamines, minéraux et oligodes repas, dépendance), effets
éléments, sont probablement
polyhandicap
secondaires des médicaments,
très fréquents dans cette
dépression… L’évaluation de l’état
population
(alimentation
nutritionnel est difficile et repose
sélective, limitée quantitativement),
sur la mesure du poids et de la taille
mais ils n’ont pratiquement pas été
(parfois très malaisée à réaliser du fait des
étudiés, à part quelques études s’intéressant à
rétractions) et, en l’absence de courbe spécifique
la masse osseuse, au calcium et à la vitamine D.
à cette population, sur d’autres signes plus
Bon nombre de ces patients vivant à domicile et
subjectifs : fragilité cutanée voire escarre,
n’ayant pas forcément de suivi spécialisé, la
réduction de l’appétit, altération de la qualité de
prévention et la prise en charge de la dénutrition
vie.
doivent être une préoccupation des équipes
Le traitement nutritionnel doit s’intégrer dans la
soignantes et des médecins libéraux, à la fois
prise en charge globale. Les repas sont pour
dans un objectif de soin et de qualité de vie. C’est,
certains des moments de plaisir et d’échanges
avec le devenir respiratoire, un des enjeux
qu’il faut préserver et favoriser (installation
majeurs de la transition de ces patients vers l’âge
confortable, environnement calme, aliments
adulte.
appétents et de texture adaptée aux goûts et
Pr. Frédéric GOTTRAND
possibilités). En revanche, pour d'autres, le repas
Unité de Gastroentérologie, Hépatologie
est peu agréable, voire source de stress ou de
et Nutrition, Pôle enfant, Hôpital Jeanne
fausses routes, ou tellement long qu’il réduit le
de Flandre.
temps dévolu à d'autres activités relationnelles
CHU de Lille, Faculté de médecine,
ou d’éveil. L’échec des mesures rééducatives
Université de Lille 2
DOSSIER
Sommeil et régulation du poids
Phénomène de plus en plus courant, la réduction du temps consacré au
sommeil touche toutes les tranches d’âge de tous les pays industrialisés. Au
cours de la deuxième moitié du 20ème siècle, l’augmentation rapide de la
prévalence de l’obésité aux Etats-Unis s'est développée parallèlement à la
diminution progressive du temps consacré au sommeil. Les études
épidémiologiques et expérimentales accumulées au cours des 15 dernières
années suggèrent qu’une durée de sommeil courte pourrait être un facteur de
risque comportemental et environnemental de maladies métaboliques
(obésité, diabète et syndrome métabolique), au même titre qu'une
alimentation inappropriée ou qu'un manque d'activité physique. Il semble donc
primordial d’informer la population, et notamment les personnes présentant
une surcharge pondérale, sur les conséquences d’un manque de sommeil.
Pr. Karine Spiegel
INSERM / UCBL - U628
Physiologie intégrée du système d'éveil
Département de Médecine Expérimentale
Université Claude Bernard, Lyon 1
DOSSIER
FOCUS
La diminution du temps
consacré au sommeil est
essentiellement, chez les
adultes, d'origine
professionnelle et
sociale. Chez les plus
jeunes, elle est liée au
développement d’Internet
et à la multiplication des
programmes télévisés.
Télévision, ordinateur,
jeux vidéo et téléphone
mobile ne devraient pas
avoir leur place dans les
chambres des enfants et
des adolescents.
L’Institut National du
Sommeil et de la
Vigilance met à
disposition sur son site
internet un « passeport
sommeil » prodiguant
des conseils pour mieux
dormir (www.institutsommeil-vigilance.org).
Très pédagogique, il
permet également aux
médecins généralistes et
aux spécialistes d’évaluer
les habitudes de sommeil
de leurs patients.
La réduction du temps
consacré au sommeil touche
toutes les tranches d’âge de
tous les pays industrialisés.
Aux Etats-Unis, le temps
alloué au sommeil a diminué
d’environ 1h30 au cours des
50 dernières années et près
de 30% des adultes âgés de
30 à 64 ans dorment moins
de 6 h par nuit. Bien que le
besoin de sommeil ne
change pas au cours de
l’adolescence (environ 9h),
les adolescents américains
dorment en moyenne 8.4h à
11-12 ans et 6.9 h à 17-18
ans. En France, 17% des
personnes âgées de 25 à
45 ans accumulent une dette
chronique de sommeil correspondant à la perte hebdomadaire d’une nuit complète de sommeil et 33%
des 18-55 ans dorment 6
heures ou moins en
semaine. Enfin, 78% des
adolescents français dorment 8h ou moins en
semaine.
