Septembre 2009 Vol 18, no 16 APPEL À LA VIGILANCE POUR LES ENCÉPHALITES CAUSÉES PAR DES ARBOVIRUS ENCÉPHALITE ÉQUINE DE L’EST (EEE) ET VIRUS DU NIL OCCIDENTAL (VNO): ANIMAUX ATTEINTS DANS LANAUDIÈRE ET AILLEURS AU QUÉBEC Depuis le début du mois de septembre, deux cas d’infection par le virus de l’encéphalite équine de l’Est (EEE) et deux cas d’infection par le virus du Nil Occidental (VNO) ont été confirmés au Québec, dont un cas d’EEE et un cas de VNO chez des chevaux de Lanaudière. De plus, les médecins vétérinaires praticiens ont signalé au Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) plusieurs autres cas suspects d’encéphalomyélite chez des chevaux pour lesquels le diagnostic définitif n’est pas encore connu. En 2008 au Québec, une situation similaire s’était présentée chez les chevaux (19 EEE et 3 VNO). Aux États-Unis, en date du 15 septembre 2009, le U.S. Geological Survey rapportait 236 cas d’EEE chez les chevaux, dont 12 dans le Maine, 3 dans l’État de New-York et 4 au New-Hampshire. Plusieurs pools de moustiques sont aussi positifs pour l’EEE dans les États de New York (48) et du New Hampshire (37). Aux ÉtatsUnis en 2008, 185 cas d’EEE chez des chevaux avaient été rapportés. Un cas humain est signalé dans l’État de New-York et un autre dans le New-Hampshire. Au Québec, aucun cas humain d’EEE n’a été signalé à ce jour depuis que cette maladie est devenue à déclaration obligatoire en 2003. Tout comme l’année dernière à cette même période, nous vous demandons votre collaboration pour une vigilance accrue concernant cette maladie à déclaration obligatoire par les médecins et par les laboratoires au Québec. Pour l’EEE et le VNO, les secteurs les plus à risque d’acquisition sont les régions de Lanaudière, Montérégie, Centre-du-Québec, Laurentides, Estrie, Montréal et Laval. En présence de signes et symptômes compatibles avec un syndrome neurologique d’allure infectieux, les encéphalites causées par des arbovirus, incluant le virus du Nil occidental (VNO) et l’EEE, devraient actuellement être considérées dans le diagnostic différentiel. Les tableaux ci-dessous vous transmettent de l’information sur l’encéphalite équine de l’est et sur le virus du Nil Occidental. Pour plus d’information, vous pouvez vous référer aux sites web suivants : http://www.mapaq.gouv.qc.ca/Fr/Productions/santeanimale/raizo/bulletinszoosanitaires/bulletinszoosanitaires.htm http://www.virusdunil.info/index.php?accueil Fiche technique : Encéphalite équine de l’Est (EEE) Agent infectieux Alphavirus de la famille des Togaviridae Incubation Généralement de 5 à 15 jours Symptomatologie et complications Maladie rare chez l’humain. Elle provoque une symptomatologie variable, pouvant aller d’une maladie fébrile de courte durée (céphalée, fièvre, conjonctivite, myalgies) jusqu’à une forme grave, caractérisée par un début brutal, des céphalées, une fièvre élevée, des signes méningés, de la stupeur, de la désorientation, des tremblements, de la paralysie, des convulsions et un coma. La létalité dans ces cas peut atteindre 60 %. Environ le tiers des survivants auront des séquelles neurologiques permanentes. Groupes à complications risque élevé de Les personnes âgées de plus de 50 ans ou de moins de 15 ans. Transmission Par piqûre de moustique infecté. Réservoir Les oiseaux sauvages sont les hôtes naturels de ces virus. Les humains, les chevaux, les porcs et les oiseaux sont à risque d'infection pendant les périodes où la population de moustiques est élevée (en été et à l'automne). Les vecteurs Aedes vexans et Culex restuans sont présents au Québec. Transmissibilité Le virus ne se transmet pas directement d’une personne à l’autre, ni du cheval à l’homme. Chez l’homme, le virus n’est habituellement pas trouvé dans le sang ou dans le LCR après le début de la maladie. Définition de cas suspect à des fins d’investigation Cas cliniquement suspect d’une forme grave d’infection par l’EEE avec atteinte neurologique ET histoire d’une exposition dans une région où l’activité de l’EEE a été décelée. Laboratoire Le diagnostic de l’EEE se fait par la détection des anticorps totaux dans le sérum. La prescription de cette analyse peut être combinée à la recherche d’autres arbovirus causant des encéphalites tels que le VNO, le virus de Powassan et de Saint-Louis. Les analyses ne sont pas disponibles sur le LCR. Fournir au laboratoire les informations