La mutinerie
Les lourdes tensions qui ébranlent les troupes Françaises en 1917 n'épargnent pas le
corps Russe après les bouleversements que connait la Russie avec la Révolution de
février et le traité de Brest-Litovsk mettant fin aux combats à l'est . Le 15 mars , le
Tsar Nicolas II a abdiqué et le 13 avril les militaires ont prêté serment à un
gouvernement provisoire.
En France les soldats russes, comme les français, sont las de cette guerre, d'autant
qu'aucune relève n'est prévue pour la troupe russe. Des soldats russes s'organisent en
comités selon le modèle révolutionnaire et réclament leur retour en Russie.
Craignant une mutinerie, le commandement regroupe les brigades au camp de
Neufchateau, où s'opposent partisans de la révolution communiste qui veulent rentrer
en Russie et cesser de se battre, et loyalistes, partisans du gouvernement Kerensky,
d'accord pour continuer à combattre aux côtés de la France.
Mais le feu couve. La propagande révolutionnaire s'intensifie et les brochures et tracts
sont distribués, employant le terme de «chair à canon», affirmant que «les soldats
russes ont été vendus contre des fournitures de munitions», etc.
Devant la dégradation de la situation, le commandement militaire français s’inquiète
de la possible contagion des idées révolutionnaires sur les soldats des armées
françaises, dont bon nombre sont en rébellion larvée. Il décide de les isoler : les 16
000 soldats, 300 officiers et leurs 1700 chevaux sont alors déplacés loin du front au
camp de La Courtine dans la Creuse, en juillet 1917. L'état-major leur laisse leurs
armements et munitions, y compris les mitrailleuses.
La 1re brigade, composée majoritairement de soldats communistes, arrive le 26 juin à
La Courtine, suivie de la troisième, plutôt loyaliste envers le gouvernement
provisoire. Des heurts éclatent entre soldats des deux brigades. Rapidement, le refus
d'obéir aux officiers est définitif, ceux-ci n'ont plus de contact avec leurs hommes et
logent en dehors du camp. Les officiers français attachés à la division russe sont
également repoussés et 6000 hommes de la 3e brigade et 400 de la 1re quittent le
camp en compagnie d'officiers. Le retour immédiat en Russie est à présent réclamé.
Les autorités françaises considèrent ces troupes comme une charge et une menace
potentielle et sont décidées à les rapatrier.
Le camp de La Courtine devient alors un camp autogéré par les hommes de troupe et
des sous-officiers, près de 10 000 soldats qui exigent du gouvernement provisoire de
rentrer en Russie. Ils désignent eux-mêmes leurs chefs. L'un d'eux,Baltaïs, négocie
sans résultat avec les émissaires de Kerensky leur retour en Russie, puis est arrêté le
25 juillet. C’est un Ukrainien, Afanassy Globa qui prend ensuite la tête des rebelles.
Les autorités Françaises observent une stricte neutralité jusqu'à l'intervention d'un
ultimatum sommant les mutins de la 1ère brigade de se rendre. Après des semaines de
négociations , le ministre de la Guerre , Paul Painlevé , décide le blocus de La
Courtine par l'armée Française et fait rétablir l'ordre par les Russes loyalistes . Les 16
et 17 septembre , l'artillerie tire sur le camp , les mutins se rendent . La mutinerie a