TRAVAUX
ÉPIDÉMIOLOGIQUES
De nombreuses études épidémiologiques (transversales
4
et longitudinales) rapportent,
après ajustement des facteurs de confusion, une association entre une durée de
sommeil courte et un Indice
de Masse Corporelle (IMC)
élevé (42 études sur les 47
ayant examiné ce lien).
L’impact d’un sommeil de
durée insuffisante sur le
risque d’obésité semble plus
important chez les enfants
que chez les adultes, et plus
important chez les adultes
jeunes que chez les adultes
plus âgés.
Parmi les 38 études transversales, 34 ont trouvé une
association entre une durée
de sommeil courte et un
IMC élevé (21 sur 25 chez
les adultes et 13 sur 13 chez
les enfants). Les études
transversales ne permettent pas de déterminer si le
manque de sommeil est
une cause ou une conséquence du surpoids.
Les études longitudinales
suggèrent un lien de causalité (8 études positives
sur 9 : 4 sur 5 chez les
adultes et 4 sur 4 chez les
enfants). Elles montrent
que les personnes dormant
Objectif Nutrition - Sommeil et régulation du poids
Durée de sommeil par rapport aux recommandations
Excessivement écourtée
Très écourtée
Modérément écourtée
(plus de 2h en moins)
(de 1h à 2h en moins)
(de 0 à 1h en moins)
RR
IC 95 %
RR
IC 95 %
RR
IC 95 %
1.92
1.15, 3.20
1.60
1.22, 2.10
1.43
1.07, 1.91
RR: Risque Relatif
IC : Intervalle de Confiance
Figure 1 : Risque relatif d’obésité en fonction de la durée de sommeil chez les
enfants (d’après Chen et al.)
peu prennent plus de poids
que celles dormant 7 à 8h
par nuit.
Deux méta-analyses ont
tenté de quantifier le lien
entre sommeil court et
risque d’obésité en analysant les données recueillies
auprès de 600 000 adultes
et 30 000 enfants de divers
pays industrialisés. La première rapporte un risque
relatif groupé global de 1,89
chez les enfants dormant
10h ou moins et de 1,55
chez les adultes dormant
5h ou moins. La deuxième
fait état chez les enfants
ayant une durée de sommeil écourtée, d'un risque
relatif d'obésité augmenté
et croissant lorsque la
durée de sommeil diminue
(Figure 1). Ces résultats
évoquent l’existence d’une
relation dose-effet entre la
durée du sommeil et le
risque d’obésité.
TRAVAUX
EXPÉRIMENTAUX
• Leptine et ghréline
Quelques travaux expérimentaux ont récemment
évalué l’impact de privations partielles répétées de
sommeil sur les concentrations d’hormones impliquées dans la régulation de
la balance énergétique : la
leptine (hormone sécrétée
principalement par les adipocytes) qui inhibe l’appétit
et stimule la dépense énergétique, et la ghréline (hormone sécrétée essentiellement par l’estomac) qui
stimule l’appétit et l’adipo-
5
génèse. La Figure 2 montre
les profils diurnes de ces
hormones obtenus chez des
hommes jeunes en bonne
santé après 2 nuits de 4h au
lit et après 2 nuits de 10h au
lit. Bien que l’apport calorique, l’activité physique, et
le poids étaient identiques
dans les deux conditions
expérimentales, les concentrations de leptine étaient
diminuées de 18% chez les
sujets qui avaient eu 4h
d’opportunité de sommeil,
par rapport à 10h, alors que
les concentrations de ghréline étaient augmentées de
28 %. En condition de restriction de sommeil, la faim
était augmentée de 24% et
l’appétit pour des aliments
riches en matières grasses
et en glucides de plus de
DOSSIER
Infusion constante de glucose
3.5
3.0
Leptine
2.5
(ng/ml)
2.0
1.5
3.7
3.4
Ghréline 3.1
(ng/ml) 2.8
2.5
2.2
8.5
7.5
Faim 6.5
5.5
4.5
3.5
9
11
13
15
17
19
21
Heures
Après 2 nuits de 10h au lit
Après 2 nuits de 4h au lit
Figure 2 : Profils diurnes moyens (+ écarts types) de leptine, de ghréline, et de faim après
2 nuits de 10h au lit et après 2 nuits de 4h au lit (adapté de Spiegel et al. Ann Intern Med 2004).
