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3. Black, Merton et Scholes
Peut-être avez vous entendu parler des « contrats dérivés », des « crédits default swaps
(CDS) » et autres objets exotiques (en général on parole de « crédits structurés ») ; de
même on accuse actuellement les banquiers de tous les maux pour leur imprudence, ceci
alors même qu’ils ne font qu’utiliser des outils financiers modernes… avec
malheureusement trop de légéreté dans leur approche, mais ils ne sont certainement pas
les seuls à incriminer.
Les contrats dérivés ou contrats d’option sont un outil financier apparu au cours du 19e
siècle sur les marchés des céréales et qui s’est développé à partir des années 1970 à
Chicago (premier marché au monde pour les matières premières) puis dans le monde
entier. Les contrats dérivés concernent les produits cotés (actions, matières premières…)
ou soumis à des fluctuations diverses (monnaies, taux d’intérêt, crédits hypothécaires,…).
Prenons un exemple :
Alfred doit acheter d’ici un laps de temps T du pétrole pour sa compagnie d’aviation.
Vincent dispose de pétrole car justement il a une compagnie pétrolière et il préfère vendre
son pétrole maintenant que dans T.
Alfred va acheter une option à Vincent pour son pétrole, et pour se garantir contre les
variations de cours il dit à Vincent : « Je t’achète l’option au cours x d’aujourd’hui, mais si
le cours a baissé à T et vaut xT je n’exercerai pas l’option et je t’achèterai le pétrole au
cours xT . »
Ce sur quoi Vincent répond « Ok, mais tu dois me payer une prime pour le risque que je
prends à ta place » ; « bien sûr » répond Alfred, « combien veux-tu ? » et c’est là où ça se
corse : comment déterminer la prime que devra payer Alfred à Vincent ?
En fait sur les marchés d’option c’est la prime qui est cotée, pas la valeur de l’option qui
est cotée par ailleurs (ou pas, il peut y avoir des primes cotées sur des produits non cotés,
par exemple des achats d’avions) ; le marché est supposé toujours trouver un équilibre,
donc c’est lui qui détermine la valeur de la prime au final.
Il faut cependant bien un début : Vincent va demander une prime à Alfred, puis mettre en
vente son option sur le marché ; s’il y a preneur il peut la revendre et réaliser
immédiatement son bénéfice tout en stockant la marchandise, l’option continuant à vivre
sa vie entre les mains des traders jusqu’au débouclage du contrat. S’il n’y a pas preneur il
peut néanmoins rester avec son option jusqu’à sa maturité.
Les travaux sur la question ont été initiés par Louis Bachelier en 1900 dans sa thèse
intitulée Théorie de la spéculation, améliorés dans les années 1960, et en 1973 Robert
Merton, Myron Scholes et Fischer Black (décédé en 1995), probabilistes américains,
publient une formule, appelée « formule de Black & Scholes »
, qui permet de faire deux
choses :
• calculer la valeur de la prime en fonction d’un certain nombre de paramètres dont
un,
, appelé « volatilité » (de la valeur du produit) s’obtient par un calcul récursif
de résolution d’équation : ce calcul se fait en temps réel,
s’obtenant en
identifiant la formule de B&S et le prix du marché ; il existe d’ailleurs un indice de
la volatilité (VIX) au Chicago Board ;
• une fois
trouvé on l’utilise pour calculer la couverture du risque lié à la prime.
En effet, aucun courtier n’acceptera de jouer à la roulette avec ses options, il doit donc
couvrir le risque pris à acheter des options en composant un portefeuille de couverture.
C’est la manière de gérer ce portefeuille que B&S ont mis en forme, en fait en calculant la
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mod%C3%A8le_Black-Scholes