Des Papous/ateliers d'écriture - fiches auteurs Francophonie 2008 Eva Almassy, par elle-même, extraits Mère-patrie : la Hongrie. Je suis née à Budapest. J'ai eu une enfance heureuse. J'ai été Petit Tambour, puis Petit Pionnier, j'ai eu ma Jeunesse Communiste. Puis le pain noir de l'exil. L'encre noire des livres. La France m'a offert l'asile politique, je lui ai pris sa langue. Telle est mon histoire intime. Je n'ai pas d'autre histoire que celle-ci : j'ai appris le français, je veux écrire le plus beau français du moment. Dans mon passeport, on lit : Nationalité Française / French Nationality. Je n'ai pas d'autre nationalité, pas la double nationalité, pas d'autre passeport. La Hongrie, c'était la mère-patrie, je suis orpheline de mère, de père, de patrie. Je suis française sur le papier : les papiers officiels et les livres, les miens. Quant à l'accent, bon, l'accent est tenace, j'avais 22 ans en arrivant ici. Ce qui fait qu'au moment d'écrire. Comme deux cerises, livre double, j'ai vécu une moitié de ma vie en Hongrie, une moitié en France. Double-vie : collection Vice-verso. Je suis (étais) aussi interprète, notamment pour le Ministère de la Défense. Comme deux cerises se souvient des débuts de l'aviation et du tremblement de terre de 1909 à Salon-de-Provence, en l'écrivant, je me suis souvenu de mes déplacements à bord d'avions militaires à Salon, la base aérienne, le Commandement de l'Ecole de l'Air. Double-vie : écrit/oral. Quand j'écris, je n'ai pas d'accent. Quand je parle... (je l'ai déjà dit). L'oral, c'est sur France Culture, l'émission La suite dans les idées, deux participations par mois en moyenne. Il m'arrive d'être une sacrée peau de vache en tant que critique. Mais c'est parce que j'ai une exigence énorme envers la littérature, en particulier la littérature française. La France, moi, je l'ai choisie, ce n'est tout de même pas pareil que d'y être simplement né, elle ne doit pas me décevoir, j'ai soif et faim de sa lumière, de sa beauté, de son intelligence, sinon, je meurs d'inanition. Bien avant d'écrire des livres, j'ai fait un peu d'études de psychologie et de philosophie (juste une licence de chaque), j'ai travaillé au Journal Littéraire, aux Nouveaux Cahiers de l'Est, à l'Autre Journal. Je vis dans les Yvelines. Je crois que c'est à peu près tout. V.O., Gallimard 1997 Tous les jours, Gallimard, 1999 Comme deux cerises, Stock, 2001 Lucas Fournier, présenté par le titre et le thème de son dernier ouvrage : C'était tellement mieux avant, petit précis d'antépathie contemporaine Définition de l’antépathie par Lucas Fournier : « Antépathie : substantif féminin (du latin ante : avant, et du grec pathos : souffrance), maladie de celui qui souffre en raison de ce qui était “avant”. Tous les cas connus à ce jour dans le monde sont exclusivement français. L’antépathe souffre obsessionnellement du besoin de retourner vers avant : l’adolescence, la prime enfance et encore plus loin même, dans le ventre maternel, dans les gènes des ancêtres, l’origine des origines. Cette affection touche à la fois l’individu et la société tout entière. » Et pour vous faire une idée : Tout a commencé par cette boulangerie. Lucas Fournier entre et demande une baguette. La boulangère le regarde, intriguée, et lui demande : « Rustique ? Des prés ? À l’ancienne ? Traditionnelle ? Ou d’autrefois ? » Perdu, notre client précise simplement « une baguette normale ». Provoquant une réplique cinglante : « Monsieur, ici, vous êtes chez un maître artisan boulanger. Dépêchez-vous, il y a du monde qui attend. Qu’est-ce que vous voulez à la fin ? » Désignant ce qu’il considère être une baguette normale, la boulangère répond en soupirant : « Ah, c’est une naturelle, saveur de naguère, que vous vouliez ? Fallait le dire. » Les soupçons de l’auteur se confirment alors. Il y avait bien quelque chose qui traînait dans l’air depuis un certain temps. La baguette saveur de naguère a servi de détonateur. L’époque est à la nostalgie, à la célébration du passé, à l’antépathie… » Jacques Jouet Alors qu'il suit un stage d'écriture dirigé par les écrivains François Caradec, Paul Fournel et Hervé Le Tellier, Jacques Jouet découvre l'Oulipo - Ouvroir de littérature potentielle -, une association de mordus de littérature fondée par François Le Lionnais et Raymond Queneau. Il en devient membre en 1983. Artiste prolifique et éclectique, Jacques Jouet est à la fois poète, romancier, nouvelliste, dramaturge et essayiste. Ces collaborations avec les membres de l'Oulipo lui ouvrent même les portes de la radio, puisqu'il coanime les 'Papous dans la tête' sur France Culture. En 2007, l'écrivain revient en librairie avec un court roman : 'Une mauvaise maire'. Serge Joncour est né le 28 novembre 1961 jour de grève générale. On lui en a longtemps fait le