A
30%. Ces travaux suggèrent
qu’une dette de sommeil
altère les mécanismes de
régulation des hormones
destinées à informer le cerveau sur les besoins énergétiques.
Récemment, une étude cli-
nique randomisée de type
croisé conduite chez des
adultes en surpoids étudiés
après deux semaines d’extension de sommeil (+1.5h
par nuit) et après deux
semaines de restriction de
sommeil (-1.5h par nuit) a
montré, en restriction de
6
sommeil, une augmentation
de la prise calorique liée au
grignotage.
D'après une étude réalisée
chez des sujets jeunes en
bonne santé étudiés après
six nuits de 4h, 8h, et 12h,
toutes les caractéristiques
Objectif Nutrition - Sommeil et régulation du poids
du profil nycthéméral de
leptine augmentent progressivement avec le temps
de sommeil (concentrations
moyennes de 24h, acrophase nocturne, amplitude
du rythme) (Figure 3). Ces
résultats indiquent que la
durée du sommeil module la
régulation neuroendocrinienne de l’appétit par un
effet dose-réponse. Une
étude ayant évalué l’appétit
et les taux matinaux de leptine et ghréline après une
nuit de privation totale de
sommeil, et après une nuit
de 4,5h et de 7h de sommeil,
a également rapporté un
effet dose-réponse entre
sévérité du manque de sommeil et augmentation de
l’appétit et de la ghréline. En
revanche, les taux de leptine
n’étaient pas affectés.
Les effets à long terme d’un
manque de sommeil sur la
régulation neuroendocrinienne de l’appétit semblent similaires. Deux
études épidémiologiques,
la « Wisconsin Sleep Cohort
Study » aux Etats-Unis et
Après 7 nuits de 4h au lit Après 7 nuits de 8h au lit Après 7 nuits de 12h au lit
3h48' de sommeil
6h52' de sommeil
8h52' de sommeil
5.5
Leptine
3.5
(ng/ml)
1.5
20
15
Cortisol
(mg/dl) 10
5
0
HOMA
40
30
20
10
0
9 13 17 21 1 5
Heures
9 9 13 17 21 1
Heures
5
9 9 13 17 21 1
Heures
5
9
Figure 3 : Profils nycthéméraux moyens (+ écarts types) de leptine, de cortisol, et de
l’index HOMA (produit normalisé des concentrations de glucose et d’insuline) après
7 nuits de 4h, 8h, et 12h au lit. Les barres indiquent les périodes de sommeil. Pour
les zones en ombré, voir le texte (adapté de Spiegel et al. The Journal of Clinical
Endocrinology and Metabolism 2004).
7
DOSSIER
POIDS ET SYNDROME D’APNÉE DU SOMMEIL (SAS)
Pathologie caractérisée par des arrêts respiratoires au cours du sommeil, le SAS
entraine des hypoxies-hypercapnies intermittentes, une fragmentation et un
allègement important du sommeil. Le surpoids étant un facteur de risque majeur de
SAS, l’épidémie actuelle d’obésité s’accompagne d’une épidémie de SAS, lui-même
reconnu comme facteur de risque d’hypertension et de diabète.
Le traitement efficace du SAS par pression positive continue améliore le
métabolisme glucidique et la balance énergétique. Il est donc souhaitable que les
praticiens portent une attention particulière au sommeil des patients en surcharge
pondérale et leur proposent un dépistage approprié lorsqu’ils suspectent une
pathologie du sommeil.
l’étude « Québec en forme »
au Canada, ont rapporté
chez des personnes ayant
l’habitude de dormir peu
une diminution de la leptine, après contrôle pour
l’IMC ou l’adiposité, et une
augmentation de la ghréline.
• Cortisol et HOMA
D’autres mécanismes peuvent intervenir pour favoriser la prise de poids en cas
de sommeil réduit. Le cortisol accroît l’appétit et peut
favoriser le développement
d’une obésité abdominale et
d’une insulino-résistance.
