La maladie d`Osgood-Schlatter

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SPORT
FOCUS
La maladie d'Osgood-Schlatter
Coordonné par Franck Lagniaux
Cette ostéochondrose apophysaire [2] touchant
l’enfant sportif entre 12 et 15 ans, est une maladie
dont le diagnostic est relativement facile à poser,
mais dont « la difficulté de traitement réside dans
sa durée qui s’avère souvent longue, et qui nécessite
fréquemment l’arrêt de l’activité sportive incriminée
jusqu’à la fin de la croissance. » [3].
Cependant, cet arrêt sportif n’est en pratique
pas si facile à obtenir car notre patient a souvent
bien envie de tout faire sauf évidemment de se
mettre au repos. C’est pourquoi il paraît plus que
nécessaire de l’impliquer dans son traitement en
lui expliquant bien sa pathologie et ses conséquences, mais aussi en lui proposant une rééducation plus active. Ce jeune adolescent ne sera donc
pas laissé à un simple repos mais devra être suivi et
stimulé afin d’optimiser sa reprise sportive.
La première partie de la rééducation est passive
avec utilisation de la cryothérapie, accompagnée
d’étirements musculaires avec application locale
de pommade anti-inflammatoire entre autres.
Quant à la seconde partie, elle propose différents
conseils d’hygiène de vie, avec nécessité de bien
connaître l’intéressé pour savoir quoi lui proposer
comme exercices du coté sain ou de l’orienter dans
la pratique de ses loisirs.
Une fiche technique est proposée afin de synthétiser ce qui est incontournable pour traverser au
L’élément qui revient dans tous les articles est effectivement l’arrêt du sport [1-5]. Cet arrêt devra donc
être justifié et cohérent, en mettant en relation l’activité de la vie quotidienne du jeune patient (arrêter
l’activité sportive n’a aucun sens si l’enfant fait 2 km
en roller pour aller à l’école par exemple).
Or, les adolescents l’ont bien compris au travers
des expériences vécues d’amis ou de personnes
S???? LHEUREUX
Masseurkinésithérapeute
Ezanville (95)
Franck LAGNIAUX
Masseurkinésithérapeute
du sport
M2SDE
Membre de la SFMKS
Pierrefitte (93)
© F. Lagniaux
Cette pathologie reste bénigne si le jeune patient
respecte bien le repos, seul traitement avéré efficace pour éviter les complications telles que l’arrachement de la tubérosité tibiale antérieure.
mieux cette période de vie pas toujours très facile
pour notre jeune patient.
© F. Lagniaux
L
a maladie d’Osgood-Schlatter, ostéochondrose non articulaire, se caractérise par
une douleur de la tubérosité tibiale
antérieure (TTA) qui touche principalement
l’adolescent sportif en pleine croissance. Elle
correspond à des « lésions chroniques, dues à des
microtraumatismes de tractions répétées sur la zone
d’insertion du tendon rotulien au niveau de la tubérosité tibiale antérieure. » [1] (fig. 1).
X Figure 1
Osgood-Schlatter
KS n°536 - octobre 2012
1
La maladie d'Osgood-Schlatter
de leur entourage qui leur décrivent souvent
cette situation comme longue à guérir (un an).
Cette période de repos forcée va les mettre sur la
touche pendant une longue période et le retour à
la compétition va être très dur pour eux. Le jeune
sportif ambitieux aura donc du mal à consulter et
à avouer ses douleurs, voire même à les masquer.
Malheureusement, peu de moyens sont utilisés et
proposés aux patients en pratique pour permettre
de vivre cette période de non sport de la manière la
plus épanouissante possible. Optimiser ce temps de
repos sera la manière qui permettra peut-être à l’adolescent de bien respecter l’arrêt sportif demandé par
l’équipe médicale et éviter ainsi les complications et
les séquelles ultérieures de cette maladie.
L’objectif est donc de donner aux thérapeutes, ainsi
qu’aux patients atteints de cette pathologie, une
base résumée sous forme de fiche technique. Cette
fiche leur permettra de mieux comprendre cette
pathologie et de donner une approche préventive et
psychologique dans les différents éléments abordés.
Rappel physiopathologique
D’étiologie inconnue [5], la maladie d’OsgoodSchlatter se caractérise par une « souffrance de
l’insertion basse du tendon rotulien, au niveau de la
tubérosité tibiale antérieure, chez le jeune sportif en
période de croissance. » [4].
Plusieurs étiologies sont évoquées mais aucune n’explique avec certitude son origine. Cette pathologie
résulterait d’une « disproportion entre les contraintes
mécaniques transmises par le tendon rotulien et la
résistance des noyaux d’ossifications secondaires à des
sollicitations itératives. » [3]. Mais l’hypothèse la plus
souvent invoquée serait « une croissance trop rapide et
déséquilibrée du fémur pendant l’adolescence, par rapport à celle des muscles et des tendons de la cuisse. » [5].
On constate qu’elle touche préférentiellement
les enfants sportifs pratiquant des sports où les
« impulsions et où la course sont importantes : football, basket, tennis, gymnastique. » [4], mais aussi
« l’escalade, le judo, la natation. » [2].
Traitements (tab. I)
KS n°536 - octobre 2012
2
On ne retrouve pas de justification de traitements
médicamenteux. Par ailleurs, l’immobilisation est
rarement justifiée.