reproche. Depuis, il continue sur sa lancée Très tôt il est allé à l’école, puis par la suite il en est sorti. Il a commencé des études de philosophie alors qu’il voulait faire nageur de combat, mais au bout de six mois il a tout laissé tomber, faute de temps. Il publie son premier roman, Vu, en 1998 au Dilettante. Entre temps il a travaillé dans les “secteurs d’activité”, et parfois même au-delà. A une époque, il s’est lancé dans la vie active, sous différents aspects. En fait il a toujours plus ou moins essayé de faire ce qui lui chante, tantôt cela lui aura été profitable, tantôt pas. La seule constante aura été les pages blanches, les seules à suivre les déménagements. Pour le reste il est à la fois timide, discret, et assez maladroit. De tête, sans regarder la montre, il peut dire l’heure à dix minutes près. Présentation de l'éditeur - Le Dilettante « Serge Joncour se contente d’écrire d’insidieux récits où rien ne se passe, ou si peu : un médecin spécialiste de l’infertilité contemple un magma biologique envahir sa piscine, tandis que deux gamins en mal de famille Ricoré s’insinuent dans son foyer (In Vivo, éditions Flammarion). Un séduisant inconnu s’installe comme chez lui au sein d’une famille de notables (U.V, chez Le Dilettante, prochainement adapté pour l’écran par Claude Chabrol.). Un parfait quidam se retrouve projeté dans l’hyper-célébrité sans la moindre raison (L’Idole). Autant de situations délicates (c’est le titre de son recueil de nouvelles) que Serge Joncour cisèle avec une cruauté contenue, enserrant ses personnages dans la nasse de leur solitude, dénouant ses récits dans l’ambiguïté, comme des polars dont la résolution serait laissée au lecteur. » ( la-couture.com) "J'ai le sentiment d'écrire pour ne rien dire de moi. C'est un peu paradoxal comme démarche, finalement. Je me guette un peu. Je me demande quand je parlerai de moi, quand je ferai une référence un peu précise ? Ma seule spécificité, c'est d'avoir vécu dans des sphères assez différentes et contradictoires. Et je me disais que j'en tirerai bénéfice le jour où j'écrirai, je raconterai des choses sur ces différentes vies. Et non, je ne m'en sers pas. C'est peut-être une question de pudeur, non pas que ceux qui le font soient impudiques. Cette question, je me la pose tous les jours. J'ai l'impression que petit à petit, cette fiction pure se nourrira d'un peu de fragments de ma propre histoire. Je me suis consacré à vivre des tas de choses assez différentes avec cette arrière-pensée. Cela viendra, avec une forme de maturité. Je ne suis pas assez mûr pour le faire. Je me cache toujours derrière des personnages qui ne me coïncident absolument pas. " S.J. (interview fanc.com) Jean-Bernard Pouy « Titulaire d'un DEA en histoire de l'art (cinéma), Jean-Bernard Pouy a été successivement animateur socio-culturel dans un lycée, professeur de dessin, concepteur graphique, journaliste, puis romancier, lecteur et scénariste. Avec son deuxième titre, 'Nous avons brûlé une sainte' en 1968, il fait son entrée à la 'Série noire' qu'il ne quittera plus. Il a déjà publié dix romans. Défenseur acharné du roman populaire, en 1995 il est à l'origine de la création de la série consacrée à l'enquêteur libertaire Gabriel Lecouvreur. L'ironie, souvent omniprésente dans ses livres, est à la base même de ses récits. En 2006, il se lance dans la direction de collection en lançant Suite Noire, aux éditions La Branche (encore un jeu de mots.. .), qui se veut l'héritier de la prestigieuse Série noire de Gallimard. » (www.evene.fr). « Auteur à succès, il aide souvent les éditeurs en inaugurant les collections (Zèbres, Le Poulpe, Pierre de Gondol, Série grise, Tourisme et polar, Stylus, Après la lune). Il est notamment le créateur du personnage Gabriel Lecouvreur, dit Le Poulpe, aux éditions Baleine dont il est un des fondateurs. Par la suite il lance la série Pierre de Gondol sur le même principe que le Poulpe, un personnage d'enquêteur littéraire, et la même année la série grise, une série impertinente en gros caractères destinée aux 72-83 ans. En 2002, il publie Die Amsel (Le Merle), laissant croire qu'il n'est que le traducteur d'Arthur Keelt, romancier imaginaire auteur du roman, et dont les citations se retrouvent dans d'autres livres de Pouy. Adepte de l'Oulipo, il pratique assidûment l'écriture à contraintes ; il participe notamment à l'émission Des Papous dans la tête sur France Culture. Nombre de ses œuvres appliquent une contrainte, le plus souvent cachée comme l'utilisation d'incipit de romans pour les attaques de chapitre, le cadavre exquis (par chapitre) pour La Vie duraille avec Daniel Pennac et Patrick Raynal sous le pseudonyme de « J.-B. Nacray » ». (Wikipedia) Il est également depuis 2006 président d'Honneur du Prix du polar lycéen d'Aubusson.