Les profils de 24h de cortisol
et de l’index HOMA (le pro-
duit normalisé des concentrations d’insuline et de glucose) après 6 nuits de 4h, 8h,
ou 12 h, montrent (Figure 3)
que si les taux nycthéméraux moyens de cortisol ne
sont pas affectés par la
durée de sommeil, les taux
en fin de journée (en ombrés
sur la figure), sont élevés
pour une nuit de 4h, faibles
pour une nuit de 12h
et intermédiaires pour une
nuit de 8h. L’index HOMA à
jeun reflète l’insulino-résistance : des valeurs élevées
correspondent à une sensibilité à l’insuline faible.
L’établissement des profils
de HOMA a ici permis l’analyse de la réponse intégrée
8
du glucose et de l’insuline à
trois repas identiques et
riches en glucides ingérés à
9h, 14h, et 19h. Lors du
petit-déjeuner, cet index
HOMA (en ombré sur la
figure 3) est augmenté de
56% lorsque les sujets ont
eu sept nuits de 4h, par rapport à sept nuits de 12h. Une
sensibilité à l'insuline diminuée a récemment été mise
en évidence après une dette
de sommeil moins sévère
(5,5h) mais d'une durée plus
importante (deux semaines).
La réduction de la sensibilité
à l'insuline est donc un autre
mécanisme par lequel un
déficit de sommeil pourrait
favoriser la prise de poids.
Objectif Nutrition - Sommeil et régulation du poids
Enfin, il a également été
montré qu’une restriction de
sommeil induisait une élévation des marqueurs proinflammatoires sanguins.
Ces derniers résultats prennent un relief nouveau au vu
du rôle récemment attribué
à l’état inflammatoire chronique qui caractérise l’obésité et qui est reconnu
comme étant impliqué dans
les dyslipidémies, l’insulinorésistance, le diabète et certaines pathologies cardiovasculaires.
CONCLUSION
La réduction du temps de
sommeil, majoritairement
observée dans nos sociétés
modernes, pourrait être un
facteur de risque environnemental et comportemental impliqué dans la pathophysiologie de l'obésité.
Certains auteurs ont suggéré qu’augmenter la durée
du sommeil chez les personnes la réduisant volontairement, contribuerait à
ralentir l’épidémie d’obésité. Des critiques ont été
opposées à cette suggestion, car l’impact d’un déficit
de sommeil sur le risque
d’obésité est relativement
limité (les études longitudinales rapportent une prise
de poids excédentaire de 1 à
7 kg sur une période de
10 ans chez les personnes
ayant des nuits écourtées).
Toutefois, la différence de
gain de poids entre personnes dormant peu et personnes dormant suffisamment (7-8h) est similaire à
la perte de poids obtenue
par des traitements pharmacologiques. Il semble
donc primordial d’informer
les personnes présentant
une surcharge pondérale
sur les conséquences d’un
manque de sommeil, afin
qu’elles puissent faire un
choix éclairé quant à l’aménagement de leurs heures
de sommeil. Cette information semble d’autant plus
cruciale en cas de régime
hypocalorique. En effet,
réduire ou contrôler son
apport calorique lorsque le
corps crie famine en raison
d’un manque de sommeil
peut s’avérer particulièrement difficile.
9
BIBLIOGRAPHIE
1. Cappuccio F.P., et al. Meta-analysis
of short sleep duration and obesity
in children and adults. Sleep 2008;
31: 619-626.
2. Chen X., Beydoun M.A. & Wang Y.
Is sleep duration associated with
childhood obesity? A systematic
review and meta-analysis. Obesity
(Silver Spring) 2008;16:265-74.
3. Spiegel K., Tasali E., Penev P.
& Van Cauter, E. Sleep curtailment
in healthy young men is associated
with decreased leptin levels,
elevated ghrelin levels, and
increased hunger and appetite.
Ann Intern Med 2004;141: 846-850.
4. Spiegel K., et al. Leptin levels are
dependent on sleep duration:
relationships with sympathovagal
balance, carbohydrate regulation,
cortisol, and thyrotropin. The
Journal of clinical endocrinology
and metabolism 2004; 89: 57625771.