suivantes : les symptômes, la date d’apparition des symptômes, les voyages/déplacements récents. Un premier sérum (phase aiguë) doit être prélevé le plus rapidement possible après le début des symptômes. Un second prélèvement (sérum convalescent) doit être effectué 21 jours plus tard. Les analyses sont effectuées au LSPQ. Les instructions pour la préparation et l'envoi des spécimens ainsi que l'interprétation des résultats se retrouvent à l'adresse : www.inspq.qc.ca/lspq/fichesPDF/guide_eee_eeo.pdf MADO Oui, déclaration à la Direction de santé publique de la région, dans les 48 heures. Mesures vis-à-vis du cas Traitement symptomatique. Enquête épidémiologique par la DSP de la région. Les questions sur l’hémovigilance font partie de l’enquête. Mesures vis-à-vis des contacts Aucune mesure spécifique. Il n’y a pas de vaccin ou d’immunoglobuline disponible à l’heure actuelle. Mesures générales de prévention Mesures de prévention contre les piqûres de moustiques et mesures environnementales afin de diminuer leur nombre. Fiche : Surveillance des cas humains de VNO* Définition de cas cliniquement d’investigation de laboratoire Critères épidémiologiques : suspect à des fins Dans le cadre de la surveillance des cas humains de VNO, les médecins sont encouragés à demander une investigation chez un patient présentant une atteinte neurologique compatible. En milieu hospitalier, les patients consultant à l’urgence avec un syndrome fébrile, mais sans atteinte neurologique, sont également visés. Les critères épidémiologiques et cliniques à retenir sont les suivants : Histoire récente de fièvre > 38 °C (1) ET Histoire d’exposition dans une région où l’activité du VNO a été décelée au Québec, au Canada ou à l’étranger; OU Histoire d’exposition à un mode de transmission autre que par piqûre de maringouin. Les autres modes identifiés à ce jour sont : par transfusion sanguine, par transplantation d’organes et par voie percutanée. Une transmission par le lait maternel et par la voie transplacentaire sont aussi possibles. Critères cliniques : Évidence d’une atteinte neurologique (2) Au moins UN des syndromes suivants : méningite virale encéphalite ou méningo-encéphalite paralysie flasque aiguë mouvements anormaux parkinsonisme ou syndromes de type parkinsonien Sans atteinte neurologique (en milieu hospitalier seulement) Au moins DEUX des symptômes suivants : myalgies/arthralgies céphalées fatigue importante lymphadénopathie éruption cutanée maculo-papulaire (1) Un patient infecté par le VNO et qui consulte avec une atteinte neurologique peut se présenter avec ou SANS fièvre au moment de la consultation. (2) La présentation clinique d’un patient avec atteinte neurologique peut être variable. Une infection par le VNO devrait être suspectée dans le diagnostic différentiel d’une méningite (céphalée, raideur de nuque et pléïocytose du LCR), d’une encéphalite se manifestant par une atteinte des fonctions cérébrales (état mental altéré variant entre la confusion et le coma avec ou sans signe de dysfonction cérébrale) et d’une faiblesse musculaire ou d’une paralysie flasque aiguë généralement unilatérale, mais qui pourrait être bilatérale, avec ou sans déficit sensoriel. La faiblesse est intense, semblable à la poliomyélite, et apparaît généralement dès les premiers stades de l’infection. De plus, d’autres manifestations neurologiques identifiées au cours des dernières années doivent aussi être considérées incluant des mouvements anormaux, (tremblements, myoclonies), du parkinsonisme (rigidité, roue dentée, bradykinésie, instabilité posturale), une neuropathie périphérique, une polyradiculopathie, une encéphalite démyélinisante aiguë ou une atteinte oculaire (névrite optique et choriorétinite) * Produit à partir du document de la DSP de la Montérégie, octobre 2008. Publication : Direction de santé publique et d’évaluation Agence de la santé et des services sociaux de Lanaudière Responsables de la publication : Dre Joane Désilets, médecin, adjointe médicale en maladies infectieuses. A collaboré : Richard Lanthier, coordonnateur en prévention et contrôle des risques d’origine biologique et environnementale Mise en page : Nancy Perreault Bulletin disponible sur http://www.agencelanaudiere.qc.ca Dépôt légal : 3e trimestre 2009 ISSN : 1718-9497 ISSN : 1920-2555 (en ligne) Bibliothèque et Archives Canada Bibliothèque et Archives nationales du Québec