En règle générale, l’activité sera permise en fonction du ressenti de la personne (respect de la règle
de non-douleur, pas de gonflement, etc.).
Conclusion
La maladie d’Osgood-Schlatter, pathologie de
croissance, est en général de bon pronostic, se
résolvant spontanément avec la maturité squelettique. Cependant, si le jeune sportif ne change rien
à sa pratique, il risque d’aggraver sérieusement
celle-ci (arrachement de la TTA pouvant nécessiter un traitement orthopédique, voire chirurgical),
et donc avec des conséquences beaucoup plus
lourdes pour sa reprise sportive.
Nous avons vu également que rien ne semble
influer sur le temps de guérison de cette pathologie, celle-ci suivant la croissance de l’enfant.
Nous pouvons cependant en tant que thérapeute
faire en sorte d’améliorer et accompagner (coconstruction du projet de soins) ce temps de repos
forcé en optimisant la future reprise sportive grâce
à toutes les techniques dont nous disposons.
Il sera essentiel d’investir cet adolescent dans sa
guérison en le rendant acteur de sa rééducation.
Un jeune sportif a énormément de difficulté à rester inactif, surtout, s’il n’en comprend pas l’intérêt
et subit cette thérapie plutôt comme une punition.
Cette pathologie sera donc prise en compte
dans sa globalité afin de permettre aux patients,
aux familles, aux entraîneurs, mais aussi aux thérapeutes connaissant peu cette pathologie, de
mieux comprendre et donc de mieux appréhender
cette apophysose de croissance. ✖
BIBLIOGRAPHIE
[1] Mascard E. La maladie d’Osgood-Schlatter. Journal de Traumatologie
du Sport 1997 Fév;vol.3;n°4:10-3.
[2] Lambert Y. Maladie d’Osgood-Schlatter. Traitement par la calcitonine à propos de 28 cas. Journal de Traumatologie du Sport
1998;vol.15:3-8.
[3] Briand C, Quesnot A. Rééducation de la maladie d’Osgood-Schlatter
(1 ère partie). Kinésithér Scient 2001;414:59-60.
[4] Lucas D, Parier J. La maladie d’Osgood-Schlatter.
http://www.genou.com/osgood/osgood.htm (04/07/2004).
[5] Vargas B, Lutz N, Dutoit M, Zambelli PY. Maladie d’Osgood-Schlatter.
Revue Médicale Suisse.
revue.medhyg.ch /article.php3 ?sid=33410. n°3172
(26/02/2011).
[6] Geoffroy C, Roman L. Guide pratique des contentions. Collection Sport
+, 2006 : 127-30.
[7] Chanussot JC, Danowski RG. Rééducation en traumatologie du sport Tome 2. Paris : Éditions Masson 1997 : 347-56.
FOCUS
XXTableau I
Symptômes, complications et traitements
de la maladie d'Osgood-Schlatter
Symptômes
• Douleurs à la palpation de la TTA.
• Douleurs de type mécanique en regard de la TTA, pouvant irradier vers la rotule.
• Douleurs majorées :
• – à la montée et descente d'escaliers ;
• – à l'accroupissement ;
• – aux sauts ;
• – aux shoots.
• Douleur diminuée au repos.
• Douleur à l'étirement, et contraction résistée du droit fémoral.
• Tuméfaction en regard de la TTA.
• Position à genou pénible, surtout si appui direct sur la TTA.
• Flexion douloureuse du genou en appui unipodal.
Complications
• Fracture-arrachement de la TTA ➜ Chirurgie.
• Persistance d'un fragment osseux dans le tendon rotulien.
• Hypertrophie de la TTA.
• TTA douloureuse dans les activités réalisées à genou.
Traitements
• Savoir reconnaître
et être à l'écoute de
sa douleur.
• Pas d'excès pondéral.
Attention également
au poids du cartable.
• Pas de travail de
freinage des cuisses.
• Entretenir la souplesse
des muscles de la
cuisse.
• Plaisir du sport
(correction du geste
sportif ).
• Repos suffisant.
• Entraînement suivi,
équilibré, et bien
conçu.
• Pas de messages
moralisateurs.
• Exercices en aérobie.
• Bien chaussé.
• Genouillère ou mousse
de protection contre
les chocs et/ou les
chutes.
Médical
• Repos sportif de 4
à 6 semaines.
• Si trop douloureux :
attelle d'extension.
• Plus rarement,
antalgiques et AINS.
• Acupuncture.
Kinésithérapie passive
• Massage au glaçon de
la TTA.
• Cryothérapie 3 fois
par jour.
• Électrothérapie
antalgique de basse
fréquence.
• Mobilisation de la
rotule.
• Strapping.
• Étirement du droit
fémoral (fig. 2).
Kinésithérapie active
• Travail musculaire
du membre inférieur
controlatéral.
• À 3 semaines : travail
du quadriceps en
course interne et
statique.
• À 6 semaines : travail
course moyenne +
excito-moteurs.
• Correction posturale.
© F. Lagniaux
Préventif
XXFigure 2
Exemple d'étirement
du droit fémoral
en position debout
• Étirement de la chaîne
postérieure.
• Massage et décordage
du quadriceps.
KS n°536 - octobre 2012
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