5. Spiegel K., Tasali E., Leproult R.
& Van Cauter, E. Effects of poor and
short sleep on glucose metabolism
and obesity risk. Nature reviews
2009; 5: 253-261.
6. Van Cauter E. & Knutson K. Sleep
and the epidemic of obesity in
children and adults. Eur J
Endocrinol 2008; 159: S59-S66.
QUE SONT DEVENUS LES LAURÉATS
DE L’INSTITUT DANONE ?
Interview du Pr. Johan Auwerx,
Lauréat du Prix Institut Danone en 1995
Pour promouvoir la recherche
dans les domaines de l'alimentation et de la nutrition, l'Institut
Danone décerne chaque année
le prix "Alimentation et Santé".
Depuis 1991, 73 lauréats ont été
primés. Depuis 2005, l'Institut
Danone finance également, en
partenariat avec la Fondation
pour la Recherche Médicale, un
appel d'offre pour soutenir une
équipe pendant deux ans. Déjà
18 équipes en ont bénéficié. Dans
cette nouvelle rubrique Objectif
Nutrition retracera les grandes
lignes du parcours d’un ancien
lauréat.
le métabolisme cellulaire via l'expression génique. Le sujet s'est
élargi depuis à la compréhension
du rôle de détecteur (sensor) des
facteurs de transcription, car ils
doivent d'abord connaître l'état
énergétique de la cellule (déplétion
ou réplétion), pour pouvoir moduler la réponse transcriptionnelle en
conséquence.
Avant d'être le lauréat 2009 du
Prix Danone International de
Nutrition, le Pr. Johan Auwerx
(École Polytechnique Fédérale de
Lausanne, Suisse) avait reçu le
Prix de l'Institut Danone en 1995.
O.N. : A quelles informations ces
facteurs sont-ils sensibles ?
J.A. : Les nutriments peuvent être
des ligands pour certains récepteurs nucléaires. Par exemple le
PPAR, qui régule le métabolisme
lipidique, est directement activé
par des acides gras. Dans d'autres
cas, les facteurs de transcription
sont sensibles à des signaux indirects de l'état énergétique de la
cellule, comme le fonctionnement
des mitochondries.
Objectif Nutrition : Au cours de ces
quinze années, dans quel sens vos
recherches ont-elles évolué ?
Pr. Johan Auwerx : En 1995, nous
travaillions sur la façon dont les
facteurs de transcription régulent
O.N. : Dans quels types de cellules
observe-t-on ces mécanismes ?
J.A. : Au début, nous étions focalisés sur les adipocytes, mais maintenant que l'équipe comporte une
vingtaine de chercheurs venus du
10
monde entier, nous pouvons travailler aussi sur les cellules musculaires et hépatiques, très impliquées dans le métabolisme. En
fait, les mécanismes que nous
explorons existent dans tous les
tissus car tous doivent réagir à l'arrivée d'énergie. C'est donc un processus assez global de régulation
métabolique qui intéresse l'organisme entier.
O.N. : Quelles sont les implications
cliniques de vos recherches ?
J.A. : Elles concernent directement
les domaines du métabolisme et
de l'endocrinologie, donc les
grandes pathologies comme le
diabète ou l'obésité. Mais ce n'est
pas limitatif puisque les mécanismes de détection de l'état énergétique de la cellule et d'activation
consécutive de la transcription
génique sont ubiquitaires. La
"crise énergétique" que l'on
observe dans l'obésité existe aussi
dans le cerveau lors d'une maladie
neurodégénérative comme la
maladie d'Alzheimer.
REVUE DE PRESSE
Facteurs prédictifs des troubles du comportement
alimentaire chez des adolescents en surpoids
Five-year longitudinal predictive factors for disordered
eating in a population-based
sample of overweight adolescents : implications for prevention and treatment.
Neumark-Sztainer D. et al Int
J Eat Disord 2009;42:664-672.
Chez les adolescents, l’association troubles du comportement alimentaire (TCA) et surpoids est fréquente. Il est donc
important d’identifier les facteurs de risque de TCA dans
cette population. Les auteurs
ont extrait d'une étude longitudinale sur des adolescents
ceux qui étaient en surpoids.
Le poids et le Indice de Masse
Corporelle (IMC) étaient mesurés à la visite initiale (T0) et 5
ans plus tard (T5). Parmi les
filles en surpoids, 30,8%
avaient des TCA à T0 et 40,1% à
T5. Parmi celles qui n’avaient
pas de TCA à T0, 34,1% en
développèrent pendant l’étude.
A T5, 89,2% des filles qui
avaient des TCA avaient pratiqué au moins une fois une restriction sévère, et 32,2% rapportaient une perte de contrôle
de leur comportement alimentaire.
Chez les garçons en surpoids,
il n’y en avait que 13,4% avec
des TCA à T0 et 20,2% à T5.
Les facteurs de risque de TCA
rapportés étaient une plus
forte exposition aux magazines, des préoccupations pondérales, une mauvaise estime
de soi, de mauvaises habitudes
alimentaires.
A l’inverse, étaient facteurs
protecteurs une ambiance
positive pendant les repas
familiaux, une bonne communication intrafamiliale, une
bonne estime de soi, avec une
image corporelle acceptée.
Les auteurs concluent sur
l’importance de travailler avec
les familles pour les aider à
gérer le surpoids de leurs adolescents, sans pour autant
générer des TCA… Vaste pro-
11
gramme subtil et plein de bon
sens. Cette étude sur 5 ans a
donc le mérite d’avoir démontré ce que les nutritionnistes
savent depuis longtemps….
Objectif Nutrition,
La Lettre de
l’Institut Danone
Directeur de la publication :
Pr. Jean-Philippe Girardet, AP/HP,
Hôpital Armand Trousseau, Paris.
Rédacteur en chef :
Dr Jean-Laurent Le Quintrec,
AP/HP, Hôpital Ste-Périne, Paris.
Rédactrice en chef adjointe :
Anne-Sophie Bourhis, Danone
Produits Frais France, Paris.
Secrétaire de rédaction :
Amélie Raes, Eficom santé.
Comité de rédaction :
Dr Brigitte Boucher, Paris ;
Pr. Pierre Bourlioux,
Faculté de Pharmacie, Paris ;
Dr Béatrice Dubern, AP/HP,
Hôpital Armand Trousseau, Paris ;
Pr. Michel Vidailhet, Nancy ;
Pr. Fernand Lamisse, Tours ;
Dr Martine Pellae, AP/HP,
Hôpital Bichat, Paris.
Conception-réalisation :
Agence Louisiane.
Chef d’édition :
Jean-Charles Fauque.
Photogravure/Impression :
Altavia.
Dépôt légal : 2ème trimestre 2010.
Nº ISSN : 1166357 X.
LES NOUVELLES DE L’INSTITUT DANONE
Rapport annuel de l'Institut Danone
L'édition 2009 vient de paraître. Elle contient, outre les chiffres clés de
l'année 2009, le compte rendu des projets menés par l'Institut Danone
au cours de l'année écoulée, de la recherche à l'éducation nutritionnelle,
sur la thématique "Alimentation, santé et prévention."
Au sommaire :
• Bilan 2009
• Soutien à la recherche
• Information aux professionnels de santé
• Programmes pédagogiques
Le rapport annuel 2009 de l'Institut Danone est consultable sur le site www.institutdanone.org
19èmes Rencontres Scientifiques de Nutrition
Organisées par l'Institut Danone, leur but est de faire le point sur les connaissances les
plus récentes en matière d'alimentation et de nutrition. Ces 19èmes Rencontres se tiendront
cette année à Paris, le mardi 16 novembre 2010, en présence de nombreux experts
nationaux et internationaux.
Programme de la matinée disponible à partir du 15 septembre sur le site www.institutdanone.org
Créé en 1991, l’Institut Danone rassemble des scientifiques, des médecins
et des personnalités du monde de la nutrition.
Il a pour mission :
- d’encourager la recherche dans le domaine de la nutrition et de l’alimentation ;
- d’informer et de former les professionnels de santé sur tous les sujets
liés à l’alimentation ;
- de participer, par des actions d’éducation et d’information, à l’amélioration
de l’alimentation de l’ensemble de la population.
L’Institut Danone est une association régie par la loi de juillet 1901.
Ses publications ne contiennent aucune information à caractère commercial.
150-152 boulevard Victor-Hugo - 93589 Saint-Ouen Cedex - [email protected]
www.institutdanone.org
Téléchargement